mardi 12 août 2008

n°87 - Les dossiers du Liban -07/-08 - G21- : Toute résistance sera considérée comme terroriste, tout désaccord sera considéré comme crime contre l'humanité.


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Sujet: n°87 - Les dossiers du Liban -07/-08 - G21- : Toute résistance sera considérée comme terroriste, tout désaccord sera considéré comme crime contre l'humanité.
Date: Fri, 8 Aug 2008 10:58:33 +0200
De: Marc Lemaire <fa032881@skynet.be>


                                         L'information est une arme au service de la paix. Sa diffusion est un acte de résistance

Dénoncer ne suffit plus, il faut expliquer, informer, transmettre 

                                         Les médias occidentaux ont de tout temps accepté les versions de l'armée israélienne et fermant les oreilles aux autres sources



 Les dossiers du  Liban 

N° 67                                                                    07-08

                                                             Par  M.Lemaire 



Le journal du Liban se retrouve
 
NB : Si vous voulez-me contacter ou obtenir le Journal par mail une seule adresse : fa032881@skynet.be


Sommaire : 

2 Les brèves

2-1 Les Etats-Unis s'ingèrent dans les affaires intérieures du Liban. 

3 Dossier

3-1 Point de vue de Issa Goraieb : La formule magique permettant de doter ce gouvernement en pièces détachées... d'un programme de gouvernement.

3-2 Point de vue de Georges Corm: Pourquoi Israël s'acharne sur le Liban.

3-3 Point de vue de Mecanopolis : Toute résistance sera considérée comme terroriste, tout désaccord sera crime contre l'humanité.

4 Courrier des lecteurs &

trouvé sur le net & témoignage.

4-1 La déclaration ministérielle.

1 La déclaration ministérielle sera adoptée malgré les réserves de Lahoud, les Forces Libanaises et les Phalangistes.

2 Le Hezbollah met en garde.

3 Accord sur une déclaration de politique générale du gouvernement.

4 Déclaration de politique adoptée.

4-2 Les déplacés de Tripoli submergés par la misère.

4-3 Samir Qintar enfin libéré dans sa 30ème de détention !

5 Analyse - Géopolitique et stratégie – Réflexion

5-1 Analyse de Khalil Fleyhane : Pourquoi Israël ne lancera pas d'attaque contre le Liban, du moins dans un futur proche…

5-2 James Petras : L'Empire US et le Moyen-Orient: Le sionisme, les régimes fantoches et les alliés politiques.

5-3 Uri Avnery : Des planètes différentes.



2 Les brèves
2-1 Les Etats-Unis s'ingèrent dans les affaires intérieures du Liban.

Un responsable militaire américain a fait état d'une aide ‎de 15 millions de dollars à l'armée du Liban. "Les Etats-Unis ‎augmenteront leurs aides militaires à l'armée libanaise pour ‎renforcer ses capacités, face aux éléments intérieurs.", a annoncé ‎CNN, dans un rapport consacré à la visite de David Petraeus, ‎Commandant des forces américaines déployées en Irak. Ce, ‎alors que la chaîne al-Manar a rapporté qu'un avocat libanais ‎avait déposé une plainte, auprès d'un tribunal libanais, contre ‎l'Ambassadeur américain, à Beyrouth, pour ses ingérences dans ‎les affaires intérieures du pays et pour ses tentatives visant à ‎affaiblir le gouvernement. A noter que l'Ambassadeur ‎américain, au Liban, tout en soutenant le Courant du 14 mars, a ‎demandé que l'on agisse contre le groupe d'opposition, ‎notamment, le Hezbollah. ‎

07-08

http://www.alterinfo.net/index.php?action=breve&id_article=1006785



3 Dossier
Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage les analyses ou point de vue des auteurs, mais doit être vu comme information 

3-1  Point de vue de Issa Goraieb : La formule magique permettant de doter ce gouvernement en pièces détachées... d'un programme de gouvernement.

Exercices de style

Trois semaines pour réunir plus ou moins équitablement, en un même cabinet d'union, les pièces disparates du puzzle national. Et ensuite, trois autres et interminables semaines de palabres, souvent orageuses, pour trouver la formule magique permettant de doter ce gouvernement en pièces détachées... d'un programme de gouvernement. Dans notre pays qu'assaillent pourtant toutes sortes d'urgences, c'est apparemment le temps qui manque le moins : paradoxe d'autant plus étrange que le temps est compté, et même bien compté, pour une équipe qui ne dispose que de quelques mois en effet pour accomplir ce qu'on attend d'elle. C'est-à-dire préparer les élections législatives du printemps prochain et parer au plus pressé, pour ce qui est des services étatiques dus aux citoyens.
Une fois de plus, et non sans susciter ici et là de fortes réserves, on se sera rabattu sur ces deux classiques expédients que sont la rhétorique et l'ambiguïté pour résoudre (mais sur le papier seulement) la quadrature du cercle. Ainsi se trouve proclamé, dans le programme gouvernemental publié hier, le droit du Liban, peuple, armée et Résistance, de parachever la libération du territoire national. Cela fait beaucoup trop de monde à la fois, comme on voit ; et il n'est guère précisé qui exactement parle pour tout le peuple, pas plus qu'il n'est expliqué de quelle manière peuple, armée et Résistance devront s'y prendre pour éviter toute bousculade dans toute cette belle ardeur libératrice.
Comme pour tous les autres dossiers litigieux, le débat est renvoyé au dialogue national qui sera lancé bientôt sous les auspices du président Michel Sleiman. Il n'empêche qu'en attendant, la formule ne laisse pas d'évoquer les funestes accords du Caire qui octroyaient à la guérilla palestinienne une totale liberté d'action, pourvu que fût respectée, on se demande comment, la souveraineté libanaise. Que les bénéficiaires de cette licence soient cette fois libanais n'allège en rien, bien au contraire, la choquante aberration, la totale irrecevabilité du principe.
On peut se demander à ce propos quelle peut être la part effective de l'institution militaire dans l'entreprise de libération, aussi longtemps que d'aucuns s'obstinent à en faire l'arbitre embarrassé ou, bien plus souvent, l'impuissant témoin des heurts armés entre factions rivales. La troupe sait faire davantage que de défiler impeccablement, comme elle l'a donné à voir à la cérémonie de Fayadiyeh, et elle a admirablement livré, l'été dernier, la dure bataille de Nahr el-Bared.
Cruellement atteinte cependant, dans le plus vif de sa chair, par le vil assassinat de son chef des opérations le général François Hajj, l'armée l'a été plus profondément encore dans son moral cette fois, par les mesures disciplinaires prises à l'encontre d'officiers qui avaient défendu leurs positions face aux agressions des émeutiers. Et pour finir, ce n'est pas son absence très remarquée lors des désordres de mai dernier, à Beyrouth et en province, qui a pu rendre à la Grande Muette quelque peu de sa confiance en soi. Pour toutes ces raisons, on peut se demander sur quelles données nouvelles se fondent les harangues qu'a adressées aux jeunes officiers promus, et plus tard dans la journée à leurs aînés, le président de la République et (pas si) ancien commandant de l'armée, les pressant de sévir contre quiconque ouvrirait le feu sur son concitoyen et de riposter sans crainte et sans complexe à tout tir hostile.
La surprise est heureuse, certes. Il y a surprise quand même...
Issa Goraieb.
igor@lorient-lejour.com.lb

 


3-2 Point de vue de Georges Corm: Pourquoi Israël s'acharne sur le Liban.
Israël a toujours craint le caractère multiconfessionnel du Liban et misé sur sa désintégration. Mais, contrairement aux précédents, ce conflit ne semble pas avoir réussi à y rallumer la guerre civile.

Israël dès sa naissance, en tant qu'« Etat des juifs », pour reprendre le titre du livre de Theodor Herzl, fondateur du mouvement sioniste en 1897, s'est heurté à la survivance plus que millénaire du pluralisme religieux au Proche-Orient, notamment entre chrétiens orientaux et musulmans sunnites, chiites, druzes ou alaouites. En Palestine, en Syrie, au Liban, en Irak, en Egypte, des communautés religieuses diverses, y compris juives, vivent entrelacées (1). Créer dans ce milieu pluriel un Etat exclusivement pour les juifs n'allait donc pas manquer de se heurter à une vive résistance.

Les premiers à s'alarmer du côté arabe, dès le début du XXe siècle, furent les chrétiens de Palestine, du Liban et de Syrie : ils sentirent la menace que faisait planer sur leur propre sort l'avènement d'un tel Etat, fondé sur le monopole d'une communauté alimentée par un apport démographique étranger à la région : les juifs ashkénazes fuyant les persécutions en Russie et en Europe orientale. Aux yeux des communautés chrétiennes orientales, l'entreprise sioniste, appuyée par les puissances coloniales européennes, ne manquerait pas de ressembler aux croisades, et donc mettrait en péril les bonnes relations séculaires entre chrétiens et musulmans du Proche-Orient. Par ailleurs, un tel succès pourrait amener certains, dans les communautés chrétiennes locales, à vouloir jouir du même droit que les juifs venus d'outre-mer à un Etat communautaire chrétien.

Les colons juifs, de leur côté, avant même la création de l'Etat d'Israël, considérèrent parfois les minorités chrétiennes du Proche-Orient comme de possibles alliés. Leur espoir fut cependant déçu : les chrétiens du Grand Liban, établi par la France mandataire en 1919, restèrent dans l'ensemble insensibles. En prêchant un retour aux sources phéniciennes du Liban, le poète libanais d'expression française Charles Corm ne cherchait nullement à copier l'idéologie sioniste, mais à fonder un nationalisme libanais moderne transcendant les clivages entre chrétiens et musulmans. A cette même époque, le nationalisme égyptien invoque aussi des racines pharaoniques, et le nationalisme irakien naissant le glorieux patrimoine babylonien.

Michel Chiha, un autre Libanais francophone et francophile, brillant journaliste à l'influence politique profonde, mit en garde les Libanais contre la déstabilisation qu'Israël allait provoquer dans tout le Proche-Orient. Il les sensibilisa à l'hostilité que le Liban allait polariser, son pluralisme communautaire en faisant l'antithèse de l'exclusivisme communautaire israélien. Sans doute, celui qui sensibilisa le plus les Libanais au destin difficile de leur pays, confronté à l'épreuve de l'émergence de l'Etat d'Israël, fut un prêtre maronite, Youakim Moubarac, qui consacra son œuvre abondante au dialogue islamo-chrétien et à la place centrale du Liban et de la Palestine dans ce dialogue (2).

Il n'est donc pas étonnant de voir l'armée libanaise participer aux combats de la guerre de 1948, aux côtés des autres armées arabes ; en 1949, un accord d'armistice est signé entre le Liban et Israël. Sagement, l'armée libanaise s'abstint de participer à la guerre de juin 1967, durant laquelle Israël occupa le Sinaï égyptien, le Golan syrien ainsi que Jérusalem-Est, la Cisjordanie et la bande de Gaza palestiniennes. Pourtant, le Liban ne réussit pas à échapper aux tensions de plus en plus vives que cette guerre avait créées au Proche-Orient. Ses libertés démocratiques et la multiplicité des sensibilités politiques le transformèrent en caisse de résonance des graves troubles suscités dans tout le monde arabe par la victoire israélienne de 1967.

Par ailleurs, l'ampleur de la défaite des pays arabes et l'occupation de toute la Palestine entraînent de profonds bouleversements dans la société palestinienne, avec l'affirmation de mouvements armés recrutant dans les camps de réfugiés, notamment en Jordanie et au Liban – qui en accueillirent le plus grand nombre par rapport à leur population et à leur taille. Chassés de Jordanie en 1969 par la répression de l'armée jordanienne (« Septembre noir »), les mouvements de résistance palestiniens élargissent leur implantation au Liban, d'où ils mènent parfois des opérations de guérilla contre Israël à partir de la frontière. D'où la politique de représailles massives de l'armée israélienne contre les pays qui les abritent. Au Liban, en décembre 1968, un commando aéroporté israélien détruit toute la flotte civile aérienne libanaise, y provoquant de profonds remous politiques et une paralysie de plus en plus évidente du gouvernement.

En fait, à partir de la guerre israélo-arabe de 1973, le Liban devient le champ de bataille unique de la confrontation avec Israël, les fronts syriens et égyptiens étant totalement neutralisés (3). Ainsi s'ouvre le chemin qui mènera à la conflagration de 1975. Proposé par beaucoup de partis palestiniens comme un modèle pour une future Palestine laïque et démocratique, intégrant juifs, chrétiens et musulmans sur un pied d'égalité, le Liban sombre dans la violence (4).

Une coalition de partis laïques libanais se met en place sous l'étiquette de Mouvement national, solidaire des groupes armés palestiniens. Celui-ci comprend les diverses factions d'obédience nassérienne, largement implantées dans la communauté sunnite, le Parti communiste, le Parti populaire syrien et le Parti socialiste de Kamal Joumblatt, père de M. Walid Joumblatt. En face, le Parti phalangiste, sous l'influence d'un ancien ministre des affaires étrangères, Charles Malik, très proche des Etats-Unis, commence à s'armer et prétend regrouper tous les chrétiens sous l'emblème d'un Front libanais. Ce dernier entend libérer le Liban de l'emprise révolutionnaire palestinienne, soutenue par l'URSS et les pays arabes dits « radicaux ».

Pour Israël, cette conjoncture libanaise, alimentée par sa politique de représailles massives, remet à l'ordre du jour un dessein stratégique datant du début des années 1950 : faire émerger, au Liban, un Etat chrétien allié de l'Etat juif et justifiant la légitimité de ce dernier au Proche-Orient (5). En envahissant le sud du Liban jusqu'au fleuve Litani en 1978, son armée, conformément au vieux plan de David Ben Gourion, met en place une milice de supplétifs débauchés de l'armée libanaise, avec à sa tête un officier chrétien dissident ; cette milice proclame en avril 1979 un Etat du « Liban libre » sur les 800 km2 que l'armée israélienne occupera jusqu'en 2000, en infraction à la résolution 425 du Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies (ONU).

Dans le même temps, bien que l'armée syrienne entre au Liban au printemps 1976 pour arrêter une avance des troupes de la coalition des mouvements palestiniens (6) et du Mouvement national contre les places fortes du Front libanais, les partis composant ce dernier entrent en relation avec Israël avec la bénédiction de Washington. Se met progressivement en place une stratégie commune visant à imposer un changement politique total au Liban : le Parti phalangiste, profitant d'une nouvelle invasion israélienne, prendrait le pouvoir et conclurait un accord de paix avec Israël sous patronage américain ; les mouvements armés palestiniens seraient éradiqués. Cette stratégie se concrétise lors de l'invasion de 1982, au cours de laquelle le général Ariel Sharon assiège Beyrouth de juin à fin août, puis installe un pouvoir phalangiste au Liban, avec la caution des Occidentaux, de l'Arabie saoudite et de l'Egypte.

En pleine agression, le Parlement libanais élit un président de la république phalangiste (Bechir Gemayel), puis, à la suite de l'assassinat de celui-ci, son frère Amine. Sous pression américaine, le nouveau pouvoir signe un traité de paix inégal avec Israël en 1983. Dans le même temps, deux cent mille chrétiens de la zone du Chouf – région montagneuse au sud-est de Beyrouth – sont déplacés par la force : l'armée israélienne avait encouragé les milices chrétienne et druze à s'entretuer, avant de se retirer de cette zone. Quant aux organisations armées des partis laïques libanais, piliers de la résistance à l'occupation depuis 1978, le pouvoir phalangiste les désarme et les pourchasse, avec l'appui de la Force multinationale d'interposition expédiée au Liban en août 1982 pour aider à l'évacuation des combattants palestiniens et protéger les populations civiles – avec le succès que l'on sait à Sabra et Chatila... Voilà qui crée les conditions de la constitution du Parti de Dieu, le Hezbollah, qui recrute dans la communauté chiite, galvanisée par la révolution religieuse iranienne, et de sa mobilisation tenace pour en finir avec l'occupation israélienne du Sud.

Faute d'avoir pu être satellisé aux Etats-Unis et à Israël, le Liban s'enfonce dans une spirale de désintégration communautaire. En 1990-1991, en récompense de son ralliement à la coalition anti-irakienne, les Occidentaux en accordent le contrôle à la Syrie. Le pays se transforme en condominium saoudo-syrien, lorsque Rafic Hariri, l'homme de confiance du roi d'Arabie saoudite, accède au poste de premier ministre : il l'occupera sans interruption de 1992 à 1998, puis de 2000 à 2004, entraînant le pays dans une vague sans précédent de spéculations foncières et financières. Le Liban hérite ainsi d'une dette de 40 milliards de dollars, mais une kyrielle de proches, de courtisans, de princes arabes, d'officiers syriens, de banques locales et de fonds d'investissement s'enrichissent au-delà de toute imagination.

Adoptée par le Conseil de sécurité de l'ONU en septembre 2004, la résolution 1559 vient remettre en cause le statut fragile du Liban. A la suite de l'invasion de l'Irak et conformément à leur projet de « Nouveau Moyen-Orient », les Etats-Unis refusent de laisser le pays du Cèdre dans l'orbite de l'axe syro-iranien, dont le Hezbollah, selon eux, représente une simple émanation : ils entendent donc l'éradiquer. La résolution condamne toute reconduction du mandat du président libanais Emile Lahoud (considéré comme le principal appui de cette organisation déclarée « terroriste » par les Etats-Unis) ; elle exige le retrait des troupes syriennes, le déploiement de l'armée libanaise au sud du Liban et le désarmement de toutes les milices – entendez le Hezbollah, pourtant qualifié de « résistance » au Liban et dans tout le monde arabe, mais aussi les organisations palestiniennes encore présentes.

Avec un aveuglement peu commun, la diplomatie française prit l'initiative de cette résolution, sans doute afin de se réconcilier avec les Etats-Unis après la brouille sur l'Irak. Mais, du même coup, elle faisait sombrer le Liban dans la pire déstabilisation, le renvoyant à sa situation entre 1975 et 1990 : un espace d'affrontement entre toutes les forces antagonistes au Proche-Orient. Les plans de réoccupation du sud du Liban furent alors mis en route. Parallèlement, les Etats-Unis et la France, après l'assassinat de Rafic Hariri, travaillèrent activement à faire émerger au Liban un pouvoir local favorable aux thèses américaines, dites du 14 mars, cimentées autour de la famille Hariri et de M. Joumblatt.

Le Conseil de sécurité se saisira d'ailleurs de l'assassinat de l'ancien premier ministre, adoptant une série impressionnante de résolutions concernant la constitution d'une commission d'enquête internationale, puis celle d'un tribunal international, ainsi que la réaffirmation de la nécessité de voir le gouvernement libanais appliquer la résolution 1559. Cette agitation de l'instance suprême des Nations unies contraste étrangement avec sa passivité, lorsque, en juillet 2006, Israël prend en otage l'ensemble du peuple libanais, détruit des régions entières, dont il assassine les habitants par centaines et condamne des dizaines de milliers d'autres à l'exode...

Décidément, le Liban continue de gêner considérablement Israël et la « communauté internationale », qui soutient ou laisse lâchement se perpétrer cette agression hors normes, parallèle à celle qui est exercée à l'encontre de ce qui reste de la Palestine. Le couple américano-israélien n'a pas mieux réussi, en 2006, la « chirurgie » pratiquée en 1982 qui a mis le Liban à l'agonie durant de nombreuses années, tout comme la Palestine aujourd'hui.

La « guerre des civilisations », cadre théorique de la doctrine de la guerre contre le « terrorisme » et le « fascisme islamique », prêchée par l'administration américaine depuis 2002 ne risque-t-elle pas de plonger à nouveau les Libanais dans une guerre sanglante entre communautés ? La vocation libanaise de terre symbole du pluralisme religieux, qui contrarie tant les Israéliens, pourra-t-elle survivre à ce nouveau coup de boutoir ? Il est certes réconfortant de voir que la majorité des chrétiens du Liban, à la différence de leur état d'esprit en 1975, retrouvent leur patrimoine intellectuel et politique évoqué ci-dessus.

Ancien général en chef de l'armée libanaise qui tenta vainement, en 1989-1990, de bouter la Syrie hors du Liban, le général Michel Aoun fait désormais figure d'homme le plus populaire dans la communauté chrétienne. Lui-même enfant de la banlieue sud de Beyrouth, il s'est déclaré solidaire du nouveau malheur qui frappe le pays, mais encore plus durement la communauté chiite dont les zones d'habitation ont été ravagées. Ce faisant, il a érigé un barrage contre la nouvelle discorde communautaire que la violence hors normes de l'action israélienne s'efforce de provoquer : celle-ci constituerait le meilleur atout de l'Etat juif et de ses alliés à Washington pour tenter à nouveau, comme en 1982, de briser cette nation « rebelle » et de la satelliser.

Les sirènes du « clash des civilisations » et la lassitude de tout un pays qui, depuis 1975, supporte seul, avec les Palestiniens, le poids de la machine de guerre israélienne n'auront-elles pas raison, à la longue, de l'admirable résistance de la société libanaise à tous les malheurs qu'elle affronte ? Les nombreuses lacunes de la résolution 1701 du Conseil de sécurité ne vont-elles pas être utilisées pour permettre à Israël et aux Etats-Unis de dicter leur volonté au gouvernement libanais et de s'immiscer dans ses affaires intérieures, comme ils n'ont cessé de le faire depuis l'adoption de la résolution 1559 ?

Nombre de Libanais souhaitent voir leur pays neutralisé dans le conflit israélo-palestinien, coupé de son arrière-pays syrien, devenant ainsi un Monte-Carlo pour riches émirs pétroliers du « nouveau Moyen-Orient » promis par M. George W.Bush.

Mais ce vieux rêve pusillanime ne saurait permettre au Liban de faire face aux défis historiques qui lui sont lancés. De plus, le spectre de la guerre civile à laquelle, sous couvert de « démocratisation.

Cette désintégration participe des plans israéliens et américains.

Georges Corm


3-3 Point de vue de Mecanopolis : Toute résistance sera considérée comme terroriste, tout désaccord sera crime contre l'humanité.

Extrait : Il est grand temps de faire le point.

Premièrement, tout ce qui est rabâchage dans les médias est sujet à caution. Dit clairement, c'est de la pure manipulation. Tout ce qui est gênant pour l'Ordre Mondial se mettant en place est traité rapidement, lorsque c'est traité, ou bien en page 8, en bas, à droite, en tout petit. Ou cela fait l'objet d'un reportage, sur Arte, à 25h78, le 31 février.

Nous l'avons vu avec l'Irak. Après avoir servi de laboratoire de technologie éliminatrice de perses dans les années 80, y compris chimiquement, il fallait à tout prix prendre le contrôle de cette région charnière du Golfe Arabo Persique. Alors un nouvel Hitler, ami d'hier, est montré tel le diable sortant de sa boite Pandorienne…

….

Aujourd'hui, l'Iran, la Syrie et le Liban sont tous les jours sur nos écrans. Ils peuvent trembler, ces pauvres gens, toute la virtuosité sanglante de l'Occident va leur tomber dessus. Cela a débuté en été 2006 avec l'agression innommable d'Israël sur le nain Liban…

L'écho de la giffle reçue résonne encore comme un chant salvateur de liberté et de résistance.

….

Est-il raisonnable de revenir sur le 11 septembre 2001 et de cette "guerre contre le terrorisme", pure invention politico-économique, tellement grosse, que dis-je, tellement énorme, que l'on se demande comment ils peuvent encore mentir ainsi tous les jours?…

Les seuls terroristes sont ceux qui détiennent les médias, les banques, qui emploient nos politiciens en les corrompant ou les amusant, ceux qui ont des actions dans toutes les activités économiques de la planète. Y compris et surtout la valeur économique la plus sûre et la plus rentable; LA GUERRE.

 

Tout est aujourd'hui en place pour le lancement du Nouvel Ordre Mondial. La crise économique annoncée est là, aujourd'hui, et elle est le signal du grand bouleversement. Attendez vous à un grand choc, car il faudra un grand choc pour imposer en "douceur" ce Nouvel Ordre. Ce choc tuera un ou plusieurs milliards de personnes.

Je vous le disais dans un précedent billet…Je n'ai pas vraiment de bonnes nouvelles.

Le Père Noël n'existe pas.

Mais le Père Fouettard, si.

Et il n'est pas tout seul…

Source : http://mecanopolis.wordpress.com/2008/07/12/1050/

Publié 12 juillet 2008


4 Courrier des lecteurs & trouvé sur le net & témoignage
Ndlr :La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage les analyses ou point de vue des auteurs, mais doit être vu comme

4-1 La déclaration ministérielle.

1 La déclaration ministérielle sera adoptée malgré les réserves de Lahoud, les Forces Libanaises et les Phalangistes.

14 mars : réunification du 14 mars invocation du 7 mai à des fins électorales et Aoun les appelle à rejoindre « l'entente »
Le courant du futur et ses alliés aura mis environ « trois ans pour réaliser que le document d'entente signé entre le CPL et le Hezbollah est le seul chemin vers la stabilité » selon les termes du député du Bloc du Changement et de la Réforme Ibrahim Kanaan.

Le général Aoun aurait invité le chef du courant du futur, Saad Hariri, à « se joindre à notre accord avec le Hezbollah » lui offrant ainsi au 14 mars une issue à la crise intérieure qui menace son unité suite aux mauvais calculs politiques et sécuritaires. Le courant du Futur est en effet dans une phase de « délabrement » et le projet américain dans la région semble avoir changé, les Etats-Unis souhaitent trouver une solution à « la question israélienne qui soit dans leur propre intérêt et non dans celui du Liban ».
Et si les longues discussions de la commission de rédaction de la déclaration ministérielle pendant environ trois semaines, ont dévoilé les divergences au sein du parti du 14 mars suite à l'absence d'une vision politique et stratégique unique, l'arrivée de ce parti aujourd'hui au conseil des ministres afin d'adopter cette déclaration de manière officielle et définitive – à contrecoeur - malgré les réserves émises par Nassib Lahoud soutenues par les forces libanaises et les phalangistes montre néanmoins de manière claire l'état de délabrement dont souffre leur cohésion. Et l'image offerte par ce parti d'une charrue poussée par plusieurs bœufs uniquement motivés par leurs intérêts politiques et électoraux, a poussé le chef du courant du futur à tenir une réunion nocturne d'urgence dans l'objectif de convaincre les différents membres d'unifier un minimum leur position afin de faire passer la déclaration ministérielle du gouvernement Siniora aujourd'hui, dans l'espoir que la confiance qui lui sera accordée et sa durée de vie limitée contribue à redorer le blason en préparation des élections prévues au printemps et afin de limiter les dégâts faute de pouvoir les éviter.
Le chef de l'ancienne « majorité », le député Saad Hariri a bien analysé la situation dans laquelle se trouve le parti du 14 mars, les changements qui se sont opérés suite à la date du 7 mai, le pari perdu qu'il a fait sur les américains ainsi que les différentes évolutions sur le plan régional qu'il n'avait pas comprises dans ses calculs. Il a également bien vu l'unité de l'opposition et la constance de ses positions, ce qui l'a décidé à entreprendre une unification du courant du futur, tant que celle du 14 mars semble compliquée, à travers une opération d'autocritique et de réévaluation. Dans ce cadre et sur la base de ce qui s'est produit le 7 mai, il a relevé l'ancien député Selim Diab de ses fonctions de coordinateur au sein du courant du futur et l'a remplacé par l'ancien ministre de l'intérieur, Hassan Sabaa en espérant qu'il ait acquis une expérience plus importante que son prédécesseur dans les domaines des élections et de la sécurité. Hariri a également accéléré le processus d'élaboration du règlement intérieur du courant du futur en vue de préparer la campagne électorale par des alliances surprenantes. Cette démarche serait un « message » à l'attention des bœufs égarés du parti du 14 mars et notamment Joumblat dont les changements incessants quasi quotidiens de discours présageraient une future séparation de ce parti pour des raisons électorales, le dernier changement en date est celui d'hier lorsqu'il a déclaré s'être allié avec la « garantie » Talal Arslan.
Et malgré les termes de la déclaration rendue publique hier suite à la réunion nocturne présidée par Saad Hariri dans une tentative de réunir tous les piliers de ce parti sous l'expression « alliance politique et nationale à laquelle participent toutes les forces et personnalités réunies par la même volonté de changement par des élections libres », cette déclaration a néanmoins adressé des messages implicites en employant le terme « alliance politique et nationale à laquelle participent toutes les forces et personnalités réunies par la même volonté de changement » et non « les forces du 14 mars », ceci soulève les doutes des chrétiens du parti qui craignent le terme « changement », étant donné qu'il est rattaché au Bloc présidé par le général Aoun autant qu'ils craignent les changements successifs de Joumblat. Et c'est à la lumière des élections parlementaires qu'il faudrait lire la l'intensification des attaques faites par les forces libanaises et les phalangistes contre le CPL et notamment contre le document d'entente signé entre le CPL et le Hezbollah. Et l'ancien député et ministre, Sleiman Frangieh a, en réponse à la déclaration de Geagea qui « convoite toutes les places de l'Etat », dit « celui qui a autant d'ennemis que Geagea n'a pas besoin de campagne électorale ».
Le général Aoun a, quant à lui, conscient de la décadence qui touche le parti du 14 mars, adressé au chef du bloc du Changement et de la Réforme un conseil sincère l'appelant à rejoindre l'entente signée avec le Hezbollah - invitation qu'il avait également faite le jour de la signature du document d'entente – car une « alliance » politique » électorale n'est pas « projet national » et la chute de « l'alliance quadripartite » en serait la preuve.
Le chef du bloc du futur aura-t-il le pouvoir de s'affranchir de ses obligations et engagements envers l'extérieur pour franchir ce pas capable d'unifier le projet national et de le libérer du réseau d'intérêts régionaux et internationaux ?
Général Aoun : Nos portes sont ouvertes si Hariri veut se joindre à notre entente avec le Hezbollah
Joumblat : A fait l'éloge de son allié Arslan et la révolte du 6 février » : nous ne valons rien sans notre arabité et il faut récupérer les fermes par tous les moyens
Amal : Pour l'ouverture de tous les canaux de dialogue

Gemayel : La déclaration ministérielle mène le Liban là où nous ne souhaitons pas qu'il aille
Nasib Lahoud : J'émettrai mes réserves sur la déclaration ministérielle au conseil des ministres
Mohammad Raad : Nous voulons un Etat libanais et non un Etat au Hezbollah
Ibrahim Kanaan : 3 ans pour que certains comprennent l'intérêt du document d'entente
14 mars : Insiste sur la totale solidarité de ses membres et adopte les réserves émises sur la déclaration ministérielle
Hassan Fadlallah : Nous avons prouvé dans la déclaration ministérielle notre droit à la résistance

04 aout

http://rplfrance.org/index.php?content=presse/080804tayyar-ec.php


2 Le Hezbollah met en garde.
Une déclaration ministérielle qui peine à naître !

Le ‎retard dans l'annonce du texte a suscité l'inquiétude des ‎groupes et des personnalités libanais et, à ce propos le ‎Hezbollah a mis en garde quant aux démarches en coulisses ‎pour supprimer la Résistance de la déclaration ‎ministérielle. Le chef du bloc parlementaire du Hezbollah ‎Mohammad Raad a évoqué l'importance de la question de ‎la Résistance avant de souligner que la Résistance, cette ‎‎« constance nationale » fait l'unanimité au Liban. Les ‎derniers sondages confirment les déclarations des ‎responsables du Hezbollah concernant la place notoire de la ‎Résistance chez le peuple. Selon ces sondages effectués par ‎le Centre d'études et de Recherches de Beyrouth en juillet ‎au sujet de la Résistance, ses armes et les priorités du ‎gouvernement d'unité nationale, 79 % des Libanais ‎partagent la même idée que le Secrétaire général du ‎Hezbollah Seyyed Hassan Nasrallah quant à la participation ‎du peuple en bloc à la Résistance face au régime sioniste. ‎‎75 % estiment que la lutte contre les complots permanents ‎du régime d'Israël exige une Résistance constante. Et pour ‎‎69 % des Libanais l'arme de la résistance est le garant du ‎Liban, estimant insuffisante la diplomatie sans Résistance ‎dans la restitution de leurs droits. Pourtant, malgré l'accent ‎mis par le président du Parlement Nabih Berry sur ‎l'introduction de la question de la Résistance dans la ‎déclaration ministérielle, ainsi que l'hommage rendu par le ‎Président Michel Sleimane à la Résistance, une vérité ‎indéniable qui repose sur la vox populi, le 14 mars ‎composé des groupes libanais pro-occidentaux s'emploie à ‎entraver l'inclusion de la Résistance dans la déclaration ‎ministérielle. Du fait que la Résistance est un solide ‎obstacle face au régime sioniste, l'acharnement du 14 mars ‎à son encontre, traduit un complot dangereux, qu'il est en ‎train de concocter contre le peuple libanais. Les ‎tergiversations du 14 mars et ses politiques exclusivistes ‎ont fait retarder l'annonce de la déclaration ministérielle et ‎cette question a fait que le gouvernement d'unité nationale ‎ne parvienne pas à commencer ses travaux, après un mois ‎de sa formation. Et ce alors que vu la situation névralgique ‎du Liban, toujours exposé aux complots du régime de Tel-‎Aviv et de ses protecteurs, l'ouverture des travaux du ‎gouvernement, axée sur la Résistance, est une nécessité ‎indéniable sur laquelle persiste le peuple et la grande ‎majorité des autorités du haut rang du Liban.

Mardi 29 Juillet 2008

http://www.alterinfo.net/Le-Hezbollah-met-en-garde_a22269.html


3 Accord sur une déclaration de politique générale du gouvernement.
1er août

Le nouveau gouvernement libanais d'union nationale a accepté une déclaration politique qui, selon des sources politiques, reconnaît le droit du Hezbollah à recourir à tous les moyens possibles pour libérer le territoire occupé par Israël.

Le document, accepté lors de la 14e réunion d'une commission ministérielle chargée de le mettre au point, sera présenté la semaine prochaine au parlement pour le soumettre à un vote de confiance.

La déclaration politique a été retardée par un différend sur le rôle du Hezbollah (lqui représente une partie de la résistance qui a gagné la guerre de 34 jours contre l'envahisseur Israël en 2006.)

Le Premier ministre Siniora et sa coalition pro-états-unienne voulaient initialement ne pas mentionner le droit du Hezbollah à reprendre le territoire libanais occupé et laisser un dialogue national présidé par le chef de l'Etat, Michel Souleïmane, trancher cette question.

Selon des sources politiques, la déclaration réitère l'adhésion du Liban à la Résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'Onu qui a mis fin à la guerre de 2006 et affirme qu'une "stratégie de défense nationale" élaborée grâce à un dialogue national qui doit débuter dans les prochaines semaines fixera le sort des armes du Hezbollah. La déclaration adopte aussi des réformes économiques décidées lors d'une conférence internationale d'aide qui s'est tenue à Paris en 2007.

http://www.aloufok.net/article.php3?id_article=4865


4 Déclaration de politique adoptée.

Le gouvernement libanais d'union nationale a adopté sa déclaration de politique générale, qui affirme l'autorité de l'Etat sur tous les dossiers, y compris celui des armes du hezbollah. "L'ébauche de la déclaration a été approuvée à l'unanimité", a déclaré le ministre de l'Information Tarek Mitri, à l'issue d'une réunion du Conseil des ministres présidée par le chef de l'Etat, Michel Sleimane.
La rédaction de la déclaration a achoppé pendant trois semaines sur la question de l'arsenal du Hezbollah, chef de file de l'opposition et fer de lance de la lutte contre l'occupation israélienne du sud Liban jusqu'au retrait d'Israël en mai 2000.
Le ministre de l'Information a précisé que quatre ministres avaient exprimé des "réserves" concernant la clause liée à "la résistance contre Israël".
La déclaration souligne "le droit du Liban et de son peuple, son armée et sa résistance à libérer sa terre dans les Fermes de Chebaa, les collines de Kfarchouba et Ghajar", localités frontalières du sud du Liban occupées par Israël.
Des ministres de la majorité ont demandé que l'expression "sous l'aile de l'Etat" soit ajoutée à cette clause, mais cette proposition n'a pas été prise en compte...

05 août

http://rplfrance.org/index.php?content=presse/080805figaro1-bm.php


4-2 Les déplacés de Tripoli submergés par la misère.
Des centaines de familles de Tripoli, déplacées en raison de violents combats dans les quartiers pauvres de leur ville du nord du Liban, se retrouvent plongées dans l'indigence la plus totale, poussent les autorités locales à tirer la sonnette d'alarme.

"La situation est désastreuse", affirme Mervat el-Hoz, membre du Conseil municipal de Tripoli.
Selon elle, "près de 20.000 familles sont touchées directement ou indirectement" par les combats qui ont opposé à plusieurs reprises depuis mai des sunnites à des habitants appartenant à la communauté alaouite, dans plusieurs quartiers de la ville côtière et fait 23 morts.
"On compte 800 familles déplacées, qui vivent entassées dans des écoles de Tripoli ou sont réfugiées dans des régions proches", comme le Akkar (nord-est), ajoute-t-elle.
Selon l'Unicef, le Fonds de l'Onu pour l'enfance, plusieurs familles alaouites ont trouvé refuge chez des familles déjà très pauvres dans des villages du Akkar, où la Croix-Rouge tente de fournir des cliniques mobiles.
Dans l'une des salles de classe aménagées en "chambres à coucher" temporaires, Moukhalissa Khaled al-Sayyed, 70 ans, peine à retenir ses larmes.

"Vivre ici est intenable. Je souffre du coeur et du diabète, et je n'ai plus d'argent pour acheter mes médicaments", dit cette femme qui a passé auparavant deux nuits dans un camion avec sa famille.
"C'est la première fois que je vis une situation pareille, je préfère la mort plutôt que d'attendre que quelqu'un veuille bien m'aider", ajoute-t-elle. Sa maison de Moukhalissa est parmi les 236 habitations qui ont été détruites lors des combats, selon les chiffres de la municipalité.
Mais au-delà des dégâts matériels, ce sont surtout les conséquences sociales et sanitaires qui préoccupent les organisations humanitaires.
Dans les quartiers de Bab Al-Tebbaneh, à majorité sunnite, ou de Jabal Mohsen, secteur alaouite, "les habitants vivaient déjà sous le seuil de pauvreté", explique Mme Hoz, la plupart travaillant par heure et sans emploi fixe. Là-bas, ils vivent dans le plus grand dénuement, c'est la misère totale".
"60% des enfants ne sont pas allés à l'école (cette année) et entre 14 et 19 ans, on enregistre un taux d'abandon scolaire de 57%", l'un des plus élevés au Liban, poursuit-elle.
"Nous tirons la sonnette d'alarme, affirme de son côté Fatima Odaymat, une responsable de l'Unicef. "Nous craignons les contagions, notamment parmi les enfants qui n'ont pas été vaccinés".
"Nous allons organiser une campagne de vaccination car nous avons déjà eu un cas de rougeole et un autre d'oreillons", poursuit-elle.
Des médicaments ont été également fournis à environ 4.000 enfants, mais la responsable craint que "la situation ne s'aggrave".
Dans les neuf écoles où sont disséminées les familles, des vieux dorment dans les couloirs en raison de la chaleur des salles, des enfants courent les pieds nus et des femmes lavent à la main des vêtements dans les lavabos.
"En quittant leurs maisons, ils n'ont rien apporté avec eux et la plupart sont aux abois, dit Mme Hoz. Certains nous ont même demandé 1.000 livres libanaises (environ 0,5 euro) pour pouvoir se déplacer et aller inspecter leurs maisons".
La nourriture est assurée notamment par l'institution de Rafic Hariri, du nom de l'ancien Premier ministre sunnite libanais assassiné il y a trois ans.
"Nous avons installé une ligne rouge 24 heures sur 24 et créé un comité d'urgences qui a fourni draps et ventilateurs", précise Mme Hoz.
Mais le temps presse.
"Dans un mois, les écoles vont rouvrir leurs portes. Que feront alors tous ces gens qui ont tout perdu?" demande Mme Odaymat.
"Je n'ai plus d'argent pour aller ailleurs", se lamente Nimr Hamadé Bab Al-Tebbaneh, père de cinq enfants. "Nous ne pouvons plus supporter de rester ici, avec une dizaine d'autres personnes dans une même salle".
01 août
Par Omar Ibrahim

http://rplfrance.org/index.php?content=presse/080801lematin1-bm.php


4-3 Samir Qintar enfin libéré dans sa 30ème de détention !
Samir Qintar, Maher Kourani, Khodr Zaydane, Muhammad Srour et Hussayn Sleimane ont été libérés grâce à la plus audacieuse des opérations d'échanges menées, indirectement, entre le Hezbollah et l'Etat sioniste. Le 16 juillet 2008, soit presque deux ans après la capture des soldats sionistes, prétexte pour déclencher l'effroyable guerre contre le Liban, l'Etat sioniste est contraint de faire libérer les cinq détenus libanais et près de deux cents corps de martyrs, arabes de toutes nationalités, et surtout palestiniennes, qu'il avait enterrés dans des fosses après les avoir numérotés ! La barbarie de l'Etat colonial quant à sa pratique envers les corps des martyrs, est dévoilée au grand jour ! Des dizaines de corps de martyrs palestiniens sont encore enfouis dans des fosses. L'Etat d'Israël les utilise comme otages, comme les prisonniers vivants !
Jusqu'à quand la communauté internationale continuera-t-elle à fermer les yeux sur le sort des prisonniers, vivants et décédés, détenus par l'occupation ?

Mais les régimes arabes du camp de la collaboration ne veulent toujours pas tirer les leçons de  la victoire de la résistance : en Jordanie, le résistant Sultan Ajlouni et ses frères sont toujours détenus dans une prison jordanienne, selon l'accord passé entre la Jordanie et Israël, il y a un an, où les cinq résistants passeraient d'une prison israélienne à une prison jordanienne, c'est ainsi que le régime jordanien conçoit la libération des héros qui ont résisté à Israël ! D'autres régimes ont peur de recevoir leurs martyrs, de les accueillir et enterrer dans des cérémonies populaires, de crainte de déplaire à leur maître sioniste et américain !  

Abdallah Barghouty : les geôliers se vengent sur lui pour la libération de Samir Qintar

L'avocat Buthayna Daqmaq, présidente de l'association Mandela, a dévoilé que le prisonnier Abdallah Barghouty, condamné à 67 perpétuités, a été gravement blessé suite à une attaque de la part des geôliers dans sa cellule dans la prison de Ascalan.

« Le jour même de la libération de Samir Qintar, alors que je suivais l'événement à la télévision, un groupe de huit geôliers de l'unité Matsada, les visages cagoulés, sont entrés dans la cellule et sans un mot, se sont précipités sur moi et ont commencé à me frapper, ils m'ont jeté à terre et ont poursuivi les coups de plus en plus fort. Ils m'ont ensuite traîné en dehors de la cellule, dans toute la section et m'ont placé dans une pièce, parmi les condamnés juifs de droit commun, pendant quatre heures ». « Lorsqu'ils m'ont ramené à la cellule, on aurait dit une scène de guerre : les geôliers ont détruit tout le contenu, ont abîmé mes vêtements et cassé la télé. » Maître Daqmaq a dénoncé cette grave violation des droits des prisonniers, et surtout des prisonniers isolés. Elle a rappelé que depuis son arrestation, le 5 mars 2003, Abdallah Barghouty subit les mesures les plus répressives, il est transféré d'une prison à une autre, toujours en isolement et est interdit de visite familiale depuis un an.Source : CIREPAL (Centre d''Information sur la Résistance en Palestine) : Bulletin d''informations n° 9 (08/08)



Analyse -  Géopolitique et stratégie – Réflexion
Ndlr : Lla publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information

5-1 Analyse de Khalil Fleyhane : Pourquoi Israël ne lancera pas d'attaque contre le Liban, du moins dans un futur proche…

Aucun pays arabe ou aucune capitale étrangère n'a transmis au Liban des informations selon lesquelles Israël entend lancer des attaques contre des caches d'armes du Hezbollah, à l'heure où l'État hébreu intensifie sa campagne contre le réarmement « tous azimuts » du parti chiite.
Des sources diplomatiques new-yorkaises assurent que la campagne israélienne est purement et uniquement médiatique ; elle s'explique par une émulation sur le plan interne et par les changements politiques en Israël, notamment l'élection à la tête du parti Kadima le 17 septembre prochain. « Les candidats à la succession d'Ehud Olmert à la tête de ce parti lèvent sensiblement le ton, mais cela ne veut pas dire qu'une nouvelle agression contre le Liban est à l'ordre du jour, au moins au cours des deux prochains mois », ont précisé ces sources. Et de remarquer que la campagne israélienne sur la quantité d'armes arrivée aux mains du Hezb ne comporte aucune menace d'utilisation de la force. « Ils se sont contentés de critiquer le fait que la déclaration ministérielle ait confirmé le droit du peuple, du gouvernement et de la Résistance de faire face à n'importe quelle agression », ajoutent-elles.
Pour ces sources en question, l'État hébreu privilégie en ce moment la méthode politique, et ce pour plusieurs raisons.

Une : les responsables israéliens sont convaincus que toute attaque contre le Liban ou contre des QG ou des équipements appartenant au Hezb mettra directement un terme aux négociations indirectes entre Tel-Aviv et Damas.

Deux : aucune attaque ne correspondrait à une promenade de santé pour les militaires israéliens et nuirait à tout homme politique souhaitant prendre les rênes de Kadima et/ou succéder à Ehud Olmert.

Trois : Israël souhaite relancer ses négociations avec le Liban dans le cadre de l'opération de paix.
Sauf qu'il est clair qu'Israël n'hésitera pas une seule seconde à lancer une nouvelle guerre contre le Liban si jamais il était la cible de quelque agression que ce soit à partir du territoire libanais, ou si des ressortissants israéliens sont visés, n'importe où dans le monde, notamment en Europe ou en Afrique.
Parallèlement, les sources new-yorkaises rappellent que le mandat de la Finul sera renouvelé pour six nouveaux mois à partir du 31 août, sans le moindre amendement dans le descriptif de leur mission. On sait également qu'aucun cessez-le-feu ne sera proclamé entre le Liban et Israël, puisque celui-ci continue de violer l'espace aérien libanais et d'occuper les fermes de Chebaa, les collines de Kfarchouba et la partie méridionale du village de Ghajar.
Quant au rapport que Ban Ki-moon présentera aux membres du Conseil de sécurité, il est attendu qu'il ne comportera rien de nouveau ; il se contentera d'évoquer quelques incidents mineurs de terrain et rapportera la position israélienne, selon laquelle le Hezbollah dispose de missiles sol-air capables de descendre un avion israélien lorsqu'il est au-dessus du territoire libanais. Le patron du Palais de Verre reconnaîtra dans ce rapport n'avoir aucune preuve de la présence de ces missiles, tout en invitant de nouveau l'État hébreu à mettre un terme à ces violations de la résolution 1701. Ban Ki-moon saluera enfin l'opération d'échange de prisonniers entre Israël et le Hezbollah.
Dans ce rapport figurera aussi le résultat de la mission onusienne envoyée la semaine dernière au Liban et chargée de contrôler la frontière libano-syrienne.

Khalil Fleyhane 

http://www.lorientlejour.com/page.aspx?page=article&id=378738

 


5-2 James Petras : L'Empire US et le Moyen-Orient: Le sionisme, les régimes fantoches et les alliés politiques.

Extrait :

Les régimes clients des USA, au Moyen-Orient et dans la corne de l'Afrique, ont des fonctions spécifiques pour construire l'empire étasunien au Moyen-Orient et pour servir les intérêts israéliens.

  • Au Liban les maronites chrétiens et le régime fantoche de Fouad Siniora sont financés et armés pour affaiblir la coalition politico-militaire anti-impérialiste de masse conduite par le Hezbollah.
  • Les États clients du Golfe et d'Arabie saoudite fournissent le pétrole, le renseignement et les bases militaires comme bases pour la surveillance du Moyen Orient.

Au Liban le Hezbollah a battu les envahisseurs israéliens et a isolé, de plus en plus, le régime fantoche de Siniora bien que les États-Unis aient réussi à introduire la présence militaire des Nations Unies, une vaine tentative d'isoler le Hezbollah. Les livraisons massives par les USA d'armes à ses mercenaires – chrétiens, druzes et sunnites – en 2007 laissent présager un nouvel effort pour provoquer une "guerre civile" pour affaiblir le Hezbollah et ses alliés anti-impérialistes palestiniens.

 

Au Liban, le régime Siniora terré à Beyrouth n'a pas réussi à affaiblir le Hezbollah et n'existe que grâce au soutien financier (et militaire) des USA, de l'Europe et de l'Arabie saoudite. L'armée libanaise est divisée. Les forces des Nations Unies refusent de désarmer le Hezbollah. Israël a perdu toute envie d'une nouvelle invasion. Il est clair que les États-Unis ont perdu de l'influence au Liban alors que la puissance du bloc Hezbollah-Hamas-Iran se renforce.

 

5-3 Uri Avnery : Des planètes différentes.
Ndlr : Lla publication de l'article ne signifie nullement que la rédaction partage le point de vue de l'analyse mais doit être vu comme information

Jamais auparavant je n'avais ressenti le conflit tragique avec une intensité aussi forte que ce dernier mercredi, le jour de l'échange de prisonniers entre l'Etat d'Israël et le Hezbollah.

J'AI CONSACRÉ toute la journée à jongler entre les chaînes israéliennes et Aljazeera.

Cela a été une expérience éprouvante : en une fraction de seconde, je pouvais évoluer entre deux mondes, mais toutes les chaînes émettaient leurs informations au même moment. Dans l'un des sujets relatifs aux dernières nouvelles, les faits se passaient à une petite douzaine de mètres les uns des autres, mais ils au­raient pu aussi bien se dérouler sur deux planètes différentes.

Jamais auparavant je n'avais ressenti le conflit tragique avec une intensité aussi forte que ce dernier mercredi, le jour de l'échange de prisonniers entre l'Etat d'Israël et le Hezbollah.

L'HOMME qui occupait une place centrale dans l'événement personnifie l'abîme qui sépare les deux mondes, le monde israélien et le monde arabe : Samir al-Kuntar.

Tous les medias israéliens l'appellent "l'assassin Kuntar", comme s'il s'agissait de son prénom. Pour les médias arabes, il est le "Héros Samil al-Kuntar".

Il y a 29 ans, avant que le Hezbollah ne soit devenu une force qui compte, il a atterri avec ses camarades sur la plage de Nahariya pour mener une attaque qui s'est imprimée dans la mémoire nationale israélienne par sa cruauté. Au cours de cette attaque, une petite fille de quatre ans fût assassinée, tandis qu'une mère étouffa accidentellement son bébé en essayant de l'empêcher de révéler l'endroit où ils se cachaient. Kuntar avait alors 16 ans – il n'était ni palestinien ni chiite, mais druze libanais et communiste. Le coup avait été monté par un groupuscule palestinien.

Il y a quelques années j'ai eu une discussion avec mon ami Issam al-Sartaoui à propos d'un événement semblable. Sartaoui était un héros palestinien, un pionnier de la paix avec Israël, qui devait plus tard se faire assassiner en raison de ses contacts avec des Israéliens. En 1978, un groupe de combattants palestiniens (des "terroristes" en langage israélien) avaient atterri sur la côte au sud de Haïfa avec pour objectif de capturer des Israéliens en vue d'un échange de prisonniers. Sur la plage, ils se trouvèrent nez à nez avec une photographe qui se promenait innocemment par là et la tuèrent. Après cela ils ont intercepté un bus plein de passagers, et à la fin tous ont été tués.

Je connaissais la photographe. C'était une charmante jeune femme, une personne bien, qui aimait photographier des fleurs dans la nature. Je fis des reproches à Sartaoui pour cet actes méprisable. Il m'a dit : "Vous ne comprenez pas. Ce sont des jeunes, presque des enfants sans entraînement et sans expérience, qui interviennent derrière les lignes d'un ennemi redoutable. Ils sont paniqués à mort. Ils sont incapables d'agir selon une logique froide." Ce fut l'une des rares occasions où nous n'avons pas été d'accord – bien que nous fussions, l'un comme l'autre, chacun au sein de sa communauté, des marginaux parmi les marginaux.

Ce mercredi, la différence entre les deux mondes était manifeste de la façon la plus extrême. Le matin, "l'assassin Kuntar" s'est réveillé dans une prison israélienne, le soir le "héro al-Kuntar" était devant une foule de cent mille Libanais enthousiastes appartenant à toutes les communautés et à tous les partis. Il ne lui a fallu que quelques minutes pour passer du territoire israélien à la minuscule enclave des Nations unies de Ras-al-Naqura et de là au territoire libanais, du royaume de la TV israélienne au royaume de la TV libanaise – et la distance était plus grande que celle franchie par Neil Armstrong lors de son voyage vers la lune.

En ne cessant d'évoquer "l'assassin aux mains tâchées de sang" qui ne serait jamais libéré, quoiqu'il arrive, Israël a fait de ce prisonnier parmi d'autres un héros de l'ensemble du monde arabe.

Aujourd'hui, c'est déjà une banalité de dire que le terroriste de quelqu'un est pour un autre un combattant de la liberté. Cette semaine, un léger mouvement du doigt sur la télécommande de la télé suffisait à en faire l'expérience en direct.

LES ÉMOTIONS S'EXPRIMAIENT intensément de part et d'autre.

Le public israélien était immergé dans une mer de chagrin et de deuil pour les deux soldats, dont la mort n'a été confirmée que quelques minutes avant le retour de leurs corps. Pendant des heures ensuite, toutes les chaînes israéliennes ont consacré leurs émissions aux sentiments des deux familles, que les médias s'étaient employé ces deux dernières années à transformer en symboles nationaux (et aussi en instruments d'accroissement de leur audience).

Inutile de signaler que pas une voix en Israël n'a prononcé la moindre parole concernant les 190 familles dont les corps des fils ont été ramenés au Liban ce même jour.

Dans ce tourbillon d'apitoiement sur soi-même et de cérémonies de deuil, le public israélien n'avait plus ni énergie ni curiosité pour essayer de comprendre ce qui se passait de l'autre côté. Au contraire, la réception faite à l'Assassin et le discours de victoire de l'Inspirateur des Assassins ne firent que jeter de l'huile sur le feu de la fureur, de la haine et de l'humiliation.

Mais il aurait été vraiment utile pour les Israéliens de suivre les événements qui se déroulaient là-bas, parce qu'ils vont avoir de nombreuses incidences sur notre situation.

CE FUT, naturellement, le grand jour de Hassan Nasrallah. Aux yeux de dizaines de millions d'Arabes, il a remporté une victoire considérable. Une petite organisation d'un petit pays a mis à genoux Israël, la puissance de la région, tandis que les dirigeants de tous les pays arabes se mettent à genoux devant Israël.

Nasrallah avait promis de ramener Kuntar. C'est pour cela qu'il avait capturé les deux soldats. Après deux années et une guerre, le prisonnier qui vient d'être libéré se tenait à la tribune à Beyrouth, vêtu de l'uniforme du Hezbollah, et Nasrallah lui-même, risquant sa sécurité personnelle, est apparu pour l'embrasser devant les caméras de télévision, tandis qu'une foule en délire manifestait son enthousiasme.

Face à cette manifestation de courage personnel et d'assurance, un sens aigu de l'opportunité si caractéristique du personnage, l'armée israélienne a réagi par cette déclaration inepte : "Nous ne conseillons pas à Nasrallah de quitter son bunker !"

Al Jazeera a fait voir cela, pris sur le vif, heure après heure, à des millions de foyers du Maroc à l'Irak et, au-delà, à tout le monde musulman. Il était impossible pour des spectateurs arabes de ne pas se laisser porter par les vagues d'émotion. Pour un jeune de Riyad, du Caire, d'Amman ou de Bagdad, il n'y avait qu'une seule réaction possible : voici l'Homme ! Voici l'homme qui réhabilite l'honneur arabe après des décades de défaites et d'humiliation ! Voici l'homme, en comparaison duquel tous les dirigeants du monde arabe sont des nains ! Et quand Nasrallah a annoncé que "à partir de ce moment, le temps des défaites arabes est révolu !" il a exprimé les sentiments du jour.

Je présume qu'il y a eu aussi beaucoup d'Israéliens à faire des comparaisons peu avantageuses entre cet homme et les ministres de notre propre gouvernement, les champions des paroles creuses et des fanfaronnades. Comparé à eux, Nasrallah apparaît responsable, crédible, logique et déterminé, sans faux-fuyants et sans mots creux.

Á la veille de cet immense rassemblement, il s'est adressé au public et a interdit de tirer en l'air comme c'est l'usage dans les fêtes arabes. "Quiconque tire, tire dans ma poitrine, dans ma tête, dans mon vêtement !" Pas un coup de feu n'a été tiré.

POUR LE LIBAN ce fut un jour historique. Rien de tel ne s'était produit dans le passé : toute l'élite politique du pays, sans exception, s'est dirigée vers l'aéroport de Beyrouth pour souhaiter la bienvenue à Kuntar, et dans le même temps saluer Nasrallah. Quelques uns d'entre eux grinçaient des dents, bien sûr, mais ils comprenaient parfaitement dans quel sens soufflait le vent.

Ils étaient tous là : le Président du Liban, le Premier ministre, tous les membres du nouveau gouvernement, les dirigeants de tous les partis, toutes les communautés et toutes les religions, tous les anciens présidents et premiers ministres encore en vie. Le sunnite Saad Hariri qui a accusé le Hezbollah d'implication dans l'assassinat de son père ; le druze Walid Jumblat qui a exigé plus d'une fois la liquidation du Hezbollah ; et le chrétien maronite Samir Geagea qui porte la responsabilité du massacre de Sabra et Chatila ; avec beaucoup d'autres qui hier encore couvraient le Hezbollah d'injures.

Dans son discours, le nouveau Président a félicité tous ceux qui avaient participé à la libération de Kuntar, conférant ainsi une légitimité nationale non seulement à l'action du Hezbollah qui a mené à la guerre mais aussi au rôle militaire du Hezbollah dans la défense du Liban. Dans la mesure où le Président était encore récemment le commandant en chef de l'armée, cela veut dire que l'armée libanaise , aussi, accueille le Hezbollah.

Mercredi, Nasrallah est devenu le personnage le plus important et le plus puissant du Liban. Trois mois après la crise qui a failli causer une guerre civile, lorsque le Premier ministre Fouad Siniora a exigé que le Hezbollah abandonne son réseau privé de communication, le Liban est devenu un pays unifié. Des exigences comme le désarmement du Hezbollah sont devenues illusoires. Le Liban est uni également pour exiger la libération des fermes de Shebaa et la fourniture par Israël des cartes des champs de mines et des terribles bombes à fragmentation abandonnées par notre armée après la seconde guerre du Liban. Ceux qui se souviennent du Liban comme d'un paillasson dans la région et des chiites comme d'un paillasson au Liban, peuvent évaluer l'immensité du changement.

EN ISRAЁL, il y a des gens pour critiquer l'échange de prisonniers en raison de l'accroissement étourdissant d'audience de Nasrallah et de l'ensemble du camp national-religieux dans le monde arabe. Mais la responsabilité d'Israël dans cette évolution est engagée depuis bien avant les tentatives d'Ehoud Olmert pour détourner l'attention de ses diverses affaires de corruption.

Sont à blâmer tous ceux qui ont apporté leur soutien à la stupide et destructive seconde guerre du Liban à laquelle ont applaudi dès le premier jour tous les médias, les partis "sionistes" et les intellectuels en vue. Les corps des deux soldats capturés auraient pu être récupérés par la négociation avant la guerre de la même façon que cela vient de se faire. C'est ce que j'avais écrit à l'époque.

Mais on peut faire remonter la critique beaucoup plus loin, à la première guerre du Liban d'Ariel Sharon. Á l'époque aussi, tous les médias, les partis et les intellectuels en vue avait fait un accueil délirant à la guerre le premier jour. Avant cette guerre désastreuse, la communauté chiite était pour nous un bon et tranquille voisin. Sharon porte la responsabilité de l'ascension du Hezbollah ; et l'armée israélienne, qui a assassiné le prédécesseur de Nasrallah, a fourni à Nasrallah l'opportunité de devenir ce qu'il est aujourd'hui.

Il ne faudrait pas oublier non plus Shimon Peres qui a été le créateur de la désastreuse "Zone de Sécurité" au Sud Liban au lieu de s'en retirer à temps. Et David Ben Gourion et Moshe Dayan qui, en 1955, proposèrent d'installer comme dictateur au Liban un "major chrétien" qui pourrait ensuite signer un traité de paix avec Israël.

Le mélange mortel d'arrogance et d'ignorance qui caractérise toutes les relations israéliennes avec le monde arabe est responsable aussi de ce qui est arrivé mercredi. Il aurait été surprenant que cela ait donné à nos dirigeants une leçon de modestie pour prendre en considération des sentiments des autres et les ait rendus capables de lire la carte de la réalité au lieu de vivre dans une bulle d'autisme national. Mais je crains que ce soit le contraire qui se produise : un renforcement des sentiments de colère, d'insulte, d'autosatisfaction et de haine.

Tous les gouvernements israéliens portent la responsabilité de la vague de nationalisme religieux dans le monde arabe qui est plus dangereuse pour Israël que le nationalisme laïque de dirigeants comme Arafat et Bashar al-Assad. .

CETTE SEMAINE, un autre événement important s'est produit : d'un grand bond, le président syrien est passé d'un isolement imposé par l'Amérique à un vedettariat mondial dans un show international grandiose à Paris. Les tentatives pathétiques d'Olmert, de Tzipi Livni et d'une bande de journalistes israéliens pour serrer la main d'Assad ou au moins celle d'un ministre, d'un officiel de rang inférieur ou d'un garde du corps étaient une pure farce.

Et il s'est encore produit quelque chose de plus cette semaine : le N°3 du Département d'État des États Unis a rencontré officiellement des représentants iraniens. Et il est devenu évident que les négociations avec le Hamas au sujet du prochain échange de prisonniers étaient encore gelées.

La nouvelle situation comporte de nombreux dangers, mais aussi un grand nombre d'opportunités. Le nouveau statut de Nasrallah comme figure centrale dans le jeu politique libanais lui impose une responsabilité et de la prudence. Un Assad renforcé peut être un meilleur partenaire pour la paix, si nous sommes prêts à en saisir la chance. Les négociations des Américains avec l'Iran peuvent éviter une guerre destructrice qui serait désastreuse pour nous aussi. La légitimation du Hamas, par les négociations, lorsqu'elles seront reprises, peut conduire à l'unité palestinienne, comme l'unité réalisée au Liban. Tout accord de paix que nous pourrions signer avec eux aurait réellement des chances de s'imposer.

Dans deux mois Israël est susceptible d'avoir un nouveau gouvernement. S'il en a la volonté, il pourrait engager une nouvelle initiative de paix avec la Palestine, le Liban et la Syrie.

Uri Avnery  

19 juillet 2008

Traduit de l'anglais "Different Planets" pour l'AFPS : FL

Source : AFPS
http://www.france-palestine.org/...

http://www.palestine-solidarite.org/analyses.Uri_Avnery.190708.htm