dimanche 4 janvier 2009

n°9 - Journal de PAKISTAN.- du 11 au 21-12 .- 1- Inde, Pakistan et les Etats-Unis : Les Pousse au crime.

 

Sent: Sunday, January 04, 2009 12:02 PM
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Subject: n°9 - Journal de PAKISTAN.- du 11 au 21-12 .- 1- Inde, Pakistan et les Etats-Unis : Les Pousse au crime.


                                                 Aujourd'hui, face aux ambitions hégémonique de l'impérialisme, l'information est une arme au service de la paix.

                               Les médias occidentaux dans leur large majorité accepte les versions de l'armée américaine et ferment les oreilles aux autres sources. .  

                                                                      Dénoncer ne suffit plus, il faut expliquer, informer, transmettre! 

                                                                                      Sa diffusion est un acte de résistance.



   Journal de PAKISTAN.  
                                                                               n° 6- 12-12 au 03-01
                      Par C.De Broeder & M.Lemaire                                                                                      



Le  "Journal de PAKISTAN" est  visible :

NB : Si vous voulez-me contacter ou obtenir le Journal par mail, une seule adresse : fa032881@skynet.be

 

Ps : Avant de vous lancer dans la lecture du journal, noter ceci: 'Al Qaïda'  &  Ben Laden = concept réducteur inventé par les Usa, pour désigner la résistance .

idem pour le mot 'terrorisme' employé par les Usa & ces acolytes

 



 Sommaire..

Tiré à part

1 Au jour le jour 

2 Positions

3 Politique 
Médias et Manipulation de l'opinion / Vidéos

6 Brèves

6-1 Opération contre les résistants qui attaquent les convois de l'Otan.

6-2 Le Pakistan ferme la route d'approvisionnement de l'Otan.

6-3 Le meurtre du général Alavi fait des remous.

7 Dossier & Point de vue

7-1 Manlio Dinucci : Le grand jeu asiatique.

7-2 Dave Lindorff  : Le conte de deux attaques terroristes.

Courrier des lecteurs & trouvé sur le net & témoignage

8-1 Une réunion bien sympathique...

Analyse -  Géopolitique et stratégie – Réflexion

9-1 Comaguer  : Inde, Pakistan et les Etats-Unis : Les Pousse au crime.

9-2 Michel Chossudovsky : Le 11 Septembre indien - qui était derrière les attaques de Mumbai ?

9-3 Un gouvernement trop faible pour faire face.

10 Annexe

10-1 Morice : La boîte de Pandore des attaques de Bombay (4)



Tiré à part :

01-01

Les forces américaines ont intensifié leurs frappes aériennes contre le territoire pakistanais, non loin de la frontière afghane.

Selon un décompte établi par l'agence Reuters, l'armée américaine a procédé en 2008 à une trentaine de tirs de missile sur des cibles au Pakistan, dont plus de la moitié depuis septembre. Plus de 220 personnes ont péri dans ces frappes.

Reuters

MSF publie sa liste des dix pires crises humanitaires

La République démocratique du Congo, la Somalie, l'Irak, le Soudan et le Pakistan sont le théâtre des "dix pires crises humanitaires et médicales" au monde, estime l'ONG Médecins sans frontières (MSF

Cette liste, établie comme chaque année depuis onze ans par la branche américaine de MSF et diffusée par toutes les branches de l'ONG, est destinée à "souligner les difficultés majeures à porter assistance aux personnes touchées par un conflit", indique MSF dans un communiqué.

La liste comprend également "les urgences médicales négligées au Myanmar et au Zimbabwe", "les besoins d'assistance dans les régions d'Ethiopie peuplées de Somalis", "le manque d'attention général porté à la prévalence croissante de co-infection VIH-tuberculose" et "la nécessité cruciale de déployer de plus en plus d'efforts dans le monde pour prévenir et traiter la malnutrition infantile, cause sous-jacente de la mort de 3,5 à 5 millions d'enfants par an".

"En travaillant aux avant-postes des zones de crise, les équipes médicales de MSF sont les témoins directs des conséquences médicales de la violence extrême, des déplacements et des maladies négligées - qui peuvent pourtant être traitées - et des besoins de santé", souligne le Dr. Christophe Fournier, président du Conseil international de MSF.

"La réalité sur le terrain est que MSF et tous les humanitaires au sens large n'arrivent déjà pas à faire assez pour les populations qui ont un besoin vital d'assistance médicale", ajoute le Dr. Fournier.

"Avec la publication de cette liste", explique-t-il, "nous espérons attirer davantage l'attention encore insuffisante sur les millions d'individus piégés dans des conflits et des guerres, touchés par des crises médicales, dont les besoins de santé immédiats et essentiels sont négligés".

MSF-USA a commencé à établir ce "Top 10" des crises humanitaires en 1998, année de la famine au sud du Soudan, dont l'ONG estimait qu'elle était pratiquement passée inaperçue dans les médias américains.

AFP.

02-01

Le Sud-Waziristan est considérée par les USA comme un bastion du dirigeant pakistanais Baitullah Mehsud.

Jeudi, deux missiles avaient tué trois résistants étrangers en territoire pakistanais. Cette attaque avait visé une camionnette qui circulait près de Wana.

Les régions pachtounes du nord-ouest pakistanais sont devenues un sanctuaire pour les résistants afghans

Les forces US  ont intensifié leurs attaques aériennes contre ces territoires.

Selon un décompte établi par l'agence Reuters, l'armée américaine a procédé en 2008 à une trentaine de tirs de missile sur des cibles au Pakistan, dont plus de la moitié depuis septembre.

Plus de 220 personnes auraient péri dans ces attaques.

Reuters

Alamgir Bitani, version française Henri-Pierre André et Guy Kerivel



1) Au jour le jour

15-12

Le combat contre les occupants se déroule aussi au Pakistan.

15-12

Au cours des dernières semaines, plus d'une centaine de véhicules transportant du matériel destiné aux troupes internationales en Afghanistan ont été incendiés à Peshawar, à une cinquantaine de kilomètres de la frontière avec l'Afghanistan.

Des compagnies de transport viennent d'ailleurs d'annoncer qu'elles cessent leur va-et-vient vers l'Afghanistan pour des raisons de sécurité.

Bush a également indiqué que Washington et le Pakistan travaillaient de concert pour mettre un terme aux attaques en Afghanistan menées depuis le Pakistan.

Presse canadienne

 

15-12

5.000 pakistanais ont manifesté à Peshawar pour exiger du gouvernement qu'il bloque les convois d'approvisionnement des troupes occidentales en Afghanistan.

Les protestataires, issus entre autres des rangs du Jamaat-e-Islami, le parti islamique le mieux organisé du pays, ont en même temps dénoncé aux cris d'"A bas l'Amérique" les tirs de missile américains visant les résistants afghans au Pakistan.

"Nous considérons la présence des forces US en Afghanistan comme une grande conspiration contre le Pakistan", a déclaré Qazi Hussain Ahmed, le chef du Jamaat-e-Islami, à ses partisans. "Ils utilisent nos routes pour acheminer leurs marchandises vers l'Afghanistan et en échange, ils tuent nos compatriotes avec leurs bombes. Cela doit cesser", a-t-il dit.

Une série d'attaques a visé ces derniers mois les convois de poids lourds qui rejoignent l'Afghanistan par la passe de Khyber, mais la plupart continuent à arriver à destination.

L'armée américaine achemine par le Pakistan les trois quarts de ses marchandises vers l'Afghanistan, dont 40% du carburant destiné à ses troupes, selon le département de la Défense.

Ahmed exhorte la foule à protester de manière pacifique : "Ne prenez par des armes avec vous mais accueillez ces convois avec des drapeaux noirs quand ils passent devant chez vous, pour les obliger à s'arrêter", a-t-il dit.

AP

22-12

Un missile probablement(…)  US a tué lundi au moins huit résistants dans une zone tribale du nord-ouest du Pakistan réputée comme un bastion des résistants, ont indiqué des responsables des services de sécurité.

Deux missiles se sont abattus dans les villages de Karikot et Shin Warsak, dans le Waziristan du Sud, frontalier de l'Afghanistan.

Yar Mohammad, un villageois, a expliqué qu'une maison de type fortin a été détruite et que les talibans ont retiré sept corps des décombres et ont bouclé le périmètre. Mohammad a déclaré qu'il avait entendu un drone -un petit avion sans pilote- sillonnant le secteur, avant cette attaque. Des responsables des renseignements pakistanais, s'exprimant sous couvert d'anonymat, ont confirmé cette frappe.

Oussama ben Laden, chef d'Al-Qaïda, est soupçonné de se cacher dans les zones pakistanaises.(…)

AFP & AP

Le Pakistan, a constamment condamné ces attaques, comme un empiétement sur sa souveraineté.

AP

31-12

Des hélicoptères de l'armée pakistanaise ont attaqué mercredi des résistants dans la région de la passe de Khyber, voie d'approvisionnement essentielle pour les troupes occidentales en Afghanistan.

Les autorités pakistanaises ont suspendu mardi la circulation des convois de ravitaillement dans ce secteur afin de permettre à l'armée pakistanaise de mener une offensive destinée à contrer les attaques d'islamistes, de plus en plus fréquentes, contre la route qui mène à la passe.

"Deux hélicoptères ont pilonné des caches et des troupes équipées de blindés sont intervenues pour sécuriser la zone", a déclaré un responsable de l'administration de la région de Khyber.

La passe de Khyber est située entre la ville de Peshawar, dans le nord-ouest du Pakistan, et la ville-frontière de Torkham.

Elle est l'une des voies les plus importantes pour l'approvisionnement des 65.000 soldats occidentaux en Afghanistan.

Une deuxième voie terrestre d'approvisionnement passe par la ville de Chaman, au sud-ouest, et conduit à Kandahar, la grande ville du sud de l'Afghanistan.

Depuis plusieurs mois, les résistants qui ont concentré des hommes dans la région de Khyber essaient d'empêcher la circulation des convois de ravitaillement. Ils ont détruit des centaines de camions et tué plusieurs routiers.

Un porte-parole de l'Isaf (Force internationale d'assistance à la sécurité, déployée en Afghanistan) s'est félicité des efforts entrepris par l'armée pakistanaise pour sécuriser la route de la passe de Khyber.

Reuters

01-01

Deux missiles sans doute tirés par un drone américain ont tué trois résistants étrangers jeudi en territoire pakistanais, non loin de la frontière afghane, annoncent des agents du renseignement pakistanais.

Un quatrième homme a été blessé dans cette frappe visant une camionnette qui circulait près de Wana, la principale ville du Sud-Waziristan.

"C'était une frappe de précision, puisqu'il n'y a pas de victimes civiles. Les morts et le blessé étaient des militants venus du Turkménistan", a déclaré un responsable du renseignement pakistanais.

Reuters

02-01

Les camions qui vont ravitailler les forces occidentales en Afghanistan peuvent de nouveau franchir, vendredi, la passe de Khyber qui relie la ville de Peshawar à la frontière afghane, dans le nord-ouest du Pakistan.

Les autorités pakistanaises avaient suspendu la circulation des convois de ravitaillement mardi pour mener des opérations militaires contre les islamistes armés qui, ces dernières semaines, ont détruit des centaines de camions et tué plusieurs chauffeurs routiers.

"La route restera ouverte entre 11h00 et 16h00 (locales), tous les jours, pour ceux qui veulent l'emprunter", a déclaré à la presse le chef de l'administration de la région de Khyber, Tariq Hayat Khan.

Reuters

02-01

Deux missiles tirés probablement par un drone américain ont fait trois morts au Sud-Waziristan, région pakistanaise proche de la frontière afghane, apprend-on auprès des services de renseignement pakistanais.

Reuters

Le Pakistan ferme la principale route menant à l'Afghanistan.

30-12

Les autorités pakistanaises ont fermé mardi la principale route d'approvisionnement des forces américaines et de la coalition en Afghanistan, après avoir lancé une nouvelle offensive contre les combattants dans le secteur.

La route reliant le nord-ouest du Pakistan à l'Afghanistan via la célèbre Khyber Pass était devenue une des principales cibles pour les militants cherchant à couper l'approvisionnement des forces de l'OTAN et américaines.

L'Afghanistan étant enclavé, la coalition occidentale dépend en effet principalement de cette route montagneuse, par laquelle transite 75% de son approvisionnement, en vivres, carburants et autres biens logistiques, débarqués au port pakistanais de Karachi.

La route a déjà été fermée au trafic à deux reprises cette année pour raisons de sécurité, jamais plus de quelques jours.

Administrateur civil à Khyber, Fazal Mehmood a expliqué cette nouvelle fermeture par le lancement d'une opération contre les insurgés mardi matin.

Ces dernières semaines, les résistants s'en étaient également pris aux entrepôts des forces occidentales près de Peshawar, détruisant notamment des dizaines de Humvees destinés à l'armée afghane.

Un deuxième itinéraire passe plus au sud-ouest, par Chaman, et l'OTAN envisage d'autres routes d'approvisionnement de ses forces en Afghanistan, via les pays d'Asie centrale.

Mais les officiels de l'Alliance affirment que les attaques au Pakistan n'affectent pas les opérations afghanes, les armes et munitions ne transitant pas par le nord-ouest pakistanais.

En temps normal, quelque 300 camions de matériel militaire franchissent la passe de Khyber.

AP

Ibrahim Shinwari : L'armée pakistanaise tente de sécuriser la passe de Khyber

31-12

Des hélicoptères de l'armée pakistanaise ont attaqué mercredi des résistants dans la région de la passe de Khyber, voie d'approvisionnement essentielle pour les troupes occidentales en Afghanistan.

Les autorités pakistanaises ont suspendu mardi la circulation des convois de ravitaillement dans ce secteur afin de permettre à l'armée pakistanaise de mener une offensive destinée à contrer les attaques d'islamistes, de plus en plus fréquentes, contre la route qui mène à la passe.

"Deux hélicoptères ont pilonné des caches  et des troupes équipées de blindés sont intervenues pour sécuriser la zone", a déclaré un responsable de l'administration de la région de Khyber.

La passe de Khyber est située entre la ville de Peshawar, dans le nord-ouest du Pakistan, et la ville-frontière de Torkham. Elle est l'une des voies les plus importantes pour l'approvisionnement des 65.000 soldats occidentaux en lutte(…)  en Afghanistan.

Une deuxième voie terrestre d'approvisionnement passe par la ville de Chaman, au sud-ouest, et conduit à Kandahar, la grande ville du sud de l'Afghanistan.

Depuis plusieurs mois, les résistants qui ont concentré des hommes dans la région de Khyber essaient d'empêcher la circulation des convois de ravitaillement. Ils ont détruit des centaines de camions et tué plusieurs routiers.

Un porte-parole de l'Isaf (Force internationale d'assistance à la sécurité, déployée en Afghanistan) s'est félicité des efforts entrepris par l'armée pakistanaise pour sécuriser la route de la passe de Khyber.

Reuters : Ibrahim Shinwari, version française Eric Faye



2 Positions
Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information

Le Pakistan répète qu'il ne veut pas la guerre.

Le Pakistan s'est efforcé samedi d'apaiser ses très vives tensions avec l'Inde en appelant au "dialogue" dans la région.

Vendredi, la crise indo-pakistanaise avait atteint un nouveau paroxysme avec l'annonce par des responsables de l'armée à Islamabad du déploiement de renforts militaires à la frontière indienne.

Samedi, le président pakistanais Asif Ali Zardari a lancé un message d'apaisement en appelant au "dialogue" depuis la maison familiale des Bhutto, près du village de Garhi Khuda Bakhsh (sud) où plus de 150.000 personnes étaient venus rendre hommage à son épouse, l'ancien Premier ministre Benazir Bhutto, assassinée il y a un an jour pour jour, et enterrée sur place.

"La solution aux problèmes de la région (...) c'est la politique, le dialogue et la démocratie au Pakistan, car la démocratie fait partie de la solution et non du problème", a déclaré M. Zardari, dont le discours était retransmis en direct par la télévision d'Etat.

Un peu plus tôt, son Premier ministre, Yousuf Raza Gilani, avait été dans le même sens en réaffirmant qu'il ne se lancerait pas dans une guerre contre son voisin indien, sauf en cas de provocation de celui-ci.

Le ministre indien des Affaires étrangères Pranab Mukherjee a de nouveau appelé samedi Islamabad à en faire plus pour démanteler le Lashkar-e-Taiba.

Le Pakistan a invariablement répondu jusqu'ici qu'il était prêt à coopérer, mais que l'Inde devait d'abord étayer ses accusations de preuves solides.

Selon la presse pakistanaise de samedi, 20.000 soldats supplémentaires pourraient être massés le long de la frontière indienne.

La veille, des responsables militaires pakistanais avaient annoncé que "quelques milliers" de soldats allaient être retirés de l'instable nord-ouest du pays et transférés à la frontière indienne.

Selon l'un de ces responsables, Islamabad a pris ces mesures après avoir appris que l'Inde avait agi de même de son côté.

Samedi, la Russie s'est elle aussi déclarée "extrêmement préoccupée" par l'afflux de troupes à la frontière indo-pakistanaise, en estimant que la tension dans la région atteignait un "niveau dangereux".

Les responsables indiens et pakistanais ont de leur côté multiplié les consultations diplomatiques ces derniers jours.

27-12

Susan STUMME

AFP

Le Pakistan se dit en mesure de repousser toute agression

Le Pakistan ne prendra pas l'initiative d'un affrontement avec l'Inde mais saura se défendre en cas d'agression, a averti le Premier ministre Yousaf Raza Gilani

"Nos amis font de leur mieux pour convaincre l'Inde de ne pas se lancer dans une agression (....), d'éviter ce genre de mésaventure", a-t-il dit à des diplomates indiens lors d'une cérémonie à l'occasion du premier anniversaire de l'assassinat de l'ancien Premier ministre Benazir Bhutto.

"Dans le même temps, nos forces armées, qui ont un haut degré de professionnalisme, sont tout à fait prêtes. Mais je vous le répète, je vous assure que nous n'agirons pas, nous ne ferons que réagir", a-t-il ajouté.

Le président pakistanais Asif Ali Zardari, qui s'exprimait à l'occasion d'une cérémonie en souvenir de son épouse Benazir Bhutto, assassinée il y a un an, a souligné que le dialogue était la meilleure solution.

"Oui, nous subissons l'action de forces non-étatiques. Oui, elles nous imposent leurs agissements. Mais s'il vous plaît, ne vous laissez pas prendre à leur piège, car vous en seriez les victimes, nous en serions les victimes, la région entière en serait la victime", a-t-il déclaré.

Il a par la suite assuré de son intention de changer le Pakistan. "Nous avons accepté le fait que nous avons un cancer. Oui, nous le guérirons. Nous résoudrons ce problème."

Les relations entre les deux puissances nucléaires se sont détériorées depuis les attaques islamistes qui ont fait 179 morts fin novembre à Bombay, la capitale financière de l'Inde. New Delhi, appuyé par Londres et Washington, affirme que les assaillants venaient du Pakistan.

Signe de la montée de la tension, l'armée pakistanaise a annulé vendredi toutes les permissions et a transféré des troupes de la frontière afghane à la frontière indienne.

LA PRESSE INDIENNE DÉNONCE LE "BELLICISME" PAKISTANAIS

Washington a appelé les deux pays à la retenue(…) , la Chine et l'Iran ont également lancé des appels au calme.

Le numéro deux du ministère indien des Affaires étrangères, Anand Sharma, a jugé pour sa part "irresponsable" de voir certains cercles au Pakistan adopter des postures "bellicistes".

Vendredi, New Delhi a déconseillé à ses ressortissants de se rendre au Pakistan, à la suite de l'annonce de l'arrestation de plusieurs Indiens après un attentat à la bombe la veille à Lahore.

Malgré cette mise en garde, la liaison par autocar entre New Delhi et Lahore était maintenue samedi.

La presse indienne continue de consacrer ses gros titres à la crise, et le Hindustan Times affirme même en "une" que "l'armée pakistanaise est en marche".

"Attiser l'hystérie belliciste, c'est comme cela que le Pakistan cherche à détourner l'attention de ses responsabilités après les attaques du 26 novembre (à Bombay), notamment sur le soupçon d'un soutien institutionnel apporté aux terroristes", écrit The Indian Express dans un éditorial.

Le gouvernement pakistanais, qui a condamné ces attaques et proposé de coopérer avec l'Inde dans l'enquête, dément que l'Inde lui ait fourni des preuves formelles de l'implication d'activistes pakistanais.

Zeeshan Haider

30-12

Reuters

Version française Jean-Stéphane Brosse et Guy Kerivel



3 Politique
a) Locale

Mouvement de troupes pakistanaises vers la frontière indienne.

Le Pakistan a commencé vendredi à déplacer des milliers de soldats de la frontière avec l'Afghanistan vers celle de l'Inde alors que la tension née des attentats de Mumbai (ex-Bombay) s'accroît entre les deux voisins et rivaux.

Cette décision marque en effet une nouvelle escalade dans le bras de fer en cours entre les deux puissances nucléaires, et risque d'affaiblir la lutte contre les talibans et membres d'Al-Qaïda dans les zones de la frontière pakistano-afghane.

Selon des responsables des services de renseignements pakistanais, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, la totalité des 20.000 hommes de la 14ème division est en cours de redéploiement vers Sialkot, près de la frontière indienne.

A Dera Ismaïl Khan, un journaliste de l'Associated Press a pu voir une colonne d'une quarantaine de camions quitter la région tribale du Sud-Waziristan. Islamabad avait déployé plus de 100.000 hommes dans les zones frontalières avec l'Afghanistan.

Un peu plus tôt vendredi, un autre responsable avait annoncé que toutes les permissions avaient été annulées.

Le Premier ministre pakistanais Syed Yousuf Raza Gilani a déclaré vendredi qu'Islamabad ne frapperait pas la première: "nous ne prendrons aucune initiative. Il n'y aura pas d'aggression de notre part", a-t-il dit. Le Pakistan en revanche ripostera en cas d'attaque.

De son côté, le chef de la diplomatie indienne Pranab Mukherjee a accusé le Pakistan de tenter de faire diversion: "ils devraient se concentrer sur la véritable question, qui est de comment lutter contre les terroristes, et comment mettre la main sur les auteurs des attentats de Bombay", a-t-il dit.

Pour les analystes, ce redéploiement est sans doute un avertissement à l'Inde, pour que cette dernière évite de frapper elle-même des militants en territoire pakistanais, une éventualité que certains envisagent.

Le désengagement sur la frontière afghane est une mauvaise nouvelle pour les Etats-Unis, qui veulent que le Pakistan reste concentré sur la lutte contre les résistants qui se servent de la zone-frontière comme base arrière pour attaquer l'Afghanistan.

 AP

Vendredi 26 décembre, 17h59

03-01

Le Pakistan a arrêté l'ancien porte-parole du mollah Omar, Ustad Mohammed Yasir, libéré par l'Afghanistan en 2007 en échange d'un journaliste italien qui avait été enlevé dans ce pays, ont déclaré samedi des responsables des services de sécurité pakistanais.

Yasir a été interpellé à Peshawar dans le nord du Pakistan près de la frontière afghane, selon un officier du renseignement.

Nombre de résistants ont trouvé réfuge au Pakistan dés l'occupation de l'Afghanistan  en 2001.

Ustad Mohammed Yasir a été le  porte-parole d'Omar après la chute du régime.

Les autorités pakistanaises avaient une première fois arrêté Yasir en 2005 et l'avaient envoyé en Afghanistan, où il avait été libéré deux ans plus tard, avec quatre autres dirigeants talibans, en échange du journaliste italien Daniele Mastrogiacomo.

AP


c) Etrangère

UK

Brown promet 7 millions d'euros au Pakistan …

Le Premier ministre britannique Brown a proposé au président pakistanais Asif Ali Zardari un "pacte anglo-pakistanais de lutte contre le terrorisme", avec une aide de 6 millions de livres sterling (près de 7 millions d'euros, 9 millions de dollars), afin de "s'assurer que tout soit fait pour que les résistants ne puissent plus trouver refuge au Pakistan"."Ce programme de 6 millions de livres a pour but de remédier aux causes de la radicalisation et renforcer les institutions démocratiques du Pakistan", a expliqué le Premier ministre britannique.

Tout au long de sa conférence de presse, M. Brown a insisté sur le fait qu'il considérait le Pakistan comme "l'une des principales victimes du terrorisme global", "avec 50 attentats suicide pour la seule année 2008".

"A travers ces mesures, nous espérons faire davantage pour briser la chaîne de la terreur qui lie les montagnes entre l'Afghanistan et le Pakistan aux villes du Royaume-Uni et d'autres pays dans le monde", a conclu M. Brown.

Les zones tribales du nord-ouest du Pakistan, frontalières avec l'Afghanistan, sont considérées comme l'un des principaux refuges des résistants, qui y a reconstitué ses forces ces dernières années grâce à l'appui des talibans pakistanais et afghans.

14-12

AP



6 Brèves
La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information.

6-1 Opération contre les résistants qui attaquent les convois de l'Otan.

Le Pakistan a lancé mardi une vaste opération contre les résistants du nord-ouest, frontalier de l'Afghanistan, pour mettre fin aux incessantes attaques contre les convois de ravitaillement des forces étrangères déployées chez le voisin afghan. L

L'offensive de l'armée pakistanaise, soutenue par des chars et des hélicoptères, a été lancée à l'aube dans la passe de Khyber, qui relie le Pakistan à l'Afghanistan, a annoncé Tariq Hayat, l'administrateur de la région.

Elle a provoqué la fermeture provisoire de la route d'approvisionnement des forces de l'Otan et de l'armée américaine en Afghanistan, et donc la suspension temporaire de leurs livraisons, a précisé M. Hayat.

La route devrait rester fermée "trois ou quatre jours", a indiqué à l'AFP un un porte-parole de la force de l'Otan en Afghanistan (Isaf), le capitaine britannique Mark Windsor, en ajoutant que sa fermeture n'avait eu jusqu'ici "aucun impact sur l'approvisionnement" de la force.

La route relie Peshawar, la grande ville du nord-ouest du Pakistan, à Torkham, dernière ville avant l'Afghanistan, à travers la légendaire passe de Khyber qui sillonne les reliefs escarpés de l'Hindou-Kouch.

Celle-ci est située au coeur des zones tribales pakistanaises, repaire des groupes de résisyants

Le pakistan a ainsi réagi aux multiples et spectaculaires attaques lancées ces dernières semaines par les résistants, qui s'en sont pris à des dépôts de carburant destiné au ravitaillement des forces américaines et de l'Otan déployées en Afghanistan, et ont détruit plusieurs centaines de véhicules.

Un responsable militaire américain a indiqué sous couvert de l'anonymat que les forces de l'Otan et l'armée américaine cherchaient des routes alternatives d'approvisionnement à celle de la passe de Khyber.

Les solutions à l'étude "impliquent d'autres pays frontaliers au nord" de l'Afghanistan, a-t-il souligné, sans autre précision. Les pays frontaliers au nord sont l'Ouzbékistan, le Turkménistan et le Tadjikistan.

Ce passage en revue des autres voies possibles "n'est pas seulement dû aux attaques mais aussi au fait que nous nous préparons à une augmentation des troupes et des équipements" en Afghanistan, où les Etats-Unis prévoient d'envoyer 20.000 à 30.000 soldats supplémentaires d'ici l'été, a-t-il dit.

L'enjeu est d'importance: environ 80% du ravitaillement des troupes internationales déployées en Afghanistan viennent du Pakistan, du carburant aux équipements lourds, en majorité via la passe de Khyber.

L'Afghanistan ne disposant d'aucun accès à la mer, la plus grande partie du matériel destiné aux troupes est expédiée par bateau à Karachi, le grand port pakistanais, d'où il est expédié par camions vers Peshawar, puis à travers les zones tribales jusqu'à Jalalabad, en Afghanistan.

Saad KHAN :

30-12

AFP


6-2 Le Pakistan ferme la route d'approvisionnement de l'Otan.
Le Pakistan a fermé mardi la route d'approvisionnement des forces de l'Otan et de l'armée américaine en Afghanistan alors que l'armée pakistanaise a lancé une vaste opération contre les insurgés dans le nord-ouest du pays, a annoncé un responsable.

Une vaste offensive, avec le soutien d'hélicoptères et de chars, a été lancée mardi à l'aube dans la passe de Khyber, qui relie le Pakistan à l'Afghanistan, a déclaré à la presse Tariq Hayat, l'administrateur de la région.

"Nous avons lancé une opération contre les insurgés et les groupes armés à Jamrud", la porte d'accès à la passe de Khyber, pour mettre fin aux attaques contre les convois d'approvisionnement de l'Otan ainsi qu'aux kidnappings contre rançons qui se multiplient dans ces zones tribales, a-t-il expliqué.

"Les approvisionnements aux forces de l'Otan ont été temporairement suspendus", a-t-il indiqué, précisant que la principale route reliant Peshawar, la grande ville du nord-ouest du Pakistan, à la ville frontalière pakistanaise de Torkham, à travers la passe de Khyber, avait été fermée.

"C'est une opération massive, qui se poursuivra jusqu'à ce que notre objectif soit atteint", a ajouté M. Hayat, en précisant que l'offensive pourrait être étendue si nécessaire au delà de la zone de Jamrud, située entre Peshawar et Torkham. "Nous avons 26 cibles, et nous allons nous débarrasser de leurs repaires", a-t-il poursuivi à propos des rebelles qui mènent des attaques dans la région. Trois personnes, dont un responsable des services de sécurité, ont jusqu'ici été blessées dans l'opération, a-t-il précisé.

Ces dernières semaines, une série d'attaques ont eu lieu contre des dépôts et des conteneurs dans le nord-ouest du Pakistan, où des centaines de camions des forces étrangères en Afghanistan ont été incendiés.

Or environ 80% du ravitaillement de ces troupes vient du Pakistan, du carburant aux équipements lourds, en majorité via la passe de Khyber, longue de 50 km mais qui n'atteint que 15 m de large à son point le plus étroit.

L'Afghanistan ne disposant d'aucun accès à la mer, la plus grande partie du matériel destiné aux troupes est expédié par bateau à Karachi, le grand port pakistanais.

Une fois déchargés, les conteneurs de carburant, de ravitaillement, mais aussi de véhicules et de munitions, sont expédiés par camions vers Peshawar, dans le nord-ouest du Pakistan puis à travers les zones tribales jusqu'à Jalalabad, en Afghanistan, en empruntant la légendaire passe de Khyber, dans les reliefs escarpés de l'Hindou-Kouch. La passe de Khyber se situe au coeur des zones tribales pakistanaises, devenues un repaire pour des groupes de talibans et combattants du réseau Al-Qaïda qui ont fui l'Afghanistan après le renversement du régime taliban à la fin 2001.

Le 16 décembre, l'Otan s'était pourtant voulue rassurante face à ces attaques répétées, affirmant que la route de l'Afghanistan restait "ouverte" et que l'approvisionnement de ses troupes dans ce pays n'était pas menacé. Mais les attaques se sont poursuivies depuis dans la région.

30-12

http://www.edicom.ch/fr/news/international/le-pakistan-ferme-la-route-d-approvisionnement-de-l-otan_1188-5873151

 


6-3 Le meurtre du général Alavi fait des remous.

Les journaux pakistanais accordaient hier une large place à un article du Sunday Times britannique selon lequel un général à la retraite, abattu le mois dernier à Islamabad, se préparait à dénoncer les tractations de certains officiers supérieurs avec les résistants. « Le général Alavi était contre des accords avec les résistants, Musharraf l'avait limogé », a écrit en première page le quotidien de langue ourdoue Jang. Plusieurs autres journaux pakistanais abordent l'affaire à la suite d'un article rédigé par Carey Schofield pour le Sunday Times.
Le général Amir Faisal Alavi, beau-frère du romancier britannique et Nobel de littérature V.S. Naipaul, a été tué avec son chauffeur le 19 novembre à la périphérie de la capitale pakistanaise.

Carey Schofield a rapporté qu'Alavi, qui avait commandé un corps d'élite, le groupe des services spéciaux, lui avait transmis la copie d'une lettre qu'il avait adressée au chef de l'armée, le général Ashfaq Kayani, et dans laquelle il citait deux généraux dont les agissements avaient provoqué sa mise à la retraite anticipée il y a plus de deux ans.

Des analystes occidentaux et pakistanais soupçonnent depuis longtemps le Pakistan de pratiquer un double jeu en soutenant des groupes talibans depuis 2001, alors que l'armée nationale a subi de lourdes pertes en combattant les groupes d'activistes dans les zones tribales qui jouxtent l'Afghanistan.

AP



7  Dossiers

Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information

7-1 Manlio Dinucci : Le grand jeu asiatique.

La bataille de Mumbai, quelle que soit la régie des attaques, prend place dans une dispute de grande ampleur conduite avec des outils politiques, économiques et militaires par plusieurs protagonistes : non seulement l'Inde et le Pakistan, mais les Etats-Unis, la Russie et la Chine. L'Asie centrale est le principal terrain de confrontation, aire d'énorme importance de par sa position géostratégique et pour le contrôle du pétrole de la Caspienne et des « corridors énergétiques ».
L'épicentre en est l'Afghanistan. C'est là que s'embourba pendant dix ans l'armée soviétique, alors que la Cia entraînait au Pakistan, par l'intermédiaire de l'Isi, plus de 100 mille moudjahidin pour la guerre en Afghanistan.

Parmi eux se distingua Ossama Ben Laden, le riche saoudien qui apporta de gros financements et des milliers de combattants. Toujours au Pakistan fut entraînée et armée, avec le consensus de Washington, la milice taliban qui en 1996 conquit le pouvoir en Afghanistan. C'est là, en 2001, qu'arrivèrent les troupes étasuniennes, officiellement pour combattre les talibans et faire la chasse à Ben Laden. L'objectif stratégique  est en réalité  d'occuper un positon clé dans le nouveau scénario créé en Asie par la désagrégation de l'URSS et par l'émergence des puissances chinoise et indienne. « La possibilité existe qu'émerge dans la région un rival militaire avec une formidable base de ressources », prévenait un document publié par le Pentagone une semaine avant l'invasion de l'Afghanistan.

Cet objectif stratégique a été confirmé par le président élu Barack Obama qui a annoncé vouloir « sortir d'Irak » et « passer au juste champ de bataille en Afghanistan et au Pakistan ». Le Pakistan est ainsi lui aussi considéré comme champ de bataille ; un Pakistan qui est considéré à Washington comme un allié pas très fiable, dont les services secrets ont été suspectés d'avoir des liens avec les talibans. Quand, en janvier 2008, les USA ont demandé au président Musharraf de leur laisser les mains libres dans les zones de frontière avec l'Afghanistan, ils reçurent une fin de non recevoir. Et, à cause de la forte opposition intérieure, le président actuel Zardari semble aussi être réticent.


Ce qui rend la situation plus complexe encore est le choix de Washington de privilégier ses relations avec l'Inde, pour empêcher son rapprochement avec la Russie et la Chine. C'est dans ce cadre qu'entre l'accord, ratifié le 2 octobre par le Sénat, par lequel les Etats-Unis « légalisent » le nucléaire de l'Inde, qui n'a jamais adhéré au Traité de Non Prolifération, en lui permettant de garder huit réacteurs nucléaires militaires hors de tout contrôle international et en lui fournissant des technologies à double usage, civil et nucléaire. Ceci pousse le Pakistan, qui n'a jamais adhéré au Tnp, à accélérer ses programmes nucléaires militaires. Avec comme résultat le fait que les deux pays alignent déjà au total environ 110 ogives nucléaires et sont en mesure d'en fabriquer  beaucoup plus.
 

Sur ce terrain, en concurrence avec les Usa, la Russie et la Chine entrent en jeu. En septembre a été confirmé que la Russie fournira à l'Inde un porte-avions avec 16 Mig-29 ; en même temps, la joint-venture russo-indienne BrahMos Aerospace a annoncé qu'elle augmentera sa production de missiles de croisière supersoniques lancés par avions, pouvant être armés de têtes aussi bien conventionnelles que nucléaires.  La Chine est par contre en train d'établir des relations particulièrement étroites avec le Pakistan. Le 18 octobre on a annoncé que le président Zardari, en visite à Pékin, a signé 12 accords, dont un engageant la Chine à construire deux autres réacteurs nucléaires au Pakistan. La Chine fournit en outre au Pakistan des avions de chasse Jf-17 dotés de moteurs russes, dont la livraison a été autorisée par Moscou.


Dans la « guerre des oléoducs », l'Iran entre aussi en jeu, avec le projet d'un gazoduc qui, à travers le Pakistan, devrait amener en Inde le gaz iranien. Sous la pression étasunienne, l'Inde n'a jusqu'à présent pas adhéré à l'accord. L'Iran s'est cependant déclaré disponible, le 11 octobre, pour construire le gazoduc (coût : 7,5 milliards de dollars) jusqu'au Pakistan, en attendant l'adhésion de l'Inde. Plus difficile encore aujourd'hui, après les attaques à Mumbai.

Manlio Dinucci,

 Il manifesto,

Cet article a été publié dans une forme légèrement réduite dans l'édition de mercredi 3 décembre de il manifesto

http://www.ilmanifesto.it/Quotidiano-archivio/03-Dicembre-2008/art47.html
Reçu dans sa version intégrale de l'auteur et traduit par Marie-Ange Patrizio.   

Bulletin électronique Mondialisation.ca

URL de cet article: http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=11282

 


7-2 Dave Lindorff  : Le conte de deux attaques terroristes*.
Avant même que l'odeur de poudre brûlée se fût dissipée dans l'hôtel Taj Mahal à Mumbai (Bombay), les USA donnaient déjà leurs instructions à l'Inde. Il ne fallait pas rater le coche et il fallait attaquer le Pakistan, pour la simple raison que la totalité des membres du commando ayant commis cette attaque étaient apparemment venus par bateau du Pakistan voisin. Des responsables US, dont la ministre des Affaires Étrangères Condoleezza Rice, appellent l'Inde à s'engager à mener une enquête « transparente » et « approfondie » sur ces attaques afin de déterminer qui en étaient les responsables.

Quelle différence avec la réaction du gouvernement US aux attaques du 11 Septembre aux USA !

Au lieu d'une enquête « transparente », nous avons eu droit à des séances secrètes des commissions au renseignement du Congrès, des interviews de fonctionnaires aux postes clefs, du président Bush et du vice-président Cheney, réalisées à huis clos par la Commission sur le 11/9, et bien entendu, l'arrestation secrète de milliers de musulmans vivant aux USA, dont beaucoup furent détenus des mois durant et tenus au secret sans chef d'accusation à leur encontre, parfois victimes de tortures et souvent déportés avec de fortes de chances d'être – à nouveau – arrêtés, torturés voire mis à mort.

Au lieu d'établir calmement ce qui s'était passé et qui étaient les responsables, l'administration Bush a regroupé des Saoudiens membres de la famille Ben Laden, et d'autres qui avaient des liens avec le régime d'Arabie Saoudite, pays d'où venaient la plupart de ceux qu'on a déclaré impliqués dans le détournement des quatre avions utilisés lors des attaques, et elle les a renvoyés chez eux par avion sans même essayer de les interroger.

Et puis, là aussi sur la base seulement d'un minimum de preuves, les USA lancèrent dans les jours qui suivirent une guerre totale contre l'Afghanistan, dans le but de chasser et de détruire le gouvernement taliban. Peu après cette agression, l'administration Bush/Cheney déplaça son attention et lança une guerre totale encore plus grande contre l'Irak, une nation qui n'avait pas le moindre rapport avec les attaques contre le Pentagone et le World Trade Center.

Voilà ce qui a tenu lieu de transparence et de réponse mesurée.

Nous avons là encore un exemple de la façon dont les USA s'attendent à voir un certain type de comportement adopté par le reste du monde alors qu'ils en adoptent un autre pour eux-mêmes.

On dirait que nous, les Us américains, nous n'avons pas à agir de manière rationnelle, nous n'avons pas à prendre en ligne de compte les conséquences de nos actes, nous n'avons pas à obéir aux lois internationales, et nous n'avons pas à écouter les avis des autres. Si les Nations Unies refusent de soutenir un de nos plans visant à attaquer et à renverser le gouvernement d'une nation souveraine, on aura qu'à le faire tous seuls. Mais les autres pays ne peuvent pas se permettre de se conduire de cette manière.

Une autre différence entre l'Inde et les USA est apparue à travers cette dernière atrocité. Après les attaques de Mumbai, le ministre indien de la Sécurité a démissionné en reconnaissant que son ministère avait commis la faute de n'avoir pas détecté le risque d'une attaque qui était en préparation depuis six mois, et de n'avoir pas empêché des morts innombrables faute de préparation adéquate des forces de polics et des soldats en vue d'éventualités de ce type (la police et les soldats n'étaient pas munis des fusils pour snipers et à plan de visée optique qui leur auraient permis d'atteindre et de tuer certains des dix terroristes avec un minimum de risques pour leurs otages).

Personne n'a démissionné pour les multiples ratés qui ont conduit aux attaques du 11/9 et leur ont permis de se passer. Personne n'a démissionné pour les ratés du renseignement, personne n'a démissionné pour les ratés de la défense aérienne, personne n'a démissionné pour les ratés de l'enquête, personne n'a démissionné pour les mensonges qui ont servi de base à l'attaque contre l'Afghanistan et à la guerre contre l'Irak. En fait, aucune responsabilité n'a été reconnue aux USA pour la plus grande catastrophe qui a touché la sécurité du pays depuis Pearl Harbor. Alors qu'en Inde, il n'a fallu que quelques jours avant que le principal responsable de la sécurité au gouvernement ne démissionne de son poste après avoir été en disgrâce aux yeux du public.

Espérons que des esprits plus sensés l'emporteront quand il sera question de traiter avec le Pakistan, au fur et à mesure que l'histoire de cette dernière action terroriste sera dévoilée.

Et espérons que les Us américains demanderont à ce que l'on rende honnêtement des comptes sur ce qui s'est passé le 11 septembre 2001 et que ceux qui sont coupables d'avoir permis à ces événements de se produire et d'avoir envoyé leur pays à l'aventure dans un jihad au Moyen-Orient, à la fois inutile, sanglant et apparemment au bout du compte sans fin, seront dénoncés et forcés de payer pour leur incompétence et leurs crimes.

A cet égard, les medias dominants nous aideraient bien en adoptant pour le 11-9 la même approche sceptique et inquisitoriale qu'ils semblent avoir adoptée sur la tragédie indienne. Au lendemain des attaques de Mumbai, des journalistes célèbres mettent ouvertement en doute les sources gouvernementales et les experts en terrorisme quant à savoir qui était derrière les assaillants, jusqu'au point de laisser penser, comme l'a fait mardi Brian Jenkins de la Rand Corporation sur NPR [une radio publique, NdT], qu'il n'est pas inenvisageable d'imaginer que le gouvernement pakistanais les ait orchestrées (bien qu'il pensât que cela était l'explication la moins probable), ou que des « éléments voyous » des services secrets pakistanais aient pu être derrière celles-ci. De telles hypothèses ne sont pas admises dans nos médias  établis pour ce qui est du 11/9, malgré des preuves avérées qu'il y ait eu, au moins, quelques connaissances préalables sur cette attaque, à la fois au sein de la communauté du renseignement US américaine et au sein du Mossad israélien (quelques jours avant les attaques, quelqu'un a spéculé sur les actions des deux compagnies aériennes touchées par les détournements, et celles de deux grandes banques d'investissements dont les bureaux étaient dans les tours, et ce via la banque d'investissement Alex Brown dont le PDG est récemment devenu le n°3 de la CIA ; et des individus qui observaient les attaques en les filmant furent interpellés par les policiers du New Jersey et furent ensuite relâchés, sur intervention du ministère des Affaires Étrangères, après avoir été identifiés comme étant des agents du Mossad).   

  * Allusion au titre du roman de Charles Dickens Le conte de deux cités (A Tale of Two Cities)

AUTEUR: Dave LINDORFF

Traduit par  Sacha Sher, révisé par Fausto Giudice

Source : A Tale of Two Terror Attacks
Article original publié le 1/12/2008
Sur l'auteur
Sacha Sher et Fausto Giudice sont membres de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique. Cette traduction est libre de reproduction, à condition d'en respecter l'intégrité et d'en mentionner l'auteur, le traducteur, le réviseur et la source
.
URL de cet article sur Tlaxcala : http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=6708&lg=fr



8 Courrier des lecteurs & trouvé sur le net & témoignage

8-1 Une réunion bien sympathique...

Une "réunion informelle" diplomatique consacrée à l'Afghanistan se tient aujourd'hui au Chateau de La Celle-Saint-Cloud (photo) à l'invitation de la France. La liste des participants est longue, même si le ministre des affaires étrangères de l'Iran a fait savoir, samedi, qu'il ne viendrait pas, contrairement à ce que l'Iran avait annoncé.

Seront donc présents autour la table, outre la France et l'Afghanistan : Chine, Ouzbékistan, Pakistan, Tadjikistan, Turkménistan, Russie, Etats-Unis, Royaume-Uni, Inde, Allemagne, Italie, ainsi que des représentants des Nations Unies et de l'Union européenne. A l'occasion d'un diner, la réunion sera élargie aux pays suivants : Espagne, Pologne, Pays-Bas, Turquie, Japon, Kazakhstan, Kirghizstan, Australie, Arabie saoudite, Emirats arabes unis et à l'Otan !  "Il s'agit de travailler de manière concrète sur la coopération régionale, que ce soient les enjeux politiques au sens large, mais aussi les questions de sécurité et les questions économiques", a déclaré le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Eric Chevallier.

En tout cas, cela fait beaucoup de monde au chevet de l'Afghanistan... Mais ils manquent simplement les principaux intéressés, à savoir les Afghans eux-même ! Certes, le chef de la diplomatie afghane a fait le voyage de Paris, ce qui est la moindre des choses, mais on ne peut qu'observer avec scepticisme ce balai diplomatique, dont - il est vrai - rien de mauvais ne peut sortir.

Outre l'absence du grand voisin iranien et la faible implication américaine (un sous-secrétaire d'Etat à l'Asie en fin de mandat...), l'essentiel du problème vient d'une erreur d'analyse. Comme je l'explique dans mon livre [C'est le quart d'heure de pub... nous ne sommes pas à France-Télévisions !], la crise afghane est d'abord une crise de l'Afghanistan lui-même et non un problème international.

L'Afghanistan est entré dans une période de troubles politiques graves dans les années 70, à la suite de deux coups d'Etat (1973 : renversement de la monarchie. 1978 : prise du pouvoir par les communsites).

La guerre civile date de trente ans et elle n'a pas cessé depuis lors, sous des formes extrêmement diverses. Les puissances étrangères se sont tour à tour impliquées dans ce conflit avec l'accord de factions afghanes : les Russes, les Pakistanais, les Américains, etc. Sans oublier les combattants islamistes - dont une partie a donné naissance à Al Qaïda. Tous ces intervenants extérieurs ont toujours trouvé des alliés en Afghanistan. On pourrait dire les choses d'une autre manière : les parties afghanes n'hésitent pas à rechercher l'alliance avec des forces étrangères pour combattre d'autres parties afghanes. Si solution il doit y avoir (ce dont je doute...), elle ne peut venir que discussions inter-afghanes.

En attendant, même sous le ciel hivernal, le chateau de la Celle Saint-Cloud est une jolie demeure du XVIIème, embellie au XVIIIème et au XIXème. Il appartînt, un temps, à Madame de Pompadour, à qui l'on doit aussi la construction de l'Ecole militaire.

14-12

http://secretdefense.blogs.liberation.fr/defense/2008/12/afghanistan-une.html#more

http://18alexterieurafghanistan.blogspot.com/2008/12/14-dcembre-2008-une-runion-bien.html

  



Analyse -  Géopolitique et stratégie – Réflexion
Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information.

9-1 Comaguer  : Inde, Pakistan et les Etats-Unis : Les Pousse au crime.

Il y a ceux qu'on traine devant des tribunaux d'exception pour démontrer que les dirigeants qui s'opposent à l'ordre impérialiste sont châtiés, leur peuple ayant, quant à lui, subi directement l'épreuve de la faim ou celle des armes.

Et il y a ceux qui appellent à la guerre, ceux qui menacent et qui sont d'autant plus inquiétants qu'ils ont déjà mis leurs menaces à exécution. Dans ce rôle les Etats-Unis tiennent brillamment leur place de première puissance militaire mondiale, d'envahisseur en Irak et en Afghanistan et de puissance occupante dans les 170 pays où ils ont de bases militaires.

Ce rôle de semeur de guerre vient encore d'être confirmé au Pakistan. Bien avant que ne soit débrouillé l'écheveau des attentats de MUMBAI, bien avant que ne soit reconstituée, si elle doit l'être un jour, la filière qui remonte des petits malfrats mercenaires, acteurs directs d'une tuerie supérieurement organisée, aux organisateurs du complot et par eux aux bénéficiaires de la crise politique internationale ainsi engendrée, deux dirigeants politiques étasuniens viennent d'appeler à une action militaire contre le Pakistan.

Non pas la simple prolongation des incursions, déjà régulières depuis plusieurs mois, de l'armée US dans les zones frontalières de l'Afghanistan, mais le passage à la phase supérieure d'un affrontement direct avec l'armée pakistanaise pour occuper durablement une partie du territoire pakistanais et pour transformer le statut de ce pays qui perdrait définitivement celui de fidèle serviteur qu'il s'était acquis dans le combat contre l'armée soviétique pour passer à celui d'état croupion sous occupation étrangère, voire d'Etat-voyou s'il regimbe.

La meilleure preuve de ce changement de statut est la menace des Etats-Unis de poursuivre comme terroriste le général (en retraite) HAMID GUL qui était chef des services secrets pakistanais de 1987 à 1989 au moment où ces services ont, en formant et en approvisionnant en matériel US de pointe (tels les missiles sol-air STINGER qui ont ravagé l'armée de l'air soviétique) apporté une aide décisive aux moudjahidines afghans qui leur a permis de porter des coups très durs à l'armée de l'URSS jusqu'à son retrait. Il est vrai qu'HAMID GUL n'a pas craint de comparer devant une télévision étasunienne les attentats du 11 Septembre 2001 et ceux de Mumbai en disant que dans les deux cas il s'agissait, selon l'expression anglaise d' « Inside Job », c'est-à-dire de complot intérieur. L'homme bien informé qu'il était est ainsi devenu un homme à abattre.

Ces deux personnages qui ont fait précipitamment le voyage à New-Delhi pour verser quelques larmes convenues sur les victimes de Mumbai , mais surtout pour bien montrer que désormais l'Inde est le principal allié des Etats-Unis dans la région, se sont ensuite rendus à Islamabad pour faire les gros yeux au gouvernement pakistanais

Il s'agit de CONDOLEEZZA RICE et de JOHN Mc CAIN. Oui Mc CAIN a été battu aux présidentielles mais il est toujours sénateur et toujours un des républicains les plus actifs dans la politique étrangère interventionniste de son pays. Il pourra continuer à l'être puisque son ami ROBERT GATES va rester en poste au Pentagone.

CONDOLEEZZA RICE a dit qu'il y avait des « preuves irréfutables » d'implications d' « éléments » pakistanais dans les attentats de MUMBAI ( le FBI et le MI 6 britannique se sont d'ailleurs aussitôt offerts pour aider à faire la lumière sur les attentats et l'on sait que ce genre d' « intervention amicale » permet aussi de faire disparaître des preuves dérangeantes) et elle a invité les dirigeants pakistanais à agir immédiatement et efficacement contre ces éléments faute de quoi les Etats-Unis « agiraient »... Comme toute leur Histoire contemporaine le montre, le « passage à l'acte » des Etats-Unis est habituellement un viol de souveraineté et de territoire étrangers.

Interviewée ensuite par FOX NEWS elle a réitéré cette affirmation de « preuves irréfutables » mais, interrogée quelques secondes plus tard sur les « armes de destruction massive » de l'Irak, n'a pas craint de reconnaître que dans ce cas son pays s'était trompé. Comme quoi, dans ce genre de bouche, les « preuves » ne sont que de fugaces arguments oratoires Comme quoi, la décision d'envahir l'Irak et de renverser le régime était déjà prise.

Mc CAIN, quant à lui, a repris la vieille argumentation antiterroriste en expliquant que si le gouvernement pakistanais ne faisait pas la chasse lui-même aux terroristes il lui arriverait ce qui est arrivé au gouvernement des Talibans qui n'ont pas voulu livrer Ben Laden en Octobre 2001...

Mais, plus prudent en apparence que CONDOLEEZZA RICE, il a précisé qu'il appartiendrait au gouvernement indien de passer à l'acte.

L'apparence est trompeuse. Ce que Mc CAIN prépare en fait, c'est l'après BUSH, c'est le retour au pouvoir en Inde du parti nationaliste Hindou BJP porté par une vague anti-musulmane et anti-pakistanaise suscitée par les attentats de MUMBAI. Ce retour pourrait se produire à l'occasion des prochaines élections générales du mois de Mai 2009 . (Heureusement les élections qui viennent de se dérouler dans quatre Etats de l'Inde et où le BJP a reculé donnent une indication contraire). Il est en effet persuadé qu'avec le feu vert de Washington le BJP irait à l'affrontement armé avec le Pakistan.

Façon de rappeler que le démantèlement du Pakistan fait partie de l'agenda impérialiste étasunien.

La carte qui suit montre bien les objectifs poursuivis :

- indépendance du Baloutchistan au détriment de l'Iran et du Pakistan et occupation du port de GWADAR construit par la Chine et assurant aux provinces occidentales de cette dernière un accès facile à l'Océan Indien

- coupure de la liaison terrestre CHINE-PAKISTAN par le col de Karakorum

- agrandissement au détriment du Pakistan d'un Afghanistan dompté et colonisé

- Cachemire repris par l'Inde

Sur cette carte le Soudan n'a pas encore été relooké au napalm, mais à en croire les derniers propos d'Hillary Clinton et d'Eve Rice (simple homonymie avec Condoleeza), future ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU son tour va venir !

COMAGUER

Au fil des jours... n°31 - 09.12.08

COMAGUER

http://www.legrandsoir.info/spip.php?article7574


9-2 Michel Chossudovsky : Le 11 Septembre indien - qui était derrière les attaques de Mumbai ?

Washington encourage les divisions politiques entre l'Inde et le Pakistan

Les attaques terroristes de Mumbai faisaient partie d'une opération planifiée et coordonnée habilement, impliquant plusieurs équipes d'hommes armés entraînés et expérimentés.

L'empreinte de cette opération est celle du renseignement paramilitaire. Selon un expert russe du contre-terrorisme, les terroristes de Mumbai « ont utilisé les mêmes tactiques que les militants tchéchènes employaient dans les attaques au Nord-Caucase, où des villes entières étaient terrorisées, où des maisons et des hôpitaux étaient pris d'assaut. (Russia Today, 27 novembre 2008). 

On a décrit les attaques de Mumbai comme étant « le 11 Septembre indien ».

Celles-ci ont été perpétrées simultanément à plusieurs endroits, à quelques minutes d'intervalles.

La première cible était l'entrée principale de la gare de Mumbai, Chatrapati Shivaji Terminus, (CST), où les tireurs ont ouvert le feu sans distinction dans la foule de passagers. Les tireurs «sont ensuite sortis en courant de la station et sont entrés dans les édifices avoisinants, dont l'Hôpital Cama ».

Des groupes de tireurs distincts ont attaqué deux hôtels luxueux de Mumbai, le Oberoi-Trident et le Taj Mahal Palace, situés au coeur d'une aire touristique, à proximité de la Porte de l'Inde. 

Les tireurs ont également ouvert le feu au Café Leopold, un restaurant branché de la zone touristique. La troisième cible était la Maison Nariman , un centre d'affaires hébergeant Chabad Lubavitch, le Centre juif de Mumbai. Six otages ont été tués, dont le rabbin et sa femme.

L'aéroport des vols domestiques de Santa Cruz, le multiplexe Metro Adlabs et le port de Mazgaon ont aussi été ciblés.

« Les attentats se sont produits aux endroits les plus achalandés. En plus des hôtels et des hôpitaux, les terroristes ont frappé aux gares, au Marché Crawford, à Wadi Bunder et sur l'autoroute Western Express, près de l'aéroport. Sept endroits ont été attaqués avec des armes automatiques et des grenades. » (Times of India, 26 novembre 2008)

Les troupes indiennes ont encerclé les hôtels. Des commandos des Forces spéciales indiennes ont été envoyés dans les deux hôtels afin de confronter les terroristes. Des témoins affirment que les tireurs séparaient les personnes détenant un passeport américain ou britannique.

Selon les comptes-rendus, il y aurait plus de 150 victimes. La plupart étaient des Indiens et beaucoup d'entre eux ont été tués dans l'attaque du terminus du chemin de fer Chhatrapati Shivaji.

Au moins 22 étrangers ont été tués dans les attentats, ainsi que quatorze policiers, incluant le chef de l'escouade anti-terroriste.

Qui était derrière ces attaques?

Un groupe pratiquement inconnu nommé « Moudjahidin du Deccan » a revendiqué les attentats. Le Deccan fait référence à un plateau de l'Inde centrale et méridionale situé principalement dans l'État d'Andhra Pradesh. Ce groupe inconnu est déjà catégorisé comme appartenant au réseau terroriste Al Quaeda, sans preuves à l'appui.

Les rapports de police confirment que neuf des « présumés agresseurs » ont été arrêtés et, selon des sources policières non confirmées, trois agresseurs ont avoué appartenir à Lashkar-e-Taiba [Lashkar-e-Tayyiba], une organisation séparatiste pakistano-cashemirie soutenue clandestinement par le Service de renseignement militaire pakistanais (ISI). Toujours selon les reportages, au moins une des personnes arrêtées est un citoyen britannique d'origine pakistanaise.

D'une même voix, les médias occidentaux et indiens pointent du doigt le Pakistan et son soutien présumé aux organisations terroristes islamiques :

« Les gourous de la stratégie et les analystes de la sécurité des États-Unis et d'ailleurs dans le monde examinent le rôle du Pakistan dans le terrorisme à la suite d'un autre épisode de terreur en Inde, et finissent par pointer du doigt son voisin, fortement vilipendé.

En raison du leurre des « Moudjahidin du Deccan » utilisé pour revendiquer les attentats, les reportages initiaux en provenance de l'Inde suggéraient que le carnage de Mumbai était une attaque localisée de militants mécontents. Mais les preuves citées par l'armée indienne et les experts en sécurité, basées sur des interceptions d'appels, sur la nature des armes, sur la manière d'entrer par la mer, etc., ont rapidement dirigé l'attention sur le Pakistan. » (Times of India, 27 novembre 2008)

Les médias américains se sont concentrés sur les liens entre les attaques de Mumbai et les « groupes terroristes renaissants [qui] jouissent de refuges dans les zones tribales du Pakistan, comme de la protection ou du soutien présumés de la part de membres du renseignement pakistanais. » (Washington Post, 28 novembre 2008) 

« Le choc des civilisations »

En Europe et en Amérique du Nord, les attaques de Mumbai par des fondamentalistes islamiques sont perçues comme un pan du « choc des civilisations ». « L'Islam militant est impliqué dans une guerre contre la civilisation. »

La perte dramatique de vies humaines résultant des attaques a contribué de façon immuable à renforcer le sentiment anti-musulman à travers le monde occidental.

Les grandes lignes des attaques terroristes de Mumbai en Inde deviennent évidentes. Les terroristes ont ciblé l'Inde, les États-Unis, la Grande-Bretagne et le peuple juif. (Market Watch, 28 novembre 2008)

D'après les médias, l'ennemi est al Qaïda, « l'ennemi extérieur » illusoire, dont les bases opérationnelles sont situées dans les zones tribales et dans la province frontalière du nord-ouest du Pakistan. Le mandat sacré autoproclamé de Washington dans la « guerre mondiale au terrorisme » est de débusquer ben Laden et d'extirper le fondamentalisme islamique.

Par conséquent, le droit des États-Unis d'intervenir militairement au Pakistan, en violation de la souveraineté pakistanaise, est soutenu. Le bombardement de villages dans les zones tribales du nord-ouest du Pakistan relève d'une « tentative humanitaire », en réaction aux pertes de vies dues aux attentats de Mumbai. :

« Avant ces horribles raids, les nouvelles d'Asie du Sud étaient encourageantes. Le problème central demeure la pacification de l'Afghanistan, où les États-Unis et d'autres forces de l'OTAN luttent pour réprimer les talibans et des membres d'al Qaïda » (Washington Post, 28 novembre 2008)

« Toutefois, Washington désire la coopération de l'armée pakistanaise dans la lutte au terrorisme. Ces dernières semaines, des officiers américains en Afghanistan signalaient de meilleurs résultats, attribuant aux Pakistanais le mérite d'avoir pris l'offensive contre les talibans sur le territoire pakistanais. »

Désinformation médiatique

Les réseaux de télévision américains ont abondamment couvert les événements dramatiques de Mumbai. Les attaques ont servi à déclencher une atmosphère de peur et d'intimidation à travers les États-Unis.

On dit de ces attentats qu'ils sont intimement liés au 11 septembre. Les communiqués officiels américains et les reportages des médias ont décrit les attaques de Mumbai comme le segment d'un processus plus large, incluant la possibilité d'une attaque terroriste en sol américain commanditée par al Qaïda.

Pendant la campagne électorale, le vice-président élu, Joe Biden, avait mis les États-Unis en garde en prévoyant que « ceux qui […] nous ont attaqués le 11 septembre, se sont regroupés dans les montagnes entre l'Afghanistan et le Pakistan et planifient de nouvelles attaques ». (Souligné par l'auteur.)

Ce sont les mêmes personnes qui étaient derrière les attaques de Mumbai.

Ce sont aussi les mêmes personnes qui planifient des attaques aux États-Unis. 

Immédiatement après les attentats de Mumbai, le maire de New York, Michael Bloomberg, a mis le métro de la ville en « alerte élevée », sur la base « d'un rapport non corroboré de terrorisme potentiel ici à New York. Ce rapport a amené le Service de police de la ville de New York à prendre des mesures préventives afin de protéger notre réseau de transport et nous ferons toujours le nécessaire pour que notre ville demeure en sécurité », affirmait M. Bloomberg dans un communiqué. (McClatchy-Tribune Business News, 28 novembre 2008, souligné par l'auteur.)

Étonnamment, un jour avant les attentats de Mumbai, « le FBI et le Département de la sécurité intérieure (Homeland Security, DHS) avaientt prévenu qu'il existait une menace, possible mais non corroborée, d'al Qaïda contre le réseau de transport de New York ». (Ibid)

« Au moment où les attentats de Mumbai étaient perpétrés, les autorités américaines signalaient qu'Al Quaeda avait possiblement discuté d'attaquer le métro de New York. Un avertissement vague, certes. " Nous n'avons pas de détails spécifiques confirmant que ce complot excède la simple planification, mais nous donnons cet avertissement puisque nous sommes inquiets qu'une telle attaque puisse être perpétrée pendant la prochaine période des fêtes ", affirmait le FBI et le . Département de la sécurité intérieure » (Chicago Tribune, 29 novembre 2008)

Le renseignement pakistanais est le cheval de Troie des États-Unis

En chœur, les médias pointent du doigt l'implication du Services de renseignement pakistanais, l'Inter Services Intelligence (ISI), sans mentionner que l'ISI opère invariablement en étroite collaboration avec la CIA. 

Les médias américains servent indéfectiblement les intérêts de l'appareil de renseignement des États-Unis. Voici ce que ces médias biaisés insinuent :

Les terroristes sont liés à Al Qaeda. Les attentats de Mumbai sont une opération « financée par un État » impliquant l'ISI pakistanais.

Les tireurs de Mumbai sont liés aux groupes terroristes situés dans les zones tribales et la province frontalière du nord-ouest du Pakistan.

Le bombardement continu des zones tribales par les Forces aériennes américaines, violant la souveraineté pakistanaise, est par conséquent justifié comme partie intégrante de la « guerre mondiale au terrorisme ».

L'ISI constitue le cheval de Troie des États-Unis, un mandataire de facto de la CIA. Depuis le début des années 1980, le renseignement pakistanais travaille en étroite collaboration avec ses équivalents américains et britanniques.

Si l'ISI devait être impliqué dans une opération clandestine de grande envergure contre l'Inde, la CIA aurait été préalablement avisée de la nature et du moment précis de l'opération. L'ISI n'agit pas sans le consentement de son équivalent américain.

De plus, le renseignement américain est connu pour avoir soutenu Al Qaeda dès le début de la guerre soviéto-afghane et tout au long de l'ère post-guerre froide. (Pour plus de détails, voir Michel Chossudovsky,Al Qaeda and the War on Terrorism,

 Global Research, 20 janvier 2008.) 

Les camps d'entraînement de la guérilla financés par la CIA ont été établis au Pakistan pour entraîner les Moudjahidin. Le renseignement américain a historiquement soutenu al Qaïda en utilisant l'ISI du Pakistan comme intermédiaire.

« Avec le soutien de la CIA et l'acheminement massif de fonds par l'armée américaine, l'ISI pakistanais s'est développé en une structure parallèle exerçant un pouvoir énorme sur tous les aspects du gouvernement » (Dipankar Banerjee, "Possible Connection of ISI With Drug Industry", India Abroad, 2 décembre 1994.)

Dans la foulée des attentats du 11 septembre, l'ISI pakistanais a joué un rôle clé dans l'invasion de l'Afghanistan en octobre 2001, en étroite collaboration avec le haut commandement militaire de l'OTAN et des États-Unis. Ironiquement, en octobre 2001, les reportages, autant de la presse indienne qu'américaine, citant des sources du FBI et du renseignement ont suggéré que l'ISI fournissait du soutien aux présumés terroristes du 11 septembre. (Voir Michel Chossudovsky, Cover-up or Complicity of the Bush Administration, The Role of Pakistan's Military Intelligence (ISI) in the September 11 Attacks, Global Research, 2 november 2001)

L'espion en chef du Pakistan nommé par la CIA

Historiquement, la CIA a joué un rôle officieux dans la nomination du directeur de l'ISI.

En septembre, Washington a fait pression sur Islamabad, en utilisant la « guerre au terrorisme » comme prétexte pour congédier le chef de l'ISI, le lieutenant général Nadeem Taj.

« On croit que Washington exerce une pression intense sur le Pakistan pour qu'il congédie le chef de l'ISI, Nadeem Taj, ainsi que deux de ses députés en raison du double jeu de l'agence clé avec les militants. (Daily Times, 30 septembre 30 2008)

Le président Asif Ali Zardari a assisté à des réunions à New York à la fin septembre avec le directeur de la CIA, Michael Hayden. (The Australian, 29 septembre 2008) À peine quelques jours plus tard, un nouveau lieutenant général approuvé par les États-Unis était nommé par le chef de l'armée au nom de Washington, le général Kayani. 

À cet égard, la pression exercée par l'administration Bush a contribué à bloquer une initiative parlementaire menée par le gouvernement PPP visant à mettre les services de renseignement du pays (ISI) sous autorité civile, notamment sous la juridiction du ministre de l'Intérieur. 

En d'autres mots, Washington exerce plus de contrôle sur l'ISI que le gouvernement dûment élu du Pakistan.

Les États-Unis violent la souveraineté territoriale du Pakistan.

Les États-Unis violent actuellement la souveraineté territoriale du Pakistan en bombardant régulièrement des villages des zones tribales et de la province frontalière du Nord-Ouest. La « guerre au terrorisme » sert de  prétexte à ces opérations. Alors que le gouvernement pakistanais a « officiellement » accusé les États-Unis d'effectuer des bombardements aériens sur son territoire, l'armée pakistanaise (incluant l'ISI) a « officieusement » endossé ces attaques aériennes.

À cet égard, la nomination opportune du lieutenant général Ahmed Shuja Pasha à la tête de l'ISI était voulue pour assurer la continuité des opérations de « contre-terrorisme » américaines au Pakistan. Avant sa nomination, le lieutenant général Ahmed Shuja Pasha, en étroite collaboration avec les États-Unis et l'OTAN, était responsable des attaques ciblées de l'armée pakistanaise, apparemment contre les talibans et Al Quaeda dans les régions tribales (Federally Administered Tribal Areas, FATA) et la province frontalière du Nord-Ouest (PFNO). 

Dès sa nomination, le lieutenant général Ahmed Shuja Pasha a profondément remanié l'ISI, remplaçant plusieurs de ses commandants régionaux. (Daily Times, 30 septembre 2008). À la fin octobre, il était à Washington, aux quartiers généraux de la CIA à Langley et au Pentagone, afin de rencontrer ses homologues américains de l'armée et du renseignement :

« Le Pakistan se plaint publiquement des attaques aériennes américaines. Mais le nouveau directeur du renseignement, le lieutenant général Ahmed Shuja Pasha, était à Washington la semaine dernière en compagnie de militaires et d'espions de haut rang, et tout le monde semble être parti en souriant. » (David Ignatieff, A Quiet Deal With Pakistan, Washington Post, 4 novembre 2008, souligné par l'auteur)

Le moment choisi pour les attaques de Mumbai.

Les attaques aériennes sur les zones tribales, dont découlent d'innombrables morts de civils, ont créé une vague de sentiment anti-américain à travers le Pakistan. De la même manière, dans les mois précédent les attentats de Mumbai, ce sentiment anti-américain a aussi servi à promouvoir une nouvelle atmosphère de coopération entre l'Inde et le Pakistan.

Alors que les relations entre les États-Unis et le Pakistan sont à leur plus bas, les gouvernements d'Islamabad et de New Delhi ont fait des efforts significatifs dans les derniers mois pour promouvoir les relations bilatérales.

À peine une semaine avant les attaques, le président du Pakistan Asif Ali Zardari « a incité à ouvrir un débat publique sur la question du Cachemire en Inde et au Pakistan, et à laisser la population décider de l'avenir du Cachemire indien (IHK) ».

Il a également demandé « d'amener les relations bilatérales à un autre niveau », et de forger une union économique entre les deux pays.

Diviser et régner

Quels intérêts sont servis par ces attaques?

Washington est résolu à utiliser les attentats de Mumbai pour :

Encourager les divisions entre le Pakistan et l'Inde et faire dérailler le processus de coopération bilatéral entre les deux pays;

Promouvoir des divisions sociales, ethniques et sectaires à la fois en Inde et au Pakistan;

Justifier l'action militaire américaine au Pakistan, incluant le meurtre de civils, en violant la souveraineté territoriale du pays;

Fournir une justification à l'extension de la « guerre au terrorisme » américaine dans le sous-continent indien et en Asie du Sud-Est.

En 2006, le Pentagone avait prévenu qu'une « autre attaque terroriste considérable de type 11 Septembre pourrait provoquer à la fois la justification et l'opportunité qui manquent actuellement pour réagir contre certaines cibles connues » (Fuite d'un communiqué d'un officiel du Pentagone remis au Washington Post, 23 avril 2006). Dans le contexte actuel, les attaques de Mumbai sont considérées comme « une justification » pour traquer des « cibles connues » dans les zones tribales du nord-ouest du Pakistan.

Le premier ministre indien, Manmohan Singh a affirmé que des « forces externes » ont perpétré les attentats, faisant allusion au rôle possible du Pakistan. Les reportages médiatiques pointent aussi dans cette direction, en laissant entendre que le gouvernement pakistanais était derrière ces attaques :

Des officiels et législateurs américains se sont abstenus de nommer le Pakistan, mais leur condamnation du « terrorisme islamique » laissait peut de doute quant à leurs inquiétudes.

C'est la propre évaluation de l'administration Bush – coulée dans les médias – qui a donné de la force aux dernières accusations contre Islamabad. Selon cette évaluation, l'agence de renseignement pakistanaise ISI était liée aux attentats à la bombe de l'ambassade indienne à Kaboul quelques semaines auparavant, attentats qui ont fait près de 60 morts, dont un diplomate indien très admiré ainsi qu'un officiel senior respecté de la défense. (Times of India, 27 novembre 2008) 

Les attaques ont provoqué un sentiment anti-pakistanais en Inde

Les attaques ont servi à promouvoir un sentiment anti-pakistanais en Inde, ainsi que des divisions sectaires entre les musulmans et les hindous.

Le Time Magazine a visé, en des termes non équivoques, le rôle insidieux « de la puissante organisation ISI, souvent accusée d'orchestrer des attaques terroristes en Inde », sans reconnaître que le nouveau chef de l'ISI a été nommé sur ordre de Washington. (Time online)

Le reportage du Time suggère, sans preuves, que les architectes des attaques sont vraisemblablement des groupes islamiques financés par le Pakistan, dont Lashkar-e-Taiba (Armée des purs), qui fait partie du réseau al Qaïda, Jaish-e-Mohammed, une organisation séparatiste cachemirie appartenant à Al Qaeda, ayant revendiqué les attentats terroristes de décembre 2001 au Parlement de l'Union à Delhi, ainsi que le Mouvement des étudiants islamiques d'Inde. (Ibid)

Lashkar-e-Taiba et Jaish-e-Mohammed sont reconnus comme étant soutenus par l'ISI.

Démarches diplomatiques entre Islamabad et Delhi

Le président pakistanais Asif Ali Zardari a signalé que son gouvernement collaborerait entièrement avec les autorités indiennes.

Le nouveau gouvernement du Pakistan a été contourné par ses propres services de renseignement, qui demeurent sous la juridiction du haut commandement militaire.

Le gouvernement du Parti du peuple pakistanais, mené par le premier ministre Yousaf Raza Gilani, n'a aucun contrôle sur l'appareil militaire, ni sur l'appareil de renseignement, qui continuent à entretenir des rapports étroits avec leurs équivalents américains. À plusieurs égards, le gouvernement civil du Pakistan ne contrôle pas sa politique étrangère. L'armée pakistanaise et sa puissante aile de renseignement mènent la barque.

Dans ce contexte, le président Asif Ali Zardari semble jouer des deux côtés : collusion avec l'appareil de l'armée et du renseignement, dialogue avec Washington et faux-semblant avec le premier ministre Gilani et l'Assemblée nationale.

Le 28 novembre, deux jours après les attentats de Mumbai, Islamabad annonçait que le nouveau chef de l'ISI, le lieutenant général Ahmed Shuja Pasha, serait envoyé à Delhi pour des consultations avec ses homologues indiens, dont le conseiller à la Sécurité nationale M K Narayanan, ainsi que les dirigeants de l'agence de renseignement extérieur, la Research and Analysis Wing (RAW), et du Intelligence Bureau, responsable du renseignement intérieur. La RAW et l'ISI pakistanais sont connus pour s'être fait la guerre clandestinement durant plus de 30 ans.

Le jour suivant (29 novembre) Islamabad a annulé la visite du lieutenant général Shuja Pasha en Inde à la suite « du ton très agressif du ministre des Affaires étrangères indien, Pranab Mukherjee, envers les officiels pakistanais [lors d'une] conversation téléphone après les attentats de Mumbai ». (Press Trust of India, 29 novembre 2008, citant Geo News Pakistan). 

Situation tendue : les relations indo-pakistanaises se détériorent

Les attaques de Mumbai ont déjà créé une situation extrêmement tendue, qui sert largement les intérêts géopolitiques américains dans cette région. 

Islamabad envisage de relocaliser quelque 100 000 militaires de la frontière afghane à la frontière indienne, « s'il y a escalade des tensions avec l'Inde, ce qui sous-entendait l'implication d'éléments pakistanais dans le carnage de Mumbai ». (Source d'information pakistanaise citée par PTI op. cit.)

« Ces sources ont affirmé qu'on a dit à l'OTAN et au commandement américain que le Pakistan ne pourrait pas se concentrer sur la guerre au terrorisme et s'attaquer aux militants autour de la frontière afghane, puisque la défense de ses frontières avec l'Inde s'avérait beaucoup plus importante. » (Ibid, Geo News citant le journaliste senior pakistanais Hamid Mir.) 

Ingérence américaine dans la conduite de l'enquête policière indienne

L'ingérence totale de Washington dans la conduite de l'enquête policière indienne est également significative. Le Times of India révèle « une coopération sans précédent du renseignement impliquant des agences d'enquête et des groupes d'espions de l'Inde, des États-Unis du Royaume-Uni et d'Israël. »

Le FBI et les Services secrets britanniques, MI6, ont des bureaux de liaison à Delhi. Le FBI a envoyé des policiers, des officiers du contre-terrorisme et des médecins légistes à Mumbai « afin d'enquêter sur les attaques qui ont fait des victimes américaines […]. Des experts de la Police métropolitaine de Londres ont aussi été dépêchés à Mumbai :

« "L'hypothèse" du gouvernement américain voulant que les groupes militants Lashkar-e-Taiba et Jaish-e-Mohammed soient des suspects des attentats a retardé l'enquête qu'avaient entreprises les autorités pakistanaises, a affirmé l'officiel. Les deux groupes militants cachemiris ont des liens avec al Qaïda. » (Wall Street Journal, 28 novembre 2008)

Le rôle du contre-terrorisme américain, britannique et israélien et des officiels de la police consiste essentiellement à manipuler les résultats de l'enquête de la police indienne.  

Un fait mérite toutefois d'être mentionné, notamment que le gouvernement de Delhi a refusé la requête d'Israël d'envoyer une unité des forces spéciales de l'armée pour assister les commandos indiens dans la libération d'otages juifs à l'intérieur du Cha,bad Jewish Center de Mumbai. (PTI, 28 novembre 2008.) 

Bali 2002 comparé à Mumbai 2008

Les attaques terroristes de Mumbai ressemblent à certains égards aux attaques de Bali de 2002. Dans les deux cas, des touristes occidentaux étaient ciblés. Le centre de villégiature de Kuta, sur l'île de Bali en Indonésie, a fait l'objet de deux attaques distinctes, ciblant principalement des touristes australiens. (Ibid)

Il y a quelques semaines, le 9 novembre 2008, les présumés terroristes des attentats à la bombe de Bali en 2002 ont été exécutés à la suite d'un long procès. (Michel Chossudovsky, Miscarriage of Justice: Who was behind the October 2002 Bali bombings? Global Research, 13 novembre 2008). Les architectes politiques des attentats de Bali n'ont jamais été traduits en justice.

Un rapport de novembre 2002 émanant des hauts gradés indonésiens, révélait l'implication du chef du renseignement indonésien, le général General A. M. Hendropriyono et de la CIA. Les liens entre Jemaah Islamiyah (JI) et l'agence de renseignement indonésienne (BIN) n'ont jamais été soulevés dans l'enquête officielle du gouvernement indonésien, enquête menée dans les coulisses par le renseignement australien et la CIA. De plus, peu après les attentas, le premier ministre australien, John Howard, « a admis que les autorités australiennes avaient été avisées de possibles attaques à Bali, mais qu'elles avaient décidé de ne pas sonner l'alerte  ». (Christchurch Press, 22 novembre 2002).

En ce qui concerne les attentats de Bali de 2002, les témoignages de deux anciens présidents indonésiens, qui signalaient la complicité de l'armée et de la police indonésiennes, ont simplement été écartés dans les procédures judiciaires. En 2002 le président Megawati Sukarnoputri a accusé les États-Unis d'être impliqués dans les attaques. En 2005, dans une entrevue avec la chaîne australienne SBS TV, l'ancien président Wahid Abdurrahman affirmait que l'armée et la police indonésiennes avaient joué un rôle dans les attentats de Bali de 2002. (Cité dans Miscarriage of Justice: Who was behind the October 2002 Bali bombings?, op cit)

Note

1. Dans les derniers mois, le chef du renseignement extérieur (RAW), Ashok Chaturvedi, est devenu une cible politique. Le premier ministre Manmohan Singh est résolu à le congédier et à le remplacer par une personne plus acceptable. On ignore si Chaturvedi participera à l'enquête de la police et du renseignement.

 Michel Chossudovsky, le 20 décembre 2008
Article original en anglais, India's 9/11. Who was Behind the Mumbai Attacks? publié le 30 novembre 2008.
Traduit par Julie Lévesque pour
Mondialisation.ca.

 


9-3 Un gouvernement trop faible pour faire face.
Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information.

Les attentats qui ont visé Bombay fin novembre ont plongé le pays dans le désarroi. Car le pouvoir n'a pas les moyens de lutter efficacement contre le 'terrorisme'.

Au Pakistan, il suffit de sortir dans la rue pour ressentir l'anxiété et la lassitude de la population [après les accusations indiennes au lendemain des attaques de Bombay du 26 au 29 novembre]. Les habitants, généralement peu versés dans la politique, ont cherché à comprendre la tournure qu'allaient prendre les événements, chacun se demandant si une guerre allait éclater entre l'Inde et le Pakistan. Cette interrogation ne paraît pas être motivée par la crainte de ce que pourrait faire New Delhi, mais plutôt par un sentiment de confusion à l'égard des intentions d'Islamabad. Les Pakistanais peinent à comprendre pourquoi on a d'abord assuré l'Inde que le chef de l'ISI (les services de renseignements) allait être envoyé à New Delhi, avant de revenir sur cet engagement. Pis encore, le président du Pakistan, Asif Ali Zardari, ne cesse de s'exprimer sur les chaînes de télévision indiennes, mais il refuse de s'adresser à sa population, qu'il n'a d'ailleurs pas informée de ce qui s'était passé ni des mesures à venir.

Le gouvernement pakistanais est bien en peine de répondre aux accusations indiennes pour trois raisons. Primo, tout le débat semble orienté par les médias des deux camps et non par les seuls gouvernements. Les points de vue officiels, de chaque côté, restent extrêmement prudents. Alors qu'Islamabad formule encore certaines exigences, New Delhi, de son côté, a évité toute agressivité excessive, ayant sans doute pris conscience qu'au-delà d'un certain point cela n'aurait aucun résultat positif. Si le gouvernement en place à Islamabad se trouvait affaibli par l'attitude belliqueuse des autorités indiennes, la position des opposants à la paix dans la région ne ferait que s'en trouver renforcée. Et cela n'aiderait en rien à résoudre le mystère des attentats de Bombay. Secundo, le gouvernement d'Islamabad n'est pas encore assez solide pour tenir les promesses de fermeté faites par le Premier ministre et le président dans les 24 heures qui ont suivi les attentats. Tertio, la faiblesse des autorités pakistanaises s'explique par l'inexistence d'une prise de décision institutionnalisée et l'absence de mécanisme institutionnel en matière de sécurité nationale. Le ministère de la Défense n'a pas la capacité de dialoguer véritablement avec l'armée et le Parlement n'est pas en mesure de dicter ses conditions à toutes les composantes de l'Etat. A cela s'ajoute un autre problème : le président et le Premier ministre n'ont pas jugé bon d'informer les autres partis politiques avant de prendre certains engagements envers New Delhi.

Dans ces conditions, le gouvernement aura d'autant plus de mal à résister aux pressions exacerbées par le discours des médias de droite. Ces derniers continuent d'affirmer que les attentats de Bombay font partie d'un complot international visant à détruire le Pakistan. De plus, les divergences de point de vue vis-à-vis de l'Inde sont apparues plus clairement après les déclarations de responsables de l'ISI. D'après eux, tous les chefs talibans seraient en réalité des patriotes et leurs différends – à l'origine du terrorisme au Pakistan – seraient fondés sur un malentendu. Le Teehrik-i-Taliban Pakistan [TTP, Mouvement des talibans pakistanais, interdit en août 2008] a également proposé son aide en cas d'attaque directe de l'Inde.

Le gouvernement a beau se méfier des groupes terroristes, la droite et les militaires pakistanais semblent aujourd'hui plus puissants que lui, alors qu'il souhaite débarrasser le pays de ses éléments terroristes et rechercher un compromis de paix acceptable avec l'Inde. Mais ce que les gens doivent comprendre par-dessus tout, c'est qu'Islamabad aura du mal à combattre les menaces intérieures si les pressions extérieures deviennent trop fortes. L'accroissement des divergences entre pouvoirs politique et militaire au Pakistan ne pourra qu'aggraver les tensions dans la région. Les armées pakistanaise et indienne ne penseront qu'à une réponse militaire face à la menace terroriste actuelle. Un tel scénario augmenterait le risque d'une confrontation armée, peut-être nucléaire, entre les deux pays, et constituerait donc plus un danger qu'une réponse adéquate.

Dans l'immédiat, la solution consiste pour les deux pays à organiser des réunions à la fois officielles et semi-officielles entre experts afin d'étudier le problème calmement et objectivement. Une analyse de la situation pourrait être ensuite transmise aux deux gouvernements comme base de réflexion. La solution à cette crise hors norme suppose la mise en place d'une coopération et d'un dialogue tout aussi hors du commun.

Ayesha Siddiqa*
* Universitaire dont le livre Military Inc. [éd. Pluto Press, 2007, non traduit en français] a révélé l'ampleur de la mainmise militaire sur la vie économique du pays.


http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=92462



10 Annexe
Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information.

10-1 Morice : La boîte de Pandore des attaques de Bombay (4)

Dans l'épisode précédent, nous l'avons vu, les charges retenues en 2004 contre Rachid Rauf, à part d'être devenu l'époux d'une islamiste convaincue, paraissent donc fort légères.

En novembre 2007, un juge pakistanais relâche donc notre homme en déclarant les charges contre lui totalement "infondées". Pour beaucoup, les accusations comme quoi il aurait été l'initiateur du complot des bombes liquides étaient grotesques :"the decision by the Pakistan court to drop the terror charges against Rauf not only confirms that there was no imminent terror attack. It supports the claims that the Heathrow terror plot was concocted by Washington and London—with the support of much of the media in both countries—so as to divert from the growing political crisis of the Bush and Blair governments, under conditions in which the full extent of the military debacle in Iraq was being laid bare, fuelling opposition to the war and occupation." Il est vrai qu'à l'époque les vidéos de Ben Laden commencent à se faire rare, que l'insurrection à Bagdad continue à faire rage en revanche, et que surtout la riposte d'Israël au Sud Liban, par sa violence, embarrasse tout le monde. Rachid Rauf tombe pile pour recentrer le débat vers l'antiterrorisme.

Ouf, Blair et Bush reviennent de loin.
 Libéré au Pakistan, mais étant citoyen britannique, il doit toujours être extradé, comme l'a demandé expressément Tony Blair, et il reste donc en prison... fort peu de temps : fin décembre 2007, on lui intime l'odre de se préparer à rentrer à Londres. Emmené de Rawalpindi par la police pakistanaise, il demande sur le chemin du retour vers l'aéroport à s'arrêter dans une mosquée pour faire ses prières de l'après midi. Il y rentre sans les policiers, partis tranquillement déjeuner au MacDo du coin et..
disparaît à jamais. "Rauf vanished outside an extradition hearing at an Islamabad court after police allowed him to say afternoon prayers at a mosque, en route to the high-security Adiala prison." L'homme vital pour relier les préparatifs d'attentats d'AlQuaida à un mouvement terroriste pakistanais a joué les filles de l'air, bien aidé semble-t-il par la police pakistanaise ou les services secrets anglais, que l'on suppose surveiller de près le rapatriement de ce témoin ultra-important pour le suivi du procès de nos prétendus poseurs de bombes. En fait de surveillance on est en pleine farce : "in the event his police escort, just two constables, allowed him to leave their van to travel in his uncle's car, stopped off for lunch at a branch of McDonald's and then allowed him to go into a mosque by himself for afternoon prayers"...

Un Rauf disparu un 14 décembre est bien plus pratique désormais : s'il était venu témoigner à Londres, on se serait vite rendu compte de la farce Blairienne totale montée à partir de son personnage fantasque et de ses capacités intellectuelles qui n'ont étonné personne. Valait mieux le voir disparaître, en définitive... le procès est alors un fiasco évident et Rauf risquait fort d'enfoncer un peu plus la barque judiciaire. On va voir que le gouvernement de Blair, dans le genre, peut encore faire mieux. L'ISI et le MI6 ont laissé échapper Rauf, par consentement mutuel dirons nous. Il était sous bonne escorte, le voilà dans la nature. Les médias apprendront la farce de sa fuite des semaines après seulement, sans en connaître les circonstances rocambolesques, qui sont sciemment tûes. Pour les magazines anglais à scandale, "il a réussi à tromper la vigilance de ses gardiens", bien entendu... pour son avocat pakistanais, Hashmat Habib, c'était bien organisé "And Mr Habib believes the Pakistani authorities were behind Rauf's 'escape'. He said : 'It was an organised disappearance. They didn't want to hand him over [to Britain]." Et c'est ainsi qu'on apprend aussi que son transfert avait été fait par taxi et non par fourgon cellulaire... une photo semble attester la thèse d'une réelle complicité avec ses surveillants.... Rauf est toujours tout sourire avec les militaires pakistanais qui étaient censés le garder.
Pendant ce temps, les avions volent désormais après que tous leurs passagers déposent leurs flacons ou bouteilles ou biberons avant de monter à bord. S'en suit une pagaille indescriptible dans tous les aéroports mais qui marque les esprits : ça tombe bien, c'est le but recherché ! L'effet AlQuaida est de retour dans les esprits !

Et à Londres, le procès de nos pakistanais comploteurs arrive, et son verdict a lieu quelques mois plus tard : sur les 8 accusés, trois seulement sont condamnés par un jury de 12 personnes ayant mis 56 heures à se mettre d'accord (dont le juge ne retiendra que 10 verdicts similaires, un fait exceptionnel en juridiction anglaise qui requiert l'unanimité !), mais l'accusation de conspiration, au final, n'est pas retenue : "but the jury failed to reach verdicts on the more serious charge of a conspiracy to have suicide bombers detonate soft-drink bottles filled with liquid explosives aboard seven airliners headed for the United States and Canada." Lors du procés, des scientifiques avaient témoigné s'y être pris à 30 fois pour tenter de faire détoner le mélange souhaité ! "Government scientists attempting to demonstrate the viability of the plot undertook 30 attempts in stringent laboratory conditions before pulling off a sufficiently large explosion to show the jury." Le procès se termine par un véritable fiasco judiciaire, les preuves fort discutables (à voir les maigres photos livrées à la presse et les vidéos théâtrales et hésitantes, on s'en doutait), l'enquête plutôt bâclée, et on à l'impression que l'on condamne car il faut à tout prix condamner pour ne pas avoir l'air complètement ridicule.
Mais ce n'est pas tout en ce qui concerne notre boulanger prétendu chimiste. Il va encore faire la une des journaux. Peut-être bien cette fois-ci pour la dernière fois semble-t-il. Dans des conditions qui méritent encore une fois d'être racontées. Rauf, pour le gouvernement de Tony Blair et de son successeur Gordon Brown est devenu bien encombrant. L'ISI ne semblant plus aussi coopérative depuis que les drones US bombardent ses chasses gardées des bases arrières talibanes, dans les fameuses zones tribales pakistanaises, Londres entrevoit le retournement possible d'un Rauf qui viendrait expliquer dans la presse ces liens un peu trop étroits avec les services secrets anglais ou les tortures subies dans les géôles pakistanaises, qui rappelent étrangement le waterboarding des prisonniers de Guantanamo. Rauf est devenu un témoin fort gênant de l'ère de mensonges Blairiens. Trop bavard, il risquerait de poser de sérieux problèmes. Une autre idée vient de germer au sein des services secrets anglais : se débarrasser définitivement du boulanger-chimiste de pacotille. Comme la disparition de Kelly a laissé un mauvais souvenir (Blair avait failli y laisser son poste et ne devait sa survie qu'à une aide forcée apportée par la justice anglaise en la personne de Lord Hutton) ... une mesure plus radicale est sélectionnée. Celle du Reaper, le drone américain... acheté à trois exemplaires seulement par les anglais, tant il est coûteux, qui les expérimentent avec leurs collègues US, en plein désert de l'Arizona. Le pilotage du drone tueur se faisant en effet à distance à 15 000 km de là... Rauf sera donc supprimé par un missile anglais, révélant deux choses : que l'Angleterre bombarde elle aussi le Pakistan, qui demeure un état souverain, et que les services secrets anglais qui affirmaient ne pas savoir où était passé Rauf savait pertinemment où il résidait exactement. Au beau milieu de son groupe du "Lashkar-e-Toiba", que Londres et Washington suivent donc aussi pas à pas depuis des années. Comme on vous l'a dit, il serait fort étonnant que les services secrets US ignoraient les préparatifs de l'attaque indienne. Impossible même : la mort de Rauf démontre le contraire et une forte implication sur place des deux états, contrairement à ce qu'est venue dire Condoleezza Rice aux indiens.

http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=48594

 
Le
premier Reaper anglais numéroté UK07109, serial ZZ200, a pris son vol officiellement le 19 November 2007 en Afghanistan.

Le Reaper et la version améliorée, plus lourde (elle fait 5 tonnes) et surtout plus armées (de missiles Hellfire) du drone Predator.

Le 9 avril 2008, l'appareil s'est crashé, et a été détruit par un Harrier après avoir été délesté de ses caméras et de ses ordinateurs de bord : "Special forces were dropped in to the crash site by helicopter to recover the plane's top secret data - believed to include a high-intensity camera and computer memory chips. An RAF Harrier jet was then scrambled to blow up the stricken aircraft using a laser-guided bomb in a bid to stop the Taliban from discovering its sensitive data." Le 5 juin 2008, la BBC confirme bien que le seul drone Reaper restant (un second s'était aussi crashé depuis) ne sert pas qu'à l'observation dans les zones tribales : "now, Britain's Reapers are also - on some missions - armed to shoot down their targets, rather than simply locate, identify and film them. The RAF Reaper was only recently authorised to carry munitions, though what arms may be carried on each specific flight is mission-specific and will not be made public for reasons of operational security."
Comme son collègue US, le Reaper anglais est piloté à distance, et même à grande distance,
mais pas en Angleterre : "an RAF pilot based in Afghanistan takes care of the take-off and landing, but the UAV itself is flown for most of its mission by RAF pilots operating Reaper remotely via satellite link from a distance of 7,000 miles (11,300km) away, from the US Air Force's Creech airbase in Nevada". A plus de 10 000 km, les pilotes de la RAF d'un nouveau genre engagent des cibles.... au Pakistan, suivant l'exemple de leurs collègues US qui ont toujours nié l'avoir fait sur le territoire. Les pilotes de la RAF ont-ils reçu l'ordre de faire un carton sur un individu que les services secrets anglais connaissaient si bien ? Toujours est-il que le 22 novembre dernier on apprend qu'un drone, au Nord Waziristan, près des villages de Ali Khel et de Khaisoor, pas loin de la ville de Mir Ali, a tiré des missiles sur un groupe de terroristes pakistanais.. parmi lesquels figurerait... Rauf.

Plus étrangement, le Times Of London assurait le même jour que la mort de Rauf était l'œuvre non pas des anglais mais de la CIA (qui fait voler ses propres Predator), aidé par de surprenants relais : "Rauf's killing was a CIA mission "with the logistics carried out by military commanders based in Bahrain and Kuwait." La fin de la saga Rachid Rauf ? Rien n'est moins sûr : son avocat affirme que tant qu'il n'a pas vu de cadavre, il n'y croit pas. Car sa disparition pose problème aux autorités anglaises. "Officially, Britain is not told of impending American missile attacks on terrorist figures and both MI5 and MI6 state that they do not get involved in assassinations". Or, visiblement, si Rauf est mort, c'est bien de l'élimination d'un témoin gênant qu'il s'agît. Un drone, qu'on n'imagine mal américain le concernant, ça sert aussi parfois à gommer les cartes et à rayer de ses cartes des personnes devenues fort encombrantes pour un pouvoir en place. Reste une possibilité, celle d'une opération de désinformation de l'ISI, bien décidée à provoquer des sueurs froides chez les anglais : Rauf serait ainsi escamoté pour la seconde fois ? "Exfiltré" de son taxi le menant à l'aéroport, le voilà devenu victime d'un missile, provoquant sa "disparition" finale ? A ce stade, plutôt, la disparition définitive ( ?) de l'homme présenté comme ayant inventé une terreur irréalisable est plutôt vécue comme une absence de surprise : il en savait bien trop sur les manigances anglaises, c'est une évidence. Et lui savait bien que cette histoire de bombes liquides n'était qu'une invention et qu'un mensonge. Un de plus, me direz-vous.
Ce qui se passe exactement au Pakistan, on est pas prêt de l'apprendre véritablement. Les indiens attendaient qu'on leur livre des responsables d'attentat, ils viennent de se faire dire que l'ISI continuait à n'en faire qu'à sa tête. Musharraf parti, on est loin encore d'avoir remis l'armée pakistanaise au pas. Le nouveau président n'a pas la poigne pour la mâter, et des attentats récents le démontraient. Celui de l'hôtel Mariott, notamment, qui laisse planer la responsabilité d'une frange islamiste de l'ISI, celle que n'arrive pas à reprendre en main le général Kayani (ou qui ne souhaite pas le faire !) . Les premières réformes du mari de Benazir Bhutto ont été en effet désastreuses : "the first target of ISI "reform" would seemingly be the organization's director general, Lt. Gen. Nadeem Taj. Indeed, some in Washington are pressing for civilian control of the ISI. This is a recipe for disaster. Zardari's earlier attempt to bring the ISI under civilian control failed. After another attempt, he'll find himself sitting out on the pavement outside of the presidential palace. Zardari lacks the legitimacy and power with which to assert himself over the military." L'ISI n'acceptera jamais d'être contrôlée par un civil ! Kayani tient autant que ses prédécesseurs au maintien d'une non intervention dans les zones tribales, la chasse gardée de l'ISI.
Chaque missile US ou anglais qui y tombe rapproche un peu plus le Pakistan d'un coup d'état militaire, fomenté par.. .Ashfaq Parvez Kayani, "l'homme tranquille", le successeur de Musharraf à la tête des armées, et le véritable homme fort du pays. Pas décidé pour deux sous à faire de la place aux civils : "in January 2008 General Kayani passed a directive which ordered military officers not to maintain contacts with politicians." Les jours du mal aimé Zardari paraissent déjà comptés, et le soutien des américains n'y pourra rien, bien au contraire. Les véritables auteurs des attentats de Bombay savent très bien ce qu'ils font. En poussant l'Inde à masser des troupes à sa frontière pakistanaise ils dégarnissent eux-mêmes le front Afhgan en y ripostant, et en n'ayant plus ainsi à répondre aux américains sur les infiltrations talibanes... la bonne excuse permettant à leurs alliés Talibans de remporter dès cet hiver une victoire qui sonnerait le glas des ambitions américaines et de l'Otan à Kaboul même. Même Hamid Karzaï sent que les carottes sont cuites : il est depuis longtemps entré en phase de négociations avec les Talibans, sachant qu'il n'y avait déjà plus d'espoir de faire sans eux. Même notre Kouchner national a affirmé que l'heure était venue de négocier : on comprend mieux sa tirade sur les droits de l'homme (et de la femme).. à Kaboul ! On s'assoit beaucoup sur les beaux principes en ce moment dans cette diplomate en forme de jeu de dupes intitulée "real politik". A Kaboul, tout se présente déjà comme une nouvelle marche vers un nouveau Dien Bien Phu. Et quant au Reaper anglais, on lui a déjà prévu une nouvelle occupation en 2012... nous disions quoi, au fait, à propos de la surveilllance de la vie civile ????

http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=48594

Morice


Ci-dessous les adresses des 3 premières parties de La boîte de Pandore des attaques de Bombay par Morice

La La boîte de Pandore des attaques de Bombay (1)

Analyse/Commentaires L'artillerie lourde, donc, en la personne tout ...
www.newstin.fr/tag/fr/93687820 

 

La boîte de Pandore des attaques de Bombay (2) | AgoraVox

Les mitraillettes donc... et les dinghys qui ont servi à descendre du Kuber ou du cargo cité dans l'enquête, le MV Alpha, venu d'Arabie (...)www.agoravox.fr/article.php3?id_article=48427

 

La La boîte de Pandore des attaques de Bombay (3) - morice / Agoravox ...

18 déc 2008 ... L'opération de Mumbaï a été révélatrice de méthodes tortueuses pour déstabiliser un état. Ce n'est pas la première fois que cela se produit.
cozop.com/morice_agoravox/la_boite_de_pandore_des_attaques_de_bombay_1 

 


Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières,les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit.

  • " Déclaration Universelle des Droits de l'Homme  - Article 19

 



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