dimanche 10 août 2008

n°198- dossiers de l'Afghanistan -01-08-G21- : Une "guerre irrégulière"


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Sujet: n°198- dossiers de l'Afghanistan -01-08-G21- : Une "guerre irrégulière"
Date: Sat, 2 Aug 2008 11:07:51 +0200
De: Marc Lemaire <fa032881@skynet.be>


                                                Aujourd'hui, face aux ambitions hégémonique de l'impérialisme, l'information est une arme au service de la paix.

                               Les médias occidentaux dans leur large majorité accepte les versions de l'armée américaine et ferment les oreilles aux autres sources. .  

                                                                      Dénoncer ne suffit plus, il faut expliquer, informer, transmettre! 

                                                                                      Sa diffusion est un acte de résistance.



           dossiers de l'Afghanistan n°198 au 01-08
                                                                                   Par M.Lemaire                                                                                 



 Le "journal de l'Afghanistan" est  visible  sur mes blog : 

NB : Si vous voulez-me contacter ou obtenir le Journal par mail, une seule adresse : fa032881@skynet.be



Sommaire :  :
1 Tiré à part :

4 jours de résistance en Afghanistan.

2 Brèves

2-1 Une "guerre irrégulière"

2-2 McCain suggère un «tribunal de Nuremberg» pour juger ben Laden.

2-3 Un rapport qualifié de « sans fondement et calomnieux ».

2-5 Hervé Morin rend un hommage appuyé aux soldats français.

2-6 Afghanistan : Leterme Ier approuve- Les Belges s'installent à Kandahar.

3 Dossier & Point de vue
3-1 Point de vue de James Cogan : La candidature d'Obama et le nouveau consensus sur l'Afghanistan. 
Courrier des lecteurs & trouvé sur le net & témoignage

4-1 La guerre de conquête compromet l'accès des organisations humanitaires aux enfants en Afghanistan.

4-2 Un reportage d'Alexander Panetta : Pour les petites Afghanes, l'enfance se termine souvent à 11 ans.

4-3 Ingérence dans un pays souverain  : L'homme de la CIA, Stephen Kappes, s'est inquiété, des liens entre l'ISI pakistanais et le réseau d'un résistant afghan réputé proche d'Al-Qaïda et des 'talibans'.

4-4 Alain Lallemand, journaliste incorporé : Les Belges s'installent à Kandahar.

5 Analyse -  Géopolitique et stratégie – Réflexion

5-1 Analyse de Bassirat.net : L'otan déstabilisée par la disparition de chefs tribaux opposés aux résistants.

5-2 Belgique : « Entraîné dans la guerre avant de s’en rendre compte »
la Belgique a franchi un pas dangereux.

2 Analyse de D.Claes et B. De Belder : De Crem ou ‘Les 4 prétextes d’une guerre erronée.’

 3 Pourquoi les arguments de De Gucht et De Crem ne tiennent pas la route.

4 Belgique : Les Partis - PS, SP.a et Groen ! : Entre frilosité et opposition.

5-3 La fabrication de Nicolas Sarkozy.


 

 

 

 

 

 

 




 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 



                                                                                                                                   Tiré à part :

4 jours de résistance en Afghanistan.

Les lignes qui suivent recensent les attaques sont relatés par les agences de presse Reuters et Agence France presse pour les journées du 24 et 25 juillet 2008.

Jeudi 24 juillet

Province de Zabôl

Des « dizaines de terroristes afghans et étrangers » ont été tués par l’armée afghane au cours de combats intenses jeudi dans la province méridionale de Zabôl, a annoncé le ministère afghan de la Défense. Selon un responsable de la police locale deux soldats ont été tués. Deux autres policiers ont été blessés, selon cette source.

Province de Ghazni

Les forces de sécurité gouvernementale et internationales ont entrepris mercredi de reprendre le district d’Ajristan, tombé lundi aux mains des résistants à l’issue de brefs combats qui ont fait un mort dans les rangs de la police locale.

Par ailleurs, deux résistants ont été tués lors d’une embuscade

Province de Paktia

Quatre policiers ont été tués jeudi par l’explosion d’un engin explosif improvisé au passage de leur véhicule. Deux autres policiers ont également été blessés.

Province de Farah

Trois policiers ont été tués et trois autres blessés jeudi par l’explosion d’un engin explosif improvisé au passage de leur véhicule alors qu’ils effectuaient une patrouille.

Vendredi 25 juillet

Province de Helmand

Un soldat danois a été tué et trois autres blessés vendredi par l’explosion d’une mine ou d’un engin explosif improvisé au passage de leur véhicule blindé, a annoncé le ministère danois de la Défense. L’équipage du blindé avait été appelé pour porter assistance à des soldats afghans encadrés par des militaires américains et britanniques pris sous les tirs des rebelles.

Par ailleurs, trois résistants ont été tués alors qu’ils prenaient d’assaut un poste de police dans le district de Gereshk, a annoncé le ministère de l’Intérieur.

Un conducteur de chien britannique et son chien spécialisé dans la détection d’explosifs ont également été tués jeudi dans la province de Helmand, a annoncé vendredi le ministère britannique de la Défense. Six autres soldats ont été blessés. Leur patrouille a été prise sous le feu des résistants.

Province de Ghazni

Vendredi, au troisième jour de l’opération, Ismaïl Jahangir a fait état de la mort de quarante rebelles dans une frappe aérienne. Trente autres ont été blessés, a-t-il ajouté. Deux civils ont également péri dans le raid aérien, a annoncé le chef du district d’Ajristan, rad Mohammad Waziri.

Province de Farah

Un engin explosif improvisé destiné aux forces de sécurités afghanes ou étrangères a explosé au passage d’un véhicule civil, tuant trois personnes, a annoncé la police locale.

Avec AFP et Reuters

26 juillet

Province de Kaboul

Dans le district de Sarobi, à l’est de Kaboul, des combats ont opposé, samedi matin pendant une heure, les forces de sécurité aux rebelles a annoncé le chef du district, Qazi Soliman. Un résistant a été tué et un autre a été blessé, a-t-il affirmé. L’incident s’est produit sur la route reliant Djalâlâbâd, principale ville de l’est du pays, à Kaboul.

Province du Logar

Le centre administratif du district de Mohammad Afgha a subi une attaque de la rébellion vendredi soir, ont rapporté les responsables locaux. Les combats, qui ont duré une heure et trente minutes, n’ont pas fait de victimes dans les rangs des forces gouvernementales. Les assaillants auraient essuyé des pertes, ont déclaré les responsables locaux sans plus de précision.

Province de Takhar

Les forces de sécurité afghanes ont annoncé avoir abattu un chef de premier plan dans le district de Kalafgan. « Le mollah Osman a été tué lors de l’attaque vendredi soir d’un poste de contrôle de la police avec plusieurs de ses hommes », a annoncé le ministère de l’Intérieur dans un communiqué. Le ministère a affirmé que le mollah Osman dirigeait les opérations des forces antigouvernementales pour le nord-est du pays.

Province de Farah

Cinq résistants ont été tués par l’armée afghane au cours d’une opération débutée le 24 juillet, a annoncé le ministère de l’Intérieur. Neuf autres résistants ont été capturés, précise le texte.

Par ailleurs, des résistants ont attaqué vendredi soir un convoi du Programme alimentaire mondial (PAM) qui circulait dans le district de Farahrod, sur la route qui relie les villes de Kandahâr et Hérât. Deux véhicules ont été détruits et huit autres saisis par les résistants, selon le gouverneur de la province, Rohul Amin.

Province de Kapisa

Vendredi, des soldats de la coalition ont mené une opération dans le district de Tagab afin de mettre un terme aux activités d’un militant accusé de favoriser l’infiltration de combattants étrangers dans cette région. Lors de la fouille d’un bâtiment, un homme qui s’était montré menaçant a été abattu, selon le communiqué de la coalition. Des grenades et des explosifs ont été découverts dans le bâtiment, ajoute le texte.

27 juillet

Province de Helmand

Trois r résistants ont été tués par l’armée afghane lors d’un accrochage, a annoncé le ministère de la Défense.

Le même jour, quatre civils ont été tués et trois autres blessés dans le district de Sangin, dans la province méridionale de Helmand, par des soldats britanniques de la Force internationale d’assistance à la sécurité dirigée par l’Otan (FIAS ou ISAF selon l’acronyme anglais).

« Des soldats de l’Isaf ont ouvert le feu sur un véhicule qui ne s’était pas arrêté à l’approche d’un poste de contrôle plus tôt dans la journée, tuant quatre passagers civils de la voiture et en blessant trois autres », indique l’Isaf dans un communiqué. « Les soldats de l’Isaf ont effectué des tirs de semonce hors d’atteinte du véhicule mais, par crainte d’une attaque d’insurgés, ont finalement été obligés de tirer dessus suite au refus du conducteur de s’arrêter », ajoute-t-il.

Province de Paktia

Trois résistants ont été tués lors d’un accrochage avec des soldats de la coalition antiterroriste internationale commandée par les États-Unis.

Province de Khôst

Selon Arsala Jamal, gouverneur de la province de Khôst, des résistants ont lancé dimanche à l’aube un assaut sur le district de Spera, à proximité de la frontière avec le Pakistan. « Les résistants ont attaqué les bâtiments officiels du district de Spera et tué deux policiers », a-t-il dit.

Le porte-parole de la résistance a déclaré de son côté que les siens avaient tué huit policiers, et qu’aucune victime n’était à déplorer dans leurs rangs. Quelques heures plus tard, un volontaire de la mort s’est fait exploser à l’entrée d’une société afghane de travaux publics, tuant un agent de sécurité et blessant six personnes.

Province de Kandahâr

Des soldats de l’Otan ont ouvert le feu sur un véhicule civils leur semblant suspect, tuant deux enfants et blessant un homme, a annoncé lundi l’Otan dans un communiqué. L’incident s’est produit dimanche.

Province du Nouristan

Une roquette tiré depuis un lieu inconnu a frappé une zone résidentielle, tuant trois civils(collaborateurs), a annoncé le gouverneur de la province.

Avec Reuters, Xinhua et Pajhwok

http://www.bassirat.net/Point-sur-la-situation-securitaire,3914.html



2 Brèves

Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information.

2-1 Une "guerre irrégulière"

Le Pentagone prévoit une "guerre irrégulière"

La nouvelle stratégie de défense nationale des Etats-Unis prévoit de ne plus se focaliser sur la guerre conventionnelle mais sur une "guerre irrégulière" contre la menace complexe de l'extrémisme, selon un rapport révélé jeudi et approuvé par le Pentagone.

 Dans l'avenir, gagner la guerre irrégulière contre les mouvements 'extrémistes et violents' sera l'objectif central des Etats-Unis", assurent les auteurs de ce document intitulé "Stratégie de la défense nationale" et approuvé par le secrétaire à la Défense Robert Gates.

L'armée américaine doit se préparer à une lutte plus diversifiée et de longue durée contre les insurrections et le terrorisme, à l'échelle mondiale, ce que le rapport de 23 pages appelle la guerre "irrégulière".

Robert Gates a défendu devant les journalistes cette nouvelle stratégie, assurant qu'il s'agissait d'une tentative pour institutionnaliser les aptitudes et les leçons tirées des guerres en Irak et en Afghanistan.

Selon lui, si les programmes d'armes conventionnelles se taillent la part du lion dans le budget "achat" du Pentagone, il n'y a pas en revanche d'appui politique soutenant les nouvelles exigences requises par cette guerre irrégulière et asymétrique.

"Le danger n'est pas que la modernisation soit sacrifiée pour financer ce nouveau type de guerre mais plutôt que dans l'avenir, on néglige cette dernière", a-t-il déclaré.

Le rapport signale que la Chine augmente ses capacités militaires conventionnelles et que "la régression de la Russie en matière d'ouverture et de démocratie pourrait avoir d'importantes conséquences pour la sécurité des Etats-Unis".

Mais dans les deux cas, les auteurs du texte estiment que l'objectif des Etats-Unis devraient être de construire "des relations de partenariat et de coopération avec eux".

"Je ne considère aucun de ces pays comme une menace pour les Etats-Unis aujourd'hui mais ils investissent dans des programmes de modernisation qui sont préoccupants", a-t-il ajouté, assurant que les Etats-Unis continueraient à "améliorer et perfectionner (ses) capacités pour répondre à la Chine, si nécessaire".

Mais selon le rapport le nouvel environnement stratégique des Etats-Unis "sera défini par une lutte globale contre l'idéologie extrémiste et violente qui cherche à renverser l'ordre mondial".

AFP –

Jeudi 31 juillet, 23h39


2-2 McCain suggère un «tribunal de Nuremberg» pour juger ben Laden.

 McCain n'est qu'un collègue à l'Antichrist Bush. Il veut juger les morts et laisser les vivants continuer de perpétrer les ignominies. Un tribunal pour juger Ben Laden -alors qu'il doit être complètement mangé par les vers à l'heure actuelle- est moins utile qu'un Nuremberg pour juger Bush et ses pairs dont McCain fait partie. Et tous les crimes qui sont attribués au cheik sont perpétrès par les criminels de la Maison-Blanche et de Tel-Aviv.  Tout le monde le sait. McCain est tout simplement pitoyable ! Si c'est tout ce qu'il a à invoquer comme raison pour se faire élire, alors il n'est pas près d'être sur le trône. A moins que lui et les siens préparent un gros coup pour que les Républicains restent en place. Ceci est une éventualité qui se murmure de plus en plus dans les milieux populaires américains. Et quelques indices vont dans ce sens... comme vous pourrez le constater dans les articles que nous allons poser en suivant...
Le candidat républicain à la Maison Blanche John McCain a suggéré de traduire le chef d'Al-Qaïda, Oussama ben Laden, devant un tribunal international comme celui qui a jugé les dignitaires nazis à Nuremberg si le chef de la mouvance terroriste était capturé.

Interrogé sur CNN pour savoir ce qu'il faudrait faire de ben Laden s'il était capturé vivant, M. McCain a répondu: «le juger bien sûr».
«Cela pourrait être une bonne chose de faire connaître au monde l'énormité des crimes de cet homme et ses intentions», a dit M. McCain. Le chef d'Al-Qaïda «travaille nuit et jour pour détruire tout ce que nous défendons et en quoi nous croyons», a-t-il ajouté.
Un tribunal «du genre de celui de Nuremberg constituerait certainement un exemple de tribunal» devant lequel on pourrait traduire Oussama ben Laden, a estimé M. McCain. «Je ne pense pas que nous aurions des difficultés à mettre en place un mécanisme soutenu par la communauté internationale pour rendre la justice», a-t-il dit.

Sources Cyberpresse
Posté par Adriana Evangelizt  

par JC publié dans

http://usa-menace.over-blog.com/article-21522928.html


2-3 Un rapport qualifié de « sans fondement et calomnieux ».
Un haut responsable de la CIA s'est rendu voilà quelques jours au Pakistan pour y présenter, selon ce que rapporte le New York Times, mercredi, les preuves des liens entre les services secrets pakistanais, l'ISI, et des résistants actifs dans la guerre afghane.

Selon le New York Times, qui cite des sources au sein de l'armée américaine et de la CIA, Washington exigerait d'Islamabad qu'elle mette fin à sa politique de sanctuarisation qui profite aux résistants.

Un haut responsable US a expliqué au quotidien new-yorkais, sous couvert de l'anonymat, que l'armée américaine demande aux forces pakistanaises depuis le début de l'année de frapper le groupe dirigé par Haqqani. Jalaluddin Haqqani, un Afghan qui s'est fait connaître dans les années 1980 en combattant, grâce au soutien US, pakistanais et saoudien, les forces soviétiques en Afghanistan, s'est réfugié du côté pakistanais de la frontière vers la fin 2001.

« Il s'agissait d'un message très précis qui disait : Regardez, nous savons qu'il y a un rapport pas seulement entre Haqqani, mais aussi entre les autres sales types et l'ISI, et nous pensons que vous pouvez faire plus et nous voulons que vous en fassiez plus », a soutenu ce même responsable. 

Les services américains de renseignement soupçonnent Jalaluddin Haqqani d'être l'orchestrateur de toute une série d’attaque kamikaze en Afghanistan, et ce, tout en bénéficiant de la « protection » de l'ISI pakistanaise.

 Questionné à ce propos, le principal porte-parole de l'armée pakistanaise, le major général Athar Abbas, a indiqué qu'Islamabad rejette ce rapport qu'il a qualifié de « sans fondement et calomnieux ».

 Même son de cloche du côté du premier ministre pakistanais, Yousaf Raza Gilani,

Selon Gilani,  tout rapport indiquant qu'il y a des liens entre celle-ci et les activistes armés « ne sont pas crédibles ».

30 juillet


2-5 Hervé Morin rend un hommage appuyé aux soldats français.
Le ministre français de la Défense, Hervé Morin, a rendu hommage aux soldats français déployés en Afghanistan, "où se joue une partie de la sécurité de la France", au cours d'une visite de deux jours.

Lors d'un entretien avec le président Hamid Karzaï, le ministre de la Défense a rappelé le soutien de la France tout en affirmant que la victoire en Afghanistan ne peut pas être que militaire.

"La sécurité, la gouvernance, le développement, ce sont les trois axes majeurs pour redonner la sérénité à l'Afghanistan", a estimé M. Morin à son arrivée à Kaboul.

Le ministre s'est aussi systématiquement employé à rendre hommage aux soldats français, alors que l'armée vit des relations inquiètes avec le pouvoir, dans le contexte de la publication du Livre blanc de la défense, avec son cortège de dissolution de régiments et après l'incident de Carcassonne.

"A travers votre mission en Afghanistan, c'est une partie de notre sécurité qui se joue, une partie de la stabilité du monde, de la lutte contre le terrorisme et le narco-trafic", a-t-il déclaré samedi aux hommes du 8e Régiment parachutiste d'infanterie de marine, sur la base avancée de Nijrab, en Kapisa, au nord-est de Kaboul.

Dans ce décor magnifique de montagnes aux crêtes découpées culminant à plus de 4.000 mètres d'altitude et surplombant des vallées à la végétation très dense, il a observé l'installation progressive des 700 hommes que le président Sarkozy a décidé d'envoyer en renfort en Afghanistan, après le sommet de l'Otan à Bucarest en avril.

Si les violences sont moins fréquentes dans la province de Kapisa que dans le sud du pays, des incidents y sont régulièrement recensés, en particulier dans le district de Tagab, qui contrôle un accès stratégique à la capitale.

Dimanche, ce sont les équipages de l'Armée de l'air et de l'Aéronavale qui ont eu droit aux félicitations du ministre, sur la base aérienne de Kandahar (sud).

"Cela me fait plaisir de me trouver parmi vous, je me sens fier d'être français, fier de ce que vous vous faites ici", a affirmé le ministre devant les 170 hommes du détachement aérien français, composé de six appareils qui apportent un soutien aérien aux soldats de l'Otan et de la coalition aux prises avec les talibans.

Le détachement intervient au profit de l'ensemble des troupes en Afghanistan, mais son activité se concentre dans les provinces du sud du pays, bastions de l'insurrection des talibans.

Les soldats français sont aussi impliqués dans la formation de l'armée nationale afghane et Hervé Morin a rencontré dimanche des instructeurs français auprès de la 1e brigade du 201e corps de l'armée afghane, basés près de l'ancien palais royal en ruines de Darulaman.

"Les Afghans sont des guerriers, il faut en faire des soldats. Mon message, c'est que davantage que les équipements, c'est d'abord la valeur des hommes qui fait une grande armée: la formation, le courage, la discipline", a-t-il déclaré.

"Nos compatriotes ont du mal à comprendre que ce qui se joue en Afghanistan, c'est une partie de notre sécurité. Nous n'avons pas vocation à rester ici des décennies, mais autant que nécessaire", a-t-il réaffirmé.

"Notre présence ici relève le niveau de l'armée française, le feu n'est plus seulement un concept théorique", a répondu au ministre un officier français.

Thibauld MALTERRE

AFP - Dimanche 20 juillet,

http://fr.news.yahoo.com/afp/20080719/tfr-afghanistan-france-otan-defense-prev-f56f567.html


2-6 Afghanistan : Leterme Ier approuve- Les Belges s'installent à Kandahar. 
Le dernier conseil des ministres a rapidement expédié la question de l'engagement renforcé de la Belgique en Afghanistan! et escamoté tout débat parlementaire. Nous apprenons incidemment le "coût de l'opération", bien plus élevé que celui esquissé auparavant, le nombre de militaires  bien plus important que "la petite centaine", l'avancement des dates de départ, le déploiement des F-16 pour partie sous commandement néerlandais, et sous commandement français, l'autorisation de faire des incursions au Pakistan et de participer à des actions "Enduring Freedom" (en principe purement états-uniennes).

Puisque le parlement est à présent en vacances, il faudra attendre une prochaine Carte Blanche des ministres De Crem et De Gucht dans les journaux pour connaître la suite.... (cp)

Leterme Ier approuve –



3  Dossiers

Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information

3-1 Point de vue de James Cogan : La candidature d'Obama et le nouveau consensus sur l'Afghanistan.
Les déclarations faites par Obama durant sa visite en Afghanistan au cours du week-end dernier viennent confirmer que sa campagne pour la présidence se fait le porte-parole d’une importante section de l’élite dirigeante américaine qui appelle à un changement dans la politique étrangère américaine au Moyen-Orient et en Asie centrale. Loin de suggérer un recul du militarisme, Obama argumente en faveur d’une réduction plus rapide du nombre de soldats en Irak et d’une diminution des tensions avec l’Iran, afin de favoriser une intensification importante des opérations militaires américaines en Afghanistan, pour les étendre potentiellement au Pakistan.

Mardi, dans une longue interview avec Lara Logan de CBS, Obama a affirmé que la situation en Afghanistan était « précaire et urgente ». Les réseaux de terroristes mondiaux, a-t-il soutenu, ont trouvé « refuge » dans la région et se financent par le trafic de la drogue. « Je crois que nous avons été clairement distraits [par l’invasion de l’Irak] dans nos efforts pour traquer al-Qaïda et les talibans », a-t-il déclaré.

Obama a confié à Logan : « Il commence à y avoir un large consensus sur le fait qu’il est maintenant temps pour nous de retirer certaines de nos troupes de combat de l’Irak et de les déployer ici en Afghanistan. Et je crois que nous devons saisir cette occasion. C’est maintenant qu’il faut le faire... Si nous attendons à la prochaine administration, cela pourrait prendre un an avec que les soldats supplémentaires arrivent ici en Afghanistan. Et je crois que cela serait une erreur. Je crois que la situation est si urgente que nous devons faire quelque chose immédiatement. »

Obama a réitéré ses appels à une augmentation des forces en Afghanistan et à une plus grande intervention dans le Pakistan contre les militants anti-américains. « J’ai dit que si nous avions des renseignements suffisants contre des cibles d’importance d’al-Qaïda, et que le gouvernement pakistanais refusait de les traquer, nous devrions le faire », a-t-il déclaré. Bien qu’affirmant qu’il augmenterait l’aide au Pakistan et qu’il « l’inciterait fortement » à attaquer les camps d’insurgés avec sa propre armée, ses remarques démontrent clairement qu’il est prêt à déclencher unilatéralement des attaques de l’autre côté de la frontière.

En ce qui concerne l’Irak, le sénateur de l’Illinois a encore une fois souligné la déclaration du premier ministre Nouri al-Maliki selon laquelle le gouvernement irakien souhaitait l’inclusion d’un échéancier pour le retrait des forces américaines dans l’entente en cours de négociation pour établir son contrôle sur la présence des troupes américaines après décembre. Obama a déclaré : « C’est le moment idéal pour nous de dire : "Nous allons déplacer nos ressources. Nous allons déployer quelques brigades de plus ici en Afghanistan. Nous allons accepter d’augmenter notre aide envers le Pakistan.” »

Les commentaires d’Obama soulignent la complète supercherie des tentatives visant à le présenter comme un candidat « antiguerre ». Il parle au nom d’une couche de l’establishment politique et militaire américain qui considère que la guerre en Irak constitue une bourde stratégique coûteuse. Elle a nécessité le déploiement d’une large proportion des forces armées, a exigé de vastes ressources, et a aussi provoqué d’immenses divisions sociales aux Etats-Unis et une hostilité de masse envers le militarisme américain à travers le monde.

En février, le WSWS commentait l’appui d’importantes figures de la bourgeoisie, telles que le milliardaire Warren Buffet et l’ancien directeur de la Réserve fédérale Paul Volcker, pour Obama dans un article intitulé « Les deux visages de Barack Obama ». Nous avions écrit : « Sans doute croient-ils qu’Obama, qui serait le premier président africain-américain des Etats-Unis, est le mieux équipé pour faire face aux dangers posés par une crise économique perpétuelle et des tensions économiques grandissantes. Qui d’autre que lui est le mieux placé pour demander des sacrifices encore plus grands à la classe ouvrière, au nom de l’unité et du changement ? Au même moment, il présenterait un nouveau visage au monde, espérant que cela aiderait l’impérialisme américain à se sortir des débâcles de la politique étrangère et de l’isolation mondiale croissante qui sont l’héritage de l’administration Bush. »

C’est précisément le contenu des recommandations d’Obama pour les guerres en Irak et en Afghanistan. Pendant qu’une grande proportion de la machine de guerre américaine s’est embourbée dans l’occupation de l’Irak, les ambitions économiques et stratégiques en Afghanistan et en Asie centrale ont encaissé de sérieux revers. Des insurgés parmi les membres de la tribu pachtoune du sud de l’Afghanistan et des provinces frontalières du Pakistan conduisent présentement une guérilla de grande envergure non seulement contre les troupes américaines et de l’OTAN ainsi que contre le gouvernement pro-occupation du président Hamid Karzaï, mais aussi contre le gouvernement pakistanais, qui est depuis longtemps un allié crucial des Etats-Unis dans la région. Le Pakistan a réellement perdu le contrôle de ses zones frontalières.

Indiquant les inquiétudes des cercles dirigeants américains, la présente édition du magazine Time a une page couverture intitulée : « L’Afghanistan : la guerre juste ». Il met en évidence l’appel pour plus de troupes par Obama et son rival républicain, John McCain.

La situation militaire en Afghanistan s’est fortement détériorée cet été. Le nombre d’attaques lancées contre les forces d’occupation a augmenté de plus de 40 pour cent et les morts et les blessés ont augmenté fortement. Une mesure des combats qui s’intensifient et du désespoir parmi les commandants militaires américains et de l’OTAN est le nombre de bombes larguées par les avions américains. En juin, 646 bombes furent larguées, le deuxième plus haut total pour tous les mois de cette guerre qui dure depuis près de sept ans. Dans la première moitié de 2008, 1853 bombes et missiles ont été utilisés, 40 pour cent plus que pour la même période l’an passé. Les analystes parlent ouvertement que la guerre en Afghanistan pourrait durer encore 10 ou 20 ans.

Le chef d’état-major interarmées, l’amiral Michael Mullen, a déclaré que jusqu’à trois brigades de combat de plus sont nécessaires en Afghanistan, mais il a admis qu’il ne peut pas en envoyer, vu le nombre de troupes au Moyen-Orient.

Les alliés des Etats-Unis continuent de se dérober face aux appels que ceux-ci leur lancent pour qu’ils déploient une plus grande force militaire en Afghanistan. Un facteur majeur est que les gouvernements européens craignent l’hostilité répandue qui existent envers l’administration Bush en raison de son invasion illégale et meurtrière de l’Irak. Avec Obama qui commence cette semaine ses visites de la France, de l’Allemagne et de la Grande-Bretagne, il n’y a pas de doute qu’il tentera d’exploiter les illusions et les faux espoirs dans sa campagne pour tenter de renverser cette hostilité avec de la démagogie populiste sur la légitimité de la guerre en Afghanistan.

Dans des conditions où la situation militaire en Afghanistan se détériore, les appels par des éléments dans et autour de l’administration Bush pour des frappes américaines ou israéliennes contre les établissements nucléaires en Iran sont vus par le camp Obama et plus largement comme le meilleur moyen pour tomber dans la catastrophe.

Des inquiétudes claires ont été exprimées dans l’armée qu’une guerre contre l’Iran affaiblirait les efforts pour stabiliser l’occupation américaine de l’Irak et tout redéploiement des forces vers l’Afghanistan. Malgré les accusations américaines que l’Iran soutien les insurgés, Téhéran a régulièrement intervenu pour consolider le gouvernement soutenu par les Etats-Unis à Bagdad contre des éléments plus radicaux de la majorité chiite de la population. La pression iranienne fut un facteur critique cette année dans la capacité du gouvernement Maliki et des forces américaines pour détruire grandement l’Armée du Mahdi, la milice anti-occupation du chef religieux Moqtada al-Sadr.

De plus, des hauts officiers américains ont remis en question leur capacité à entreprendre une offensive de grande ampleur contre l’Iran. L’amiral Mullen a dit sur Fox News : « Je m’inquiète beaucoup à ce sujet… J’ai déjà dit lorsque l’on m’a demandé son avis que j’avais déjà deux guerres à faire et que je n’avais pas besoin d’une troisième… Ce ne pas que nous n’avons pas les réserves aux Etats-Unis pour le faire. Nous les avons. Je m’inquiète de l’instabilité dans cette région du monde… les conséquences possibles qu’auront une frappe comme celle-là, qui auront en fait un impact sur toute la région, sont difficiles à prévoir exactement et ensuite les actions qu’il faudra que nous entreprenions pour les endiguer. »

Une conséquence évidente de récentes discussions au sujet de préparatifs d’une agression sur l’Iran par les Etats-Unis ou Israël a été de contribuer à l’augmentation des prix du pétrole et aux pressions inflationnistes. Devant déjà faire face à la plus sérieuse crise depuis les années 1930, l’élite américaine du monde des affaires ne souhaite pas voir le prix du pétrole atteindre les 200 dollars le baril en conséquence de la guerre en Iran.

L’administration Bush s’est clairement réalignée sur la ligne avancée par Obama et ceux qui l’appuient. Les tensions avec l’Iran se sont atténuées quelque peu et l’accent est mis sur la diplomatie pour satisfaire les demandes américaines que Téhéran ferme ses installations d’enrichissement de combustible nucléaire. Le diplomate américain senior, William Burns, a participé à une rencontre d’un week-end entre les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, l’Allemagne et l’Iran sur la question nucléaire, ce qui constitue la première fois que les Etats-Unis participent à une telle rencontre.

Sur la question de l’Irak, la Maison-Blanche a annoncé vendredi passé qu’elle se préparait à accepter l’appel de Maliki pour une « limite générale du temps » qu’il faudra avant de connaître « la réduction du nombre des soldats combattants américains en Irak ». Le commandant américain en Irak, le général David Petraeus, soupèse apparemment la possibilité de rapatrier trois brigades en septembre pour que des troupes soient disponibles pour venir en « renfort » en Afghanistan d’ici la fin de l’année. Il est implicite dans l’entente telle que présentée que des dizaines de milliers de soldats demeureront en Irak indéfiniment, occupant les principales bases que l’armée américaine a construites en Irak depuis cinq ans.

Ceci vient à la suite d’annonces par le gouvernement irakien que des contrats pour le pétrole seront octroyés à de grandes entreprises américaine et d’autres conglomérats dans le secteur de l’énergie. Une réduction du nombre des troupes en Irak, en d’autres mots, vient après qu’un des principaux objectifs de l’invasion, la prise de contrôle des vastes ressources énergétiques du pays, est sur le point d’être réalisé.

La candidature d’Obama, qu’il gagne ou non en fin de compte, est ainsi utilisée pour effectuer un changement de la politique étrangère. Durant les primaires et les caucus, des millions de personnes ont été mobilisées sous le prétexte qu’Obama était le dirigeant d’un mouvement de la base contre le statu quo. Aussitôt qu’Obama a été nommé candidat présidentiel, il a commencé à virer vers la droite, adoptant les politiques de la droite républicaine. Il est maintenant évident que peu importe celui qui gagnera la présidence, les guerres continueront.

Encore une fois, les élections américaines sont organisées de façon à priver le peuple américain de toute influence ou de la capacité à mettre fin à la politique militariste du gouvernement. Les décisions d’intensifier la guerre néo-coloniale en Afghanistan ont déjà été prises. Elles sont justifiées avec encore plus de propagande sur la « menace terroriste ». Les conséquences seront la perte de milliers d’autres vies et le pillage de milliards de dollars en ressource.

(Article original anglais paru le 21 juillet 2008)
Sources WSWS
Posté par Adriana Evangelizt

http://usa-menace.over-blog.com/article-21521280.html



4 Courrier des lecteurs & trouvé sur le net & témoignage

4-1 La guerre de conquête compromet l'accès des organisations humanitaires aux enfants en Afghanistan.

8 juillet

La semaine dernière, la Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés Radhika Coomaraswamy et le Directeur des programmes d'urgence de l'UNICEF Louis-Georges Arsenault (M. Arsenault était le Représentant de l'UNICEF en Afghanistan de 1998 à 2001. C'était sa première visite dans le pays depuis sept ans) ont achevé une tournée de cinq jours en Afghanistan.

L'objectif de la mission consistait à inaugurer le système de surveillance des graves violations des droits des enfants affectés par le conflit armé dans le pays.

La délégation a instamment demandé à toutes les parties au conflit de cesser de recruter des enfants dans les rangs de leurs forces armées et a fermement condamné l'utilisation d'enfants comme kamikazes.  (ndlr : pas de condamnation des bombardement de civils dont  les enfants des familles tuées par les coalisés mais surtout les USA…)

L'accès des organisations humanitaires

M. Arsenault a insisté sur la nécessité de lutter contre la restriction de l'accès des organismes humanitaires à plusieurs régions, notamment dans le sud et dans l'est du pays. Il a demandé à toutes les parties au conflit de permettre aux organismes humanitaires d'intervenir.

« Nous devons avoir accès aux enfants partout dans le pays, c'est le principe le plus fondamental », a déclaré M. Arsenault.

La détention d'enfants dans des installations militaires parce qu'ils étaient soupçonnés de s'être associés à des groupes armés était un autre grave sujet de préoccupation.

« La société civile afghane est particulièrement concernée par ce qu'on a appelé le 'système Bacha-bazi' », a dit de son côté Mme  Coomaraswamy. « Cette pratique, qui consiste à associer de jeunes garçons à des dirigeants militaires, doit être éliminée car elle enfreint le droit humanitaire international ».

Progrès en matière d'éducation

L'un des succès en Afghanistan a été obtenu dans le domaine de l'éducation car un nombre élevé d'enfants est scolarisé.

En mars 2008, plus de six millions d'enfants allaient à l'école dans le reste du pays.

L'UNICEF soutient les écoles « formelles » mais aussi les écoles communautaires qui permettent d'atteindre les enfants vivant dans les zones les plus isolées du pays.

« Jours de tranquillité »

L'Afghanistan est l'un des quatre pays du monde où le virus de la polio menace la population et la plupart des cas surviennent dans les zones où le niveau de violence(…)  est élevé.

Dans le contexte de l'organisation d'une Journée nationale de paix le 21 septembre, M. Arsenault a lancé un appel à la création de « Jours de tranquillité », demandant à toutes les parties au conflit de respecter une trêve de manière à ce que les enfants des régions touchées par le conflit puissent être vaccinés contre la polio.

De nombreux organismes humanitaires qui travaillent dans ces zones ne peuvent surveiller directement les projets en cours et doivent compter sur des tiers pour la vérification des activités humanitaires. Dans le sud de l'Afghanistan, l'UNICEF a forgé un partenariat avec huit organisations non gouvernementales pour la surveillance des activités auxquelles contribue l'UNICEF et pour l'aide à la distribution des fournitures d'urgence.

http://www.afghana.org/1015/index.php?option=com_content&task=view&id=238&Itemid=41

 


4-2 Un reportage d'Alexander Panetta : Pour les petites Afghanes, l'enfance se termine souvent à 11 ans.

C'est l'histoire de deux fillettes dont les vies  illustrent l'impuissance tragique dans laquelle se trouvent de nombreuses jeunes Afghanes.

La première s'appelle Najia et a 11 ans. Pleine d'enthousiasme, pendant un cours en plein air, elle parle de sa vie, raconte sa passion pour les mathématiques et décrit ses rêves d'avenir.

L'autre a également 11 ans. Son nom est Sher. Forcée d'épouser un ami de son père, elle n'a jamais vu l'intérieur d'une salle de classe. Et elle a perdu le goût de vivre avant même d'atteindre l'adolescence, comme en témoigne une photo d'hôpital plutôt morbide.

Ce cliché sonne comme un rappel solennel sur la façon dont, souvent, l'enfance se termine pour les petites filles en Afghanistan.

A 11 ans, on les considère souvent en âge de se marier. Les parents récupèrent la somme rondelette de 10 000 $ versée en dot par le prétendant. La pré-adolescente est ensuite envoyée chez son mari pour devenir femme d'intérieur et commencer à élever une famille.

L'an dernier, selon des sources officielles de la province, 60 jeunes filles de Kandahar ont essayé d'échapper à leur destin en se suicidant.

Comme Sher, beaucoup d'entre elles ont abouti au service des grands brûlés de l'hôpital après s'être aspergées d'essence avant d'y mettre le feu.

 Et puis, il y a aussi des petites filles comme Najia. Avec son foulard rouge vif, cette enfant aux yeux pétillants a une vision très différente de l'avenir.

"Je veux devenir médecin, raconte la prolixe fillette. Je veux aider mon pays en aidant les gens qui sont malades.

Mes parents m'ont dit: 'Va à l'école. De notre temps, il n'y avait pas de système d'éducation. Surtout à l'époque des talibans, on ne pouvait pas aller à l'école. Alors profites-en'."

Sept ans après la début de la guerre de conquête par l’Otan et les états-unis moins du tiers des enfants afghans vont à l'école, et ce taux est encore plus bas dans la province de Kandahar.  

Les jeunes filles ne représentent que 17 pour cent des écoliers de la province, et le taux global d'alphabétisation des femmes semble provenir d'un autre âge: pas plus de 5 pour cent des Afghanes savent lire.

Mais si le gouvernement canadien et les donateurs internationaux poursuivent leur travail, il y aura peut-être d'autres petites Najia en Afghanistan. Elle va bientôt terminer son troisième grade successif en seulement une année, dans le cadre d'un programme mis en place par l'organisme canadien Aide à l'enfance. Le but de ce programme consiste à ramener les enfants dans les salles de classe et à les aider à rattraper leur retard scolaire avant d'intégrer le secondaire.

Un coup d'oeil dans sa classe suffit à causer un choc culturel chez le visiteur nord-américain. Dans cette simple cour située derrière une maison en briques de terre, pas de regards vides ou blasés, de bâillements d'ennui ou de bavardages.

Sur le tapis qui recouvre le sol, on ne se bouscule pas pour se cacher au fond de la classe. Au contraire, les écoliers, âgés de 7 à 12 ans, attendent désespérément d'être appelés au tableau. Ils réclament tous l'attention de l'instituteur et lorsque ce dernier demande un volontaire, une forêt de petits doigts et de petites mains se lèvent en s'agitant vers le ciel.

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Lorsqu'ils entendent leur nom, ils se précipitent au tableau pour épeler des mots, décliner des tables de multiplications ou énumérer des faits avec la même vivacité que pour traverser la salle de classe.

 Mais la plupart des Afghanes ne vivront jamais cela. A Kandahar, seulement 2000 écoliers participent à ces cours accélérés gratuits. Le gouvernement du Canada a cependant débloqué 1,5 million $ pour aider l'organisme Aider les enfants à doubler le nombre des classes d'ici l'année prochaine.

Il existe aussi des projets pour les Afghanes adultes qui n'ont jamais fréquenté l'école. Plus de 12 000 adultes, la plupart des femmes, participent à un programme dirigé par les Nations unies qui enseigne les bases de l'écriture et de la lecture, des mathématiques et de l'alimentation.

Afin de vaincre le scepticisme de leur mari et obtenir leur autorisation, on donne aux familles de la farine et de l'huile si elles acceptent de laisser les femmes assister aux cours. Selon une employée du gouvernement canadien, la taille de ce programme a doublé par rapport à l'an dernier.

Beaucoup se montrent méfiants de l'éducation occidentale et séculière, affirme-t-elle, mais tous ceux qui sont passés par ce programme sont émerveillés par ce que savoir lire permet d'accomplir. Lorsqu'elles ont appris à lire les factures et à compter la monnaie, les femmes ont soudain pris conscience qu'on les avait toujours roulées.

"Elles étaient fières et sûres d'elles, explique Sandra Choufani, une diplomate canadienne qui revient d'un voyage d'un an en Afghanistan. Elles étaient habituées à ne rien savoir de ce que les clients leur donnaient."

Mais il y a encore des dizaines de milliers d'autres personnes qui ne sont pas convaincues. Plus on s'éloigne du centre de la ville de Kandahar, plus on a de chances de trouver des parents qui croient que les garçons doivent gagner de l'argent et que les filles doivent penser au mariage, et pas aux tables de multiplication.

30 juillet

Par Alexander Panetta, La Presse Canadienne


4-3 Ingérence dans un pays souverain  : L'homme de la CIA, Stephen Kappes, s'est inquiété, des liens entre l'ISI pakistanais et le réseau d'un résistant afghan réputé proche d'Al-Qaïda et des 'talibans'.
Un haut responsable de la CIA s'est rendu voilà quelques jours au Pakistan pour y présenter, selon ce que rapporte le New York Times, mercredi, les preuves des liens entre les services secrets pakistanais, l'ISI, et des islamistes actifs dans la guerre afghane.

En effet, le directeur adjoint de la CIA, Stephen Kappes, s'est inquiété lors d'une rencontre avec des homologues pakistanais, à Islamabad, des liens entre l'ISI et le réseau d'un islamiste réputé proche d'Al-Qaïda et des talibans.(lire résistance

Selon le New York Times, qui cite des sources au sein de l'armée américaine et de la CIA, Washington exigerait d'Islamabad qu'elle mette fin à sa politique de sanctuarisation qui profite aux talibans et aux militants armés d'Al-Qaïda.

Les services secrets américains reprochent tout particulièrement à l'ISI ses liens apparents avec un islamiste notoire, Jalaluddin Haqqani, un individu qui aurait lui-même des liens étroits avec les talibans et la nébuleuse Al-Qaïda.

Un haut responsable américain a expliqué au quotidien new-yorkais, sous couvert de l'anonymat, que l'armée américaine demande aux forces pakistanaises depuis le début de l'année de frapper le groupe dirigé par Haqqani.

« Il s'agissait d'un message très précis qui disait : Regardez, nous savons qu'il y a un rapport pas seulement entre Haqqani, mais aussi entre les autres sales types et l'ISI, et nous pensons que vous pouvez faire plus et nous voulons que vous en fassiez plus », a soutenu ce même responsable.

 Jalaluddin Haqqani, un Afghan qui s'est fait connaître dans les années 1980 en combattant, grâce au soutien américain, pakistanais et saoudien, les forces soviétiques en Afghanistan, s'est réfugié du côté pakistanais de la frontière peu de temps après la chute des talibans, vers la fin 2001.

Les services américains de renseignement soupçonnent Jalaluddin Haqqani d'être l'orchestrateur de toute une série d'attentats suicide en Afghanistan, et ce, tout en bénéficiant de la « protection » de l'ISI pakistanaise.

Questionné à ce propos, le principal porte-parole de l'armée pakistanaise, le major général Athar Abbas, a indiqué qu'Islamabad rejette ce rapport qu'il a qualifié de « sans fondement et calomnieux ».

Même son de cloche du côté du premier ministre pakistanais, Yousaf Raza Gilani, qui était d'ailleurs de passage à Washington, en début de semaine. Selon le premier ministre Gilani, l'ISI est une « grande institution » et tout rapport indiquant qu'il y a des liens entre celle-ci et les activistes armés « ne sont pas crédibles ».

30 juillet


4-4 Alain Lallemand, journaliste incorporé : Les Belges s'installent à Kandahar.

Feu vert aux « faucons protecteurs » de l'armée belge – Guardian Falcon étant le nom de code provisoire du déploiement de nos F-16 à Kandahar. Cette décision du gouvernement belge a un petit effet immédiat : dès ce 3 août et pour une grosse quarantaine de jours, 55 soldats du génie belge prendront l'air pour rejoindre l'aéroport de Kandahar (sud de l'Afghanistan) et y établir le campement des renforts belges – quatre chasseurs bombardiers et environ cent hommes dont l'arrivée est prévue fin août, pour six mois renouvelables.

Le déploiement immédiat du génie n'est qu'une décision de basse logistique, mais elle livre un petit signal politique : sous toutes réserves, le cantonnement projeté sera constitué de conteneurs identiques à ceux utilisés à Kaboul, a priori peu de tentes, signe que le déploiement belge ne s'inscrit pas dans le court terme. Plus surprenant, selon nos informations, les quatre avions seront pour leur part logés en partie sur la rampe néerlandaise (aux côtés d'autres F-16), en partie sur la rampe française (aux côtés des Super Etendards).

Le déploiement aérien, avalisé ce jeudi en kern, approuvé ce vendredi comme ultime point de l'ordre du jour de l'ultime Conseil des ministres avant les vacances, aura un impact budgétaire : le surcoût net était de 14,31 millions d'euros pour quatre mois (le mandat initialement étudié par le pouvoir politique), le surcoût effectif pour six mois (mandat réellement étudié par l'armée et finalement entériné par le gouvernement) sera de l'ordre de 21,5 millions. Ce budget devra être épongé en interne par l'armée, éventuellement lors de la réévaluation future d'autres missions à l'étranger. Le Conseil des ministres a, dans le même mouvement, avalisé les compensations qui seront versées aux soldats pour ce déploiement.

Même si l'opposition Groen! et SPa a protesté contre un agenda de dernière minute qui évite au « ministre de la Guerre » (NDLR : nom du ministre de la Défense au début du XXe siècle) de se présenter devant le Parlement, et même si dans la majorité le PS a déclenché un « tir ami » avec les mêmes plombs, force est de constater que, pour un gouvernement en affaires courantes, Leterme Ier a œuvré. Et avalisé – avec la bénédiction du PS – une décision délicate qui semble bien troussée.

Sur papier, les F-16 belges seront en mission « strictement limitée au cadre » de la Force internationale d'assistance et de sécurité (Fias), ils n'iront au feu qu'en « appui aérien aux troupes de la Fias se trouvant en situation d'urgence ». Ce qui signifie : « si des troupes de la Fias se trouvent en danger de mort ». A notre connaissance, ceci n'exclut pas des frappes préventives visant à éliminer une menace mortelle imminente, par exemple un regroupement connu de troupes talibanes.

Le gouvernement ajoute : « Très exceptionnellement et dans des situations bien spécifiées, un appui peut être fourni aux forces de la coalition de l'Opération Liberté immuable. » A ce niveau, il est également clair qu'il s'agit exclusivement d'appui en cas de danger de mort, dans un contexte défensif. De la même manière qu'à l'inverse, en cas de danger mortel, il arrive que des hélicoptères américains Black Hawk de l'Opération Liberté immuable participent à l'évacuation de blessés graves de la Fias.

Avec une certaine cohérence, la Belgique semble ainsi s'aligner sur les règles d'engagement et limitations qui sont celles des Pays-Bas. Cet alignement éthique est une nécessité politique mais aussi opérationnelle. Notons cette précision, sans doute elle aussi calquée sur le dispositif néerlandais : « Il n'est pas permis de pénétrer l'espace aérien du Pakistan, sauf en cas de situation exceptionnelle et avec l'accord préalable de ce pays via un officier de liaison de la Fias à Islamabad. »

Avec cette ultime décision au calendrier politique, la Défense vient probablement d'atteindre les limites financières de ses capacités de déploiement.

Pour rappel, la Belgique disposera désormais en Afghanistan d'une centaine d'hommes à Kandahar, environ 300 à Kaboul, quelques dizaines à Kunduz (nord) et bientôt quelques dizaines supplémentaires à Kunduz (ou Kaboul) dans le cadre du « mentoring », la formation de cadres de l'armée afghane et de la police (lire le reportage ci-contre).

Alain Lallemand, journaliste incorporé.

LE SOIR 26.7.008



5 Analyse -  Géopolitique et stratégie – Réflexion
Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information.

5-1 Analyse de Bassirat.net : L'otan déstabilisée par la disparition de chefs tribaux opposés aux résistants.

Le 4 juillet dernier, un chef tribal également chef de milice de l’ouest de Kandahâr tombait sous les balles d’inconnus. Non revendiqué, cette exécution fragilise l'OTAN dans cette province qui est un des berceaux de la résistance.

Les voisins ont été réveillés par le bruit d’une fusillade, puis par le vacarme du klaxon d’une voiture beuglant sans fin.

Le corps criblé de balles d’Habibôllah Jan est venu s’affaler sur le volant de sa Toyota Corolla, bloquant ainsi le klaxon.

Habituellement, Habibôllah Jan bénéficiait d’une protection rapprochée, pas moins de trois gardes du corps ne le quittaient pas d’une semelle, Exceptionnellement, il leur avait donné leur soirée. Il avait estimé qu’il pouvait parcourir sans risque les centaines de mètres qui séparaient son domicile du complexe sécurisé où il avait ses bureaux et où il recevait ses invités.

L’assassinat du député âgé de 47 ans vendredi 4 juillet a renforcé le sentiment de crainte à Kandahâr, chef-lieu d’une province qui perd un à un ses hommes forts.

Habibôllah Jan contrôlait Senjaray, périphérie occidentale de Kandahâr, grâce à une milice et à un certain talent pour les compromis.

Habibôllah Jan a participé à toutes les guerres qui ont ensanglanté l’Afghanistan depuis le milieu des années 1970 si bien qu’il est difficile de savoir avec certitude qui a envoyé les deux hommes à moto lui tendre une embuscade fatale sur le chemin de terre poussiéreux qui passe devant son domicile. Toutefois, sa mort va fournir aux résistants de nouvelles perspectives.

Depuis la mort (presque) naturelle en octobre 2007 du chef de la tribu des Alikozaï, le mollah Naqibôllah (il a été victime d’une crise cardiaque peu de temps après avoir été la cible d’un attentat à la bombe), les chefs tribaux de la province de Kandahâr ayant participé aux guerres des années 1980 et 1990 disparaissent les uns après les autres de morts violentes.

Le mollah Naqibôllah et Habibôllah Jan avaient en commun d’avoir été proches du Djamiat-e Islami de l’ancien président Rabbani et d’Ahmad Shah Massoud.

Le 17 février 2008, une centaine de personnes qui assistaient à des combats de chiens dans le district d’Arghandâb ont été tués dans un attaque kamikaze dont la cible était Abdoul Hakim Jan.

Ancien chef de la police provinciale et leader de la tribu Alikozaï, Abdoul Hakim Jan avait été récemment chargé par le gouvernement de Kaboul de protéger le district d’Arghandâb, verrou stratégique qui commande l’accès à Kandahâr par le nord. Pour ce faire, il avait créé une milice composée de membres de la tribu Alikozaï.

Le 6 juin 2008, un autre collaborateur du mollah Naqibôllah, Malim Akbar Khakrezwal, 55 ans, a été abattu par deux hommes armés non identifiés devant son domicile, dans le village de Loya Walal, à la périphérie de Kandahâr. En juin 2008, son frère, qui venait de perdre le poste de chef de la police de Kandahâr, était tué dans un attentat-suicide jamais élucidé.

Ces hommes ont la particularité d’être revenus au pouvoir à la faveur de la chute des taliban fin 2001.

Avec The Globe and Mail

Bassirat.net

jeudi 31 juillet 2008

http://bassirat.net/La-province-de-Kandahar-fragilisee-par-la-disparition-de-chefs-tribaux-opposes-aux-taliban,3917.html


5-2 Belgique : « Entraîné dans la guerre avant de s’en rendre compte »
la Belgique a franchi un pas dangereux.
Le journaliste néerlandais Arnold Karskens est très clair : la Belgique a franchi un pas dangereux.
Deux semaines durant, le journal belge De Standaard a dépêché sa rédactrice Corry Hancké et sa photographe Monica Monté pour accompagner les troupes hollandaises en Afghanistan. Leurs interviews relataient inlassablement le même message : l’envoi de F-16 ne comporte aucun danger pour les pilotes belges. Et de préciser : « on nous a dit que les appareils volaient surtout très bas au-dessus des têtes des talibans pour les effrayer. Ce n’est que si ça ne marche pas qu’ils laissent choir quelques bombes. »
Le reporter hollandais Arnold Karskens refuse d’être « incorporé ». « Parce qu’un journaliste doit toujours critique et non faire comme mes collègues qui sont « incorporés » : raconter à quel point c’est chouette pour les militaires, que la bouffe est bonne et que le courrier est toujours ponctuel. C’est une solution de facilité et c’est avantageux financièrement, car cela ne coûte strictement rien aux journalistes. Les journalistes « incorporés » ont d’ailleurs peu d’expérience et ils gobent généralement toute la propagande de guerre. »
Karskens suit l’intervention néerlandaise en Afghanistan de près et ce, depuis quelques années. Son témoignage à la Chambre est très différent de celui des journalistes du Standaard. Karstens : « La Belgique franchit un pas très dangereux. Vous partez avec quatre F-16. Ils seront quand même utilisés, finalement, quand des bombardements seront nécessaires. Avant de vous en rendre compte, vous êtes incorporé dans cette guerre… alors, vous allez larguer des bombes et vous-mêmes vous vous ferez tirer dessus. » Nous pouvons donc nous attendre à des infos sur les victimes civiles provoquées par les pilotes belges. Sans que nous ne nous en rendions compte, nous risquons lentement mais sûrement, via la mission de l’Otan, de participer à l’opération américaine Enduring Freedom, qui se traîne depuis 7 ans déjà.
Un général américain a calculé que pour avoir la situation sous contrôle, il fallait au moins 400 000 hommes sur le terrain. Une autre façon de dire que cette guerre ne peut être gagnée et que nous ne sommes pas encore prêts à en voir la fin. En outre, il y a le danger d’escalade : à la frontière avec le Pakistan, les tensions montent.

Mouvements pour la Paix belges
7 juillet 2008

http://www.stopusa.be/scripts/texte.php?section=BY&langue=1&id=25850


2 Analyse de D.Claes et B. De Belder : De Crem ou ‘Les 4 prétextes d’une guerre erronée.’

En septembre, le ministre De Crem – dit Crembo - envoyera quatre F-16 et 140 soldats supplémentaires à Kandahar. La Belgique se retrouve ainsi impliquée dans la guerre de l’OTAN et des États-Unis. Quant aux soldats belges, ils risquent de devenir complices de la mort de civils innocents.
Les prétextes d’une guerre erronée
Pourquoi la Belgique devrait-elle envoyer des soldats en Afghanistan à des milliers de kilomètres de chez nous ?
Au fait, l’Afghanistan se trouve au centre de l’Asie et occupe une position stratégique entre le monde arabe, avec ses énormes réserves de pétrole, et les nouvelles économies émergentes que sont la China et l’Inde. Par le passé, cette position stratégique lui a régulièrement valu d’être un lieu d’affrontements pour le contrôle du continent asiatique. Autre élément non négligeable, on y prévoit un oléoduc via lequel les États-Unis espèrent contrôler l’approvisionnement de toute l’Asie du Sud.
Ce n’est donc pas un hasard si les USA ont en 2001 lancé là-bas leur première guerre en Asie depuis le Vietnam. On savait déjà à l’époque de Léopold II et de son « œuvre de civilisation » au Congo que pour vendre une guerre il faut lui trouver de nobles intentions. Il serait en effet du plus mauvais effet de dire que nous envoyons des soldats pour mener aux côtés des USA une guerre stratégique en vue de contrôler l’Asie centrale. Ainsi, le ministre De Crem a lui aussi avancé de nobles objectifs pour présenter cette guerre.
1er prétexte : « Aider les pauvres Afghans »
Il est un fait que l’Afghanistan est un pays pauvre. 53% des 32 millions d’habitants vivent sous le seuil de pauvreté. Le revenu moyen s’élève à 1 490 dollars par an. Ce dont les Afghans ont besoin ce sont des écoles, des routes, des usines et des hôpitaux. Pour cela, il leur faut développer une industrie nationale propre. Le pays regorge d’atouts puisque, selon le Service géologique des États-Unis, le pays disposerait d’une réserve de 1 000 km3 de gaz naturel, 570 km3 de pétrole et 210 km3 de gaz liquide. Outre d’importantes réserves d’or, de cuivre, de charbon et de minerais de fer.
Naturellement, développer une industrie de base nationale coûte très cher. Mais lancer des bombes coûte cher également. Selon les calculs de Joseph Stiglitz, ex-économiste principal à la Banque Mondiale et Prix Nobel, la guerre en Afghanistan coûte aux États-Unis 3,5 milliards de dollars par mois. Si les USA avait donné cet argent à la population, on aurait pu doubler le revenu de chaque Afghan ! Pour l’heure, la guerre ne rapporte qu’aux seuls fabricants d’armes. Et qui finance tout ceci ? Nous tous, aujourd’hui à la pompe et demain via nos impôts.
2e prétexte : « Protéger les droits des femmes »
Le journaliste néerlandais Arnold Karskens explique qu’aux Pays-Bas, la mission militaire a été « vendue » au grand public avec la promesse qu’on irait bâtir des écoles pour filles. Mais deux ans plus tard, aucune école n’a encore été construite, on a juste bombardé des villages et parmi les victimes on retrouve des femmes et des enfants. L’argument des droits de la femme a donc été utilisé de façon perverse pour nous entraîner dans une logique de guerre.
Selon les organisations de défense des droits de l’homme sur le terrain, le nombre de mauvais traitements infligés aux femmes n’a pas diminué comparé à l’époque des talibans. Les hauts fonctionnaires qui doivent leurs postes à l’OTAN continuent de bafouer les droits de la femme. Selon Fawzia Kofi, un parlementaire qui cette année a pu visiter la prison de Policharkhi, de nombreuses femmes et jeunes filles y sont abusées sexuellement.
3e prétexte : « On ne peut tout de même pas soutenir les talibans »
Pardon ? Les talibans se sont développés durant les 15 années d’opposition fondamentaliste contre l’invasion de l’Union Soviétique en Afghanistan (1979-1994). La CIA leur a fourni armes et entraînements. Ce n’est certainement pas le mouvement pacifiste belge qui leur a fourni les armes ! Et savez-vous qui favorise le regain de popularité des talibans aujourd’hui ? L’armée américaine et l’OTAN qui ont fait bien plus de victimes civiles que les talibans eux-mêmes.
4e prétexte : « Si nous nous retirons, il y aura une guerre civile »
Il s’agit là bien sûr d’un argument de pacotille : justifier une guerre en cours par le fantôme d’une guerre future. Personne ne peut prédire l’avenir. L’histoire de l’Afghanistan nous apprend qu’entre 1839 et 1919, le pays a été en guerre perpétuelle contre les Anglais qui ont tenté (en vain) de le conquérir. Le pays a connu sa plus longue période de stabilité entre 1933 et 1973, c’est-à-dire à une époque où on les a laissés tranquille. Entre 1978 et 1992, durant la Guerre Froide, le pays a été le jouet des États-Unis et de l’Union Soviétique d’alors. Les États-Unis ont considéré que l’Afghanistan était un territoire conquis. Depuis 2001, les États-Unis y mènent une guerre contre les talibans. Une chose est sûre, c’est que l’Occident n’a certainement pas amené la paix en Afghanistan, bien au contraire !

Mouvements pour la Paix belges
7 juillet 2008

http://www.stopusa.be/scripts/texte.php?section=BY&langue=1&id=25850

Danny Claes et Bert De Belder
25 juin


3 Pourquoi les arguments de De Gucht et De Crem ne tiennent pas la route.

Pieter de Crem et Karel de Gucht ont présenté, dans Le Soir et De Standaard du 2 juillet dernier, une batterie entière d’arguments pour justifier une hausse de la participation belge dans l’intervention de l’Otan en Afghanistan. Le même après-midi, l’Afghanistan était à l’agenda de la Commission de la Défense. Le Ministre De Crem lui a posé un lapin. Il montre ainsi le peu de valeur qu’il accorde au débat parlementaire, alors que d’un autre côté, il tente de convaincre l’opinion par des techniques de relations publiques du bien fondé de la mission en Afghanistan et de l’envoi de quatre F16 avec des troupes supplémentaires.

En tant que mouvements pacifistes et tiers-mondistes nous souhaitons réagir aux arguments des deux ministres.
1. Leur plaidoyer démarre par un tour de force d’histoire sélective. Ils disent que « la communauté internationale n'admet pas qu'un pays soit laissé entre les mains des fondamentalistes et des producteurs de drogue qui méprisent les femmes ». C'est faire violence à la vérité. Il y a quelques décennies, les États-Unis ont été les premiers à financer et armer les groupes moudjahiddin fondamentalistes, avant et pendant l’intervention soviétique en Afghanistan . Ils l’ont fait, soit directement, soit par le biais de l'Arabie Saoudite et des services secrets du Pakistan. Ces derniers entretenaient d’excellents contacts avec les Taliban. Ces livraisons d’armes ont largement aidé Al Qaeda à se développer.
2. Deuxième argument : la Belgique et la communauté internationale assistent l'Afghanistan dans sa construction. Mais, même en supposant qu’il s’agisse d’une priorité de l’OTAN, jusqu’à présent, il a été peu question de reconstruction. Le budget pour les opérations militaires (100 millions de dollars par jour), dépasse de loin celui consacré à la reconstruction (7 millions de dollars par jour). Mais surtout, la collaboration militaro-civile, qui se réalise en Afghanistan via les PRT (Provincial Reconstruction Teams), s’avère désastreuse pour l’aide humanitaire elle-même. La question cruciale est de savoir si nous voyons la reconstruction comme un moyen (« winning the hearts and minds.. gagner les cœurs set les esprits ») ou comme un but ? Pour l’Isaf, (Force Internationale d’Assistance et de Sécurité, sous la direction de l’Otan), les PRT servent en premier lieu à faire accepter la présence militaire étrangère à la population locale. Le résultat est que les insurgés prennent pour cibles tant les humanitaires que les militaires.
3. Troisième argument : « c'est notre devoir d'assister les civils dans le besoin, partout dans le monde ». Un simple regard sur la carte mondiale des conflits ou de la pauvreté fait comprendre l’ hypocrisie de cette affirmation. Cette guerre a commencé en tout premier lieu comme un acte de revanche après les attentats du 11 septembre. Que les Talibans en soient directement responsables ou pas, n’a pas été déterminant. Pensons seulement au rôle jamais totalement éclairci de l’Arabie Saoudite dans ces attentats. L’invasion était devenue un impératif politique pour l’agenda intérieur.
Mais d’autres éléments ont joué. Deux mois avant l'éclatement de la guerre contre l'Afghanistan (7 octobre 2001), la sous-secrétaire américaine pour l'Asie du Sud, Christina Rocca, négociait encore avec les Talibans le passage d’un pipeline à travers l'Afghanistan pour transporter le gaz d’Asie centrale via les ports pakistanais. La même Christina Rocca a travaillé auparavant pour la CIA et a été responsable de la fourniture des tristement célèbres fusées Stinger aux Moudjahiddin afghans. Ce qui rend l'Afghanistan si important est sa situation dans le voisinage des richesses pétrolières et gazières de l’Asie centrale, avec en outre des voisins importants dont la Chine et l'Iran.
Une troisième question joue certainement aussi un rôle. Les ambitions de l'Otan de devenir une puissance d'intervention mondiale, réussiront ou échoueront en fonction de la réussite ou de l’échec de la mission Otan en Afghanistan. Il suffit de lire les déclarations du Secrétaire Général de l’Otan pour s’en convaincre.
4. Quatrième argument : « la stabilité de cette région est cruciale pour la stabilité du monde ». C’est très possible. Cependant, nous pensons que l'approche militaire en Afghanistan apporte tout sauf la stabilité. Nous pouvons aussi aisément affirmer que l’occupation militaire d’un pays augmente le risque d’attentats dans les pays constituant la force d'occupation.
5. Cinquième argument : « les défis sont énormes, mais nous enregistrons des progrès humanitaires, comme la baisse de la mortalité infantile ». Les instances de l’ONU se montrent moins enthousiastes. Le bureau de l’ONU pour les affaires humanitaires (OCHA) a parlé la semaine passée d'une situation humanitaire « grave » et « qui se dégrade » en Afghanistan.
La Mission des Nations Unies en Afghanistan, l’UNAMA, a déclaré récemment, que le nombre de victimes civiles des affrontements avait augmenté de plus d’un tiers par rapport à l’année passée et qu’une partie d’entre elles était le fait de l’armée afghane et des troupes d’occupation. La production d’opium en Afghanistan a doublé par rapport à la période des Talibans. En 2007, elle représentait 97% de la production mondiale. On pourrait continuer longtemps à citer d’autres chiffres. Il y a beaucoup d’objections à émettre face aux « hourras » de nos ministres.
6. Sixième argument. « La Belgique ne va pas soutenir l’opération américaine Enduring Freedom, les F-16 serviront uniquement l’Otan (ISAF) ». En réalité, les opérations de l’Isaf et celles de Enduring Freedom sont difficiles à séparer sur le terrain. Les ministres eux-mêmes nuancent leur profession de foi, en ajoutant que « dans des cas d’absolue nécessité nous allons venir en aide à nos alliés ». Les chances de voir ces cas d’absolue nécessité se présenter sont très réelles. Récemment, il a été rendu public que le nombre de morts parmi les militaires en Afghanistan était supérieur pour la première fois à ceux tombés en Irak. En ce moment même, dans plusieurs régions, les unités de combat se trouvent en situation périlleuse dans leurs affrontements contre les Talibans. Par ailleurs, lors de sa visite à Washington, De Crem a montré qu’il est un opportuniste qui suivra les volontés des USA au premier claquement de doigts.
7. Septième argument. « L’Otan a défini très clairement sa « stratégie de succès ». Le but est d’édifier et de construire un état de droit afghan indépendant et durable auquel la communauté internationale pourra transférer les responsabilités », voilà ce que nos ministres ont décidé. Si nous faisons le bilan de cette « stratégie » depuis 2002, année du début de l’engagement belge dans l’Isaf, nous pouvons surtout en voir l’échec. Les ministres disent aussi que la réalisation de cet objectif prendra beaucoup de temps. Et donc, combien de souffrances de guerre supplémentaires pour les populations ?
Notre gouvernement s’engage dans une aventure militaire sans issue. Si nous ne voulons pas laisser les Afghans en plan et si nous voulons contribuer à la reconstruction et à la stabilité de leur pays, nous le ferons bien mieux par des moyens non militaires.

Signataires

Ludo De Brabander – Vrede vzw
Roel Stynen - Vredesactie
Bert De Belder – Intal
Stefaan Declercq – Oxfam-Solidariteit
Michel Vanhoorne – Links Ecologisch Forum (LEF)
Anthony Vanoverschelde - Universitair Centrum voor Ontwikkelingssamenwerking (UCOS)

Mouvements pour la Paix belges
7 juillet 2008

http://www.stopusa.be/scripts/texte.php?section=BY&langue=1&id=25874



4 Belgique : Les Partis - PS, SP.a et Groen ! - Entre frilosité et opposition.
L’ancien ministre de la Défense André Flahaut (PS, majorité) a rappelé que la Belgique reste un bon élève de la classe de l’Otan.
Et Flahaut entend le rester. Il demande seulement que la mission belge en Afghanistan soit évaluée régulièrement et que des « règles strictes d’engagement » (autrement dit, les critères pour les opérations de combat) soient fixées. Flahaut veut une stratégie de sortie claire pour l’Otan, « car nous n’allons pas pouvoir rester éternellement en Afghanistan ».
Dirk Van der Maelen (SP.a) veut que la décision gouvernementale d’étendre la mission en Afghanistan soit revue. Pour trois raisons. Primo, la Belgique ne doit pas s’inscrire dans la vision et la stratégie des USA de la « guerre contre le terrorisme ». Dans le sud de l’Afghanistan, « on y va pour se battre », ajoute Van der Maelen, « mais essayer d’éliminer des terroristes via une ‘guerre contre le terrorisme’, c’est contre-productif ». Secundo, cette guerre ne peut être gagnée et elle met même le futur de l’Otan en danger. Van der Maelen se dit « amant très platonique » de l’Otan. « Si on veut maintenir l’Otan, il convient d’admettre très vite que notre présence en Afghanistan est une erreur. »
Wouter De Vriendt (Groen !) s’oppose à l’envoi de F-16 belges en Afghanistan et il a d’ailleurs signé la pétition du mouvement pour la paix. De Vriendt est très critique depuis qu’à Washington, De Crem a laissé entendre que les F-16 belges n’allaient pas seulement soutenir l’ISAF – la mission de l’Otan censée, avec mandat de l’ONU, procéder à la… reconstruction – mais également l’Operation Enduring Freedom des États-Unis. Selon De Vriendt, cette dernière équivaut à une « guerre illégale » au cours de laquelle, entre autres, les F-16 hollandais ont déjà fait bien des victimes innocentes. « Sera-ce bientôt le cas pour les pilotes belges aussi ? », se demande-t-il.
Peter Mertens, président du PTB, s’est exprimé la semaine dernière dans un communiqué de presse : « Au lieu de limiter le débat aux moyens, à la durée, au coût, à la mission et aux modalités de l’intervention militaire belge, nous devons concentrer nos regards sur les intérêts géopolitiques en jeu dans le conflit afghan. D’un côté du pays, vous avez les gisements pétroliers arabes, de l’autre, la Chine et l’Inde. La Belgique doit observer une règle de l’engagement zéro. Cela veut dire ne pas intervenir dans cette guerre sale de la Maison-Blanche et de l’Otan. Au lieu de palabrer sur une stratégie de sortie, il vaudrait mieux faire en sorte d’abord de ne plus envoyer de troupes sur place. Le PTB exige que soit révoquée la décision gouvernementale d’envoyer en Afghanistan quatre F-16 et 140 militaires de plus. C’est aussi ce que réclame la pétition du mouvement belge pour la paix. En outre, le PTB veut qu’il soit mis un terme à l’actuelle présence de la Belgique et de l’Otan en Afghanistan et que les coûts énormes de cette opération aillent au développement, et non plus à la guerre. »
Mouvements pour la Paix belges
7 juillet 2008

http://www.stopusa.be/scripts/texte.php?section=BY&langue=1&id=25850