lundi 16 février 2009

n°344- Les Dossiers 'Géopolitique et stratégie' de Palestine - 15-02 - 1- « Chronique d'un suicide annoncé : le cas d'Israël »

 

Sent: Monday, February 16, 2009 10:50 AM
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Subject: n°344- Les Dossiers 'Géopolitique et stratégie' de Palestine - 15-02 - 1- « Chronique d'un suicide annoncé : le cas d'Israël »


        L'information est une arme au service de la paix. Sa diffusion est un acte de résistance

    Dénoncer ne suffit plus, il faut expliquer, informer, transmettre 

Les médias occidentaux dans leurs large majorité ont de tout temps accepté les versions de l'armée israélienne et fermant les oreilles aux autres sources 

                                                       


    Les  Dossiers   'Géopolitique et stratégie' de  Palestine 
        n°344 du 15-02                                                                                                                          C.De Broeder & M.Lemaire


Vous retrouverez ce journal 

b) sur le site :  www.palestine-solidarite.org à cette adresse :http://www.palestine-solidarite.org/Journaux_Palestiniens.htm

c) sur le site de Robert Bibeau :  : http://www.robertbibeau.ca/palestine.html

 

NB : Si vous voulez-me contacter ou obtenir le Journal par mail une seule adresse : fa032881@skynet.be



Sommaire
1 Médias et Manipulation de l'opinion / Vidéos

1-1    Marek Halter, le bonimenteur

2 Analyse - Géopolitique et stratégie – Réflexion.

2-1 Manuel de Diéguez : M. Barack Obama et la géopolitique d'Israël.

2-2 Wallerstein, « Chronique d'un suicide annoncé : le cas d'Israël »

2-3 Chérif Boudelal : Le sionisme sous terrain et le sionisme apparent.

2-4 Une analyse de l'intervention de Noam Shalit : La Grande Illusion.

4 Dossier

4-1 Mohamed Hassan : Expliquer le succès du Hamas.

4-2 Elections Israéliennes : Le vrai visage du sionisme dévoilé.

4-3 La majorité des sionistes soutiennent le programme raciste et fasciste de Lieberman.

4-4 Frédéric Koller  : Une société à la dérive.

5 Courrier des lecteurs & trouvé sur le net & témoignage.

5-1 La Paix Maintenant : Vivre ensemble ICI ET MAINTENANT !

5-2 Aux origines de la pensée de M.Nétanyahou.

6 Annexe

6-1 Abdelbari Atwan : République Palestinienne de Dayton.

 
 


1 Médias et Manipulation de l'opinion / Vidéos
1-1 Marek Halter, le bonimenteur.
Mettant à profit l'émotion soulevée par la libération d'Ingrid Betancourt, le 3 juillet 2008, Marek Halter s'est lancé, sans vergogne, dans une opération de mystification de l'opinion publique française en réclamant, depuis la tribune officielle aménagée place du Trocadéro à Paris pour l'accueil de l'ancienne otage franco-colombienne, le lancement de «la phase II de libération du dernier otage au monde, Gilad Shalit».

Gilad Shalit est un cas exemplaire de la confusion mentale, politique et juridique dans laquelle baigne une frange des bi nationaux franco-israéliens et leurs nombreux et bruyants partisans.

Servant dans une armée d'occupation, il est présenté, contre toute vraisemblance, comme un «otage».

Pis, sa famille invoque la nationalité française de ce militaire israélien pour solliciter la protection diplomatique de la France, laquelle, toute honte bue, réclame sa libération, non à l'Egypte, pays avec lequel elle co-préside pourtant «l'Union pour la Méditerranée», l'Egypte, l'intercesseur naturel entre Israéliens et Palestiniens, de surcroît mandaté officiellement par la Ligue arabe pour négocier la réconciliation inter palestinienne, non à l'Egypte, mais à la Syrie, omettant de réclamer à Israël, d'une manière concomitante, la remise en liberté du bi national franco palestinien Salah Hammouri, un civil résidant en France, lui, incarcéré arbitrairement par les Israéliens, omettant de brider la colonisation rampante de la Palestine, le principal foyer du brasier.

La protection diplomatique de la France s'accorde en principe uniformément à tous les citoyens français indépendamment de leurs croyances religieuses ou de leurs origines ethniques. Une telle disparité de comportement augure-t-elle d'une novation du principe républicain de l'égalité citoyenne, ou, au contraire, suggère-t-elle la mise en œuvre d'une hiérarchie au sein de la nationalité française en fonction des croyances religieuses du ressortissant ou de la puissance du lobby de son pays d'origine? Le cas Shalit renvoie, en tout cas, à un précédent matérialisé par la nomination d'un réserviste de l'armée israélienne, Arno Klarsfeld, au poste de conseiller du ministre de l'intérieur de l'époque, Nicolas Sarkozy, en pleine campagne présidentielle française, en pleine guerre d'Israël contre le Liban, en juillet 2006. Au point que se pose la question de savoir si le recours à des réservistes de l'armée israélienne sanctionne-t-il la carence des compétences françaises ou si le service militaire dans l'armée israélienne constitue-t-il désormais un passage obligé à des promotions politico administratives en France, sans que cette nomination, à relent démagogiquement électoraliste, n'ait suscité la moindre interpellation ni au sein de la classe politique ni au sein de la corporation journalistique.

Israël chercherait désormais à compenser sa déroute morale en faisant droit implicitement aux exigences du Hamas, au motif que le mouvement palestinien, désormais affaibli, ne saurait profiter d'une libération de prisonniers palestiniens qu'il réclame en échange de Gilad Shalit. Il subordonnerait toutefois la levée du blocus de Gaza à la remise en liberté du prisonnier israélien, mais le Hamas ne l'entend pas de cette oreille, qui considère que Gilad Shalit, prisonnier de guerre, devrait être échanger contre plusieurs centaines de prisonniers palestiniens détenus arbitrairement. Le Hamas maintient sa revendication intacte. Le vœu secret du mouvement islamique est qu'il obtienne, dans cette transaction, la libération de ses députés membres au parlement palestinien, capturés en toute illégalité par Israël, voire même des responsables politiques tels Marwane Barghouti (Fatah) et Ahmad Saadate (FPLP), les plus emblématiques prisonniers palestiniens, eux aussi arbitrairement emprisonnés par les Israéliens. Israël pourrait être conduit à satisfaire certaines de ses revendications pour atténuer quelque peu l'horrible image de sa prestation de Gaza. Un tel scénario, s'il venait à se produire, constituerait l'apothéose du Hamas et le cauchemar d'Israël à l'effet de pulvériser l'autorité du président palestinien Mahmoud Abbas tant sur la Cisjordanie que sur le Fatah, l'organisation mère de la résistance palestinienne.

L'histoire récente le montre: illustration d'une politique erratique ou volonté de discréditer la seule autorité légale palestinienne internationalement reconnue, en vue de vider de sa substance la représentativité palestinienne, Israël n'a jamais fait le moindre geste à Mahmoud Abbas, malgré les nombreuses accolades du président de l'autorité palestinienne au premier ministre intérimaire, Ehud Olmert, réservant les substantiels échanges de prisonniers à ses adversaires les plus résolus, le Hezbollah libanais, libérateur du druze libanais Samir Qantar, le doyen des prisonniers arabes et le Hamas palestinien. Ce fait semble avoir échappé à la perspicacité de la cohorte cultureuse du parisianisme calfeutré, toute obnubilée par sa célébration quotidienne du génie politique et de l'audace militaire de l'establishment israélien, sans prendre conscience de l'érosion de l'image d'Israël.

René Naba |

 12/02/2009

http://renenaba.blog.fr/2009/02/12/gaza-l-effet-boomerang-5560830/



2 Analyse - Géopolitique et stratégie – Réflexion.
Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage les analyses ou point de vue des auteurs, mais doit être vu comme information

2-1 Manuel de Diéguez : M. Barack Obama et la géopolitique d'Israël.

1 - Un poste avancé de la civilisation ?

Le génocide de Gaza et la concomitance de ce désastre diplomatique irréparable avec l'entrée en fonctions du nouveau Président des Etats-Unis a déclenché une accélération foudroyante de l'histoire du monde; mais comme Clio modifie rarement son rythme pour se précipiter tout subitement dans la bonne direction, son changement de pas la conduira à courir vers le pire. Il se produira donc une aggravation à toute allure de l'abcès ; et ce sera la hâte même de la gangrène à s'étendre qui conduira à l'aporie salvatrice, c'est-à-dire à un pourrissement suffisamment rapide pour faire tourner les talons aux porteurs des brûle-parfums fatigués de la démocratie.

Alors l'heure sonnera de faire le point des contradictions internes qui paralysent la politique des goupillons de la liberté et dans lesquelles le président Barack Obama aura commencé par s'empêtrer avant qu'il ne découvre, non sans effarement, que la planète a suivi en catimini un tout autre chemin de la Providence que celui de l'Amérique d'Abraham Lincoln. Mais comment démontrer aux myopes qu'ils ont fait fausse route, comment les rattraper in extremis par leurs basques ? L'heure est-elle trop tardive de les arrêter au bord du gouffre dans lequel ils sont appelés à tomber?

La géopolitique d'Israël est bien connue: il s'agit, pour cet Etat marchand et guerrier, de faire croire à tout l'univers que la civilisation occidentale aurait grand besoin d'installer un avant-poste de son industrie et de son génie du commerce au Moyen-Orient, afin de s'implanter dans l'Islam par la force conjuguée des idéaux de la démocratie et d'une pratique fructueuse des affaires. Mais cette stratégie se réduit à un stratagème. Qu'étaient-ce que l'Algérie, la Tunisie, le Maroc, l'Indochine, sinon des têtes de pont de la civilisation occidentale sous l'oriflamme de la France de 1789 ? Qu'étaient-ce que l'Afrique du Sud, la Rhodésie, l'Egypte, l'Inde, sinon des garnisons avancées de la civilisation des sciences et de la technique sous la bannière de l'Angleterre impériale?

2 - Un croisé de la liberté et de la justice ?

Il se trouve que, depuis soixante-dix ans, la planète a offert le spectacle d'un immense Waterloo de l'homme blanc, qui a été battu à plate couture sur le champ de bataille de la décolonisation du monde. Pourquoi Israël jouirait-il du rang d'un avant-poste de la reconquête coloniale? Il s'agit donc d'un titanesque attrape-nigaud; mais comme chacun sait que les subterfuges, simulacres et faux-semblants de la politique internationale sont les déguisements semi religieux de l'esprit de conquête des Etats, il convient d'observer de plus près les faces dont les masques voudraient cacher les traits.

Les parures du théâtre antique étaient taillées afin de dissimuler les visages et les corps. Israël rit-il, ricane-t-il ou affiche-t-il un large sourire sous les vêtements qui le cachent de la tête aux pieds ? Cet acteur connaît-il la fureur, le dépit, le découragement, la honte, la fierté et l'orgueil dans les coulisses où s'affairent ses maquilleurs et ses couturiers?"Vous vous sentez sans doute coupable pour crier si fort", dit M. Erdogan à Davos face à un Shimon Perez indigné sous l'outrage que le monde entier est censé lui infliger. Mais l'anthropologie critique se demande ce que la triple chlamyde d'Israël voudrait légitimer en secret: la sainteté du colon réhabilité sur une planète décolonisée, le martyre d'un peuple retourné sur ses terres après un long exil ou l'apostolat du croisé de la démocratie mondiale? Car sous ces masques superposés se cache un tout autre enjeu : il s'agit d'élever la terre retrouvée de Jahvé et de Moïse au rang de foyer et de forge de la planète de la liberté et de la justice.

Pour cela, il est astucieux de scinder ce peuple en deux personnages en apparence opposés mais, complémentaires, celui de la victime éternelle et celui que Jahvé a armé de la foudre de sa justice. Le premier de ces rôles est relativement facile à tenir : il suffit de se proclamer menacé jour et nuit d'égorgement par des voisins redoutables et prêts à bondir sur vous à chaque instant. Le second semble non moins aisé à illustrer, puisqu'Israël dispose d'une apocalypse mécanique aussi facile à déclencher que le Déluge. Mais toute la difficulté de cette stratégie bicéphale est de concilier les deux effigies. Comment crier au loup si vos crocs sont plus longs et plus aigus que ceux des loups, comment montrer des dents de brebis menacée d'un carnage si votre mâchoire n'est pas celle d'un herbivore mâchonneur?

3 - Le lion et le mouton

C'est pourquoi toute géopolitique de la crinière et de la toison se réduit à apparaître tour à tour sous les traits du lion et du mouton ; et c'est la difficulté de présenter au monde entier un visage de théâtre aussi divisé entre l'innocence et la fureur qui a été multipliée par le glaive qui s'est abattu sur la population de Gaza. Car la double accélération de l'histoire que j'évoquais plus haut est devenue inévitable, donc catastrophique : ou bien le peuple de Moïse allume à son profit les forges du victimat, donc de l'apitoiement planétaire à son égard - mais alors, Gaza est une arête qui lui reste en travers de la gorge - ou bien les élus du ciel de justice arborent fièrement leur crinière de fauve dans l'arène du monde et, dans ce cas, il faudra relire la Guerre des Juifs de Flavius Josèphe pour retrouver la mémoire d'un Etat qui a défié en solitaire l'empire romain tout entier et qui s'est auto-massacré à Massada avec femmes et enfants plutôt que de se rendre aux légions de Titus.

M. Barack Obama se trouve à un carrefour de l'histoire du monde dont il est rarement arrivé à un chef d'Etat d'en connaître les coordonnées avec tant de clarté : s'il feint de prêter foi aux proclamations pacifiques d'Israël, selon lesquelles il se trouverait menacé dans sa survie par la future arme nucléaire dont l'Iran prétend se doter, rien ne serait plus humiliant, pour le nouvel hôte de la Maison Blanche, que de paraître égaler l'ignorance et la sottise gigantales d'un prédécesseur auquel Israël a réussi à faire croire pendant deux mille neuf cent vingt jours qu'une gesticulation atomico-fantasmagorique vieille de soixante ans serait utilisable sur un champ de bataille réel. M. Obama n'ignore pas - ou du moins lui suffira-t-il d'une heure pour l'apprendre - que, depuis quatre décennies, la mythologie nucléaire embarrasse ses huit propriétaires, tellement ils ne savent ni comment persévérer à se revêtir d'une apocalypse onirique devenue ridicule, ni comment renoncer à se pavaner pour l'éblouissement des ignorants et des sots. De plus, la différence entre le cubage cérébral des goys et celui du peuple juif n'est pas aussi abyssale qu'on se l'imagine : les Etats du monde entier ne croient plus un mot à la fable selon laquelle les membres d'une assemblée d'exterminateurs internationaux serait prêts à se pulvériser les uns les autres et à se précipiter d'un seul cœur dans un suicide peu glorieux, puisqu'il ne resterait pas un public suffisant pour chanter un exploit aussi retentissant dans le vide éternel de l'immensité: si la planète feint encore de prêter crédit à ce délire, c'est seulement parce qu'Israël dispose des instruments de la communication moderne, donc des moyens de manipuler le vocabulaire qui lui permettent d'écrire jour après jour "l'Eloge de la folie" des sauvages du XXIe siècle.

Depuis 1945, aucun Etat armé du feu nucléaire n'a osé en user contre un adversaire désarmé. Néanmoins, cette possibilité n'était pas mathématiquement exclue. En revanche, l'hypothèse selon laquelle deux Jahvé équipés de deux déluges et de deux enfers identiques se les lanceraient bêtement à la tête est une absurdité dont le caractère délirant ne fait que démontrer la pertinence des thèses de Paul Veyne : les hommes ne croient pas vraiment aux châtiments posthumes que leurs dieux leur réservent, sinon les chrétiens se rueraient tous dans les monastères. L'anthropologie critique enseigne que les croyances religieuses assurent seulement une cohabitation biseautée entre les deux lobes de l'encéphale schizoïde d'une espèce que ses terreurs ont chapeautée de diverses théologies protectrices à l'heure de son évasion de la nuit originelle.

4 - L'enjeu nucléaire

Si M. Obama décide de perpétuer une cécité politique inscrite dans le capital psychogénétique des effarés des ténèbres, tous les penseurs militaires sérieux l'aviseront du contenu des écrits qu'ils ont publiés depuis quarante ans dans leurs revues spécialisées, à savoir qu'il s'agit d'une gigantesque mascarade stratégique dont le mérite sera d'avoir réussi à tenir le monde en haleine depuis Hiroshima. Mais le massacre de Gaza va délier les langues des spécialistes de la mythologie militaire moderne, débâillonner le faux discours de la méthode fictionnelle des Machiavel de la foudre, dénouer les entraves de la théologie matamoresque inaugurée à la va-vite à la suite de la capitulation d'un empereur du Japon, désenchaîner une raison stratégique cadenassée par l'épouvante atomique, désensorceler un entendement simiohumain victime d'un retour aux frayeurs de l'enfer - celui que brandissait l'excommunication majeure des papes du Moyen-âge - et réhabiliter les syllogismes du bon sens cartésien. Comment s'entêter à défendre un obscurantisme nucléaire hérité des temps bibliques si la digue de la panique parareligieuse cède sous la poussée de la désacralisation de l'Etat d'Israël, comment combler cette brèche dans les murailles de la forteresse de l'effroi si une raison ressuscitée noie sous un raz-de-marée de la lucidité les prie-Dieu d'un animal tout abasourdi d'avoir percé les secrets de la matière? Comment persévérer à valider une mécanique mythifiée si tout le monde voit que seul le peuple hébreu en a besoin à seule fin de poursuivre sous ce heaume son extension territoriale à toute la Cisjordanie?

Mais supposons que M. Obama s'imagine trouver une Perse suffisamment stupide pour se livrer à un marchandage qui n'interdirait qu'à elle seule de disposer d'une arme psychologique et politique provisoirement dotée d'un prestige efficace, puisqu'elle demeure adaptée à la capacité crânienne fort réduite du simianthrope actuel. Supposons ensuite que l'équilibre religieux et politique entre les sunnites et les chiites en Irak et ailleurs fasse l'objet de tractations théologiques provisoirement rentables sur le marché de la foi musulmane, supposons enfin que la foire aux illusions des chancelleries du ciel sécrète des avantages diplomatiques momentanément emmagasinables. Dans ce cas, sur quelle balance de la politique de notre astéroïde M. Obama pèsera-t-il la contrepartie des bénéfices à court terme qu'il aura obtenus si les masses arabes se réveillent et privent Washington de tout poids politique sur un milliard de musulmans ? Certes, dans cette configuration, l'Europe se verrait entraînée dans la ruine de l'Occident post-chrétien; mais comment la Russie, la Chine, l'Inde, l'Afrique et l'Amérique du Sud ne se précipiteraient-elles pas dans la brèche pour bâtir l'édifice de la géopolitique de demain?

5 - Un encéphale mis sous haute tension

Mais ce n'est pas tout : on mesurera combien Gaza aura accéléré le cours de l'histoire à la simple évidence que M. Obama se trouve d'ores et déjà contraint par la Turquie et par l'Arabie Saoudite de refuser de donner le feu vert à la continuation de la conquête systématique de la Cisjordanie par l'Etat d'Israël. L'heure n'est plus aux tergiversations et aux atermoiements, parce que le blocus de Gaza ne pourra se poursuivre sous les yeux de l'humanité tout entière. Le monde ne sera changé ni par quelques-uns, comme le disait André Gide, ni par la prédication des évangiles, ni par le messianisme pseudo démocratique du Nouveau Monde, mais par la puissance du myriapode que l'image en mouvement est devenue en tous lieux.

Un seul exemple. Quelques jours après le cessez-le-feu à Gaza, l'aviation israélienne a bombardé les tunnels creusés par la population entre la Palestine et l'Egypte : on sait qu'ils permettent un ravitaillement souterrain des prisonniers, mais au compte-gouttes. La presse du monde entier a souligné qu'Israël luttait contre le délit de contrebande dont les assiégés se rendaient coupables. Quand Napoléon ordonna le blocus de l'Angleterre, il prit soin d'étendre la définition du délit de contrebande aux tentatives des pécheurs bretons de le forcer.

Deux siècles plus tard, les peuples ne sont pas encore suffisamment instruits pour qu'ils détectent spontanément les pièges du langage des Etats : si les vivres apportés à une population affamée se trouve rebaptisés par le code pénal de l'affameur et si le fléau de la balance de Thémis se métamorphose en une arme entre ses mains, inutile d' organiser des cours de droit à l'usage de la population, inutile de l'initier aux artifices des juristes vénaux que les Etats engagent à leur service pour falsifier les lois à l'école des armes. En revanche, l'image d'un mouton passant sous la terre d'Egypte à Gaza suffit à réfuter des monceaux d'arguties de légistes stipendiés. La conquête armée de la Cisjordanie par les colons juifs est à l'abri des caméras, mais les premiers pas de M. Obama à la Maison Blanche ne sont pas à l'abri du spectacle des brebis salvatrices. Elles préludent au débarquement du monde arabe dans la géopolitique. La véritable accélération du rythme de l'Histoire est celle de l'évolution de l'encéphale assiégé d'une humanité aux abois. Le transformateur de Gaza a mis sous haute tension cet organe paresseux.

6 - L'inconscient de l'histoire d'Israël

Quel spectacle que celui d'un homme d'Etat que l'Histoire pousse l'épée dans les reins ! Car le scénario ne se réduit pas à la ruse des fabulistes de Tel Aviv de promettre un Etat aux Palestiniens en échange de la perpétuation du siège de Gaza, le script ne se ramène pas seulement à l'astuce de proposer une apparence seulement de liberté aux prisonniers, comme si un peuple d'un million et demi d'âmes allait se décourager sous les yeux des caméras et quitter piteusement les lieux sous les rires et les quolibets de l'humanité ! Le pire, pour M. Obama, c'est le "retour du refoulé" qui remet Israël en face des armées de Titus et de Vespasien, mais avec des armes de notre siècle. Que dit maintenant ce peuple ? "Nous avons la capacité d'atteindre la plupart des capitales européennes avec nos armes nucléaires. Nous possédons plusieurs centaines d'ogives et de fusées qui nous permettent d'atteindre nos cibles en tous lieux du globe, et même Rome. (C'est moi qui souligne)

La plupart des capitales du Vieux Monde font partie des cibles potentielles de notre armée de l'air."

(Professeur Martin Van Creveld, Interview donnée à Jérusalem)

Quel est le resurgissement inconscient du passé de l'histoire qui fait écrire, en 2009, à un grand théoricien israélien de la guerre d'aujourd'hui que "Rome même" n'est plus hors d'atteinte des armes de David ?

Il y a seulement deux ans, 8% du peuple juif était d'avis que l'expulsion des Palestiniens était la meilleure solution. Il y a deux mois, ils étaient 33% et maintenant, ils sont 44% à le penser. Mais comme cette "solution" est irréalisable quand l'histoire du monde se déroule sur le modèle d'une bande dessinée, l'essentiel, aux yeux de l'anthropologie moderne, est d'étudier l'enracinement du peuple juif dans son passé mythologique. Le professeur Creveld, ancien professeur de l'université hébraïque de Jérusalem a publié vingt ouvrages traduits en dix-sept langues, ce qui suffit à démontrer qu'il n'est pas un fou isolé quand il écrit : "Nos forces armées ne sont pas au trentième rang mais aux deuxièmes ou troisièmes rangs mondial. Nous avons la capacité de détruire le monde avec nous. Et je peux vous assurer que cela arrivera avant qu'Israël ne disparaisse".

Qui peut croire que le même délire politique dont Israël a témoigné en 70 de notre ère ne soit pas demeuré un acteur vivant de la pièce? Le professeur Creveld ne parle pas en son seul nom quand il rappelle cette parole de Moshé Dayan : "Israël doit être un chien enragé trop dangereux pour qu'on le bride." Mais quel est le fondement psychobiologique de la spécificité cérébrale d'Israël? Croit-on qu'un peuple qui refuse d'exposer l'effigie de César dans son temple, parce qu'il n'existe pas de dieu en chair et en os ; croit-on qu'un peuple qui, depuis deux mille ans, refuse une religion dont le demi dieu est un homme "consubstantiel" au Créateur, croit-on qu'un peuple qui est ensuite retombé dans le culte d'un dieu tribal, donc localisé et attaché à une seule terre, croit-on qu'un tel peuple n'incarnerait pas une énigme digne d'inspirer les sciences humaines du XXIème siècle et de les mettre à l'écoute des leçons de l'anthropologie politique en cette aube du IIIème millénaire?

Comment se fait-il qu'Israël ne soit pas revenu aux idoles de bois, de pierre et de fer qu'adorait même un Tacite, mais qu'il ait abandonné le Dieu universel, dont l'invention, attribuée au premier Moïse, était inspirée du Livre des Morts de l'Egypte antique? C'est cela, le débat théologique sous-jacent à la guerre entre Israël et les pays arabes. Mahomet a retrouvé le Jahvé universel du premier Moïse, mais non celui de Moshé Dayan. C'est pourquoi le sort de M. Obama est tragique: si Israël ne recule pas, le monde arabe va exploser avant six mois; et quant à faire reculer un peuple dont l'idole est un propriétaire féroce de sa terre et un guerrier invincible, il n'y a plus de Titus ou de Vespasien pour seulement s'y essayer. Les décors sont plantés: Incipit tragoedia.

M. Obama ne connaît rien de l'enjeu chromosomique qui sous-tend toute la politique du Moyen-Orient. Et maintenant, si cet Hamlet américain suit Israël dans la valse alternée du lion et du mouton évoquée plus haut, le premier métis qui aura dirigé l'Amérique l'aura ramenée à ses pacages et pâturages du début du XIX e siècle ; et l'Europe se trouvera minusculisée pour longtemps aux côtés du géant déchu sur la scène internationale. Mais s'il prend le parti de défier Israël à l'école d'une révolution de la pesée de l'Histoire mondiale - celle de la démythification du feu nucléaire qui sert de levier à la géopolitique d'Israël depuis six décennies - on cherche encore l'homme l'Etat qui aidera l'humanité à changer de cerveau!

Il aura fallu quatre siècles à la révolution renacentiste pour seulement commencer de séparer la raison politique de l'époque de la raison religieuse qui la compénétrait; et cette entreprise, qui aurait pu se révéler décisive, est demeurée tellement bancale qu'il faut la déclarer avortée. Car l'humanisme occidental actuel n'y a gagné aucune connaissance anthropologique des idoles simiohumaines, alors que l'Europe aurait un si grand besoin d'une telle science en cette aube d'un IIIème millénaire titubant. Qui desserrera le garrot d'une terreur nucléaire subrepticement sacralisée, donc secrètement idolâtre? Pour l'heure, Israël bâillonne la planète entière de l'intelligence politique. Cette nation peut dormir tranquille si M. Obama n'est pas d'une trempe à forger l'acier de l'Histoire . Mais faute d'un alliage nouveau de l'action et de la pensée, les événements se chargeront de prendre de l'avance sur le cerveau du simianthrope; et, comme toujours, la pensée naîtra sur les talons de l'action.

7 - Un discours imaginaire de M. Barack Obama

Le 1er mai 2002, dans un texte consacré sur ce site à "l'histoire racontée" et à "l'histoire comprise" (L'histoire racontée et l'histoire comprise : pour comprendre l'après 11 septembre, 14 avril 2002), j'avais tenté d'entrebâiller la science historique traditionnelle sur la réflexion anthropologique de demain. Pour cela, une scission méthodologique entre la mémoire narrative et le sondage psychanalytique de l'inconscient des nations ouvrait la porte à un recul intellectuel ambitieux d'interpréter la vie onirique de la politique dont le cerveau simiohumain demeure la proie. Du coup, le récit historique fictif, qui va d'Homère à Kafka, de Platon à Karl Marx et de la bible à Cervantès ou à Swift devenait un instrument de lecture de l'histoire réelle, parce que les grands écrivains portent un regard nouveau sur l'humanité. Pouvait-on déchiffrer l'Histoire à l'école d'un fantastique religieux qui, depuis le paléolithique, dichotomise notre cerveau entre le réel et le mythe?

Le rendez-vous actuel de l'Amérique et du monde entier avec l'Islam me semble rendre utile un regard dans mon rétroviseur du 1er mai 2002. Il s'agissait alors d'exposer les prémisses anthropologiques d'un regard sur la géopolitique qui aurait permis à un G.W.Bush supposé un homme d'Etat de tenir un discours prospectif. Il est amusant, me semble-t-il d'attribuer maintenant mot à mot à M. Barack Obama les dires de son prédécesseur il y a sept ans, parce que toute l'histoire d'une planète en proie à une panne cérébrale a interdit à l'Amérique de l'après 11 septembre 2001 de nouer des relations politiques rationnelles avec l'Islam, ce qui a permis à Israël de mettre la main sur le Département d'Etat et de conduire le monde à la boucherie de Gaza.

Voici donc de larges extraits du discours fictif de M.G.W.Bush du 1er mai 2002, assortis des sous-titres de l'époque.

Voir : La guerre procholine , 1er mai 2002

8 - La mort est l'enclume des nations

Aujourd'hui, c'est son âme et son esprit que l'Amérique regarde dans le miroir brisé du World Trade Center. Jamais elle ne s'est sentie plus forte que sous les décombres et au milieu des ruines. A partir de ce jour, vous saurez de quel tombeau vous êtes ressuscités; à partir de ce jour, vous montrerez du doigt le lieu de votre naissance, à partir de ce jour vous annoncerez au monde que vous êtes entrés dans l'arène de l'Histoire le 11 septembre 2001. Pourquoi la mort est-elle l'enclume des nations, sinon parce que les malheurs de l'Histoire sont des défis à la grandeur des peuples ? (…)

9- Ne vous laissez pas séduire

(…) Sachez que l'heure de la pensée, l'heure de la sagesse, l'heure de la gravité a sonné. Le monde entier vous demande si les siècles sont à l'écoute de la colère des hommes, le monde entier vous demande si le temps est une école de la vengeance des nations, le monde entier retient son souffle dans l'attente de votre réponse à la question de savoir si vous réfuterez par la fureur et la tempête le défi de la mort qui vous est lancé ou si notre grand pays fera retentir sur les cinq continents la voix des hauteurs de l'Histoire.

Américains, votre responsabilité est immense, mais je suis fier de vous représenter dans votre souveraineté, qui est celle de l'intelligence de ce peuple. C'est de votre bouche que tombera un verdict dont dépendra l'avenir de la liberté de toutes les nations de la terre. Aujourd'hui, les plus anciennes d'entre elles nous regardent de haut ; et elles se disent les unes aux autres: "Cet enfant a-t-il grandi ? Est-il en âge de diriger le globe ? Cet Etat juvénile n'est-il pas devenu trop puissant en un demi-siècle seulement ? Comment posséderait-il l'expérience qui lui permettrait d'assumer les responsabilités que la planète est prête à lui confier ou à lui retirer?"

10 - Le tragique de l'Histoire

Mes chers compatriotes, l'heure est venue de donner une leçon de maturité politique à nos aînés. Je sais que vous ne m'avez pas élu afin que j'entraîne l'Amérique sur le chemin de la démesure et de la folie, mais afin que, dans la limite de mes forces, je vous tienne un langage difficile à entendre, mais que vous attendez tous de votre Président. Je ne serai pas votre pédagogue, mais votre témoin le plus résolu, et ce témoin sera le plus blessé et le plus souffrant d'entre vous. C'est au milieu des morts qui nous font un cortège invisible que je m'adresse à vous. Mais je veux que notre douleur soit aussi notre remède ; je veux que nous soyons notre propre médecin, afin que nous apportions au monde de demain une espérance plus grande et plus forte.

Les peuples sont les poètes de leur destin, les peuples naissent de leur sortie de la nuit. Il aura fallu que nous fussions durement frappés pour que notre souffrance apportât au nouveau millénaire l'offrande d'une victoire de la liberté. Ce jour est aussi celui de la rencontre de notre nation avec le tragique de l'Histoire ; mais si c'est à l'écoute de l'épreuve que nous sommes appelés à nous rendre dignes de l'avenir qui nous attend, souvenons-nous de ce que tel fut le sort de tous les peuples qui ont apposé sur les siècles le sceau de leur grandeur. Mais, en ce temps-là, les héros agonisaient sans sépulture et semés au hasard sur les champs de bataille; et c'était l'humilité de leur sacrifice qui faisait à leur patrie le don de son destin. De même, nos morts nous conduiront à la puissance si nous nous montrons dignes de leur anonymat héroïque.

11 - Quel est leur Dieu et quel est le nôtre ?

Américains, n'écoutons pas la rage qui tente de nous envahir. Notre patrie n'est pas un fauve blessé, notre nation n'est pas livrée à la panique qui saisit les bêtes sauvages quand elles se trouvent empêchées de prendre la juste mesure d'un ennemi qui les a attaquées par surprise. Mais disposons-nous d'ores et déjà de l'arme de l'intelligence qui nous permettra de peser le danger qui nous menace et pour le conjurer? (…)

La tentation est dangereuse, pour une grande nation, de cacher ses ambitions blessées sous un désastre en miniature et pour donner libre cours à sa volonté de conquête sous le masque des victimes qui lui font une parure de gloire. Nous devons demander à notre intelligence et à notre cœur un exploit dont des hommes indemnes demeurent bien souvent incapables. Elle est immense, la prouesse que le monde attend de notre lucidité, de notre sang froid et de notre courage. Mais nous ne mènerons à bien un dur face à face avec nous-mêmes que si nous terrassons la folie et la peur qui guettent les peuples frappés dans leur chair. Et pourtant, si nous remportons cette victoire-là, toutes les nations salueront ce trophée et s'inclineront devant notre justice.

12 - La porte étroite

Comme elle est étroite, la porte qui nous conduira à l'effondrement ou à la puissance ! Jamais encore un grand peuple n'a eu si clairement à choisir entre le chemin de la sagesse et celui de l'irréflexion ; et si nous avons été élus pour offrir à la terre entière le spectacle d'un choix surhumain, c'est que jamais aucun siècle ne s'était prêté à une mise en scène de la véritable Histoire de toutes les nations. Sachez qu'une ère nouvelle a commencé le 11 septembre 2001, celle où le destin de la planète fait l'objet d'un tournage sur le vif, celle où l'Amérique est devenue le cameraman souverain ou pitoyable du globe, celle où chacune et chacun de vous sera tenu pour responsable du scénario qui va se dérouler à l'échelle d'une civilisation.

Je suis conscient du fardeau que porte désormais notre pays. Aussi mon devoir est-il clair à mes yeux : je dois m'adresser à vous comme si votre Président était compris de tous, comme s'il était aimé de tous et comme s'il parlait d'outre-tombe. Deux mille cadavres me crient de vous tenir le triple langage de la vérité politique, de la justice politique et de la sagesse politique, afin que leur tombeau de pierres et de poussière fasse de leur sacrifice le mémorial de votre grandeur et le mausolée de l'immortalité de l'Amérique. C'est en leur nom que je vous dis: "N'écoutez pas la voix de votre désarroi ou de votre épouvante, car ces sentiments nés de la foudre s'éteindront avec la foudre. Mais la douleur réfléchie et mariée à la sagesse d'une nation est votre pain de vie et le gage de votre avenir à tous."

Le 1er mai 2002, je mettais également dans la bouche du Président G. W. Bush un discours à l'intention de la Commission des Affaires étrangères du Sénat, dans lequel ce chef d'Etat était censé savoir ce qu'un M. Obama aussi imaginaire que lui-même allait redire sept ans plus tard. En voici quelques passages.

13 - La précipitation est mauvaise conseillère

Que nous dit la réflexion ? Que la pensée est d'abord l'ennemie de la précipitation. C'est par la hâte que tant de peuples sont tombés dans une démesure qui les a perdus. Mais qu'est-ce que la démesure, sinon la disproportion entre le mal et le remède? Et quelle serait-elle, la disproportion entre le mal et le remède qui nous conduirait à notre porte si nous cédions à l'impatience sous le coup de l'événement ? Sachez que l'impatience nous conseillerait de nous ruer à la poursuite de l'agresseur, les yeux bandés et frappés de cécité par une rage dépourvue du recul de la réflexion. Alors notre folie momentanée nous priverait d'une sûre pesée de l'avenir de notre politique à l'échelle du monde. Comme piqués par un insecte, hurlerons-nous de douleur et offrirons-nous le spectacle d'un subit affolement de l'Amérique aux yeux de tous les peuples de la terre?

Songez, Sénateurs, à ce que l'on penserait de nous dans toutes les capitales du monde civilisé si nous poursuivions un criminel le lasso à la main. C'est avec gravité que je m'adresse à votre sagesse: il n'est pas digne d'un grand peuple de traquer un malfaiteur dans tous les garnis et les greniers dans lesquels il pourrait se cacher. Si la nation la plus puissante de la terre se donnait le ridicule de tenir les rênes du monde à la manière d'un dément hurlant de douleur, écoutez les peuples que plusieurs millénaires ont chargés de mémoire : ils se diraient les uns aux autres que notre peuple et le Président qu'il a élu sont encore privés du cerveau que forge l'expérience de l'Histoire ; car ils ont appris, eux, que l'apprentissage de la durée est le premier pédagogue de la politique des nations.

Savez-vous ce que les rapports de nos ambassadeurs dans le monde entier nous donneraient à lire si nous demandions à toutes les capitales du monde civilisé de bouleverser le droit de la guerre et de récrire les règles élémentaires qui régissent, depuis tant de siècles, les conflits armés entre les États afin de nous mettre seulement à la chasse d'un particulier? Ce serait cette démesure-là qui s'emparerait de nous si nous cédions à la folie d'appeler un acte de guerre, c'est-à-dire le signal du combat d'une nation entière contre une autre, l'explosion de deux avions pilotés par des suicidaires de leur divinité.

14 - Le droit international face à l'imaginaire religieux

Certes, le cas est nouveau en droit international. L'alliance du sacrifice religieux avec un type inédit de bombardement, donc le pacte de l'autel avec la technique la plus moderne, est une trouvaille si dangereuse que je demanderai à nos psychologues de diriger leurs recherches vers l'étude approfondie du cerveau d'une espèce dédoublée depuis le paléolithique entre un monde surnaturel et le monde réel. Puisqu'il y a un siècle et demi que nous savons que notre sortie du monde animal nous a dotés d'un dédoublement dans le merveilleux, je vous demande de ne pas vous opposer aux progrès des sciences humaines et de ne pas vous enfermer dans le fabuleux. Nous ne somme plus au Moyen Âge pour nous replonger dans les vieilles séductions du fantastique. Un peuple adulte et mûr ouvre les yeux sur lui-même et sur l'homme.

Nous allons mettre sur pied un service de la recherche anthropologique à l'échelle de notre puissance et de nos ressources. Sa tâche sera de mesurer avec courage les conséquences d'un pacte du ciel avec la politique que seul le monde moderne pouvait imaginer. Comme vous le savez, l'Europe dont nous sommes les fils et que nous avons quittée pour fonder une nation nouvelle a été livrée aux croisades, à l'Inquisition, aux massacres de la foi et aux guerres sacrées ; mais le mariage d'un ciel en folie avec la folie humaine sur cette terre n'était pas encore devenu suicidaire, de sorte que, jusqu'à présent, nous n'avons jamais éprouvé le besoin politique d'acquérir une science de nos représentations théologiques de l'univers, faute qu'une menace suffisante du monde extérieur nous y contraignît; mais puisque cette menace met désormais en péril les conditions de notre survie physique, l'approfondissement de notre réflexion devra nous permettre de prendre la vraie mesure du 11 septembre 2001. Alors seulement, une connaissance plus profonde de notre espèce nous enseignera la sagesse ; car nous aurons décrypté le capital génétique qui égare notre cerveau dans des mondes imaginaires.

Nous sommes demeurés des croyants, nous aussi; mais c'est un monde de la folie religieuse que nous avons quitté. Peut-être sommes-nous la nation la mieux armée de la terre pour faire progresser la connaissance du cerveau humain et pour nous dire : "A quel moment le Dieu qui nous habite arme-t-il le bras de ses fidèles ? A quel moment quitte-t-il l'histoire réelle pour en confier la responsabilité à nous seuls ? Qui était-il à l'époque où il nous mettait l'épée à la main ? Qui est-il aujourd'hui s'il nous laisse désormais la responsabilité de la conduite de nos affaires ? Quelle est l'existence qu'il conserve dans nos têtes si nous ne pouvons plus l'apostropher dans l'espace afin qu'il nous aide à attaquer nos ennemis ou à nous défendre contre eux ? Il nous faudra oser nous poser ces questions si nous voulons prendre le relais de l'Europe dans la connaissance du genre humain."

15 - La docilité de nos vassaux

N'est-il pas sage que le Président des Etats-Unis soit la vigie de la nation à l'aube d'un millénaire qui nous condamnera à percer le secret des alliances anciennes et nouvelles des religions avec l'Histoire réelle? Quelle serait notre politique sur le long terme si nous ne savions pas mieux qu'au Moyen Âge qui nous sommes? Derrière qui courrions-nous si nous pourchassions Ben Laden un lasso à la main, sinon après nous-mêmes? Mais après quelle Amérique Dieu nous fait-il courir? Malgré notre jeunesse, nous sommes maintenant suffisamment expérimentés pour savoir que nous convaincrions aisément les plus dociles de nos vassaux de courir derrière nous à la poursuite d'un particulier. Nos alliés se sont résignés depuis longtemps à jouer un rôle de figurants ou de comparses aux côtés du shérif en croisade dans l'univers que nous deviendrions sans peine dans un film de Hollywood à l'échelle de notre puissance parareligieuse actuelle dans le monde.

Mais notre expérience de la facilité avec laquelle les peuples les plus anciens de l'Histoire se laissent réduire à la servitude nous rendrait-elle sages si nous nous imaginions que notre hégémonie serait durable de céder à la tentation de nous glorifier d'une force à portée de nos mains? Méfions-nous des humiliations inutiles que nous infligerions aux petites nations et de celles que leur propre lâcheté infligerait aux puissances moyennes. Si, à l'image du monde ancien, l'Amérique jouait à son tour les croisés et les boute-feu, ce serait pour nous-mêmes que nous rendrions rapidement dangereuses les défaites et les humiliations que nos alliés masquent encore sous leurs sourires d'emprunt.

A Berlin, on rirait jaune de notre politique de gauchos; à Paris, des juristes pince sans rire nous feraient remarquer que Ben Laden n'est qu'un homme audacieux et que si toute notre puissance échouait à lui mettre la main au collet, comme leur Simenon a arrêté des tueurs américains dans "Maigret et les gangsters", nous serons bientôt entraînés à guerroyer contre l'Afghanistan, puis contre l'Irak et contre de nombreuses nations dans le monde entier, entraînés que nous serions comme à notre corps défendant dans une croisade policière contre un terrorisme non moins mythique que le Mal au Moyen-Âge; et nous serons devenus les apôtres d'une gendarmerie condamnée à entreprendre sans relâche des expéditions punitives vers des régions lointaines et riches en pétrole. (…)

16 - Le Bien et le Mal

Mais nous sommes devenus trop sages pour mettre nos véritables intérêts en péril dans l'arène internationale. Nous savons que le premier pas de la folie en politique, donc de la précipitation, serait de diviser le monde entre les force du Bien et celles du Mal, nous savons que les scénaristes hâtifs des religions imaginent des combats de géants entre les héros qu'ils ont installés dans leurs têtes, nous savons que c'est précisément à ce genre de prouesses que l'Europe s'est exercée pendant des siècles . (…)

M. Barack Obama fera-t-il reprendre son cours à l'Histoire ? Sait-il seulement à quelle heure son prédécesseur l'a arrêtée?

Le 28 janvier 2009, le Financial Time publiait une déclaration du prince Turki Al Fayçal où l'on lit notamment:

"Ces dernières semaines, les forces armées israéliennes ont non seulement tué plus de mille Palestiniens, mais elles ont pratiquement tué le processus de paix lui même. A moins que la nouvelle administration américaine ne prenne des mesures énergiques pour éviter d'autres souffrances et d'autres morts, le chemin de la paix, les relations américano-saoudiennes et la stabilité de la région seront en danger. (…)

"La majeure partie du monde arabe partage ce sentiment ; et tout gouvernement arabe qui négocierait actuellement avec les Israéliens serait condamné à juste titre par ses citoyens. (…)

" Non seulement l'administration Bush a laissé un héritage horrible dans la région - le souvenir de centaines de milliers de morts en Irak, le souvenir des humiliations et des tortures d'Abou Ghraib - mais elle a également participé au massacre d'une population innocente, parce que l'arrogance de son comportement tout au long de la boucherie de Gaza y a contribué."

(Turki al-Faisal, Financial Times, 22 janvier 2009 - Le prince Turki est le président du Centre de Recherche et d'Etudes Islamique King Faisal à Riyad. Il a occupé les fonctions de directeur des renseignements saoudiens, d'ambassadeur au Royaume-Uni, en Irlande, et aux États-Unis. Publication originale Financial Times, traduction Contre Info)

Dès lors que ces déclarations exigent également le retrait d'Israël de la Cisjordanie et le retour de cet Etat aux frontières de 1967, le Président iranien Mahmoud Ahmadinejad a aussitôt salué en la monarchie saoudienne le chef de file incontesté du monde arabe - et déjà, Téhéran se trouve épaulé par la Turquie, Etat non arabe et proche du continent des Lumières. Mais ce qu'est pas tout : le Qatar organise, du 22 au 24 février une conférence internationale appelée à juger les crimes de guerre d'Israël. Le Comité national des droits de l'homme et l'Institut de la démocratie arabe du Qatar compte rassembler trois cents personnalités en provenance des cinq continents. Gaza se trouve déjà sur le chemin de l'avenir de l'humanisme européen. (Ce point sera développé sur ce site le 16 février).

L'anthropologue demeure un modeste analyste des réponses intérieures auxquelles l'Histoire en appelle impérieusement, l'homme politique tire la charrette du monde. Quelle est l'éthique du harnais? Max Weber pensait que l'action reposait sur une "morale de la responsabilité" et que la responsabilité ressortissait à la saine gestion des affaires du monde. Le XXIe siècle déplace la frontière entre la responsabilité et l'irresponsabilité : Socrate devient le seul vrai responsable politique d'Athènes à l'heure où la survie de l'éthique politique du monde devient la condition même de la survie d'Athènes. Alors les vrais hommes d'Etat deviennent les rois de la conscience. Si M. Obama prend le risque politique d'échouer, il est grand ; s'il sait qu'il échouera, il est plus grand encore.

Puisse Clio couronner des lauriers de la droiture le glorieux échec d'un Abraham Lincoln de la Palestine.

Manuel de Diéguez

9 février 2009

http://pagesperso-orange.fr/aline.dedieguez/tstmagic/1024/tstmagic/decodage/gaza.htm

http://www.alterinfo.net/M-Barack-Obama-et-la-geopolitique-d-Israel_a29579.html?PHPSESSID=6152a19a33f242cc8c3c70e589a28d8e



2-2 Wallerstein, « Chronique d'un suicide annoncé : le cas d'Israël »
L'Etat d'Israël a proclamé son indépendance le 15 mai 1948 à minuit. Les Nations Unies avaient voté la création de deux Etats sur le territoire de ce qui avait été la Palestine sous  mandat britannique. La ville de Jérusalem était censée devenir une zone internationale sous juridiction onusienne. La résolution de l'ONU bénéficia d'un large soutien, particulièrement celui des Etats-Unis et de l'Union soviétique. Les Etats arabes votèrent tous contre.

Au cours de ses soixante ans d'existence, l'Etat d'Israël a fait dépendre sa survie et son expansion d'une stratégie d'ensemble qui a combiné trois éléments : le militarisme macho, des alliances géopolitiques et des relations publiques. Le militarisme macho (ce que le Premier ministre actuel, Ehoud Olmert, appelle la « poigne de fer ») a été rendu possible par la ferveur nationaliste des Israéliens juifs et, au final (bien que pas initialement), par le très fort soutien des communautés juives ailleurs dans le monde.

Sur le plan géopolitique, Israël a d'abord forgé une alliance (brève mais cruciale) avec l'Union soviétique, puis avec la France (qui dura plus longtemps et permit à Israël de devenir une puissance nucléaire) et, enfin (et surtout) avec les Etats-Unis. Ces alliés, qui ont aussi été des protecteurs, ont avant tout accordé leur soutien militaire en fournissant des armes. Mais ils ont également offert un appui politico-diplomatique et, dans le cas des Etats-Unis, une aide économique considérable.

Les relations publiques visaient à se gagner la sympathie et le soutien de grandes franges de l'opinion publique mondiale, en se fondant, dans les premières années, sur le portrait d'Israël en David pionnier affrontant un Goliath rétrograde, et dans les quarante dernières années sur la culpabilité et la compassion vis-à-vis de l'extermination massive des Juifs d'Europe par les Nazis durant la Seconde Guerre Mondiale.

Tous ces éléments de la stratégie israélienne ont bien fonctionné de 1948 aux années 1980. Ils devenaient, en fait, de plus en plus efficaces. Mais quelque part dans les années 1980, l'utilisation de chacune de ces trois tactiques a commencé à être contre-productive. Israël est maintenant entré dans une phase de déclin précipité de sa stratégie. Il est peut-être trop tard pour opter pour une autre stratégie, auquel cas ce pays aura commis un suicide géopolitique. Essayons de déterminer comment les trois éléments de la stratégie ont interagi, d'abord dans un mouvement ascendant, couronné de succès, puis pendant le lent déclin de la puissance israélienne.

Au cours des vingt-cinq premières années de son existence, Israël s'est engagé dans quatre guerres avec les Etats arabes. La première, ce fut celle de 1948-49 pour créer l'Etat juif. La déclaration israélienne d'un Etat indépendant ne donna pas lieu du côté palestinien à une déclaration correspondante de création d'un Etat. A la place de cela, un certain nombre de gouvernements déclarèrent la guerre à Israël qui se retrouva initialement en difficulté sur le plan militaire. Les militaires israéliens étaient cependant bien mieux entraînés que leurs collègues des pays arabes, exception faite de la Transjordanie. Et, élément crucial, ils reçurent des armes de Tchécoslovaquie, qui agissait en agent de l'Union soviétique.

Au moment de la trêve en 1949, la discipline des forces israéliennes combinée aux armes tchèques avait permis aux Israéliens de gagner un territoire considérable, y compris Jérusalem-Ouest, non inclus dans les propositions de partition des Nations Unies.

Les autres zones furent incorporées au territoire des Etats arabes voisins. Un grand nombre d'Arabes palestiniens partirent ou furent contraints de quitter les zones sous contrôle israélien. Ils sont devenus réfugiés dans les pays arabes avoisinants, où leurs descendants vivent toujours en grande partie aujourd'hui. La terre qui avait été la leur fut prise par les Israéliens juifs.

L'Union soviétique lâcha bientôt Israël. La raison principale était probablement que ses dirigeants ont rapidement craint l'impact de la création de cet Etat sur l'état d'esprit des Juifs soviétiques, qui semblaient excessivement enthousiastes et, de là, potentiellement subversifs du point de vue de Staline. A son tour, Israël abandonna toute sympathie pour le camp socialiste pendant la Guerre froide et fit clairement savoir son désir fervent d'être considéré comme un membre à part entière, politiquement et culturellement, du monde occidental.

Confrontée à cette époque aux mouvements de libération nationale dans ses trois colonies nord-africaines, la France vit en Israël un allié utile. Ce fut particulièrement vrai à partir du moment où les Algériens lancèrent leur guerre d'indépendance en 1954. La France commença à aider Israël à s'armer par ses propres moyens. En particulier, la France, qui développait ses propres armes nucléaires (contre la volonté des Américains), aida Israël à faire de même. En 1956, Israël fit cause commune avec la France et la Grande-Bretagne dans leur guerre contre l'Egypte. Malheureusement pour Israël, cette guerre fut menée en passant outre l'opposition américaine et les Etats-Unis forcèrent les trois puissances à y mettre fin.

Après l'indépendance de l'Algérie en 1962, la relation avec Israël perdit de son intérêt pour la France car elle interférait désormais dans ses tentatives pour forger des relations plus étroites avec les trois Etats nord-africains nouvellement indépendants. C'est à ce moment que les Etats-Unis et Israël se tournèrent l'un vers l'autre pour nouer des liens étroits. En 1967, la guerre éclata de nouveau entre l'Egypte et Israël, et d'autres Etats arabes se rallièrent à l'Egypte. Dans cette guerre dite des « Six Jours », les Etats-Unis fournirent pour la première fois de l'armement militaire à Israël.

La victoire israélienne de 1967 changea fondamentalement la situation à bien des égards. Israël avait facilement gagné la guerre, occupant toutes les parties du mandat britannique sur la Palestine où elle se trouvait auparavant ainsi que la péninsule égyptienne du Sinaï et le plateau syrien du Golan. Juridiquement, il y avait désormais un Etat d'Israël auquel s'ajoutaient les territoires qu'il occupait. Israël commença une politique d'installation de colonies juives dans ces territoires occupés.

La victoire israélienne transforma l'état d'esprit de la communauté juive mondiale qui surmonta les réserves qu'elle avait pu avoir quant à la fondation de l'Etat d'Israël. Elle tira une grande fierté des réussites d'Israël et commença à mener de grandes campagnes politiques aux Etats-Unis et en Europe occidentale pour lui assurer des appuis politiques. L'image d'un pays pionnier mettant l'accent sur les vertus du kibboutz fut abandonnée au profit d'une insistance sur l'Holocauste comme justification fondamentale du soutien mondiale à Israël.

En 1973, les pays arabes cherchèrent à redresser la situation militaire par la guerre de Yom Kippour. Cette fois encore, Israël l'emporta, avec l'aide des armes américaines. La guerre de 1973 marqua la fin du rôle central des Etats arabes. Israël pouvait continuer de chercher à obtenir sa reconnaissance par les Etats arabes, ce à quoi il est finalement arrivé avec l'Egypte et la Jordanie, mais il était maintenant trop tard pour que ce soit une façon de garantir son existence.

C'est à partir de ce moment qu'émergea un mouvement politique palestinien sérieux, l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), qui devenait désormais l'opposant clé, celui avec qui Israël devait s'entendre. Pendant longtemps, Israël refusa de traiter avec l'OLP et son chef Yasser Arafat, préférant la poigne de fer. Et au départ, sur le plan militaire, cela a fonctionné.

Les limites de la politique de la poigne de fer sont devenues évidentes avec la première intifada, soulèvement spontané de Palestiniens dans les territoires occupés qui débuta en 1987 et dura six ans. Fondamentalement, la réussite de l'intifada fut double. Elle força les Israéliens et les Etats-Unis à parler à l'OLP. Ce long processus a abouti aux Accords d'Oslo de 1993 stipulant la création de l'Autorité palestinienne dans une partie des territoires occupés.

Sur le long terme, les Accords d'Oslo ont été moins importants que l'impact de l'intifada sur l'opinion publique mondiale. Pour la première fois, l'image de David et Goliath commençait à s'inverser. Pour la première fois, un sérieux mouvement de soutien dans le monde occidental pour la solution des deux Etats commençait à apparaître. Pour la première fois, des critiques sérieuses de la poigne de fer et des pratiques d'Israël vis-à-vis des Palestiniens commençaient à s'exprimer. Si Israël avait pris au sérieux la solution des deux Etats, fondée sur la « ligne verte » (ligne de démarcation à la fin de la guerre de 1948-49), il aurait probablement pu trouver un accord.

Israël a pourtant toujours eu un temps de retard. Quand il pouvait négocier avec Nasser, il ne l'a pas fait. Quand il pouvait négocier avec Arafat, il ne l'a pas fait. Quand Arafat est décédé et qu'un Mahmoud Abbas incapable lui a succédé, le Hamas, plus combatif, a remporté les élections législatives palestiniennes en 2006. Israël a refusé de lui parler.

 

Aujourd'hui, Israël a envahi Gaza et cherche à détruire le Hamas. S'il y parvient, quelle organisation sera la suivante ? Si, comme c'est plus probable, Israël échoue à le détruire, une solution autour de deux Etats est-elle à présent possible ?

L'opinion publique en Palestine et dans le monde évolue vers la solution d'un seul Etat. Ce qui veut dire, naturellement, la fin du projet sioniste. 

La stratégie en trois éléments d'Israël est en voie de décomposition. La poigne de fer ne fonctionne plus, tout comme elle n'a pas marché pour George Bush en Irak. Le lien avec les Etats-Unis va-t-il rester solide ? J'en doute. Et l'opinion publique mondiale va-t-elle continuer de regarder avec sympathie Israël ? Il ne semble pas. Israël peut-il passer à une autre stratégie, celle de la négociation, avec les représentants militants des Palestiniens, et ce en tant que composante à part entière du Moyen-Orient et non comme avant-poste de l'Europe  ?

Il semble assez tard pour cela, et même peut-être trop tard. D'où cette chronique d'un suicide annoncé.

Immanuel  Wallerstein

[Copyright Immanuel Wallerstein, distribué par Agence Global. Pour tous droits et autorisations, y compris de traduction et mise en ligne sur des sites non commerciaux, contacter: rights@agenceglobal.com, 1.336.686.9002 or 1.336.286.6606. Le téléchargement ou l'envoi électronique ou par courriel à des tiers est autorisé, pourvu que le texte reste intact et que la note relative au copyright soit conservée. Pour contacter l'auteur, écrire à: immanuel.wallerstein@yale.edu.

Ces commentaires, édités deux fois le mois, sont censés être des réflexions sur le monde contemporain, à partir non des manchettes du jour mais de la longue durée.]

Fernand Braudel Center, Binghamton University

http://fbc.binghamton.edu/commentr.htm

Commentaire n° 249, 15 janvier 2009

http://socio13.wordpress.com/2009/02/07/%C2%AB-chronique-d%E2%80%99un-suicide-annonce-le-cas-d%E2%80%99israel-%C2%BBpar-immanuel-wallerstein/

 


2-3 Chérif Boudelal : Le sionisme sous terrain et le sionisme apparent.
Mon point de vue sur le débat entre les militants (Jean-Marie, Robert Bibeau et Rudolf Bkouche) autour de la position de Shlomo Sand, auteur de « Comment fut inventé le peuple juif».
Cliquer ici pour lire un résumé Shlomo Sand peuple : http://www.dailymotion.com/video/x6ruwi_shlomo-sand-peuple_news
Shlomo Sand, l'ashkénaze autrichien colonisateur, après avoir montré au monde que « le peuple juif » ait été inventé et menti sur son identité politico - idéologique, il a fini par dire la vérité à ses lecteurs qu'il est sioniste (de « gauche »). Il a emprunté le même sentier que le cardinal Lustiger qui, après 50 ans, juste avant sa mort, a révélé pour quel dieu son cœur battait   (cliquer sur ce lien pour voir et lire Un Kaddish pour Lustiger http://ca.altermedia.info/religion/kaddish-pour-lustiger_3278.html).
Shlomo Sand reconnaît habiter sur la terre du Palestinien et lui demande d'accepter le fait accompli, en étant son inférieur et humilié ! Et de plus, il veut réaliser un rêve que les autres sionistes n'ont pas accompli : doter Israël d'une République pour demeurer éternellement juif et afin qu'il soit mieux accepté par le monde. La face cachée du sionisme se révèle et prend forme, même si celui qui a attrapé le virus parait en bonne santé.
Si Shlomo Sand a dit que le « peuple juif » est inventé, il avait certes raison car il sait mieux que quiconque en étant lui-même juif et historien. Mais dans quel but l'a-t-il dit ? Était-il sincère dans son analyse ou bien pour tromper ses lecteurs de son identité politico–idéologique et afin de vendre son livre à grand tirage ?
En tout cas on peut être d'accord avec lui que le mot « peuple juif » ait été inventé et utilisé comme l'un des instruments de l'idéologie sioniste. Le but de l'emploi de cette invention de « peuple juif » était pour le sionisme de convaincre les Juifs du monde qu'ils forment un seul peuple, et par conséquent ils ont le droit d'avoir un Etat pour eux sur « la terre promise ».
Dans le Coran, qui n'a fait que transmettre le contenu de la Bible (ancien testament), parle de « Banou Israël » - qui signifie « les fils d'Israël » - et non de « peuple juif » ou « peuple d'Israël » comme l'idéologie sioniste a fait avaler au monde depuis très longtemps.

Les mots ont un sens
Oui, il ne faut pas faire l'amalgame entre sionistes et juifs. Oui, il convient de distinguer entre juifs israéliens et juifs du reste du monde ainsi qu'entre juifs palestiniens et les autres juifs, ou encore entre juifs séfarades (les juifs des pays arabes) et juifs ashkénazes (ceux de l'Occident). Il convient de les distinguer pour la simple raison que les juifs palestiniens sont des sémites et ils sont chez eux en Palestine, alors que les autres ne sont que des occupants venus d'ailleurs pour occuper la Palestine et usurper les terres des Palestiniens

Les Falashas qu'Israël emploie dans l'armée pour tuer les Palestinien, sont des juifs mais ne sont pas des hébreux -

.L'amalgame est fait délibérément par les sionistes qui laissent entendre que tous les juifs du monde sont des hébreux et qu'ils sont un et indivisibles. Le mot juif désigne une religion et non une ethnie ou un peuple, et les hébreux qui ont embrassé le judaïsme en Palestine, il y a 4 mille ans, n'étaient pas nés juifs. Tous les juifs du monde ne sont pas des hébreux. ...

Les Hébreux en Palestine composèrent une tribu venant de la Mésopotamie , au sein de laquelle naquit le Christ lui-même, qui parlait d'ailleurs l'araméen et non l'hébreu.
Le grand historien égyptien, Ibrahim Amin Ghali, nous apprend dans son livre « L'Égypte et les juifs dans l'antiquité », éditions Cojas 1969, que les hébreux seraient originaires de la péninsule arabique, lesquels remontèrent vers la Mésopotamie plusieurs siècles avant l'avènement du judaïsme. Mais ce n'est que de la près histoire (ou on y croit ou on y croit pas), comme le judaïsme lui-même d'ailleurs qui est l'ancêtre des deux autres religions monothéistes qui l'ont suivi.
Restons plutôt dans l'histoire connue
Il vaut mieux parler de la situation d'aujourd'hui, car pour tous ceux qui raisonnent de façon objective, l'humanité est « une seule mais divisible ». Ce qu'il convient de transmettre aux lecteurs et publics par tous les moyens possibles, c'est la vérité historique pure et simple. Dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité, point final. Ils convient de leur faire savoir que les sionistes qui ont occupé la Palestine n'ont aucun rapport avec ce pays, ni avec le sémitisme auquel ils prétendent appartenir, qu'ils sont venus de tous les coins du monde pour occuper la Palestine en utilisant la Bible comme référence divine.
In convient de leur dire que les sionistes occidentaux qui accusent d'antisémites quiconque ose critiquer Israël, n'ont aucun rapport avec la Palestine ni avec le  sémitisme qu'ils utilisent l'un des instruments idéologiques du sionisme, devenu une arme pour museler les peuples et leurs dirigeants. Ceci est prouvé historiquement, et beaucoup d'historiens juifs non sionistes ont écrit des livres à ce sujet.
En effet, les ancêtres des juifs ashkénazes ont été judaïsés dans le royaume des Khazars, qui comprenait les pays définis géographiquement à l'heure actuelle, tels la Russie du sud, le nord du Caucase, l'Ukraine orientale, la Crimée , le Kazakhstan occidental, le nord de l'Ouzbékistan et la Bulgarie. Rappelant que c'est le Roi des Khazars de l'époque (Boulan ou Bulan), qui avait offert l'hospitalité aux Rabbins de Pers et de Byzance, où ils étaient persécutés, qui avait initié le royaume à la religion
judaïque.[1] Ce dernier avait été convaincu par ses hôtes rabbins, et embrassé le judaïsme en 838. Sous le règne de Boulan, puis sous celui d'Ovadia des synagogues ont été construites dans tout le royaume, dont la majorité des sujets sont devenus juif. L'Etat juif des Khazars avait régné dans cette région du monde pendant trois siècles. Bien que la majorité des juifs ashkénazes sont concentrés dans ce qui est devenu plus tard l'URSS, d'où la plupart des juifs qui ont peuplé la Palestine sont venus de ce pays. Mais peu à peu les juifs ashkénazes se sont déplacés dans toute l'Europe d'abord, et ensuite dans l'ensemble des pays de la planète.
L'occupation de la Palestine
Ayant
été pendant très longtemps persécuté en Europe et ailleurs en Occident, et subi le génocide nazi, des Juifs ont accepté la proposition sioniste d'émigrer vers la Palestine. Les sionistes, qui avaient collaboré à un moment donné avec les nazis, ont profité de l'occasion de ce génocide pour réclamer et obtenir la reconnaissance de leur Etat en Palestine. Après la seconde guerre mondiale, ils ont exigé des pays impliqués dans leur persécution ou dans la collaboration avec les nazis, en les culpabilisant, pour faire reconnaître l'Etat d'Israël fondé par le lobby sioniste mondial en 1948, et ce au détriment de ses habitants d'origine : les Palestiniens. Non seulement les colons israéliens ont occupés illégalement la Palestine , mais ils ont fondé un Etat raciste sur les terres des Palestiniens, sur leurs corps et sur les décombres de leurs maisons.
C'est cette histoire qu'il convient de transmettre aux peuples du monde pour qu'ils sachent la vérité. Il faut aussi qu'ils sachent que les grandes puissances ont des responsabilités historiques dans le malheur du peuple palestinien. Ces derniers, en essayant de racheter leur implication dans la persécution des juifs, leur collaboration avec les nazis ou leur mutisme sur le génocide que ces derniers ont commis contre les juifs d'Europe, ils ont commis un autre génocide contre les Palestiniens en décidant de donner leur pays aux sionistes.
Appeler un chat un chat
Il convient de qualifier Israël et le sionisme comme étant les nouveaux nazis, et les actes barbares d'Israël du 27/12/2008 au 18/01/2009 contre les populations de Gaza l'ont prouvé. Mais ceux qui suivent régulièrement les évènements en Palestine savent que la barbarie de l'armée israélienne a dépassé de loin celle des de l'armée nazie. Deux exemples pour étayer ces arguments (en plus des barbaries susmentionnées).
1) Une femme palestinienne qui s'apprêtait à accoucher a été emmenée par l'ambulance vers l'hôpital. Celle-ci a été empêchée par les soldats de continuer sa route. La femme, après plusieurs heures d'attente a fini par accoucher au barrage. Les ambulanciers demandent alors aux soldats de les laisser emmener la femme et son enfant à l'hôpital, car le bébé état exposés à la mort. La réponse des soldats israéliens : vous pouvez les emmener à pieds si vous voulez (avec des éclats de rire) ! La femme à l'hôpital (accompagnée par les secouristes et son bébé) en marchant 5 k m à pieds avec le placenta dans le ventre !
2) Une prisonnière palestinienne a été emmenée à l'hôpital pour accoucher, en ayant les chaînes dans les pieds et dans les poignets. Et elle a accouché sans que ces chaînes lui soient enlevées de ses membres. Puis elle est revenue à la prison avec son bébé dans les mêmes conditions ! Nous avons vu tout le trajet de cette femme en direct sur Aljazeera !
Étant « la plus grande démocratie de la région », Israël autorise aux journalistes de filmer ses barbaries pour les montrer au monde. Il le fait surtout par ce que ses dirigeants savent que, quelque soient les actes que son armée commet, ils sont intouchables. Les dirigeants israéliens se permettent d'humilier l'humanité entière parce qu'ils savent que leurs « anges gardiens, les USA en tête, sont là pour les protéger. Et tout cela couronné par le silence, voire l'approbation de certains régimes traîtres arabes.
Ceci prouve que, par ses actes barbares et son arrogance, Israël a dépassé de loin les nazis. Et donc, les arguments ne manquent pas pour les militants justifient la comparaison d'Israël aux nazis. Il suffit d'avoir le courage de le dire. Si cette culture de la transparence et de la franchise domine chez les militants de la cause palestinienne, les ennemis de la paix finiront par s'éclipser car, pour reprendre l'expression de Mao Tse Tong, ils ne sont que des tigres en papier.
Un danger planétaire
Si la majorité des peuples occidentaux ne se lèvent pas contre les lobbies sionistes qui agissent de l'intérieur même de leurs institutions, empêchant ainsi toute sanction contre Israël, c'est parce qu'ils ne connaissent pas la vérité historique. La majorité de ces peuples pensent que c'est les Palestiniens qui occupent Israël parce que les médias occidentaux, dominés par les sionistes, déforment la réalité et font croire aux peuples que les Palestiniens sont les agresseurs, et les Israéliens ne sont que les victimes qui se défendent.
Profitant de l'ignorance des uns et de la peur des autres, les lobbies sionistes sont descendus (comme ils le font à chaque occasion) dans les rues de toutes les grandes villes des pays occidentaux, sans crainte ni scrupules, pour soutenir Israël dans ses massacres barbares contres les Palestiniens de Gaz en décembre et janvier 2009. Ils avaient fait la même chose quand Israël avait agressé le Liban en 2006. Ils agissent de la sorte, et avec arrogance, parce qu'ils se sentent soutenus par la majorité des gouvernements occidentaux, et que les peuples des pays où ils vivent ont peur d'être accusés d'« antisémite ».
Les sionistes occidentaux sont les poumons et l'oxygène d'Israël, et tant qu'ils disposeront de tous les atouts, ils continueront à soutenir Israël dans sa politique de l'apartheid. Si les crimes sont commis par les politiques et les soldats israéliens contre le peuple palestinien impunément, les criminels à distance sont ceux qui les financent et les soutiennent à tort et à travers. Ces derniers financent et soutiennent la guerre pour priver les enfants palestiniens et israéliens et naître et grandir en paix, alors qu'eux et leurs familles sont à l'abri, vivant très loin du conflit. Ce sont les commanditaires des crimes, et par conséquent sont plus criminels que les exécutants des crimes, et ceux qui savent cette vérité et laissent faire sont des complices.
Comme les lobbies pro israéliens sont incrustés dans tous les pays du monde, le conflit palestino israélien y est transposé et déstabilise toutes les sociétés où le soutien d'Israël est manifesté par ses amoureux. Par conséquent on peut estimer qu'Israël et le sionisme mondial constituent un danger planétaire.
Frapper la bête à la tête
Les militants pour la cause palestinienne et pour la paix ont le devoir d'appeler leurs peuples à dénoncer haut et fort le sionisme chez eux. Ils ont le devoir de les appeler à boycotter les sionistes aussi bien économiquement, financièrement, professionnellement qu'électoralement afin qu'ils n'aient plus le rapport de force avec lequel ils mettent à genou les dirigeants de chaque pays où ils ont un rapport de force. Ce n'est que lorsque ces militants se débarrassent de leurs complexes de culpabilité éternels, et appellent un chat un chat, que le mot paix qu'ils scandent dans les manifestations aura un sens. Sans cela, toutes les démarches seront vaines, et le militantisme des uns et des autres ne fait que prolonger la souffrance du peuple palestinien. Les militants continueront alors à jouer le simple rôle de corbillards qui accompagnent les morts à la morgue dans un silence macabre. Et dans ce cas précis, ils ont leur part de responsabilité dans le malheur de ce peuple innocent. Quand les militants pour la cause palestinienne, ou tout simplement pour la paix et la justice dans le monde, dénonceront haut et fort Israël et les lobbies sionistes qui agissent de l'intérieur même de leurs pays et de leurs institutions comme un danger pour la paix, on pourra prétendre à la réalisation de la paix au Proche-Orient. Cela ne sert à rien de dénoncer Israël et fermer les yeux sur ceux qui sont nos voisins et lui servent d'oxygène. Ceci dit, il faut frapper la bête à la tête pour en venir à bout et écarter le danger.
Quand les militants pour la cause palestinienne auront cette conscience et cette audace de ne plus avoir peur d'être dénoncés comme « antisémites », ils affronteront les ennemis de l'humanité de face pour les affaiblir, voire rendre leur rapport de force nul. Ce n'est qu'à ce moment-là qu'Israël sera obligé d'accepter de faire la paix avec les Palestiniens.

Chérif BOUDELAL

9 février 2009 


2-4 Une analyse de l'intervention de Noam Shalit : La Grande Illusion.

Voici de cela quelques jours, Noam Shalit (le « père de ») a fustigé le Hamas, au motif que celui-ci retiendrait son fils prisonnier sans raison.

Miraculeusement, il a réussi le tour de force d'oublier que son fils Gilad était bel et bien un soldat combattant, qui servait en tant que gardien de mirador d'un camp de concentration, et qu'il avait été capturé dans un bunker blindé surplombant Gaza…

Le Père Shalit a ainsi enjoint au Hamas d' « arrêter de nous prendre en otages des symboles de guerres du passé ».

Il a également prétendu que le Hamas serait impliqué dans rien moins qu'une « résistance imaginaire ».

Apparemment, ce sont là des déclarations vraiment gonflées, de la part d'un père supposé être extrêmement préoccupé par le sort de son fils.

La saga de Gilad Shalit est, à n'en pas douter, un cas d'étude exemplaire de l'identité israélienne.

En dépit du fait que Gilad Shalit est un soldat et qu'il a été directement impliqué dans les crimes de l'armée israélienne contre une population civile, les Israéliens et les lobbies juifs, dans le monde entier, persistent à le présenter comme une « victime innocente ». Le slogan massue de la campagne pour Shalit est celui-ci : « Gilad Shalit, un être humain, un JUIF ».

Alors, je me demande s'il est vraiment un simple « être  humain », comme le suggère ce slogan, ou bien s'il ne s'agirait pas, plutôt, d'un Élu, comme l'implique le prédicat « juif ». Et s'il n'est qu'un simple être humain, alors, pourquoi jugent-ils bon de rajouter ce « juif » ? Que peut-il donc bien y avoir, dans ce titre de « juif », qui puisse être dans l'intérêt de la campagne pour la libération de Shalit ?

Apparemment, le recours aux prédicats « être humain » et « juif », dans une telle proximité, est tout-à-fait informatif et significatif. Dans les discours juifs et « progressiste » post-holocaustiques, « être humain » est un synonyme d' « innocent » et « juif » est un succédané de « victime ».

Par conséquent, le slogan de la campagne pour Shalit doit être compris ainsi : « LIBEREZ Gilad Shalit, la victime innocente » [ !]

A ce stade, il est loisible de se demander comment un soldat combattant, servant de garde d'un camp de concentration, peut devenir ainsi une « victime innocente » ?

Apparemment, dès lors qu'il s'agit du discours israélien, peu de chose suffit. En réalité, c'est simplement une question de rhétorique.

Il est notable qu'au sein de la société israélienne, très militarisée, comme on sait, le soldat est exalté, son sang est précieux, en comparaison de celui de citoyens juifs ordinaires. Les Israéliens adorent leurs soldats, et ils pleurent toute perte de leurs forces armées avec de spectaculaires lamentations. Etant donné que «Tsahal» est une armée populaire, l'amour des Israéliens pour leurs soldats peut être perçu simplement comme une autre manifestation de leur amour-propre intrinsèque. Les Israéliens, tout simplement, s'aiment eux-mêmes autant qu'ils haïssent leurs voisins [ce qui n'est pas peu dire, ndt]. En Israël, la mort en opération d'un combattant de «Tsahal» reçoit généralement bien plus d'attention que celle d'un civil ayant été exposé à ce que d'aucuns qualifient de « terrorisme ».

De même, en Israël, un prisonnier de guerre de «Tsahal» aura tendance à focaliser un maximum d'attention médiatique. Ron Arad, Ehud Goldwasser et Gilad Shalit sont des noms qui sont cité dans tous les foyers, en Israël, leurs noms et leurs visages sont familiers, pour tous les Israéliens, ainsi que d'autres, qui sont parties au conflit. Considérant qu'Israël est constamment en état de guerre, l'intérêt collectif outrancier pour ce militaire est plutôt énigmatique, sinon intriguant.

Dans le roman national israélien, le soldat est campé comme un être innocent, « pris » dans une guerre qu'il est condamné à mener, à son corps défendant. Le combattant israélien est un combattant qui « tire dans le tas, puis sanglote ». Dans le narratif historique et dans la mentalité bernée israéliens, les Israéliens « aspirent à la paix » et c'est, d'une certaine manière, toujours « les autres » qui apportent l'hostilité et la violence. Cette auto-intoxication sans détours est tellement imbue dans l'image que les Israéliens ont d'eux-mêmes que cela leur permet de déclencher et d'initier une guerre après l'autre, sans cesser un seul instant d'être totalement convaincus que c'est toujours les « Arabes » qui tenteraient de rejeter les Israéliens à la mer.

En ce sens, il faut voir dans la « guerre contre le terrorisme » israélienne une bataille contre la terreur, à l'intérieur des Israéliens.

La bataille, constante, contre « les Arabes » est un biais qui permet de résoudre l'anxiété hébraïque auto-infligée que les Israéliens sont incapables de gérer, voire même de regarder en face. C'est précisément en ce sens que le fait de balancer des bombes au phosphore contre des femmes, des vieillards et des enfants, agit à l'instar d'une pilule collective de Valium : cela calme le mental israélien, cela apaise sa terreur intrinsèque. Tuer en masse, cela soigne l'état de terreur collective insulaire israélienne. Cela explique comment il se fait que 94 % de la population juive israélienne a soutenu le dernier génocide en date, à Gaza [ http://news.hosuronline.com/NewsD.asp?DAT_ID=722 ].

Les conséquences sont dévastatrices : non seulement la majorité absolue des juifs israéliens disent NON au commandement « Tu aimeras ton voisin », mais ils disent, en réalité, OUI au crime, en plein jour.

Dans leur mentalité manipulée, les Israéliens sont poussés à des guerres « où ils n'ont pas le choix » [héb. 'ein breira', ndt], « à l'insu de leur plein gré », en dépit du fait qu'ils ne sont que de simples « victimes innocentes ». En réalité, cette aliénation, ou plutôt, cette dissonance cognitive, est au noyau même de l'existence israélienne anti-éthique. L'Israélien est immergé dans une notion auto-inculquée de totale innocence ; c'est en quelque sorte toujours l'Autre qui endosse la culpabilité et la faute [1]. Cette contradiction totale entre l'auto-perception israélienne, à savoir l'« innocence » et la pratique israélienne manifestée, à savoir une barbarie inouïe, peut être perçue comme une forme grave de détachement du réel, prêt à verser dans la psychose collective.

Le cas Shalit incarne très bien cette inadéquation. Sans cesse, les officiels israéliens et les lobbies juifs nous demandent de faire preuve de notre compassion à l'égard d'un soldat combattant qui servait de gardien de la plus grande prison de toute l'Histoire. Un Américain de droite, par exemple, aurait la décence de ne pas requérir notre empathie compassionnelle envers un marine US qui aurait été blessé durant son service en tant que tortionnaire à Guantanamo Bay. De même, rares sont ceux qui oserait requérir notre empathie compatissante envers un fantassin allemand qui aurait joué un rôle similaire à celui de Gilad Shalit dans un camp de concentration, en Europe orientale, au début des années 1940. De plus, quelqu'un peut-il imaginer le genre de protestation juive que soulèverait une campagne imaginaire utilisant un slogan suprématiste du type : « Libérez Wolfgang Heim, un Etre humain, un Aryen ! » ??

Autant je comprends la grave préoccupation de Noam Shalit pour le sort de son fils, autant je ne peux que lui donner ce conseil, en espérant qu'il le prendra en considération : son fils Gilad n'est pas exactement ce qu'on pourrait appeler un ange innocent. Au minimum, à l'instar de tous les Israéliens, il fait partie intégrante du perpétuel péché israélien. Il était soldat dans une armée criminelle qui sert une cause criminelle et qui lance des guerres criminelles. Je suggère donc sincèrement à M. Noam Shalit d'envisager de modifier son discours. Il devrait laisser tomber son ton de prédicateur bien-pensant, et adopter, en lieu et place, soit la dignité, soit un appel désespéré à la merci du Hamas. Soit vous reconnaissez les exactions de votre fils et vous êtes fier de lui, en militant nationaliste juif que vous êtes, soit (mais pas les deux à la fois) vous sollicitez la clémence du Hamas. Si j'étais à sa place, je choisirais probablement la seconde option. Noam Shalit ferait bien mieux d'éliminer le mot « otage » de son dictionnaire. Ni lui ni son fils ne sont des otages du Hamas. S'ils sont otages de quelque chose, c'est d'un projet nationaliste juif qui est ne va pas tarder à attirer la pire des catastrophes sur le peuple juif. Ils sont tous deux prisonniers d'une guerre criminelle contre « ton prochain », à savoir la population civile palestinienne.

Etant donné les crimes contre l'humanité qu'Israël perpètre de manière réitérée, tout ce qui reste à faire à l'Etat juif, c'est produire un bourrage de crânes purement rhétorique qui, en effet, devient de plus en plus fallacieux et inopérant. Aussi n'ai-je pas été autrement surpris de découvrir que Noam Shalit n'est pas simplement un père en souci, c'est aussi un polémiste postmoderniste pénétré. «La résistance : contre quoi ? Contre qui ?», feint de s'interroger le père Shalit, tentant de passer par pertes et profit, sans autre forme de procès, la cause palestinienne. Vous, les gens du Hamas, vous êtes en train de nous prendre « en otages de symboles qui appartiennent, dans le meilleur des cas, aux guerres d'hier, au monde d'hier, qui a depuis lors changé au point d'en être méconnaissable ! »

M. Shalit, j'aimerais que vous nous disiez qu'est-ce qui, au juste, a « changé au point d'être méconnaissable » (si ce n'est le paysage de Gaza ?). S'il vous plaît : éclairez notre lanterne, car, tout ce que nous sommes en mesure de voir, c'est que vous-même, vous continuez à vivre sur une terre palestinienne volée, et que vous faite de l'appel biblique au pillage une réalité contemporaine dévastatrice. Ce que nous voyons, c'est que vos fils et vos filles continuent à être impliqués dans des pratiques génocidaires assassines, comme ils n'ont jamais cessé de l'être depuis soixante ans.

M. Shalit, permettez-moi de vous donner un conseil : réveillez vous, le plus tôt sera le mieux ! Il n'y a strictement rien de changé, en réalité, tout au moins, du côté israélien. Le seul changement que je sois en mesure d'apercevoir, c'est le fait roboratif que vous et votre peuple, vous ne remportez plus de victoire militaire. Certes, vous vous arrangez toujours pour tuer des enfants, des femmes et des vieillards ; certes, vous avez trouvé le moyen de lâcher des armes non-conventionnelles sur des civils habitant la région la plus densément habitée de notre planète, néanmoins, vous n'avez pas remporté la guerre. Vos campagnes militaires n'apportent strictement rien, si ce n'est la mort et le carnage. Vos agissements génocidaires meurtriers n'ont abouti à rien, si ce n'est à démasquer, d'une part, ce qu'a toujours été le projet national juif et, d'autre part, ce dont l'Israélien est capable.

Votre puissance de dissuasion imaginaire fond comme neige au soleil tandis que j'écris ces mots, et les roquettes du Hamas continuent à pilonner le sud d'Israël. Reste que l'État juif s'est assuré d'une position éminente d'incarnation du mal.

Si un « changement au-delà du reconnaissable » peut être décelé, c'est bien le fait qu'après Gaza, nous savons tous qui vous êtes. Et dans quel camp vous vous situez !

Note :

[1] : Les Amalécites, l'Inquisition espagnole, les nazis, les Polonais, les communistes, les Arabes, le Hamas, le Venezuela, l'Iran et, depuis peu, la Turquie.

Gilad Shalit: The Grand Illusion A Discourse Analysis

Gilad Atzmon

PalestineThinkTank.com, 7 février 2009

Traduit de l'anglais par Marcel Charbonnier

http://palestinethinktank.com/2009/02/09/gilad-atzmon-gilad-shalit-the-grand-illusion/

http://www.robertbibeau.ca/palestine/GiladShalit.doc



4 Dossier

Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage les analyses ou point de vue des auteurs, mais doit être vu comme information 

4-1  Mohamed Hassan : Expliquer le succès du Hamas.
Interviewé par: Grégoire Lalieu et Michel Collon

Pour les grands médias, l'affaire semble entendue : le Hamas est terroriste, intégriste et fanatique. Pourtant, ce mouvement a gagné les dernières élections et sa popularité ne cesse de croître auprès des Palestiniens. Pourquoi ?

Nous l'avons demandé à Mohamed Hassan, auteur de "L'Irak face à l'occupation", et un des meilleurs spécialistes du Moyen-Orient...
Qu'est réellement le Hamas ?
Le Hamas est un mouvement politique issu d
'un des plus vieux mouvements politiques d'Egypte, les Frères Musulmans. Le mot « Hamas » signifie l'éveil, il fait référence à quelque chose en éruption... C'est un mouvement nationaliste islamiste que l'on pourrait comparer au mouvement nationaliste irlandais. Face à l'occupation coloniale de l'Irlande par les Britanniques, se développa à partir de 1916 un mouvement de résistance, l'Irish Republican Army. Comme les Irlandais étaient catholiques et les colons britanniques protestants, l'occupant tenta d'en faire une guerre de religions. La religion peut être utilisée pour mobiliser un peuple pour une cause.
Quel contexte historique explique l'émergence du Hamas ?
Pour le comprendre, nous devons prendre en considération différents événements historiques. Le premier est la guerre des Six Jours qui discrédita le nassérisme en 1967. Nasser était un président égyptien qui encouragea une révolution arabe pour l
'indépendance et le développement. Suite à la sévère défaite que lui infligea Israël, son idéologie perdit en influence. Après sa mort, l'Egypte et Israël entrèrent à nouveau en conflit lors de la guerre d'Octobre en 1973. L'Egypte et la Syrie voulait récupérer des territoires sous occupation israélienne. Finalement, l'Egypte et Israël signèrent un accord, mais cet événement marqua une profonde division dans le monde arabe entre les pays qui étaient prêts à accepter les conditions israéliennes et ceux qui voulaient résister comme la Syrie, l'Algérie, l'Irak... Bien sûr, la question palestinienne restait un élément crucial dans ces conflits. La résistance à Israël avait d'ailleurs mené à la formation de l'OLP, l'Organisation pour la Libération de la Palestine. Cette organisation a été créée dans le but de rassembler les différents mouvements de résistance pour allier leurs efforts dans la résistance à Israël. Avant de négocier avec cette organisation lors des accords d'Oslo, Israël la considérait comme un groupe terroriste et lui infligea plusieurs défaites qui peuvent expliquer l'émergence du Hamas.
La première défaite survint avec le septembre noir de 1970. L
'OLP avait son quartier général en Jordanie où le roi Hussein négocia un accord avec Israël pour réprimer brutalement l'insurrection palestinienne. L'OLP fut alors obligée de fuir vers Beyrouth. La seconde importante défaite survint en 1982. Israël attaqua le Liban et la plupart des combattants de l'OLP durent partir très loin de la Palestine. Le QG de l'organisation fut établi à Tunis. C'est dans ce contexte particulier qu'arrive la première Intifada en 1987. L'Intifada était un soulèvement populaire en réaction à l'occupation israélienne qui a démarré à Gaza et a ensuite gagné la Palestine tout entière. Comme je l'ai dit, l'OLP se situait très loin à ce moment-là. Le Hamas au contraire se trouvait en Palestine et prit part à l'Intifada. Cet événement marque l'arrivée de ce mouvement qui débuta dans les prisons ! Les prisons étaient habituellement considérées comme un lieu de punition. Mais après que des résistants de l'Intifada furent emprisonnés, la donne changea ! C'est dans les prisons que le Hamas commença à recruter et à se développer en tant qu'organisation. Avec l'Intifada, le Hamas fut exposé à l'opinion palestinienne, l'opinion israélienne et l'opinion internationale.
Comment l'OLP réagit-elle à l'Intifada ?
Avec l
'Intifada, l'OLP se divisa en deux ailes : la plus forte qui voulait continuer la résistance et qui était basée à Tunis et une autre moins importante qui voulait négocier un accord.

Ces membres-là se cachaient et n'eurent pas le courage de défendre leurs opinions jusqu'aux accords d'Oslo où ils se manifestèrent au grand jour et devinrent plus forts. Arafat était un tacticien et après la fin de la première Intifada, il utilisa les différents courants palestiniens dans le but de ramener l'OLP en Palestine.
Quels étaient ces courants ?
D
'abord, vous avez ceux qui voulaient continuer le combat contre Israël sans concession.

Arafat devait les marginaliser pour obtenir quelque chose. D'un autre côté, vous avez ceux qui voulaient capituler, et ils dirigent le gouvernement palestinien aujourd'hui. Enfin, il y a la bourgeoisie qui souhaitait tirer profit d'une négociation. Arafat les utilisa pour obtenir ce qu'il voulait. Cela nous mène aux Accords d'Oslo en 1993. Ces accords ont permis à l'OLP de revenir en Palestine mais à part ça, ce fut une grande défaite. Les Palestiniens acceptèrent 22% de leurs terres. Il n'y a aucun accord dans l'Histoire qui confère à une partie seulement 22% de ce qu'elle demandait ! L'OLP n'était plus considérée comme une organisation terroriste et gagna la reconnaissance d'Israël, mais elle réussit pas à réellement améliorer la situation à Gaza et en Cisjordanie. Rien dans l'accord n'a été mentionné pour mettre fin à la colonisation israélienne. Cet élément a discrédité l'autorité palestinienne auprès de la population et a aussi contribué au succès du Hamas en tant que mouvement de résistance. Un autre élément important est le fait que l'autorité palestinienne, qui recevait des fonds de l'Occident, est devenue corrompue. Rien n'indique que le Hamas ait ce problème. D'une part, ses principales sources de revenus proviennent d'un système basé sur la charité dans le monde musulman. D'autre part, vu qu'ils critiquent l'autorité palestinienne sur le problème de la corruption, ils veillent sérieusement à ce que cela ne se produise pas dans leurs rangs.
Comment expliquer le succès du Hamas ?
Trois facteurs expliquent le succès du Hamas. Le premier est le maintien de la résistance et le refus de toute solution imposée, ce qui correspond à la volonté de la population. Le second facteur est que le Hamas exige le retour des réfugiés de 1948 et de 1967. En 1948, après la création de l
'Etat d'Israël, beaucoup de Palestiniens furent expulsés du territoire. Avec la guerre des Six Jours en 1967, environ 300.000 réfugiés partirent en Jordanie. Aujourd'hui, c'est plus de six millions de réfugiés qui n'ont pas le droit de revenir dans leur pays ! En revanche, en tant qu'Etat juif, Israël accueille n'importe quel juif de n'importe où : Espagne, Russie, Ethiopie... Des personnes qui n'ont jamais été vues en Palestine auparavant! La question des réfugiés est un élément important des revendications palestiniennes dont le Hamas s'est fait le porte-parole.
Le dernier facteur qui a contribué au succès du Hamas est l
'élimination au sein de la communauté palestinienne des personnes corrompues par Israël pour obtenir des informations. Quelques-uns ont été éliminés physiquement et la plupart - des délinquants, des alcooliques ou des dealers - ont été réintégrés via les programmes sociaux du Hamas. L'information ne circulait donc plus. C'est très important. Israël avait créé une société corrompue où tout le monde était contre tout le monde et a exploité cela pour construire un réseau d'informations et établir un certain contrôle sur la résistance palestinienne. C'est typique d'une mentalité coloniale. Les Britanniques ont appliqué cela en Irlande du Nord. Rien de nouveau. Mais le Hamas a réussi à détruire ce réseau, ce qui constitue une grande victoire sur Israël.
Certains disent qu'Israël a délibérément favorisé l'ascension du Hamas. Est-ce vrai ?
Pas du tout ! Il n
'y en a aucune preuve.

Israël a toléré le Hamas en espérant que surviennent des conflits interpalestiniens. Ils voulaient affaiblir l'OLP et le Fatah. Mais ils ne s'attendaient pas à la qualité, la capacité et l'organisation dont a fait preuve le Hamas en se développant de telle manière. Toute puissance coloniale considère immanquablement ses sujets comme des enfants naïfs.
Comment un mouvement islamiste est-il devenu si populaire en Palestine?
Sous l
'occupation à Gaza et dans les autres territoires, il n'était pas possible pour les Palestiniens de discuter ouvertement ou même d'imaginer leur futur excepté dans deux endroits : la mosquée et l'université.

Le Hamas était bien entendu déjà actif dans le premier. Mais il a ensuite commencé, comme n'importe quel autre parti politique, à se manifester dans les organisations étudiantes. Le marché est ouvert pour tous les partis ! Le Hamas a donc recruté de jeunes étudiants brillants, qui étaient bien perçus dans la société en raison de leur dévouement et de leur honnêteté. C'était facile pour le Hamas de les convaincre, car la volonté de résister les unissait. Il n'y a pas de mystère! Le Hamas exprime ouvertement ce que la population ressent dans son cœur. Avec les éléments les plus combatifs, les plus intelligents et les plus éduqués de la société, le Hamas est devenu une grande organisation.
Comment les autorités palestiniennes ont-elles réagi à l'évolution du Hamas ?
Elles ont été touchées par la corruption et les scandales.

Même des journalistes palestiniens les ont condamnées pour ça. Arafat était une espèce d'arbitre entre les différentes factions. Mais après sa mort, les contradictions entre le Hamas et le Fatah sont devenues antagoniques. Israël a exploité ces dissensions et a entrepris d'utiliser le Fatah pour entamer la popularité du Hamas. Ils pensaient que celui-ci n'accepterait pas de participer à des élections. C'est pourquoi ils mirent vite sur pied un scrutin. Tout le monde fut surpris que le Hamas accepte de participer, mais personne ne fut réellement inquiet. Ils pensaient en effet que le mouvement, en présentant une manière de penser dogmatique et très limitée, serait vaincu par le parti majoritaire. Contre toute attente, le Hamas créa une coalition et offrit une image flexible, très loin de ce qu'on aurait pu attendre d'une organisation fondamentaliste. En fait, le Hamas souhaite un Etat islamiste mais la réalité est différente.
Le Hamas va-t-il ou non instaurer un régime islamiste en Palestine ?
Un régime islamiste est le but ultime du programme du Hamas, mais il faut comprendre qu'il ne pourra jamais l'appliquer. En effet, sur le terrain, l'organisation est basée sur un mouvement patriotique. Il faut savoir que la guerre brutale menée par Israël contre Gaza n'a pas seulement mobilisé les forces du Hamas, mais bien toutes les forces patriotiques, y compris celles du Fatah. Cette agression a unifié le peuple palestinien.

Le Hamas peut-il devenir un mouvement plus progressiste en alliance avec d'autres mouvements ? Oui, en raison de l'agression israélienne.

L'idée que le Hamas puisse créer une société basée sur des modes de productions islamistes est une illusion. C'est tout simplement impossible. Sur bien des points, cette organisation ressemble au Hezbollah qui dit : « Le Liban est un pays d'une grande diversité, nous n'en représentons qu'une fraction et notre but est d'édifier avec tous les progressistes libanais une économie nationale indépendante. » Je voudrais vous faire remarquer au passage que personne ne pose ce genre de question pour des pays comme l'Arabie Saoudite.
Quel est le programme socio-économique du Hamas ?
Leur projet est une économie capitaliste marquée par une intervention importante de l
'Etat. Notons qu'actuellement, même les libéraux européens souhaitent une intervention de l'Etat ! Si vous regardez l'Iran, vous avez un régime islamiste : du capitalisme avec une intervention de l'Etat. Mais ils refusent les dominations extérieures et redistribuent les richesses provenant du pétrole. En ce qui concerne le Hamas, il faut savoir que ce n'est pas essentiellement leur programme social qui a séduit les Palestiniens mais bien le fait que ce mouvement incarne la résistance. Et aujourd'hui, la résistance est ce qui compte le plus pour le peuple de Palestine.
Quel est le rôle de la femme selon le Hamas ?
Leur vision de la femme en théorie et en pratique est différente.

Pourquoi ?

En Palestine, la situation est très difficile. Les femmes doivent travailler pour gagner leur propre croûte et élever leurs enfants. Le Hamas ne pourra jamais les empêcher de travailler et les forcer à rentrer à la maison. À part quelques riches pays pétroliers, personne ne pense comme ça dans le monde arabe. Comment le Hamas pourrait-il retirer de la société plus de 50% des éléments les plus actifs de la société palestinienne ? En fait, celui qui ne respecte pas la femme est celui qui croit qu'il est possible de la contrôler comme un sujet passif.
Il y a des différences culturelles entre le monde arabe et l
'Occident qui ne sont pas bien comprises parce qu'elles reposent sur des clichés. Prenons un exemple. Quand vous allez dans une librairie par ici, vous voyez des tas de magazines avec des blondes nues aux gros seins sur les couvertures... Personne ne se dit que c'est dégoûtant et que ces femmes devraient être mieux traitées. Mais quand on voit une femme portant un foulard, on parle d'oppression ! Il y a une sorte d'hypocrisie en Occident. Par exemple, en Indonésie, le régime actuel a été mis en place en 1965 par un coup d'Etat au cours duquel un million de communistes ont été massacrés. Aujourd'hui, la plupart des femmes portent le foulard là-bas. Mais personne ne s'indigne de leur situation, car ce pays produit du pétrole et est aligné sur l'Occident.
Pourquoi le Hamas est-il rejeté en Europe ?
L
'islam n'est pas bien vu en Europe parce que cette dernière s'identifie au christianisme.

Il y a un réel rejet de la contribution musulmane au développement de la civilisation occidentale. En tant que groupe islamiste, le Hamas est donc mal perçu.

Mais pourquoi une personne, qui condamne le sionisme, a-t-elle un problème avec le Hamas?

Et pourquoi la même personne, qui soutient la cause irlandaise, n'a-t-elle aucun souci en ce qui concerne une organisation catholique ?

Les différences culturelles expliquent cela et c'est un phénomène que l'on peut observer.
Je reviens juste d
'Egypte. J'ai pu constater qu'en traversant la Méditerranée, on change de monde, on change de façon de penser. Je ne blâme pas les Européens, ils sont marqués par leur éducation et la propagande médiatique. De plus, nous sommes dans un système où nous devons toujours identifier des ennemis pour justifier notre propre existence. Mais je crois qu'il faut faire la part des choses. Moi-même, en tant que marxiste vivant dans un pays occidental, j'ai bien sûr des contradictions avec le Hamas ou le Hezbollah. Je regrette que la résistance soit menée par un mouvement qui prend son inspiration dans l'Islam. Mais ces contradictions sont secondaires actuellement. En revanche, je suis complètement opposé à des personnes telles qu'Abbas ou Moubarak, qui sont des laïcs mais qui servent les intérêts des Etats-Unis. Je lis les infos en arabe, je connais bien la situation là-bas et je perçois les contradictions d'un point de vue différent de celui de la gauche européenne.
Pourquoi la gauche européenne ne supporte-t-elle pas ouvertement la résistance palestinienne ?
Le problème de la gauche européenne, c
'est qu'elle refuse de faire une grande alliance contre l'impérialisme, à cause du Hamas, des femmes voilées et de toutes sortes de prétextes. En fait, elle se laisse aller à la grande alliance des Chrétiens contre l'Islam, elle rentre dans la 'guerre des civilisations' lancée par les idéologues américains. Elle subit très profondément cette influence, beaucoup plus qu'elle ne le croit. Pourquoi la gauche européenne ne s'énerve-t-elle pas lorsque des fascistes chrétiens, comme les phalangistes, massacrent au Liban ? Pour ma part, en tant que laïc, j'ai soutenu la résistance des Irlandais contre l'occupation britannique et je n'avais aucun problème avec le fait que ces Irlandais étaient catholiques. En fait, le problème de l'Européen, c'est qu'il a été élevé dans une civilisation qui a des préjugés sur les juifs et les musulmans.
Pourquoi la question palestinienne est-elle si importante pour les Etats-Unis ?
La Palestine est un petit pays qui est malgré tout devenu l
'un des enjeux les plus importants dans le monde pour deux raisons.

La première est que l'Etat colon qui a été créé, doit être défendu par les puissances impériales, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, pour devenir l'élément dominant du Moyen-Orient.

C'est un moyen d'écraser le mouvement révolutionnaire démocratique dans la région. Si vous écrasez la question palestinienne, vous empêchez une alliance du monde arabe avec toutes les lignes de résistance en Irak, au Liban...

Avant, c'était le Shah d'Iran qui jouait le rôle de policier dans la région.

Les Etats-Unis avaient placé une dictature militaire pour servir leurs intérêts dans la région. Aujourd'hui, c'est Israël. L'un des exemples les plus marquants de cette pratique est la révolution dans le Yémen du Nord dans les années 60. Un putsch avait été lancé par quelques officiers soutenus par l'Egypte pour instaurer une république démocratique. Le Cheik qui dirigeait le Yémen s'enfuit en Arabie Saoudite.

Alors, les Britanniques organisèrent des troupes contre la jeune république pour écraser le mouvement nationaliste arabe et des soldats, entraînés par Israël, furent impliqués pour combattre les forces de libération. Israël envoya également des milices au Salvador, au Sri Lanka, en Colombie...

En fait, partout où les Etats-Unis sont impliqués, Israël était ou est impliqué.
La seconde raison est l
'enjeu de Jérusalem en tant que ville sainte. C'est la seconde ville en ordre d'importance pour l'Islam. La question mobilise donc tous les musulmans à travers le monde. Jérusalem est aussi très importante pour les chrétiens palestiniens. Israël ne l'abandonnera pas. Ce serait considéré comme une victoire pour les Palestiniens et l'Islam. De plus, située sur la frontière entre Israël et la Cisjordanie, Jérusalem occupe une position stratégique dans la politique d'expansion israélienne. En fait, il faut savoir que cet Etat n'a pas de frontières bien définies. Il n'a même pas de constitution ! Israël a donc les coudées franches pour continuer à s'étendre.
En massacrant aussi sauvagement à Gaza, quel message Israël veut-il faire passer ?
Le message est : « Israël sera toujours là, même avec l
'arme nucléaire. Il peut vous imposer ce qu'il veut ».
Et ça marchera ?
Non, parce que de l
'autre côté il y a des combattants qui n'ont plus rien à perdre et qui sont prêts à se sacrifier, chose que l'on ne trouvera pas dans les rangs de Tsahal. Avec son attaque, Israël n'a rien obtenu sur le fond. Tout du contraire, le Hamas va ressortir renforcé de ce conflit. Même en Cisjordanie, les gens disent que s'il y avait des élections, ils voteraient pour ce parti. En fait, ceux qui résistent gagnent toujours.
10 février 2009


4-2 Elections Israéliennes : Le vrai visage du sionisme dévoilé.

Quelque soit l'issue des prochaines élections en Israël, le masque est définitivement tombé pour laisser désormais apparaître la vraie nature du Sionisme : dans sa cruelle brutalité raciste fascisante avec le tandem Netanyahu Lieberman, ou par la tromperie, le simulacre de démocratie, avec celui de Livni Barak. Deux slogans racistes "porteurs" dans la campagne : "Morts Aux Arabes" (voir photo ci dessous )," Pas de Citoyenneté Sans Loyauté".

Dans un éditorial (07/02/09) paru sur AlQuds AlArabi, l'écrivain Subhi Hadidi cite un extrait d'un article de Gideon Levy, journaliste israélien, paru la veille dans le quotidien Haaretz :
"Benjamin Netanyahu sera semble-t-il le prochain premier ministre. En cela, il y a cependant quelque chose d'encourageant. L' élection de Netanyahu va libérer Israël du souci de continuer à tromper le monde : s'il peut établir un gouvernement de droite ( extrême droite en se référant aux normes européennes ndlt) le voile tombera et le véritable visage de la nation apparaîtra face aux citoyens et au reste du monde, y compris les pays arabes. Ensemble avec le monde, nous verrons quelle direction nous aurons et qui nous sommes réellement. La mascarade qui dure depuis des années sera désormais terminée.
L' élection de Netanyahu va certainement tirer le rideau sur la grande fraude - le meilleur show en ville - le mensonge des "négociations" et l'injustice du "processus de paix". Israël affirme constamment que ces actes prouvent que l'état se concentre sur la paix et la fin de l'occupation. Pendant ce temps là il a tout fait pour renforcer l'occupation et repousser toute chance d'un accord."

L'élection de Livni ou Barak signifierait la continuité de ce processus frauduleux, mais à l'opposé:
"Netanyahu offrirait quelque chose d'autre. Premièrement, il est un représentant fidèle du "point de vue israélien authentique" - une méfiance pratiquement totale des Arabes et un pessimisme quasi total quant à la possibilité d'arriver à un accord de paix avec eux, mélangé à une attitude condescendante et déshumanisante. Deuxièmement, il provoquera finalement la colère de la communauté internationale à notre égard, y compris celle de la nouvelle Administration US. Tristement, cela pourrait être, la seule chance pour que se produise un réel changement ."
Hadidi cite ce passage puis rappelle certains points de la carrière politique de Netanyahu, mais seulement pour faire remarquer que " le point de vue authentique israélien" dont parle Gideon Levy, n'a pas changer, en fait tout ce qu'on peut attendre c'est plus de ce "mélange de terreur et de sauvagerie" qui lui est propre.
Source : www.uruknet.info?p=51605 - 07/02/09

Le tandem Netanyahu Lieberman.

Les deux hommes sont d'accord sur le thème central de la campagne d'Avigdor Lieberman du parti d'extrême droite Yisraël Beitenou à savoir :
"Pas de Citoyenneté sans Loyauté"
Lieberman a promis à ses supporters d'extrême droite que s'il était élu premier ministre il ferait voter une loi pour concrétiser ce slogan de campagne qui vise à dépouiller de la citoyenneté israélienne toute personne refusant de prêter serment de loyauté à l'état SIONISTE JUIF. Il est bien évident que cette exigence raciste vise principalement la population arabe israélienne. Lieberman n'a jamais caché son intention d'accentuer le nettoyage ethnique d'Israël, y compris en rattachant une partie de la Galilée, principalement peuplée d'arabes israéliens, au futur "état palestinien" constitué de Bandoustans après annexion d'une grande partie des colonies de Cisjordanie. il a d'ailleurs affirmé lui-même devant ses supporters que cette proposition de loi vise "à combattre le manque de loyauté des arabes israéliens" qu'il considère comme une cinquième colonne.
Jeudi , le dirigeant du Likud - dont la Charte du parti ne reconnaît pas le droit à la création d'un état palestinien : " Le gouvernement d'Israël refuse catégoriquement l'établissement d'un Etat arabe palestinien à l'Ouest du Jourdain", Netanyahu, parlant de "paix économique" avec les Palestiniens, autrement dit renforcer l'état d'Apartheid - a déclaré dans une interview accordée à la chaîne TV2 que cette loi était tout à fait "légitime", qu'elle avait déjà été proposée par un député du Likud, Yisrael Katz, mais qu'elle posait un problème d'application.
Il existe un exemple dans l'histoire d'une telle loi, c'est une loi Nazie de 1935 concernant les "certificats de citoyenneté". Dans un article d'opinion publié sur Ynetnews (site du quotidien israélien à grand tirage Yedihot Aharonot) un professeur de psychologie israélien à l'Université hébraique, Leon Deouell, a expliqué la dangerosité d'une telle loi :
"Le slogan " sans loyauté pas de citoyenneté" appartient aux régimes les plus sombres. Dans de tels régimes, des individus ont été détenus, torturés, envoyés dans des camps de travail ou de réhabilitation, ou ont simplement "disparu" parce que quelqu'un les soupçonnaient de ne pas être loyaux. Dans de tels régimes, les citoyens vivent dans la frayeur et ont peur de s'exprimer craignant que quelqu'un interprète ce qu'ils disent comme une critique; ils se racontent en secret des blagues (oublier les satires politiques à la TV) tout en redoutant que des voisins ou amis ne les dénoncent.
"Sans loyauté pas de citoyenneté" cela semble logique et parle à notre sens naturel de la justice. C'est pourquoi ce slogan semble légitime. Pourquoi l'état devrait-il répandre ses bienfaits auprès de ceux qui ne sont pas loyaux et le critique ? Cependant, c'est un piège qui nous conduira à une vie de frayeur. Après tout, qui va déterminer ce que veut dire loyauté ? Et comment allons nous faire la distinction entre le manque de loyauté vis à vis de l'état, et celle d'une position critique vis à vis des autorités ? A partir du moment ou la loyauté sera déterminée par les autorités, toute forme de critique sera considérée comme un manque de loyauté. "

Il continue ensuite en expliquant comme ce processus s'enracine et se développe pour finalement ériger un état fasciste, exigeant une soumission totale de tous ses citoyens, et conclut que Lieberman et son parti appellent à la destruction des " droits élémentaires démocratiques".
"Lieberman ne parle pas de la plupart des citoyens. Pourtant cela les concerne tous. Il parle de quiconque n'est pas d'accord avec sa perception de l'état et sa direction. S'il vous plaît lisez le programme d'Yisrael Beitenou, il ne dissimule rien. Dans la clause portant sur "Citoyenneté et Egalité", sous l'intitulé " attitude plus stricte contre la subversion" est écrit : " nous agirons pour bannir les partis et mouvements dont les mots ou les actes constituent une incitation contre l' Etat d'Israël comme Etat Sioniste Juif et qui sapent son existence".
"Ensuite, regardez les flashs publicitaires de la campagne électorale d'Yisraël Beitenou à la TV qui montrent des cas de manque de loyauté, suivis par une voix off menaçante disant " pas de citoyenneté sans loyauté". Et quels sont les exemples fournis ? Des manifestants protestant contre l'opération à Gaza tenant des pancartes près de la cloture de l'Université de Jerusalem. La conclusion c 'est que ceux qui protestent contre les décisions du gouvernement manquent de loyauté. C'est dit de manière claire et nette. Et, où situons nous la ligne rouge en matière de loyauté ? Balad (parti arabe israélien ndlt) ? Hadash (parti communiste israélien ndlt) ? Meretz (parti de gauche équivalent du PS français ndlt) ? Ou peut être Kadima qui a engagé des pourparlers pour rendre les Hauteurs du Golan ?
"Et sur le plan personnel - avez vous fait un don à Peace Now ? Avez vous participé au rassemblement de masse après le massacre de Sabra et Chatila ? ( diffamer le pays publiquement). Avez vous exprimer votre solidarité avec le Mouvement des 4 mères ? ( affaiblir la volonté des troupes au Liban). Avec vous soutenu les Accords d'Oslo lors du rassemblement pour la Paix le 4 Novembre 1995 ? Peut être avez vous soutenu le démantelement des colonies de Gaza ? ( Faire la promotion de la rédition de territoire à l'ennemi et contribution au succès du terrorisme)."

Comme de nombreux exemples historiques le montrent clairement, d'abord ce type de loi est utilisé contre des minorités pour être étendu ensuite à tous les citoyens qui vivent dans la peur de perdre leur emploi, leur logement, que leur famille soit menacée et qui choisissent de se taire à l'exception de quelques rares individus qui pourchassés s'exilent craignant pour leur vie. C'est une réalité qu'ont du affronté à différentes époques de nombreux citoyens dans des pays comme l'Allemagne, l'Espagne, le Portugal, la Grèce, l'Argentine, le Chili, l'Afrique du Sud etc...
Il n'y a rien non plus à attendre du tandem Livni Barak comme l' a montré la dernière offensive barbare contre la population palestinienne de la Bande de Gaza. Eux aussi sont prêts à tout pour assurer la survie du Sionisme, car il s'agit bien de la survie non pas d'un Etat mais d'un régime qui a finalement dévoilé son vrai visage celui du colonialisme le plus brutal, le plus sanglant de l'histoire moderne.
http://www.alterinfo.net/Elections-Israeliennes-Le-Vrai-Visage-Du-Sionisme-Devoile,-Celui-D-Un-Regime-Colonial-Raciste-Fasciste_a29611.html

Myriam Abraha
http://www.planetenonviolence.org


4-3 La majorité des sionistes soutiennent le programme raciste et fasciste de Lieberman.

Visionnaire, Lieberman affirme que son parti sera en tête aux prochaines élections de 2013. Simple vantardise d'un homme grisé par son succès?

Non, la Jeunesse Sioniste le suit, Ilan Gur Ze-ev, ( voir photo) professeur de philosophie de l'éducation à l'Université de Haifa le justifie. Boycott culturel et universitaire d'Israël et plus particulièrement de ce professeur.

Professeur en philosophie de l'education, Ilan Gur Ze'ev, Université de Haifa - Boycott

La majorité des sionistes israéliens soutient ce programme raciste et fasciste d'où le succès de Lieberman. Ce dernier voit son parti, Yisrael Beitenou, crédité d'une percée spectaculaire devançant même le parti travailliste. Si la tendance se confirme, il deviendra ainsi la troisième force politique du pays après le Likud et Kadima au coude à coude. Fort de ce succès, Lieberman affirme que pour les prochaines élections de 2013 son parti sera en tête. Simple délire d'un homme ivre de son succès ?
Non, le plus inquiétant c'est que les jeunes Sionistes israéliens de 16 - 18 ans (prochains électeurs) confirment cette éventualité.
Le parti de Lieberman, Yisrael Beitenou, attire de plus en plus de jeunes Sionistes israéliens, dont les enfants d'immigrés russes et des pays de l'ex Union Soviétique arrivés dans les années 90, mais pas seulement eux. Ces jeunes supporters de ce parti fasciste, avec leurs semblables de l'extrême droite religieuse des colonies de Cisjordanie, rivalisent désormais avec les jeunesses hitlériennes.
" Cela fait longtemps que ce pays a besoin d'une dictature. Nous avons besoin de quelqu'un qui puisse mettre de l'ordre. Lieberman est le seul à dire la vérité, nous en avons marre de cette démocratie gauchiste. Après tout ce que Lieberman dit c'est que quiconque refuse de prêter un serment de loyauté à l'état, à cause de ses opinions personnelles,ne peut pas bénéficier des mêmes droits; il ne peut pas voter pour élire l'exécutif. Les gens ici commencent à comprendre ce qui doit être fait concernant une personne qui n'est pas loyale". Edan Ivanov, 18 ans Nazareth Ilite ( ville sioniste construite au dessus de la ville de Nazareth palestinienne et habitée par de nombreux immigrés russes). "Nous avons un problème. Nazareth Ilite est entourée de minorités (Palestiniens autochtones ndlt). Il y a plein de problèmes avec eux. Ces individus qui vivent ici, pendant la guerre agissent comme une cinquième colonne. Ce ne sera possible de faire la paix avec eux qu'après que nous ayons fait la guerre."
"Mort aux Arabes" !
"Les individus qui crient " Mort Aux Arabes" sont en phase avec l'idéologie du parti Yisrael Beitenou. Mais les jeunes de Nazareth Ilite qui soutiennent Lieberman ne sont pas les seuls à tenir des propos racistes, fascistes. Lors d'élections simulées dans 10 lycées dans tout le pays, organisées par le comédien Shabi Zaraya et Ben Ravsky de la Société Sky Productions, Yisrael Beitenou est arrivé en tête avec 19,76% devant le Likud 19,5%, suivis du parti Travailliste, 15,85% et de Kadima 14,11%. Le parti Meretz (gauche équivalent PS français) a obtenu le score le plus bas avec seulement 2,9%. On retrouve la même tendance dans les universités, Yisrael Beitenu arrivant en troisième position derrière le Likud et Kadima. A noter que les étudiants dans les universités ont pour la plupart déjà fait leur service militaire obligatoire, ont donc participé activement à l'occupation, la colonisation et les attaques brutales contre les Palestiniens. Même à l'université de Tel Aviv dite " de gauche" le parti de Lieberman a doublé son score.
Patriotisme exacerbé
Selon Alex Miller, député et coordinateur des activités des jeunes d'Ysrael Beitenou :
"la loyauté est la question la plus chaude pour la jeunesse. Ils sont sur le point d'être incorporés dans l'armée et par conséquent l'honneur national est important pour eux.... Avigdor Lieberman est un symbole de force". Miller, qui a participé à un débat le 5 Janvier à l'école Singalovsky de l'ORT à Tel Aviv lors d'une élection simulée où Ysrael Beitenou a obtenu 42,5%, le Likud 35% et Kadima 9%, a reçu des ovations alors même qu'il dénonçait quiconque osait manifester contre l' Opération " Plomb Durci" à Gaza et a réclamé que "ceux qui soutiennent ceux qui nous combattent" ne bénéficient pas des mêmes droits.
Un système éducatif en faillite influencé par la préparation au service militaire
Le programme d'éducation civique israélien pour inculquer des valeurs démocratiques semblent avoir lamentablement échoué dans une société qui manifeste de plus en plus son extrêmisme, son indifférence voire sa cruauté vis à vis des Palestiniens fussent-ils des territoires occupés ou vivant à l'intérieur d'Israël. Même dans des lycées où les résultats des élections simulées n'ont accordé à ce parti fasciste que 16% ( son score national réel) on peut entendre les réflexions suivantes :
"Les Arabes israéliens ne soutiennent pas l'Etat et pourtant ils reçoivent de l'argent et un siège au parlement. Des mesures sérieuses doivent être prises pour leur faire prendre conscience de ce qu'ils font. Quelqu'un qui ne se déclare pas loyal à l'Etat, qui n'a pas de patriotisme, devrait perdre sa citoyenneté. Quiconque est contre l'Opération à Gaza, par exemple- c'est une forme de manque de loyauté; quiconque brûle le drapeau aussi. L'opération militaire était pour la sécurité du pays, alors que nous sommes restés tranquilles pendant 8 ans, et maintenant ils ne la soutiennent pas ". Nicole Parnasa ( classe de 11ème).
"il y a eu une manifestation par les Arabes israéliens pendant l'Opération Plomb Durci, quel culot. Vous vivez dans ce pays et vous ne le soutenez pas ? Qu'ils aillent rejoindre le Hamas." Propos tenus par Daniela Nisani, même classe.
Les élèves des lycées, où des officiers de l'armée israélienne viennent régulièrement présenter les activités de l'armée, sont tenus de suivre une préparation au service militaire. Sergei Leibliyanich, bientôt incorporable assume : " cela nous motive contre les Arabes. Vous voulez rejoindre l'armée pour leur en faire baver. La préparation nous fournit cette motivation d'en faire baver aux Arabes et nous voulons élire quelqu'un qui fera exactement cela. J'aime la façon de penser de Lieberman sur les Arabes. Bibi ( Netanyahu, ne veut pas aller si loin".
Le professeur Ilan Gur Ze'ev,* spécialiste de la philosophie de l'éducation, excuse ces propos racistes, fascistes des jeunes sionistes israéliens en fournissant une explication originale mais inacceptable :
" La réalité israélienne ne peut cacher ce qu'elle a caché jusqu'à présent - qu'actuellement aucune mère ne peut dire honnêtement à son enfant " l'année prochaine les choses iront mieux ici". Les jeunes remplacent l'espoir d'un futur meilleur par un mythe d'une fin héroïque. Pour ce genre de fin héroïque, Lieberman convient tout à fait.... Quand vous ne pouvez pas dire honnêtement à vos enfant "Demain ça ira mieux" parce qu'aucun arrangement ou accord n'est sur le point de se produire, pas maintenant ni dans 10 ans, ils réagissent de façon hystérique, sur un mode de survie. Dans une telle situation les engagements à respecter les valeurs humanistes peuvent être vus comme un luxe que nous en tant que société nous ne pouvons pas nous permettre".
Devant une telle justification, à tout point condamnable, venant de la part d'un responsable de l'éducation des jeunes Sionistes israéliens, les actes de barbarie commis à Gaza récemment par des soldats israéliens, pour la plupart des jeunes conscrits de 18-21 ans, sont en partie explicités. Ils restent néanmoins totalement condamnables, leurs auteurs, y compris le simple soldat, devront en répondre devant la justice internationale.
Clairement résumé: violer le droit humanitaire, le droit international est permis, parce que c'est une question de "survie". (Israël est le quatrième exportateur d'armes au monde et possède plus de 200 têtes nucléaires.).
C'est une incitation directe au massacre et ou au nettoyage ethnique des Palestiniens qu'ils vivent dans les territoires occupés ou en Israël.
Nous appelons au boycott universitaire et culturel d'Israël, et tout particulièrement de ce professeur.
*Ilan Gur Ze-ev est co président de l'Israeli Philosophy of Education Society et enseigne à la faculté d'éducation de l'Université de Haifa. Selon son CV, il participe régulièrement à des programmes à l'étranger notamment à l'Université d'Oxford (Grande Bretagne) Université d'Oslo (Norvège) d'Ankara (Turquie), Toronto (Canada) etc... Voir son CV pour organiser un boycott.
Sources de certaines informations, Ynetnews, Haaretz com
http://www.planetenonviolence.org/Les-Sionistes-Israeliens-Soutiennent-Majoritairement-Le-Programme-Raciste,-Fasciste-De-Lieberman,-Surtout-Les-Jeunes_a1817.html?PHPSESSID=a785a467b577e5944fb0dbdf7a024ac2


4-4 Frédéric Koller  : Une société à la dérive.

L'heure est aux discours musclés. Benyamin Netanyahou promet de débarrasser le pays du Hamas et de maintenir les colonies ; Tzipi Livni, parfois encore qualifiée de « Colombe », n'a pas hésité, lors des frappes sur Gaza, à appeler les soldats à y « aller sauvagement » ; Ehoud Barak, sur un mode poutinien, a promis de « traquer les terroristes jusque dans les toilettes ».

Le parapente tourbillonne avec élégance au-dessus de la plage de Tel-Aviv avant de croiser un hélicoptère Apache de l'armée israélienne. L'appareil vient de décoller et trace plein sud : direction Gaza, à une soixantaine de kilomètres du poumon économique d'Israël. L'apparente insouciance de Tel-Aviv, une ville qui semble vivre dans une bulle, est quelques secondes troublée par le bruit de la machine de guerre. En réalité, à la veille d'élections législatives qui devraient porter une seconde fois au pouvoir le faucon Benyamin Netanyahou, l'ensemble de la population n'a plus qu'une obsession : comment sécuriser Israël face aux roquettes du mouvement islamiste Hamas.

« Il faut répondre à la terreur par la terreur. » Dan a une trentaine d'années et a fait la deuxième guerre du Liban comme réserviste. Désormais, c'est œil pour œil, dent pour dent. Et pour réaliser ce programme, le commerçant votera Avigdor Lieberman. « D'ici cinq à dix ans, il sera premier ministre. Il faut une droite très dure au pouvoir. C'est le seul qui a un discours clair. Tous les autres sont des girouettes. »

Ex-videur moldave de boîte de nuit, Avigdor Lieberman soigne son look d'ours en cravate, passe plus de temps en Russie qu'en Israël et est menacé de poursuites pour ses affaires jugées opaques. C'est l'homme politique qui monte. Qualifié de « fasciste » par la gauche, son parti « Israël notre patrie » devrait s'imposer comme troisième force politique du pays derrière le Likoud et Kadima, mais devant les travaillistes. Il est considéré comme le nouveau faiseur de roi, et Benyamin Netanyahou lui a déjà promis un important ministère dans la perspective d'un gouvernement de coalition. Ni Tzipi Livni (Kadima) ni Ehoud Barak (Parti travailliste) n'ont exclu de gouverner avec lui.

L'heure est aux discours musclés. Benyamin Netanyahou promet de débarrasser le pays du Hamas et de maintenir les colonies ; Tzipi Livni, parfois encore qualifiée de « Colombe », n'a pas hésité, lors des frappes sur Gaza, à appeler les soldats à y « aller sauvagement » ; Ehoud Barak, sur un mode poutinien, a promis de « traquer les terroristes jusque dans les toilettes ». Dans ce contexte, Avigdor Lieberman n'a plus à forcer le trait et s'est contenté de mener une campagne anti-arabe dénonçant le « manque de loyauté » des Palestiniens qui vivent sur le territoire d'Israël (20% de la population). Le vote des immigrés d'Europe de l'Est et de Russie (20% de la population) lui est acquis. Mais il gagne désormais ses nouveaux électeurs dans la jeunesse et chez les pauvres.

« Les Arabes ne sont pas comme les Israéliens, dit encore Dan. Il n'y a pas une lutte gauche-droite. Ils sont tous contre nous. » On pourrait en dire autant des Israéliens. C'est du moins ce qu'écrit Gideon Levy, chroniqueur du journal de gauche Haaretz : « Il n'y a plus de différence idéologique entre Netanyahou, Livn­i et Barak. » Tous trois sont des va-t-en-guerre, des « extrémistes » et il n'y aurait plus de gauche. Difficile de le contredire au regard d'une campagne dans laquelle il n'a été fait mention d'aucun programme politique, économique ou social. Comment expliquer cette dérive ?

A Herzliya, petite ville au nord de Tel-Aviv, se tenait la semaine dernière une conférence annuelle qui réunit les élites intellectuelles et politiques du pays. Cette année, le thème était l'équilibre entre la sécurité nationale et la résilience. Dans ses couloirs, on y croise José Maria Aznar, John Bolton, l'un des idéologues du mouvement néo-conservateur américain, ou encore le président du Crongrès juif mondial, Ronald Lauder, un proche de Netanyahou. Beaucoup d'Américains et aucun Arabe. Peu de place pour le débat contradictoire et un message répété durant trois jours : Israël est l'avant-poste de la lutte contre le terrorisme international, et c'est ici que se joue le combat entre les démocraties et le danger islamiste. L'Iran, la Syrie, l'« axe chiite » sont de toutes les conversations. Dans ce monde en noir et blanc, il n'est pas très compliqué de choisir son camp.

« L'Europe vit en paix depuis 50 ans, explique le sociologue Ephraim Yaar. Vous ne pouvez pas imaginer ce que cela signifie de vivre sous la menace constante de roquettes. » Le professeur de l'Université de Tel-Aviv produit tous les mois depuis 10 ans un « index de la guerre et de la paix ». Le dernier en date, publié après une semaine d'offensive sur Gaza montrait que 92% des Israéliens soutenaient la guerre malgré les souffrances infligées aux populations civiles. « Au­jourd'hui, beaucoup de gens estiment que l'offensive a été stoppée trop tôt, sous la pression des Européens. » Ephraim Yaar dit qu'Israël a développé une « mentalité de nation assiégée ». « Sur un territoire deux fois plus petit que la Suisse, nous devons affronter les Palestiniens, le monde arabe et une troisième ceinture avec le monde musulman dont l'Iran et ses armes modernes. » L'homme affirme qu'il ne connaîtra pas la paix, ni ses enfants. Son scepticisme l'entraîne désormais vers l'étude de la « confrontation des civilisations ». Il se veut moins radical que Samuel Huntington, l'inventeur de cette thèse qui vient de décéder. Mais il ne dit, en définitive, pas autre chose : Islam et démocratie sont incompatibles.

Denis Charbit est politologue à l'Open University de Tel-Aviv. Il a soutenu l'offensive, mais il estime « qu'on est resté une semaine de trop ». Il se dit « choqué par le manque d'esprit critique de la société israélienne », un fait nouveau. Mais il l'explique par la peur. Cette peur a poussé l'armée à se comporter, sous l'impulsion des politiques et de l'opinion publique, en « voyou » à Gaza pour effrayer à son tour l'adversaire. Il a encore cette explication : « Autrefois, la société était beaucoup plus solidaire. Depuis les années 1990, elle est devenue individualiste, consumériste. Et, du coup, on n'est plus prêt à mourir. Toute perte devient insupportable. Nous menons, comme les Américains, une guerre avec comme principe « zéro mort » dans notre camp. »

On pourrait ajouter, comme le fait un diplomate en poste à Jérusalem, qu'Israël tend à amplifier les menaces – biens réelles – pour entretenir un climat de lutte permettant de maintenir l'union d'une nation par ailleurs de plus en plus divisée, atomisée, entre juifs ashkénazes et séfarades, entre laïcs et ultra-orthodoxes, entre riches et pauvres. Ces dissensions pourraient éclater avec violence le jour où la paix avec les Arabes sera réalisée. Mentalité d'assiégé, exacerbation de la peur sécuritaire : cela ne mène-t-il pas à une forme de déni de la réalité ? C'est ce que suggère Moshe Maoz, spécialiste du Moyen-Orient à l'Université hébraïque de Jérusalem : « Je comprends la majorité des Israéliens qui ne tolère pas les roquettes. Mais, dans le même temps, il est frappant de voir à quel point elle ne connaît pas la situation dans les territoires occupés, à quel point ils ignorent les souffrances infligées aux Palestiniens. »

Tsahal, l'« armée de défense israélienne », est le pilier central de l'Etat. Elle forge l'identité nationale. Son comportement est le reflet de la société. Israël a souvent mis en avant la conduite éthique exemplaire de son armée. Or, au­jourd'hui, Tsahal n'hésite plus à reprendre à son compte l'arme du désespoir, la tactique de la terreur de l'ennemi, avec la caution morale d'un professeur distingué de philosophie.

Selon un nouveau code de conduite, élaboré il y a cinq ans par Asa Kasher, de l'Université de Tel-Aviv, les Conventions de Genève sont caduques dans le cadre de la guerre contre le terrorisme et il est ainsi permis de tirer sur une population civile où se cacheraient des « terroristes » si cela permet de sauver la vie des soldats. Ce glissement explique peut-être la perception différente entre Européens et Israéliens des morts civils palestiniens à Gaza. Il est révélateur d'une société qui, au nom de la sécurité, est prête à sacrifier des principes qui fondaient en partie sa légitimité. Pas étonnant dès lors que les Israéliens s'apprêtent à voter pour des « durs », des « très durs ».

Frédéric Koller

10 février 

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/e4f4ccd6-f6f2-11dd-b8a7-ca4d88a5b5ba

http://alternatives-international.net/article2949.html



Courrier des lecteurs & trouvé sur le net & témoignage.

Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage les analyses ou point de vue des auteurs, mais doit être vu comme information 

5-1  La Paix Maintenant : Vivre ensemble ICI ET MAINTENANT !

2 Peuples - 2 Etats :
Assez de sang et de peur !

Assez de roquettes et de bombes, de victimes civiles et de destructions, d'occupation et de violences, d'attentats suicides et de représailles !
Tout reste à faire pour que vivent côte à côte, en paix et en sécurité, les peuples de Palestine et d'Israël. Tout. Car chaque jour qui passe éloigne un peu plus chacun sur son île nationaliste ou intégriste. Chaque jour qui passe accroît le poids des méfiances et l'envie de vengeance. Chaque jour qui passe affaiblit les espoirs de paix.
Pourtant, nous ne voulons pas oublier ce moment d'espoir extraordinaire qui a fait battre le cœur de centaines de millions d'êtres humains épris de paix et de liberté : la poignée de main entre Yitzhak Rabin et Yasser Arafat. Nous ne voulons pas que cet espoir soit enterré par la haine. Nous pensons que ce qui fut ébauché un jour à Camp David, à Taba et ailleurs peut retrouver force et vigueur. C'est une question de volonté et d'opiniâtreté.
Aussi, et plus que jamais, nous, citoyennes et citoyens de Belgique et d'Europe, entendons favoriser la seule solution politique apte à mettre un terme à une longue série de guerres, d'affrontements et de tragédies: deux peuples et deux États indépendants et démocratiques
En Belgique, comme ailleurs en Europe, nous constatons que ce conflit ravive les passions et parfois les haines intercommunautaires. Il souffle sur des braises qu'on voudrait à jamais éteintes : celles de l'antisémitisme et du racisme, du négationnisme et de l'obscurantisme. Insultes, menaces, agressions contre des lieux de cultes et des écoles, destruction de voitures et de vitrines …

Ce n'est pas ainsi qu'on peut vivre ensemble dans une démocratie. Aussi, et plus que jamais, nous, citoyennes et citoyens démocrates attachés au vivre-ensemble, quels que soient nos opinions, choix philosophiques, cultures et horizons, entendons nous rassembler pour favoriser l'interculturalisme par le dialogue, l'égalité, la mixité et la dénonciation ferme de tous les extrémismes.

Nous voulons prouver qu'on peut être à la fois pro Israélien et pro Palestinien, pour la paix et pour la liberté de celui d'en face. Nous voulons favoriser les rencontres, sans pré-requis communautariste ou religieux, sans préjugé qui enferme, partant de l'idée que l'Autre n'est pas notre ennemi, mais notre égal-citoyen en droits et en devoirs.
Aussi nous avons fondé cette plate-forme pour la paix, et nous vous appelons à nous rejoindre muni/e d'une bougie pour un rassemblement silencieux et fraternel, sans pancartes, sans banderoles, sans drapeaux ni calicots, le dimanche 15 février à 14h Place Poelaert, devant le Palais de Justice (Bruxelles).
Chacune et chacun, nous y déposerons une lumière pour la paix, parce que la lumière brille même dans la nuit la plus profonde.

plateformepourlapaix@gmail.com


5-2 : Aux origines de la pensée de M.Nétanyahou.

L'intransigeance de M. Benyamin Nétanyahou a surpris certains.

De ce premier ministre mal élu, théoriquement ficelé par la signature de ses prédécesseurs au bas des accords d'Oslo et en principe soumis à la volonté de l'Europe comme des Etats-Unis de voir avancer les négociations, ils attendaient un minimum de réalisme.

Il n'en a rien été. En quatre mois, les décisions du dirigeant du Likoud ont provoqué parmi les Palestiniens une explosion de colère sans précédent depuis l'Intifada. « Chassez le naturel, il revient au galop. » Le proverbe s'applique ici on ne peut mieux. Car, si son entrée en politique remonte à moins de quinze ans, le chef du gouvernement israélien est un pur produit du sérail « révisionniste », mâtiné il est vrai d'ultralibéralisme américain.

On a présenté son père, Ben-Zion, comme un professeur d'histoire juive, spécialiste de l'Inquisition en Espagne. Information exacte, mais incomplète : il fut surtout, dans les années 30, le secrétaire particulier de Vladimir (Zeev) Jabotinsky, le fondateur du courant sioniste le plus réactionnaire, dit révisionniste. Homme de conviction, Ben-Zion Nétanyahou décida même, en 1962, de fuir le « socialisme » israélien en s'exilant, avec sa famille, aux Etats-Unis où il éleva ses fils dans la fidélité aux idées de Jabotinsky. Un retour en arrière, aux sources de l'extrême droite juive, s'impose donc.

Vladimir Jabotinsky se fait connaître durant la première guerre mondiale en créant la Légion juive, qui contribuera - tardivement - à la « libération » de la Palestine par les troupes du général Allenby en 1918. Intégré en 1921 dans l'Exécutif sioniste, il en dénonce les compromissions avec la puissance mandataire britannique et le quitte pour fonder, en 1923, le Betar (1), puis, en 1925, l'Alliance des sionistes révisionnistes. Entre-temps, par antibolchevisme, il s'est compromis avec les hommes de l'ataman Simon Petlioura, pourtant responsables, dans son Ukraine natale, d'épouvantables pogroms où périssent quelque 40 000 juifs (2)...

En quoi les révisionnistes s'opposent-ils à la majorité des sionistes, au point de quitter, en août 1935, l'Organisation mondiale, au sein de laquelle ils ont rassemblé jusqu'à 21 % des suffrages ? Au socialisme dans lequel le parti Mapaï dissimule son nationalisme, Jabotinsky préfère un modèle occidental à la fois politiquement autoritaire (3) et économiquement libéral, qui plaît à la bourgeoisie et aux classes moyennes affluant alors en Palestine. Pour le reste, les sionistes révisionnistes disent tout haut ce que les sionistes socialistes et libéraux pensent sans doute tout bas, mais estiment nécessaire de dissimuler.

Mieux vaut, considèrent David Ben Gourion comme Haïm Weizmann, s'abriter derrière la présence britannique pour conquérir la Palestine hectare après hectare, plutôt que de prétendre former, sans attendre et par la force, un Etat. Vladimir Jabotinsky, lui, ne veut pas de ce vague commonwealth national au statut et aux frontières mal définis. « Le but du sionisme , explique-t-il en 1924, est de créer un Etat juif. Son territoire : les deux rives du Jourdain. Le système : la colonisation de masse. La solution du problème financier : un emprunt national. Ces quatre principes ne peuvent être appliqués sans une approbation internationale. D'où le mot d'ordre de l'heure : une nouvelle campagne politique et la militarisation de la jeunesse juive d'Eretz Israël et de la diaspora  (4) . »

Un « mur d'acier » contre les Arabes

Voilà le fameux « mur d'acier ». Marqué par les premières émeutes antijuives de 1921 et 1922, Vladimir Jabotinsky livre sous ce titre, dans l'hebdomadaire sioniste russe Rasswyet , le 4 novembre 1923, le fond de sa stratégie : « Tous les peuples indigènes - qu'ils soient civilisés ou sauvages - considèrent leur pays comme leur foyer national, dans lequel ils seront toujours les seuls maîtres. Ils n'accepteront pas volontairement non seulement un nouveau maître, mais même un nouveau partenaire. Ainsi les Arabes. (...) La colonisation sioniste, même la plus limitée, doit soit s'arrêter, soit s'accomplir au mépris de la volonté de la population indigène. C'est pourquoi cette colonisation ne peut se poursuivre et se développer que sous la protection d'une force indépendante de la population locale - un mur d'acier que la population indigène ne puisse percer. (...) Le mur d'acier, c'est le renforcement en Palestine d'un gouvernement sur lequel les Arabes n'auraient aucune influence, autrement dit un gouvernement contre lequel les Arabes se battront  (5) . »

Entre le sionisme révisionniste et les fascismes alors en pleine ascension, il y a plus que des ressemblances : une parenté. D'autant que les militants du mouvement portent volontiers la chemise brune, célèbrent le culte du chef et se comportent en armée disciplinée. Chez eux, la violence est une seconde nature : contre les grévistes ou les meetings juifs de gauche, ils font le coup de poing ; contre les militants nationalistes arabes, ils tirent des coups de fusil. Et lorsque les Palestiniens déclenchent leur grande révolte, en 1936, les révisionnistes, avec leur milice, la Haganah-B, aident les troupes britanniques à la réprimer dans le sang. Même le racisme n'est pas absent de la pensée de Jabotinsky : il affleure notamment dans sa nouvelle, Samson , qui rejette toute « mixité » entre juifs et non-juifs. Tant et si bien que David Ben Gourion surnommera Jabotinsky « Vladimir Hitler » - et les nazis des « révisionnistes allemands » . Le futur premier ministre d'Israël commentera même publiquement un article du Führer en affirmant : « Je pensais lire Jabotinsky - les mêmes mots, le même style, le même esprit  (6) . »

Idéologique et politique, le rapprochement se matérialise sur le terrain. Si Jabotinsky se défend d'admirer le Duce, Mussolini, lui, ne tarit pas d'éloges à son sujet. « Pour que le sionisme réussisse, il vous faut un Etat juif, avec un drapeau juif et une langue juive. La personne qui comprend vraiment cela, c'est votre fasciste, Jabotinsky » , confiera-t-il en 1935 à David Prato, futur grand rabbin de Rome (7). Généreux, le maître de l'Italie accepte d'accueillir une école navale du Betar à Civitavecchia, au nord de Rome. Lors de son inauguration, les étudiants révisionnistes entonnent Giovinezza , l'hymne fasciste, et crient : « Vive l'Italie ! Vive le roi ! Vive le duce !  (8) «  ...

A la mort de Jabotinsky, en 1940, ses héritiers se divisent pour un temps. La seconde guerre mondiale voit les tenants de l'Irgoun respecter la trêve dans le combat contre les Britanniques, qui sont en revanche la cible de nombreuses actions armées du groupe Stern, puis Lehi - ce dernier se déshonorera en proposant une alliance au Troisième Reich (9)... Tous se retrouveront néanmoins pour recourir au terrorisme dans leur « lutte de libération » : de l'attentat de l'Hôtel King David, qui fit 200 morts et blessés le 22 juillet 1946, au massacre du village palestinien de Deir Yassine (9 avril 1945), où tombèrent 250 civils, les pages les plus noires de la naissance de l'Etat d'Israël et de l'expulsion de 800 000 Palestiniens sont signées par les hommes de Menahem Begin et de M. Itzhak Shamir, dont on sait le rôle qu'ils joueront, trente ans plus tard, à la tête du Likoud et de l'Etat juif.

M. Benyamin Nétanyahou a de qui tenir.

Dominique Vidal.

 (1) Acronyme de Brit (alliance) Trumpeldor, du nom d'un officier juif de l'armée tsariste, héros de la guerre russo-japonaise, mort en défendant la colonie juive de Tel Hai, en Haute-Galilée, contre les Bédouins du voisinage. L'hymne du Betar commence par ces mots : « Betar,De la fosse, pourriture et poussière,Naîtra une racePar le sang et la sueur,Fière, généreuse, dure. »

(2) Sur ce point, voir l'excellente Histoire de la droite israélienne , de Marius Schattner, coll. « Questions au XXe siècle », Complexe, Bruxelles, 1991.

(3) Les révisionnistes extrémistes, dits birionim (brigands), préconisent même ouvertement la dictature. Dans ses « Chroniques d'un fasciste » (sic) , publiées par le journal Doar Hayam , leur chef, Aba Ahimeir, écrit en 1928 : « Je ne suis pas un démocrate et je suis fermement convaincu que la seule forme de gouvernement possible est celle d'une minorité active sur une majorité passive » (Cité par Yaacov Shalit, Jabotinsky and the Revisionist Movement. 1925-1948, Frank Cass, Londres, 1988, p. 365). A peine les nazis arrivés au pouvoir, Ahimeir suggérera à ses amis de prendre « la pulpe antimarxiste » et de rejeter « l'écorce antisémite ». Cité par Marius Schattner, ibid , p. 110.)

(4) Cité par Walter Laqueur, Histoire du sionisme. Calmann-Lévy, Paris, 1973, p. 386.

(5) Cité par Lenni Brenner, The Iron Wall. Zed Books, Londres, 1984, pp. 74 et 75.

(6) Cité par Michel Bar-Zohar, Ben Gourion. Fayard, Paris, 1986, pp. 112 à 115.

(7) Cité par Lenni Brenner, Zionism in the Age of the Dictators. Croom Helm, Londres et Canberra, 1983, p. 117.

(8) Idem , p. 119.

(9) Même M. Itzhak Shamir le reconnaît, tout en rejetant la responsabilité sur Abraham Stern. Ce qui ne l'empêche pas de commenter ainsi ces démarches : « Elles n'étaient pas de mon goût et pourtant, du point de vue moral et national, j'estimais qu'elles n'étaient pas interdites. » (Voir Charles Enderlin, Shamir , Olivier Orban, Paris, 1991, pp. 80 à 82.)

http://www.monde-diplomatique.fr/1996/11/VIDAL/7384

http://mcpalestine.canalblog.com/archives/2009/02/11/12484960.html

 



6 Annexe
Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage les analyses ou point de vue des auteurs, mais doit être vu comme information 
6-1 Abdelbari Atwan : République Palestinienne de Dayton.
Peu de gens en dehors des cercles de pouvoir à Ramallah et ses appareils de sécurité, connaissent les « exploits » du général US Keith Dayton qui est officiellement chargé par l'administration de son pays de créer des forces de sécurité palestiniennes sur de nouvelles bases, qui se fondent sur l'instauration du contrôle de l'État (où est-il ?) sur ses frontières (lesquelles ?) dans le proche avenir.
L'article du journaliste US Thomas Friedman dans le NewYorkTimes du samedi 7 février (Beyond The banks  NdT) nous apporte des précisions sur cette question.

Friedman dit que le général Dayton l'a emmené dans la ville de Jénine pour lui montrer ses « exploits » et qu'il a été surpris de ce qu'il a découvert. Les membres de la deuxième compagnie se sont alignés devant leur « maitre » (le qualificatif vient de moi [Abdul-Bari Atwan, NdT]) usaméricain avec leurs mitraillettes Kalachnikov en effectuant le salut militaire. Le général les salue à son tour et il leur fait un discours flatteur sur leur noble mission qui consiste à « prendre soin de leurs concitoyens dans ces temps difficiles, car c'est ainsi que se comportent des forces de sécurité  professionnelles ».

La manière dont le général US avait inspecté ces forces et s'était adressé à elles montre qu'elles exécutent ses ordres et qu'elles accomplissent la mission que lui et son gouvernement décident, et non pas un autre gouvernement ou une autre autorité. C'est lui qui finance, qui décide et qui établit les tâches.

Il semble que ces « forces de Dayton » ont déjà commencé à accomplir leur mission et de la meilleure manière,  car elles se sont opposées aux manifestants avec efficacité en les réprimant et en les arrêtant durant les manifestations de solidarité et de condamnation des massacres israéliens dans la bande de Gaza. En revanche, ces forces sont restées spectatrices quand, quelques mois plus tôt,  des colons ont attaqué les habitants d'al-Khalil (Hébron, NdT) en agressant et en détruisant, au point que l'un des dirigeants de ces forces a répondu aux demandes de ses concitoyens d' intervenir afin de les protéger de la sauvagerie des colons, en disant qu'il n'avait pas de consignes pour affronter les Israéliens, mais seulement les Palestiniens.

Jénine était l'une des villes à la résistance la plus féroce, et fut considérée comme une base solide pour engendrer les candidats aux opérations-martyres, et les hommes, les vrais. Il suffit de constater que son petit camp (1 km carré) a tenu pendant une dizaine de jours face à l'offensive israélienne et a réussi à faire 26 tués et 36 blessés parmi les rangs des forces d'agression, c'est-à-dire quatre fois les pertes de l'armée israélienne pendant sa dernière agression contre la bande de Gaza. Ceci explique pourquoi le général Dayton s'intéresse à cette ville et fait d'elle le « diamant » de sa couronne d'« exploits » sécuritaires, qui sont celui de briser les forces de la résistance à Jénine et la généralisation de cette expérience sur toutes les villes palestiniennes en Cisjordanie.

L'objectif de la création de ces forces, de leur « engraissement » et des millions dépensés pour leur entraînement, n'est pas la préparation à la construction de l'État palestinien, mais vise à l'empêcher et à pérenniser l'occupation en cours. En fait partout dans le monde, on commence par créer l'État puis ses institutions sécuritaires et politiques, sauf en Palestine où le triangle est « renversé » ainsi que les priorités, ce qui explique la poursuite de la colonisation, l'usurpation des terres, et le creusement des tunnels sous la mosquée al-Aqsa (les tunnels à al-Quds sont bons car ils sont israéliens même s'ils aboutissent à l'effondrement des fondations d'al-Aqsa… Mais les tunnels de Rafah sont diaboliques car ils sont utilisés pour faire entrer la nourriture et les médicaments pour les assiégés).

Les forces de sécurité de Dayton dont le nombre s'élève à 1600 hommes à ce jour, qui ont été entraînées en Jordanie et s'apprêtent à intégrer 500 nouveaux membres, lesquels suivent des stages d'entraînement similaires, ont une mission principale axée autour de la protection des colonies, de la répression par la force de toute résistance palestinienne et de la collaboration avec leurs homologues israéliens dans ce domaine, c'est-à-dire dans l'anéantissement de tout sentiment patriotique.

Il est clair que ces forces sont en harmonie avec les projets US futurs pour la Cisjordanie, et pour y éviter la reproduction de l'expérience de la bande [de Gaza], c'est-à-dire d'empêcher que la Cisjordanie ne devienne à son tour une base de résistance. Tony Blair, l'émissaire du Quartet, a résumé l'avenir de la Cisjordanie en parlant de la nécessité de concentrer les efforts sur l'infrastructure économique, et de la préparer pour élever le niveau de vie des habitants, en tant qu'étape essentielle avant d'arriver à la création de l'État. Le Premier ministre britannique Gordon Brown a répété la même chose durant sa dernière visite à Ramallah.

Benyamin Netanyahou, le chef du parti Likoud et celui qui a le plus de chance de gagner les élections israéliennes générales qui auront lieu demain (mardi 10 février, NdT), s'est emparé de ce fil et a commencé de mettre l'accent dans sa campagne électorale sur « la paix économique » avec les Palestiniens, et sur l'engagement à ne pas rendre la Cisjordanie et le Golan à leurs propriétaires arabes.

Le colonel Radhi Abu Assidah, l'un des dirigeants des appareils sécuritaires du général Dayton, a fièrement déclaré : « Nos forces ont désormais du professionnalisme et aussi un bon entraînement. Maintenant nous disons aux gens : Vous pouvez manifester en solidarité avec Gaza, mais vous devez faire cela d'une manière moderne ».

Ce que le colonel Radhi entend par cette manière moderne, c'est que les gens doivent être comme les peuples d'Alaska ou d'Islande [notre ami Abdelbari ATwan n'a pas l'air d'être au courant des manifestantions militantes qui ont lieu en Islande depuis des mois et ont même provoqué la chute du gouvernement, NdR], ils doivent se contenter d'allumer des bougies et de faire des prières pour les victimes de la sauvagerie israélienne. Tout autre acte sera réprimé par les matraques, voire par les tirs de balles et la torture dans des camps de détention.

Mais comment les gens de la Cisjordanie vont-ils manifester d'une manière civilisée alors que les soldats israéliens les humilient tous les jours aux points de contrôle, confisquent leurs terres, démolissent leurs mosquées et lâchent sur eux les colons pour les agresser, détruire leurs plantations et arracher leurs arbres ?

Dans le passé on parlait de la solution à deux États. Maintenant on parle de la « paix économique », ce qui veut dire transformer le peuple palestinien en un peuple qui se fait acheter par les denrées de subsistance et les salaires mensuels payés par les États donateurs, en échange de quoi on lui demandera d'oublier totalement sa cause nationale. Quant à celui qui désobéit, les forces « professionnelles » et « bien entraînées » du général Dayton sauront comment s'occuper de son cas avec la méthode adéquate.

Gidi Grinstein, le président de l'institut israélien Reut, un laboratoire d'idées (think tank) qui fournit des études consultatives au gouvernement, décrit la mission de Dayton comme une « mission lumineuse dans un paysage détruit et sur laquelle on peut bâtir, car la question ce n'est pas seulement la terre, mais aussi comment la remplir ».

Il est clair, selon nous, qu'il propose deux réponses à cette question : Soit de remplir cette terre par de nouveaux colons, ou bien d'importer, d'un autre endroit du monde, un autre peuple capable de vivre selon les manières israéliennes de faire. Car le peuple palestinien ne peut entrer dans aucun de leurs moules.

C'est certainement un avenir obscur qui attend le peuple palestinien à l'ombre du général Dayton, ses projets et ses adeptes, mais ce qui est encore plus obscur, à notre avis, c'est l'existence d'une autorité palestinienne qui le laisse faire, lui donne la « couverture légale », lui fait le salut militaire par admiration et par reconnaissance, et qui ne tarit pas déloges pour ses grands « exploits » en faveur du peuple palestinien.

Abdelbari ATWAN

11-02 Al Qods Al-Arabi

Traduit par  IAY, révisé par Fausto Giudice
http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=7037&lg=fr



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