mercredi 18 février 2009

n° 100- Dossiers 'Géopolitique et stratégie' du Liban -17-02- 1- La prochaine guerre d’Israël : après la bande de Gaza, le Liban?

 

Sent: Wednesday, February 18, 2009 10:36 AM
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Subject: n° 100- Dossiers 'Géopolitique et stratégie' du Liban -17-02- 1- La prochaine guerre d'Israël : après la bande de Gaza, le Liban?


                                                                  L'information est une arme au service de la paix. Sa diffusion est un acte de résistance

Dénoncer ne suffit plus, il faut expliquer, informer, transmettre 

                                         Les médias occidentaux ont de tout temps accepté les versions de l'armée israélienne et fermant les oreilles aux autres sources



Dossiers   'Géopolitique et stratégie'  du  Liban 
 N° 100                                                                                              17-02

                                                                                                                                                      C.De broeder & M.Lemaire



Le 'Dossiers   'Géopolitique et stratégie'  du  Liban' se retrouve
 
NB : Si vous voulez-me contacter ou obtenir le Journal par mail une seule adresse : fa032881@skynet.be


Sommaire : 

Tiré à part

Le Hezbollah défend son droit de posséder des missiles sol-air.

La défense antiaérienne

1 Analyse - Géopolitique et stratégie- Réflexion

1-1 Le hezbollah analyse l'offensive israélienne contre Gaza.

1-02 Nouvelles tendances internationales et régionales.

1-3 Mahdi Darius Nazemroaya : La prochaine guerre d'Israël : après la bande de Gaza, le Liban?

1-4 Leila Mazboudi : L'étau se referme de plus en plus...

1-5 Nabil Kaouk : Après Gaza, le modèle de la résistance doit être généralisé à tous les Libanais.

2 Annexe

2-1 Nature du Hezbollah

2-2 Une autre façon de penser les problèmes du Liban.

2-3 Supervision de la situation des droits de l'homme dans le monde arabe.

2-4 Le Mig-29.



Tiré à part

Le Hezbollah défend son droit de posséder des missiles sol-air

Le responsable du Hezbollah Hassan Nasrallah signale : "Nous avons le droit d'acheter n'importe quelle arme, y compris des armes de défense antiaérienne, et nous avons le droit d'y avoir  recours".

Sans confirmer ni infirmer les publications israéliennes selon lesquelles le Hezbollah détiendrait des missiles sol-air, M. Nasrallah s'est borné à constater que son mouvement avait "suffisamment de courage pour utiliser cette arme défensive".
L'intervention de Hassan Nasrallah, qui prône la nécessité de priver Israël de sa suprématie aérienne, a été diffusée sur un écran géant installé sur une place du sud de Beyrouth. (Hassan Nasrallah avait plus tôt affirmé que son mouvement avait rétabli son arsenal de missiles et d'armements après la guerre israélo-libanaise)
Des avions militaires israéliens survolent presque quotidiennement le territoire libanais, Tsahal invoquant la nécessité de contrôler les livraisons d'armes i pour le compte du Hezbollah.

17 février

RIA Novosti Agence russe
http://fr.rian.ru/world/20090217/120172350.html

 

La défense antiaérienne
Évoquant le conflit arabo-israélien, Hassan Nasrallah a réitéré son analyse selon laquelle « il n'existe que trois positions hypothétiques possibles face à Israël : la collaboration, le compromis humiliant et la résistance ». « Le premier choix est inenvisageable et le second a échoué, a-t-il estimé.

Pourquoi veulent-ils sacrifier la résistance gratuitement ?
Quelle sera la réponse libanaise aux résultats des élections israéliennes ?
La droite israélienne révèle le vrai visage de l'ennemi. Ce sont tous des assassins d'enfants. Tous les actuels dirigeants israéliens ont été vaincus au Liban. Il reste Lieberman qui ne pourra rien faire. »
« Depuis la guerre de juillet 2006, la marine de l'ennemi a été placée hors de l'équation du conflit, a-t-il aussi estimé. Depuis l'attaque contre Gaza, son infanterie a connu le même sort. Si Israël envoyait des unités au Liban, elles seraient détruites par les disciples de Imad Moghniyé, Ragheb Harb et Abbas Moussaoui. »
« Les Israéliens n'ont plus que leur aviation de guerre, a-t-il ajouté. Ils ont peur pour leur flotte aérienne et font circuler des informations selon lesquelles la Résistance posséderait des armes antiaériennes. Je n'infirme pas et je ne confirme pas ces informations. Nous agissons par surprise. La Résistance a le courage et la volonté suffisants pour utiliser ces armes. (...) Nous avons le droit d'acquérir et d'utiliser tout type d'arme, y compris les (missiles) antiaériens. »
« Certains affirment que la résistance à Gaza ou au Liban n'a pas pu protéger les femmes et les enfants, a-t-il en outre affirmé. La guerre n'est pas une manifestation. Dans tout conflit, il y a des victimes. L'essentiel est d'empêcher le retour de l'occupation. »
Et le chef du Hezbollah de souligner que « Imad Moghniyé continuera à hanter Israël pendant longtemps », avant de saluer « toute forme de rapprochement interarabe, notamment entre l'Arabie saoudite et la Syrie ».

17 février 2009
L'Orient-Le Jour



Analyse -  Géopolitique et stratégie – Réflexion
Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information.
1-1 Le hezbollah analyse l'offensive israélienne contre Gaza.

Analyse à presque vingt jours du début de l'offensive israélienne à Gaza, le sujet domine encore la scène libanaise et toute activité interne semble suspendue en attendant l'évolution de la situation à la frontière sud du pays. Le Hezbollah est sans doute la partie la plus concernée par cette nouvelle guerre et la plupart de ses cadres ont l'œil braqué en permanence sur les chaînes de télévision, pour suivre les derniers développements militaires et diplomatiques minute par minute.

Selon certains d'entre eux, le contact est régulier avec le Hamas et ils sont ainsi informés des détails de l'évolution de la situation sur le terrain.

Les sources proches du Hezbollah confient ainsi que les dirigeants de ce parti ne sont pas inquiets pour l'organisation palestinienne.

Pour eux, Hamas a montré sa capacité de résistance et lorsqu'on a tenu 20 jours face à des bombardements aussi féroces, c'est qu'on peut bien le faire encore longtemps.

Les mêmes sources révèlent que des cadres du Hezbollah ont contribué à la préparation des combattants du Hamas à une éventuelle confrontation avec Israël, et ce depuis plusieurs mois.

Il est certain que les Palestiniens sont un peuple aguerri et que leurs combattants n'ont pas vraiment besoin de conseils

La guerre de juillet 2006 a permis des échanges d'expériences entre les deux parties, pour tirer les leçons qui s'imposent.

Apparemment, les combattants du Hamas ont ainsi mis à profit la guerre de juillet et les méthodes utilisées par le Hezbollah pour creuser à leur tour plus de 1 200 tunnels souterrains dans plusieurs secteurs de la bande de Gaza. C'est ce qui aurait permis aux cadres de l'organisation de résister aux bombardements israéliens systématiques et de limiter les pertes au niveau du commandement. De même, les cadres du Hamas ont utilisé la même tactique que le Hezbollah dans l'escalade progressive et dans le maintien du suspense sur la nature de leurs armements.

Les sources proches du Hezbollah précisent ainsi que les combattants du Hamas ont refusé de se laisser entraîner par les Israéliens dans des affrontements en terrain découvert, laissant les soldats israéliens avancer puis se retirer sans parvenir à connaître avec précision les installations et le niveau de préparation des Palestiniens. De plus, ils augmentent l'importance de leur armement au fur et à mesure que les combats se rapprochent des grandes agglomérations, sans que les Israéliens ne sachent réellement s'ils disposent de missiles sophistiqués à relativement longue portée.

Enfin, toujours selon les mêmes sources, le Hamas n'a pas encore engagé dans la bataille ses commandos d'élite tout comme il n'a pas encore demandé à ses équipes suicidaires de lancer des attaques meurtrières contre les soldats israéliens. C'est dire qu'au vingtième jour des affrontements, il n'a pas encore joué toutes ses cartes, alors que l'offensive israélienne est en panne de nouvelles tactiques, se contentant désormais de bombarder massivement les habitations, sans avoir pris la décision d'entrer directement dans les villes pour affronter les combattants.

Face à ce tableau, les cadres du Hezbollah sont convaincus que les Israéliens ne parviendront pas à éliminer le Hamas comme ils l'avaient déclaré au début de l'offensive. Pour eux, le résultat des affrontements est d'une grande importance, car ils estiment que si le Hamas devait être éliminé, la prochaine offensive israélienne serait dirigée contre le Liban. Le plus important à leurs yeux est donc que les Israéliens ne parviennent pas à briser cet esprit de résistance qui a connu un nouvel élan à la suite de la guerre de juillet 2006. Même si les Israéliens peuvent faire de nombreuses victimes et détruire pratiquement toute la bande de Gaza, ils ne parviendront pas à imposer leurs conditions.

Enfin, même si l'offensive se poursuit encore quelques jours, voire plus, avec des pics de violence inimaginables, le Hamas fera partie de toutes les formules de solutions. Déjà, les responsables au sein de l'Autorité palestinienne parlent d'un « partage » du pouvoir ou encore d'une « participation », mots auxquels ils ne pensaient même pas il y a quelques semaines encore. Dans certains milieux diplomatiques libanais, on évoque même un plan en gestation qui consisterait en une prorogation d'un an du mandat de Mahmoud Abbas et la formation d'un gouvernement d'union nationale, qui, cette fois, ne serait pas combattu par la communauté internationale… Les sources du Hezbollah estiment donc que le plus dur est passé pour le Hamas et pour tout le courant de la résistance. Elles laissent entendre que ce n'est plus qu'une question de jours, mais que ceux-ci auront des conséquences cruciales pour l'avenir de la région.

Posté le 16 janvier 2009

Source: L'Orient-Le Jour Le quotidien libanais d'expression française
http://www.lorient-lejour.com.lb/page.aspx?page=article&id=389173

 


1-2 Nouvelles tendances internationales et régionales.
Par Scarlett HADDAD
« Le problème avec la majorité parlementaire actuelle, c'est qu'elle se comporte comme si George W. Bush était encore à la tête des Etats-Unis et comme si aucun changement ne s'était produit dans le monde. Elle vit dans le déni et reprend les thèmes de 2005 à l'apogée de "la période guerrière de l'ex-président américain", qui ne sont plus de mise aujourd'hui ».
C'est ainsi qu'un des « penseurs » de l'opposition commente les déclarations des piliers du camp du 14 Mars à la veille de la commémoration du quatrième anniversaire de l'assassinat de Rafic Hariri.
L'analyste du 8 Mars précise toutefois qu'il comprend l'utilisation de ces thèmes pour des besoins de mobilisation électorale, mais il ajoute qu'il ne faut pas aller trop loin, car la situation internationale et régionale a connu des développements radicaux.

Selon lui, en plus de l'élection américaine qui a installé à la Maison-Blanche Barak Obama,deux événements majeurs se sont produits en ce début d'année. Il y a eu d'abord la guerre de Gaza et l'incapacité d'Israël, malgré trois semaines de bombardements d'une violence inouïe, à éliminer le Hamas de la scène politique, et ensuite les élections israéliennes qui ont permis une victoire de la droite et des extrémistes.
Le penseur de l'opposition rappelle à ce sujet que c'est la première fois que les élections législatives israéliennes se déroulent sans que les deux camps rivaux n'aient une proposition de paix ou de négociations dans leurs programmes politiques. Au contraire, ils ont tous fait de la surenchère sur l'utilisation de la force et le refus d'offrir des concessions sur un des volets en suspens. Même l'initiative arabe de paix, maintenue au sommet du Koweït en dépit des recommandations de la
rencontre de Doha, a été superbement ignorée.

Ce qui, selon ce penseur, renforce le camp arabe dit de la confrontation face à celui des modérés.
En somme, le principal perdant de ces élections israéliennes serait le camp arabe prêt à faire la paix, puisque les Israéliens en conflit sur tout sont d'accord sur un seul point : le refus de la paix dans les circonstances actuelles.

Ceux qui misaient donc sur le plan suivant :une guerre éclair à Gaza à la fin du mandat Bush et avec un accord tacite d'Obama pour éliminer le Hamas afin de permettre ainsi à Mahmoud Abbas de signer en toute tranquillité et sans la moindre contestation palestinienne un plan de paix déjà préparé, ont perdu. Il faut désormais affronter une nouvelle équation régionale : Israël ne veut pas faire la paix, et le camp du Hamas et du Hezbollah s'en trouve donc renforcé. C'est d'ailleurs avec le Hamas que les Israéliens sont en train de conclure via l'Égypte une trêve de longue durée, et Mahmoud Abbas doit suivre la tendance au lieu d'être le meneur du jeu.
L'analyste de l'opposition affirme que le premier à avoir saisi l'importance du changement en train de se produire a été le roi Abdallah d'Arabie. Voyant que les États-Unis et Israël avaient conclu un accord pour la sécurité des frontières avec Gaza, entraînant des obligations pour l'Égypte et sans consulter celle-ci ni aucun autre pays arabe, il a compris que si les Arabes ne se ressaisissaient pas, ils seraient totalement exclus des nouvelles ententes régionales. Il a donc prononcé son fameux discours « de réconciliation », et même si cette tendance ne s'est pas encore confirmée, des contacts préliminaires seraient en gestation pour lui permettre de consolider sa position au prochain sommet de Doha à la fin du mois de mars.
Selon cet analyste du 8 Mars, ce n'est pas un hasard si les pays qui mènent aujourd'hui la diplomatie la plus active dans la région sont le Qatar et la Turquie, tous deux proaméricains. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, ces deux pays ne s'opposent pas à la politique américaine, mais reflètent la nouvelle tendance de l'administration en place à Washington. La priorité est donc désormais au dialogue et le régime syrien sort renforcé de cette nouvelle situation. Les délégations américaines se succèdent à Damas, et plus personne ne met en cause le rôle régional de ce pays. Le dialogue est sur le point de s'amorcer aussi avec l'Iran. C'est dire qu'on est loin de l'atmosphère guerrière créée par la précédente administration. Dans le même temps, et en raison des résultats des élections israéliennes, la tendance n'est pas non plus à des négociations de paix, mais à une sorte de « statu quo guerrier » qui arrange aussi bien la Syrie que le Hamas et le Hezbollah, et leur permet de clamer que leur position sceptique par rapport à la signature rapide d'un accord avec Israël était la bonne. Naturellement, il faudra attendre la formation du gouvernement israélien et la vision de l'administration américaine concernant la région pour que les tendances se précisent...
L'analyste de l'opposition estime ainsi qu'il serait bon de tenir compte de ces données avant de lancer des accusations dans toutes les directions alors que l'orientation générale va dans une autre direction.
Il précise toutefois que le chef du PSP Walid Joumblatt et le leader du Courant du futur ont adopté récemment un ton un peu plus conciliant en se déclarant prêts à accepter les conclusions du Tribunal spécial pour le Liban, d'autant que celles-ci devraient se faire attendre, car selon les experts, le tribunal sera constitué le 1er mars, mais il ne devrait pas siéger dans l'immédiat.

L'analyste de l'opposition conclut toutefois en affirmant qu'il faut attendre les discours d'aujourd'hui (au grand rassemblement du centre-ville) pour voir s'il s'agit réellement d'une orientation qu'il qualifie de plus réaliste, ou si la mobilisation électorale passe par le maintien de la tension verbale.

Scarlett HADDAD

14/02/2009
http://archives.lorientlejour.com/article/608754/Nouvelles_tendances_internationales_et_r%C3%A9gionales%C2%A0%3F....html



1-3 Mahdi Darius Nazemroaya : La prochaine guerre d'Israël : après la bande de Gaza, le Liban?
L'entrée en guerre : aujourd'hui la bande de Gaza, demain le Liban.
Au Moyen-Orient, nombreux sont ceux qui croient que la guerre contre Gaza est une extension de celle de 2006 contre le Liban. La guerre à Gaza relève incontestablement du même conflit.
Aussi, depuis la défaite israélienne en 2006, Tel Aviv et Washington n'ont pas abandonné leur visée de transformer le Liban en État client.
Lors de la visite du président français Nicolas Sarkozy à Tel Aviv au début janvier, le premier ministre Éhoud Olmert lui a affirmé, en d'autres mots, qu'Israël attaquait aujourd'hui le Hamas dans la bande de Gaza et qu'il se battrait demain contre le Hezbollah au Liban [1].
Le Liban est toujours dans le collimateur. Israël cherche une justification ou un prétexte pour engager une autre guerre contre le Liban.
Initialement, Washington et Tel Aviv espéraient contrôler Beyrouth par le biais de forces politiques clientélistes au sein de l'Alliance du 14 mars. Lorsqu'il est devenu évident que ces forces ne pouvaient pas dominer politiquement le Liban, on y a déployé l'armée israélienne dans le but d'entraîner l'ultime effondrement du Hezbollah et de ses alliés politiques [2]. En 2006, les attaques israéliennes ont été les plus dures là où le soutien au Hezbollah et ses alliés était le plus important, une tentative de réduire, sinon de supprimer cet appui populaire.
Après la guerre de 2006, la seconde défaite d'Israël au Liban, Washington et Tel Aviv, avec l'aide de la Jordanie, des Émirats Arabes Unis, de l'Égypte et de l'Arabie Saoudite ont commencé à armer leurs clients au Liban afin de former un option armée interne contre le Hezbollah et ses alliés. Dans la foulée des brèves violences internes entre l'opposition nationale libanaise et l'Alliance du 14 mars, ainsi que de l'accord de Doha, conclu au Qatar le 21 mai 2008 et résultant de l'échec de cette option armée interne, l'objectif israélo-américain d'assujettir le Liban a été sérieusement compromis.
Un « gouvernement d'unité nationale » s'est formé, dans lequel l'opposition nationale libanaise – pas seulement le Hezbollah – détient un droit de veto pour le tiers des sièges du Cabinet, incluant celui du vice-premier ministre.
L'objectif au Liban est de « changer de régime » et de réprimer toute forme d'opposition politique. Mais comment y arriver? Les élections générales de 2009 ne s'annoncent pas favorable à l'Alliance du 14 mars. Sans option interne politique ou armée au Liban, laquelle pourrait entraîner l'instauration d'une « démocratie » sous l'égide des États-Unis, Washington et son indéfectible allié israélien ont choisi la seule avenue possible : une solution militaire, une autre guerre contre le Liban [3].
Croiser le fer III : Israël simule une guerre sur deux fronts contre le Liban et la Syrie.

La planification de cette guerre est déjà à un stade avancé. En novembre 2008, à peine un mois avant que Tel Aviv ne commence son massacre dans la bande de Gaza, l'Armée israélienne a tenu un exercice simulant une guerre sur deux fronts contre le Liban et la Syrie nommés Shiluv Zro'ot III (Croiser le fer III) [4].
L'exercice militaire incluait la simulation d'une invasion massive, à la fois de la Syrie et du Liban. Plusieurs mois avant les exercices israéliens d'invasion, Tel Aviv avait également averti Beyrouth qu'il déclarerait la guerre à tout le Liban, pas seulement au Hezbollah [5].
Israël justifiait ces préparatifs de guerre en affirmant que la force du Hezbollah s'était accrue et qu'il était devenu un partenaire du gouvernement depuis les accords de Doha. Ce dernier a été conclu au Qatar entre l'Alliance du 14 mars et l'opposition nationale libanaise. Il convient de noter que le Hezbollah était un membre de la coalition gouvernementale avant la guerre d'Israël contre le Liban en 2006.
Il n'y a aucun doute que Tel Aviv alléguera que le Hezbollah soutien le Hamas pour mener une guerre préventive contre le Liban sous la bannière du combat contre le terrorisme islamique. Dans ce contexte, Dell Lee Dailey, chef de la section contre-terrorisme du département d'État américain, a déclaré en entrevue à Al-Hayat qu'une attaque israélienne au Liban était « imminente » dans le cadre de la lutte au terrorisme [6].

Mise en train d'un blitzkrieg
Tel Aviv a planifié un blitzkrieg à grande échelle contre tout le Liban, lequel inclut une invasion terrestre instantanée [7]. Juste avant le début du massacre d'Israël dans la bande de Gaza, les officiels et généraux israéliens avaient promis qu'aucun village libanais ne serait à l'abris de la colère des bombardements aériens israéliens, indépendamment de la religion, de la secte et/ou de l'orientation politique de leur population [8]. 
Tel Aviv s'est essentiellement engagé à détruire totalement le Liban. Israël a également confirmé que dans toute prochaine guerre avec le Liban, le pays en entier serait ciblé, pas seulement le Hezbollah. En réalité, cela s'est déjà produit lors des attaques aériennes au Liban en 2006 [9].

Selon le Jerusalem Post, le brigadier-général Michael Ben-Baruch, un de ceux ayant supervisé les exercices d'invasion, a dit : « Au cours de la dernière guerre nous avons ouvert le feu afin de perturber les activités du Hezbollah. […] La prochaine fois, nous attaquerons pour détruire. » [10]
À la suite de la défaite d'Israël en 2006, le gouvernement israélien a admis que sa « grave erreur » était d'avoir été modéré au lieu d'avoir attaqué le Liban avec toute sa force militaire. Les officiels israéliens ont laissé entendre que si la guerre était a nouveau déclarée contre les Libanais, toutes les infrastructures civiles et gouvernementales seraient ciblées.
La nouvelle doctrine de défense de Beyrouth : une menace pour les intérêts d'Israël et son objectif de contrôler le Liban
 
Pourquoi le Liban est-il à nouveau dans le collimateur?
Pour des raisons géopolitiques et stratégiques. Le processus de consensus politique et les prochaines élections générales de 2009 au Liban sont également en cause. Après la formation à Beyrouth d'un gouvernement d'unité nationale dirigé par un nouveau président, Michel Suleiman (Sleiman), une nouvelle doctrine de défense proactive a été envisagée. Le but de celle-ci est de tenir Israël à distance et de rendre le pays sécuritaire et politiquement stable.

Lors des discussions sur la « Stratégie de défense nationale », tenues par 14 Libanais signataires des accords de Doha, toutes les parties ont convenu qu'Israël constitue une menace pour le Liban.
Dans les mois qui ont précédé la campagne militaire israélienne contre Gaza, Beyrouth a pris d'importantes mesures diplomatiques et politiques. Accompagné de plusieurs ministres du Cabinet, le président Suleiman s'est rendu à Damas (sa première visite officielle bilatérale, les 13 et 14 août 2008) et à Téhéran (les 24 et 25 novembre 2008).

Le général Jean Qahwaji (Kahwaji), commandant des Forces armées libanaises, s'est lui aussi rendu à Damas (le 29 novembre 2008) pour consulter son homologue syrien, le général Al-Habib. Lors de cette visite, il a également rencontré le général Hassan Tourkmani, ministre syrien de la Défense, ainsi que le président syrien [11]. Son voyage succédait à celui du ministre libanais de l'Intérieur, Ziad Baroud, qui a visité Damas pour la même occasion [12]. Entre-temps, le ministre libanais de la Défense, Elias Murr, était en visite officielle à Moscou (16 décembre 2008).
De ces discussions a émergé l'idée que Moscou et Téhéran fourniraient des armes aux Forces armées libanaises, qui bénéficiaient auparavant de munitions américaines bas de gamme. Les États-Unis ont toujours interdit à l'armée libanaise d'acheter des armes lourdes pouvant rivaliser avec la force militaire d'Israël.
Autre révélation, la Russie ferait le don de 10 chasseurs MIG-29 à Beyrouth, conformément à la nouvelle stratégie de défense du Liban [13]. L'utilisation de MIG-29 russes nécessiterait aussi les installations de systèmes de radars et de détection lointaine. Le Liban cherche également à obtenir des chars d'assaut, des roquettes antichars, des véhicules blindés et des hélicoptères militaires russes [14].

Dans le cadre d'une entente irano-libanaise de cinq ans en matière de défense, l'Iran a offert à l'armée libanaise de l'approvisionner en missiles à moyenne portée [15]. Par ailleurs, lorsqu'il était en Iran, Michel Suleiman a discuté avec des officiels iraniens de la Défense et a visité une exposition de l'industrie de la Défense iranienne.
Alors que les pourparlers avec Moscou et Téhéran visaient à armer les Forces armées libanaises, les discussions avec la Syrie avaient pour but d'établir et de renforcer un cadre de défense et de sécurité commun contre des agressions israéliennes [16].

Intégrer le Hezbollah aux Forces armées libanaises
En outre, Michel Aoun, chef du Courant patriotique libre et du Bloc du changement et de la réforme au Parlement libanais, a lui aussi visité Téhéran (du 12 au 16 octobre 2008, avant la visite officielle de Michel Suleiman), et Damas par la suite (du 3 au 7 décembre 2008) [17]. M. Aoun, qui joue un rôle central dans le « consensus politique », a reconnu et réaffirmé son alliance politique avec le Hezbollah.
Au moment où il appelle au désarmement pacifique du Hezbollah dans le cadre d'une stratégie de défense libanaise, M. Aoun a accepté que les combattants du Hezbollah s'intègrent tôt ou tard à l'armée du Liban. Ce processus de désarmement n'aura lieu qu'au moment propice et lorsque Israël ne constituera plus une menace pour le Liban. Le Hezbollah est largement d'accord dans la mesure où la menace israélienne à la sécurité du pays disparaît. Cette position sur les armes du Hezbollah figure dans la 10e clause (La protection du Liban) du protocole d'entente (PE) avec le Hezbollah daté du 6 février 2006, que Michel Aoun a signé au nom de son parti politique, le Courant patriotique libre.
À son retour du Liban, M. Aoun a aussi plaidé pour la formation d'une nouvelle stratégie de défense libanaise et a promis que le résultat de sa visite en Iran se matérialiserait dans six mois environ. Il a par ailleurs mentionné qu'en tant que « pouvoir régional principal entre le Liban et la Chine », l'Iran est d'une importance stratégique pour les intérêts du Liban [18].

Forces paramilitaires du Hezbollah

La direction que prend l'État libanais avec sa nouvelle stratégie de défense alarme la cohorte politique de Washington au Liban. Ils ont critiqué l'achat d'armes iraniennes et la coopération avec la Syrie en matière de défense. La visite du général Jean Qahwaji en Syrie, autorisée par le Cabinet libanais en entier, a aussi été réprimandée [19]. De plus, au sein de ces forces proaméricaines au Liban, il y a eu un mouvement favorable à une « politique de défense neutre à la Suisse » pour le Liban au Moyen-Orient. Une telle neutralité serait avantageuse géopolitiquement et stratégiquement pour les États-Unis et Israël. Il va sans dire, avec la menace d'une agression militaire israélienne qui se profile à l'horizon, cette position neutre s'avère plutôt impopulaire au Liban.
Mettre un terme à la pression israélo-américaine sur Beyrouth pour nationaliser les réfugiés palestiniens.

La création d'une nouvelle doctrine de défense proactive implique l'intégration des combattants du Hezbollah au sein des Forces armées libanaises et la dissolution des forces paramilitaires actuelles du Hezbollah, une fois que certaines conditions seront remplies.
Par conséquent, un des problèmes politiques majeurs du Liban serait résolu. L'intégration des combattants du Hezbollah dans l'armée, combinée à l'aide militaire de la Russie et de l'Iran, procurerait au Liban la capacité de se défendre et lui permettrait de confronter la menace d'une agression militaire israélienne. Ces développements inquiètent Tel Aviv, Washington et Londres, car ils vont à l'encontre du modèle américain de régimes clients qui prévaut au Moyen-Orient, régimes calqués sur l'Égypte et l'Arabie Saoudite.
En réaction au rapprochement du Liban avec la Russie et l'Iran, deux officiels du département d'État américain ont été dépêchés d'urgence à Beyrouth en décembre [20]. Pendant cette mission Dell Lee Dailey et David Hale, respectivement coordonnateur au Bureau du contre-terrorisme du département d'État et secrétaire adjoint délégué aux affaires du Moyen-Orient, ont réitéré les menaces voilées d'une attaque israélienne contre le Liban, en blâmant simplement le Hezbollah [21]. Ces menaces visent tout le Liban. Elles sont destinées à troubler la création de la nouvelle doctrine de défense libanaise.
Israël, les États-Unis et l'OTAN ont peu de temps pour empêcher Beyrouth d'implanter ce nouveau principe de défense nationale. 
Israël ne pourrait plus du tout justifier des incursions militaires au Liban si le Hezbollah devenait un parti politique intégral en vertu de cette stratégie de défense. En outre, si Beyrouth pouvait protéger ses frontières contre des menaces militaires israéliennes grâce à cette récente position défensive, cela mettrait non seulement un terme aux ambitions de Tel Aviv de dominer le Liban politiquement et économiquement, mais stopperait également la pression qu'exerce Israël sur le Liban pour qu'il naturalise les réfugiés de guerre palestiniens qui attendent de retourner sur leurs terres ancestrales occupées par Israël.
De toute évidence, la naturalisation des Palestiniens au Liban est aussi liée au processus de consensus politique, ainsi qu'à la nouvelle stratégie de défense. Michel Suleiman en a d'ailleurs discuté avec des officiels iraniens à Téhéran [22].

 

La poudrière du Moyen-Orient : un scénario de Troisième Guerre mondiale?
En 2006, lorsque Israël a attaqué le Liban, on a expliqué à l'opinion publique que cette guerre était un conflit entre Israël et le Hezbollah. Or, la guerre de 2006 était essentiellement une attaque contre le Liban en entier. Le gouvernement de Beyrouth n'a pas réussi à prendre position, a déclaré sa « neutralité » et les Forces armées du Liban ont reçu l'ordre de ne pas intervenir contre les envahisseurs israéliens. Cela était dû au fait que les partis politiques de l'Alliance du 14 mars menée par M. Hariri dominaient le gouvernement. Ils s'attendaient à ce que la guerre se termine rapidement, que le Hezbollah (leur rival politique) soit défait. Dès lors, il serait exclu de la scène politique intérieure puisqu'il ne pourrait y assumer un rôle significatif. Or, c'est exactement le contraire qui s'est produit depuis 2006.
Au demeurant, si le gouvernement libanais avait déclaré la guerre à Israël en réponse à son agression, la Syrie aurait été obligée d'intervenir en faveur du Liban, en vertu d'un traité bilatéral signé entre les deux pays en 1991.
Advenant une déclaration de guerre d'Israël contre le Liban, la structure des alliances militaires jouera un rôle crucial. La Syrie pourrait se ranger aux côtés du Liban et, si elle entre dans le conflit, Damas pourrait chercher à obtenir le soutien de Téhéran en raison d'un accord de coopération militaire bilatéral avec l'Iran.

Un scénario d'escalade est donc possible et il pourrait devenir hors de contrôle.
Si l'Iran entrait aux côtés du Liban et de la Syrie dans une guerre défensive contre Israël, les États-Unis et l'OTAN interviendraient également, ce qui nous entraînerait dans une guerre élargie.
L'Iran et la Syrie ont tout deux des accords de coopération militaire avec la Russie. L'Iran a également ce genre d'accords bilatéraux avec la Chine et est un membre observateur de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS). Les alliés de l'Iran, incluant la Russie, la Chine, ainsi que les États membres de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) et de l'OCS pourraient tous être entraînés dans ce conflit élargi.

NOTES
[1] « We're fed up with empty gestures », The Jerusalem Post, 6 janvier 2009.
[2] La militarisation du Liban, l'anéantissement de toute résistance armée crédible envers Israël au Liban et la volonté de cibler la Syrie sont d'autres facteurs ayant joué dans l'attaque israélienne de 2006.
[3] Il convient de noter que la lutte entre le Hamas et le Fatah et la campagne israélienne contre la bande de Gaza, qui a débuté le 27 décembre 2008, ont fait obstruction au processus électoral palestinien. 
[4] HAREL, Amos. « IDF concludes large drill simulating double-front war in North », Haaretz, 6 novembre 2008.
[5] RAVID, Barak. « Israel: Lebanon is responsable for Hezbollah's actions », Haaretz, 8 août 2008.
[6] « Hezbollah Terrorist Group; War with Israel Imminent », Al-Manar, 17 décembre 2008
[7] KATZ, Yakkov. « Preparing for a possible confrontation with Hizbullah », The Jerusalem Post, 11 décembre 2008.
[8] WANDER, Andrew. « Top Israeli officer says Hizbullah will be destroyed in five days 'next time' », The Daily Star (Liban), 17 décembre 2008.
[9] Ibid.
[10] KATZ, Yakkov.
« Preparing for a possible », Op. cit.
[11] ZAHAR, Ahmed Fathi et al. « President al-Assad Receives General Qahwaji, Underlines Role of Lebanese Army in Defending Lebanon's Security and Stability », Syrian Arab News Agency (SANA), 29 novembre 2008.
[12] « Lebanese army commander pays visit to Syria », Xinhua News Agency, 30 novembre 2008.
[13] YAN, Wang. « Russian donation of 10 Mig-29 fighters to Lebanon raises suspicions », Xinhua News Agency, 17 décembre 2008; STERN, Yoav. « Russia to supply Lebanon with 10 MiG-29 fighter jets », Haaretz, 17 décembre 208; « Russia 'to give' Lebanon war jets », British Broadcasting Corporation News (BBC News), 17 décembre 2008.
[14] « Lebanon defense minister to talk arms in Moscow », Russian News and Information Agency (RIA Novosti), 15 décembre 2008.
[15] E, Zheng. « Lebanese president requests medium weapons from Iran », Xinhua News Agency, 26 novembre 2008; « Kahwaji stresses LAF role, while politicians bicker some more », The Daily Star (Liban), 27 novembre 2008; « Russian donation », Op. cit.
[16] Su. « Lebanese army commander returns from Syria », Xinhua News Agency, 30 novembre 2008.
[17] MOUBAYED, Sami. « Former foe a celebrity in Damascus », Gulf News, 4 décembre 2008.
[18] « Aoun: Iran, most powerful country », Islamic Republic News Agency (IRNA), 21 octobre 2008. 
[19] « Lebanese ctiticizes army commander's visit to Syria [sic.] 
», Xinhua News Agency, 1er décembre 2008.
[20] « More praise for Russia's promise of 'free' MiGs », Agence France-Presse (AFP) et The Daily Star (Liban), 18 décembre 2008.
[21] « War with Israel Imminent », Op. cit.; « US envoy warns against rearming Lebanon's Hezbollah », Deutsche Presse-Agentur/German Press Agency (DPA), 17 décembre 2008.
[22] « Kahwaji stresses LAF role », Op. cit. 

Mahdi Darius Nazemroaya

Article original en anglais, «Israel's Next War: Today the Gaza Strip, Tomorrow Lebanon?»,

publié le 17 janvier 2009.
Traduit par Julie Lévesque pour
Mondialisation.ca

Mahdi Darius Nazemroaya est un collaborateur régulier de Mondialisation.ca.

Mahdi Darius Nazemroaya est un auteur indépendant vivant à Ottawa.  Il est spécialiste du Moyen-Orient et de l'Asie centrale et chercheur associé au Centre de recherche sur la mondialisation (CRM).  

Avis de non-responsabilité : Les opinions exprimées dans cet article n'engagent que l'auteur


1-4 Leila Mazboudi : L'étau se referme de plus en plus...
Les services de renseignements israéliens sont plus que certains: Le moment des représailles ne fait qu'approcher.
"Les jours prochains seront des jours où l'état d'urgence sera à son maximum, les paroles de Nasrallah montrent bien qu'il a l'intention de se venger pour l'assassinat de Moughniyeh en voulant kidnapper des Israéliens " a déclaré Alone Ben David, l'analyste militaire dans la dixième chaîne de la télévision israélienne.  
Sayed Nasrallah avait lors de sa conférence de presse souligné "la présence de 350 dépouilles libanaises en Israël", ce qui sous-entend, pour les Israéliens, que ce dossier n'est pas encore clos, et qu'Israël a toujours des comptes à rendre au Hezbollah.
Le chef des services de renseignements militaires, Amos Yadlene, a lu dans ce discours une volonté du Hezbollah d'exécuter une opération qui vengerait la mort de Moughniyeh, sans pour autant dégénérer en guerre (Ndlr ….)
Du coup, tous les israéliens doivent veiller à être prudents: (…)
"Nous vous conseillons d'observer certaines mesures de précaution, de rester particulièrement vaillant et de faire attention à tout ce qui n'est pas normal, de refuser tous les cadeaux gratuits, ou les rencontres avec des personnes inconnues, dans des contrées lointaines, durant la nuit, de s'abstenir d'accueillir des gens que vous ne connaissez pas ou de monter dans une voiture qui s'arrête de son plein gré", a dit le vice président du " bureau de lutte contre le terrorisme", Alecna Harnoune,
Dans les territoires de 1948, tous les responsables politiques et militaires se doivent d'observer des mesures de sécurité draconiennes.
En particulier quatre d'entre eux: l'ex-ministre de la guerre, Amir Peretz, l'ex-ministre des questions stratégiques, Avigdor Libermann, l'ancien responsable des services de renseignements Itzhak Ben Ysraéli et le chef de la commission parlementaire des affaires étrangères et de la sécurité, Tsahi Hanegbi.
En plus des menaces de représailles du Hezbollah, les responsables israéliens vivent depuis la guerre contre Gaza dans la hantise de poursuite par certains tribunaux européens et internationaux, sur fond d'accusation de crimes de guerre ou de crimes contre l'humanité. Ils ont été sommés de ne pas quitter le pays.
Il faut croire que l'étau se ferme de plus en plus sur Israël.

Leila Mazboudi

Mardi 03 Février 2009
www.almanar.com.lb

 http://news.stcom.net/modules.php?name=News&file=article&sid=3600


1-5 Nabil Kaouk : Après Gaza, le modèle de la résistance doit être généralisé à tous les Libanais.
Dans plusieurs déclarations faites ce week-end, des responsables du Hezbollah ont invoqué l'issue du conflit à Gaza pour réaffirmer le bien-fondé du choix de la résistance, à la veille de la quatrième séance de dialogue qui devrait se tenir aujourd'hui à Baabda, pour discuter, notamment, de la stratégie de defese nationale.
Des propos sans équivoque ont ainsi été tenus par Nabil Kaouk, responsable du Sud au sein du parti, qui a affirmé qu'« avec la nouvelle équation qui ressort des événements de Gaza, il n'y aura plus, dans le cadre du dialogue, de débat sur le retrait des armes, mais plutôt sur la généralisation du modèle de la résistance à tous les Libanais et à tous les pays environnants ».
Nabil Kaouk a estimé que « la résistance a prouvé une fois de plus qu'elle est apte à protéger la terre contre toute agression israélienne à Gaza, obligeant les régimes arabes à modifier leur discours et leursprises de position, et à reconnaître de nouveau que le seul ennemi est Israël ».

Pour lui, « de nouvelles équations décident désormais de l'avenir de la région, particulièrement en Palestine et au Liban, et aucune grande puissance ne pourra désormais ignorer la force de la résistance ». Il a ajouté que « les prochaines élections législatives seront une étape de plus pour protéger la position, le rôle et l'identité du Liban résistant, des tentatives de l'inclure dans l'axe des Arabes (proches) des États-Unis ».
Dans une autre déclaration, à Khiam, cheikh Kaouk a vanté « la fierté du Liban qui est d'exporter sa résistance, alors que certains continuent de douter de son bien-fondé, sachant que le débat doit porter sur la résistance comme choix unique garantissant la souveraineté et la dignité ».
À l'issue d'un entretien avec un représentant du Parti communiste cubain, Oscar Martinez, Nawwaf Moussaoui, responsable des relations internationales du Hezbollah, a estimé quant à lui que « l'échec de l'agression israélienne à mettre un terme à la résistance et à anéantir la cause palestinienne représente un recul de l'invasion américaine de la région ». « Nous sommes aujourd'hui, plus que jamais, attachés à la préservation des armes, a-t-il dit. Plus encore, nous travaillons à rallier progressivement toutes les forces politiques à la résistance. »
Pour lui, « toute tentative de priver un peuple de son droit à s'armer, et d'anéantir sa résistance, est une collaboration totale avec l'agression menée contre lui et les massacres qui le touchent ».
Pour sa part, le député Hassan Fadlallah a affirmé que « toute stratégie de defese du Liban doit avoir pour point d'ancrage une résistance forte, ayant les moyens d'infliger à l'armée israélienne une défaite à tous les niveaux, et de dissuader l'ennemi de penser à lancer une offensive contre nous ». Il a insisté sur le fait que « la Résistance, après l'offensive contre Gaza, est encore plus convaincue du seul choix offert aux Libanais, et qui est de renforcer leur résistance et d'y participer tous ensemble ».  Sur l'entente arabe, le député Fadlallah a estimé qu'elle « devrait avoir une incidence positive sur le Liban, mais qu'elle doit reposer sur des constantes, sachant que l'option du
compromis est définitivement tombée ».
Enfin, le député Nawwar el-Sahili a assuré que « tout le monde doit êtreconvaincu que la résistance est notre seule option ». Interrogé sur les listes centristes aux futures législatives qui ont fait l'objet de
critiques de la part des alliés du Hezbollah, M. Sahili a souligné que « le centrisme en soi ne doit pas être dénoncé, mais les noms en gestation s'avèrent n'avoir rien à voir avec le centrisme, mais faire plutôt partie du camp du 14 Mars ». Il a par ailleurs accusé le chef du Bloc du futur, le député Saad Hariri, de tenir un discours confessionnel et d'«aller à l'encontre de l'accord de Doha ».

http://www.lorient-lejour.com.lb/page.aspx?page=article&id=389971



2 Annexe
2-1 Nature du Hezbollah

Le Hezbollah est considéré comme un mouvement de résistance par la Syrie, l'Iran et une partie de l'opinion publique des pays arabes ou musulmans, et comme organisation terroriste par les États-Unis[2] le Canada, et Israël. L'Australie et le Royaume-Uni ne considèrent que la branche armée comme terroriste, pas la branche politiqueLa Russie ne considère pas le Hezbollah comme une organisation terroriste.

La position de l'Union européenne est contrastée : par la voix du président de l'Union en exercice au 1er août 2006, l'Union européenne signale que le Hezbollah ne sera pas inscrit sur la liste des organisations terroristes; toutefois, le Conseil de l'Union européenne inclut l'officier supérieur des services de renseignements du Hezbollah Imad Fa'iz Mughniyah (alias Mughniyah, Imad Fayiz) sur sa liste de terroristes[4]. Cette classification est contraignante mais ne concerne pas la branche civile du parti et sa branche armée située à l'intérieur du Liban. Sur le mouvement considéré dans son ensemble, le Conseil de l'Union européenne a jusqu'ici jugé que le Hezbollah ne s'inscrivait pas parmi les mouvements terroristes, malgré plusieurs demandes des États-Unis. Certains diplomates européens estiment que le dernier refus de mars 2005 de l'inscrire sur la liste des mouvements terroristes était motivé par le fait que l'Union européenne ne souhaitait pas, en cette période d'instabilité au Liban, aggraver la situation.[]

À la différence du Conseil de l'Union européenne, le Parlement européen a adopté le 10 mars 2005 une résolution (par 473 voix pour et 33 contre)[5] déclarative et non contraignante pour les États membres qualifiant le Hezbollah de terroriste (« 7. considère qu'il existe des preuves irréfutables de l'action terroriste du Hezbollah et qu'il convient que le Conseil prenne toutes les mesures qui s'imposent pour mettre un terme à cette action »).

L'ONU ne classe pas le Hezbollah dans sa liste des organisations terroristes mais le Conseil de sécurité de l'ONU appelle à son désarmement.

Le Hezbollah jouit d'une certaine popularité dans le monde arabo-musulman pour avoir contribué au retrait israélien du Liban Sud en mai 2000. Il s'inspire du principe du velayat-e faqih, c'est-à-dire la primauté des théologiens (velayat-e faqih signifie « gouvernement du docte ») sur la communauté chiite, à présent controversé.

Enfin, Hassan Nasrallah déclara à plusieurs reprises ne pas soutenir le mouvement terroriste Al-Qaida. En effet l'esprit du parti politique Hezbollah est de distinguer clairement l'idée de résistance face à Israël et l'attitude de terroristes d'Al-Qaida. Hassan Nasrallah l'a déclaré plusieurs fois sur la chaîne Al Jazeera ; c'est d'ailleurs la position de l'ayatollah Ali Khamenei, marja des Hezbollah iranien et libanais.

 


2-2 Une autre façon de penser les problèmes du Liban.
Depuis l'accession du Liban à l'ordre international au milieu du XIXè siècle, une partie des personnalités politiques chrétiennes du Liban a toujours voulu voir notre pays arrimé aux puissances occidentales, qu'elles qu'en soient les conséquences pour la stabilité du pays et la paix civile. Ce groupe de familles politiques a continué sur la même ligne après l'indépendance du pays en 1943, sans plus réfléchir sur les conséquences de cette politique de nature suicidaire. 1958, 1968, 1975-1990, enfin depuis 2005 jusqu'à aujourd'hui, autant d'épisodes durant lesquels, ce groupe n'a eu qu'une obsession en tête : coller à la politique des puissances occidentales au Moyen-Orient et aux régimes arabes dits « modérés » qui leur sont dévoués. Peu leur importe qu'en définitive les résultats, bien rarement positifs, de cette politique entraîne une émigration permanente et dangereuse des chrétiens du Liban ainsi que l'érosion de leur importance politique sur l'échiquier national.

Il y a dans cette position quasi-suicidaire une dogmatique qui s'exprime par trois axiomes.

Il s'agit d'abord du refus d'un Etat fort, disposant d'appareils de sécurité efficace ; ce refus amène au démantèlement de ces appareils à chaque grande crise régionale. Il en a été ainsi notamment après le départ du Général Fouad Chéhab de la présidence de la république et la guerre israélo-arabe de juin 1967, ce qui a ouvert la porte à la pénétration des mouvements armés palestiniens et la signature du malheureux Accord du Caire ; mais aussi, plus récemment, à l'occasion de l'assassinat de Rafik Hariri, ce qui a permis l'implantation des mouvements jihadistes sunnites au Liban, tels Fath el Islam. Ce démantèlement se déroule à chaque fois derrière le prétexte de la defese de la démocratie, comme si le Liban était la Norvège et vivait sur une île isolée à l'abri des ambitions de puissances régionales et internationales.

Il s'agit ensuite de la recherche à tout prix d'un alignement sur un axe arabe pro-occidental contre ceux des pays arabes qui résistent aux demandes et pressions de l'Occident sur le plan politique. Fouad Chéhab fut honni par cette catégorie de personnalités politiques pour avoir traité avec le régime nassérien et avoir accepté que l'influence nassérienne soit prise en considération dans la politique extérieure du pays. La sécurité et la stabilité que cette sagesse politique a assurées au Liban durant les six ans de sa présidence sont totalement ignorées et, jusqu'aujourd'hui, une propagande nocive s'acharne à détruire l'image de ce grand réformateur, sous prétexte des agissements du Second bureau de l'armée libanaise, comme si ailleurs dans le monde - y compris démocratique- les services de sécurité respectaient toujours dans leurs opérations et comportements la plus haute moralité et transparence.

Enfin, le troisième axiome est qu'il n'existe pas de problème social au Liban, ni même un problème de modèle économique étriqué qui ne peut en aucun cas assurer la prospérité de tous les Libanais et la solidité financière de l'Etat. Les phénomènes d'exploitation économique et sociale les plus outrageants qui, à leur tour, mettent aussi en danger la paix civile et favorisent le développement des extrémismes sont totalement ignorés et toute aspiration de réforme économique et profondeur est vivement combattue, comme ce fut le cas pour celles préconisées et réalisées par Fouad Chéhab sous l'inspiration (chrétienne) très remarquable de l'Abbé Louis Lebret et de la mission IRFED.

Les résultats de cette attitude politique ont été particulièrement catastrophiques durant la période 1975-1990 et, notamment à partir de 1978 du fait de l'alliance forgée par le Front Libanais avec l'Etat d'Israël et de l'abandon de l'alliance précédente conclue en 1976 avec la Syrie. Cette alliance contre nature avec l'Etat d'Israël, qui amènera le Liban à être le second pays à signer la paix (morte née) avec Israël après l'Egypte, permet alors l'invasion sanglante de 1982 qui se termine dans le chaos généralisé et l'expulsion de toute la communauté chrétienne de la région du Chouf.

Il semble, toutefois, que les leçons du passé n'ont guère été apprises. Le même comportement aveugle, sur le mode de la tragédie grecque, semble aujourd'hui se répéter. Il est vrai qu'à la différence de la période 1978-1982, une partie de la communauté sunnite et de la communauté druze s'est convertie aux thèses d'un pro-occidentalisme aveugle, ce qui ne fait malheureusement que conforter cette façon de voir devenue un autisme dangereux dans une partie du leadership libanais.

En revanche, ce sont encore cette fois deux militaires chrétiens (le Général Emile Lahoud et le Général Michel Aoun) qui font face à cet autisme. Parce que ces deux personnalités ont continué sur la lignée du Chéhabisme et ont refusé d'embrigader le Liban dans les projets de l'Occident et des régimes arabes alignés sur lui en Orient, quel déchaînement de dénigrement subissent ces deux militaires (qui ont pourtant été dans des camps opposés autrefois) ! La même véhémence, les mêmes mots dépréciateurs et jugements à l'emporte pièce sont employés aujourd'hui que ceux qui avaient été proférés, il y a un demi-siècle, pour dénigrer la politique du Général Fouad Chéhab et sa personnalité, ainsi que son alliance avec l'Egypte nassérienne.

Et pourtant, existe-t-il vraiment une autre politique afin de sauvegarder la paix civile, mais aussi afin d'assurer aux Chrétiens du Liban de pouvoir vivre la tête haute dans leur pays, sans être toujours du mauvais côté de la barrière. En effet, qui peut croire vraiment, s'il connaît quelque peu l'histoire du Moyen-Orient, à la possibilité pour les Etats-Unis et Israël de pouvoir continuer à long terme de mener cette politique d'hégémonie cruelle dans la région ? L'échec des Croisades ou la liquidation des deux colonialismes anglais et français, mais aussi la persistance des résistances aux occupations étrangères en Irak, en Palestine, au Liban, la catastrophe entraînée par l'intervention américaine en Irak, ne donnent-ils pas à réfléchir sur l'erreur permanente d'un alignement sur la politique des puissances occidentales ?

Si des pays homogènes comme l'Egypte ou le Maroc ou le puissant petit Emirat de Qatar ou d'autres pays peuvent se payer le luxe de relations avec Israël et la soumission aux intérêts américains dans la région, pense-t-on vraiment que le Liban dans sa fragile complexité le peut ?

C'est manquer totalement de réalisme et refuser les leçons du passé tout proche (1982-1985). Faut-il ajouter que ce que peuvent se permettre les majorités communautaires en Orient, les minorités ne le peuvent pas et n'ont aucun intérêt à mettre en danger leur avenir et ceux des générations futures pour les beaux yeux des Etats-Unis et d'Israël.

De plus, peut-on continuer avec cette vieille obsession qui ne voit l'ennemi que d'un seul et même côté et l'ami toujours d'un autre, comme si la géopolitique tourmentée de la région était régie par des démons d'un côté, des bonnes oeuvres charitables de l'autre. Cela est indigne de notre culture libanaise, de notre riche patrimoine, ainsi que de l'ambition des Libanais d'être une avant-garde du progrès en Orient.

Le Liban, de par sa vocation, mais aussi de par sa position géographique entre la Syrie, la Palestine occupée et Israël, ne peut être malheureusement un pays non aligné ou même neutralisé dans l'ordre régional, ce qui eût certes été souhaitable. Il doit donc développer une stature forte qui ne le mette pas à la remorque de tel ou tel regroupement régional. Il doit, pour cela, disposer d'un système de defese cohérent et efficace qui dissuade l'Etat d'Israël de vouloir encore et toujours l'attaquer, violer son espace maritime et aérien, s'accaparer ses eaux, notamment celles très abondantes de la zone des Fermes de Chébaa, toujours occupée par Israël. Le Liban ne peut pas non plus plus faire partie de groupe de pays arabes qui font pression sur les organisations palestiniennes pour qu'elles abandonnent toute résistance à l'occupation israélienne et qui oeuvrent pour consolider l'hégémonie américano-israélienne sur la région. La présence d'un si grand nombre de réfugiés, le spectre d'une implantation qui leur attribuerait la nationalité libanaise et achèverait de perturber les fragiles équilibres communautaires et socio-politiques : autant de raisons graves qui font que notre politique doit être très vigilante en ce domaine.

Avec la Syrie, il est clair au-delà de toute hésitation qu'il faut des relations très strictement égalitaires sur le plan des respects de la souveraineté. La délimitation définitive des frontières et l'établissement de relations diplomatiques, ainsi que la révision des accords passés, sont une autre composante d'une relation définitivement assainie. En contrepartie, il convient d'abandonner toute velléité de participer à des pressions occidentales ou arabes pour déstabiliser le régime de notre grand voisin. Le devoir de réserve s'impose à tous les hommes politiques dans ce domaine avec la même vigueur que pour d'autres pays arabes, comme l'Arabie saoudite.

Cependant, pour parvenir à ces objectifs, il est clair que nous devons passer du vieux modèle économique basé sur une économie non sophistiquée de simple intermédiation dans le domaine des services à un modèle à l'irlandaise. Notre modèle actuel est, en effet, totalement dépassé par les données nouvelles de la globalisation économique et les progrès immenses réalisés par les économies arabes voisines. Si autrefois nous avons pu jouer le rôle d'intermédiaires entre le monde capitaliste développé et les économies arabes sous-développées ou en proie au socialisme d'Etat, aujourd'hui, ce rôle est dépassé. De toutes façons, il est de la nature même de la globalisation économique de supprimer les intermédiaires.

En conséquence, nous devons opérer un saut qualitatif majeur dans notre façon de penser notre économie : il est impératif de la diversifier, d'aller vers des activités sophistiquées à haute valeur ajoutée qui tirent profit de l'existence de ressources en eaux, de la remarquable biodiversité dont jouit le pays, de la qualité de nos ressources humaines dans tous les domaines techniques et scientifiques et qui doivent s'expatrier faute de trouver stabilité et débouchés professionnels à la mesure de leurs capacités et de leur dynamisme.

Ce n'est que de cette façon que nous pourrons dégager les ressources nécessaires pour commencer enfin à rembourser notre dette publique astronomique et pour assurer le financement de moyens de notre defese adéquats, tout en intégrant le bras armée du Hezbollah dont il ne faut pas perdre l'expérience et la capacité militaires exceptionnelles, ni le brader politiquement sans contrepartie sérieuse.

Si les problèmes libanais ne trouvent pas de solution plus de soixante ans après l'indépendance, c'est parce qu'ils sont mal posés. C'est une autre façon de penser le Liban à laquelle nous sommes appelés, si nous voulons sortir du cercle vicieux des crises qui nous affectent à chaque fois que des tensions régionales fortes se manifestent ; mais aussi, si nous voulons dépasser les sensibilités politiques antagonistes entre Libanais, qui tournent toujours et exclusivement autour de la politique extérieure du pays et de sa place sur l'échiquier régional.

Tout le reste n'est que bavardage insipide, répétitif et lassant qui pousse toujours plus de Libanais à l'émigration.

Georges Corm

Georges Corm est l'auteur de l'ouvrage Le Liban contemporain. Histoire et société, La Découverte, Paris, 2005 et du Proche-Orient éclaté. 1956-2007, Gallimard, Coll. Folio/histoire, 2007.

31 janvier 

http://alternatives-international.net/article2906.html


2-3 Supervision de la situation des droits de l'homme dans le monde arabe.  

Directeur du Département des droits de l'homme à la Ligue des Etats arabes, Mahmoud Rached Ghaleb évoque la création le mois prochain du premier organe arabe pour la supervision de la situation des droits de l'homme dans le monde arabe.  

« Cette expérience est nouvelle dans le monde arabe et toutes les facilités lui seront octroyées » 

Al-ahram hebdo : Un comité arabe des droits de l'homme sera élu le mois prochain au sein de la Ligue  arabe. Sa mission est de superviser l'état des droits de l'homme dans ces pays. Comment a été créé ce premier mécanisme chargé de la mise en vigueur de la première charte arabe des droits de l'homme ? Quelles sont ses prérogatives ?

Mahmoud Rached Ghaleb : Ce mécanisme, appelé « le comité arabe des droits de l'homme », a été prévu dans la charte arabe des droits de l'homme, qui est le premier document régional pour les droits de l'homme dans le monde arabe. En effet, l'unique rassemblement au monde qui ne disposait pas d'un document régional pour les droits de l'homme était le monde arabe. Cette charte est entrée en vigueur en mars 2008. Il était donc nécessaire d'élaborer un mécanisme permettant de contrôler la mise en exécution de la charte. Actuellement, nous effectuons les préparatifs finaux pour la formation du comité par le biais d'un vote à huis clos en mars prochain. Ce comité recevra des rapports de la part des Etats signataires. Ceux-ci sont jusqu'à maintenant 9 Etats parmi les 22 membres de la Ligue arabe et d'autres sont sur le point de signer le document. Les Etats signataires sont appelés les Etats membres. Les rapports portent sur l'application de la charte arabe des droits de l'homme dans chaque Etat membre et le comité est chargé d'étudier les rapports et de les discuter en présence d'un représentant de l'Etat concerné. Ensuite, à la lumière des rapports reçus, le comité élabore ses propres rapports et enregistre ses remarques et avis pour les soumettre au Conseil de la Ligue arabe, composé des représentants permanents des Etats membres. Le comité est également chargé de faire parvenir aux Etats membres des rapports évaluant la mise en exécution de la charte et le respect de ses dispositions par chaque gouvernement. Le comité a en outre obtenu le droit de présenter directement ses rapports au Conseil de la Ligue arabe. Chose nouvelle dans l'action arabe commune, puisque auparavant, aucune question n'était soumise au Conseil que par l'intermédiaire du secrétaire général, d'un des Etats ou d'organes attachés au Conseil comme les comités permanents.

— Comment sera formé le comité arabe des droits de l'homme ?

— Le comité est formé de sept experts dans le domaine des droits de l'homme. Les Etats membres déposent les noms de leurs candidats et sept parmi eux seront élus selon leurs compétences personnelles. Ils exerceront leurs fonctions en tant qu'experts en la matière et non en tant que représentants de leurs Etats. Et pour garantir le maximum d'indépendance aux membres du comité et leur permettre de jouer un rôle actif, la charte stipule que ceux-ci disposeront d'un budget indépendant et d'un organisme administratif propre à eux. La charte a également donné au comité la liberté de fixer son statut intérieur.

— Pour lui permettre de mener à bien sa mission, le comité arabe des droits de l'homme jouira d'une immunité dans ses activités. Que signifie concrètement cette immunité et comment sera-t-elle appliquée dans les faits ?

— La charte a octroyé au comité une immunité lui permettant d'annoncer et de publier des déclarations sur une large étendue concernant ses remarques et points de vue. Il en est de même pour les rapports élaborés par le comité concernant la conformité des procédures entreprises dans chaque Etat aux clauses de la charte. L'immunité ici signifie que les membres ne pourront pas être jugés pour les déclarations portant sur leur travail. Les membres ne peuvent être ni arrêtés, ni interpellés, ni interdits de voyager s'ils font des déclarations relatives à leur travail. Cette expérience est donc nouvelle dans le monde arabe et toutes les facilités lui seront octroyées de la part de la Ligue des Etats arabes.

— Le comité a-t-il le droit d'élaborer des rapports sur la situation des droits de l'homme dans les Etats non signataires de la charte arabe des droits de l'homme ?

— Bien sûr que non. C'est un principe juridique universel qui s'applique aussi bien à l'organisation des Nations-Unies qu'aux traités internationaux : les dispositions de toute charte ou convention ne sont appliquées que sur les Etats qui l'ont signée. C'est pour cela que nous appelons Etats membres ceux qui signent la charte arabe des droits de l'homme.

Quels liens le comité maintiendrait-il avec les organisations arabes et internationales des droits de l'homme qui rédigent des rapports réguliers sur le monde arabe ?

— A ce jour, le comité n'est concerné que par les rapports qui lui seront soumis par les Etats membres de la charte arabe des droits de l'homme afin de déterminer leur conformité à la charte. C'est ainsi que fonctionne le mécanisme de la charte. En réalité, la création de ce comité constitue un pas énorme et il est possible qu'à l'avenir, ses prérogatives prennent plus d'ampleur en prenant en compte par exemple des rapports élaborés par des Organisations Non Gouvernementales (ONG) ou même par des individus. Notre travail passe encore par sa première phase, comme cela a été le cas pour toutes les organisations internationales et régionales : des Etats signent une charte et la mettent en application.

La charte arabe des droits de l'homme a-t-elle prévu la création d'organes d'aide au comité dans son travail, vu l'étendue de sa mission qui couvre plusieurs pays ?

— Il se peut qu'à l'avenir, le comité estime qu'il a besoin d'être soutenu par un organisme consultatif. C'est-à-dire que le comité peut recourir à des experts dans son travail.

Quelles sont les démarches entreprises par la Ligue arabe pour faire juger les responsables israéliens accusés de crimes de guerre contre la population palestinienne lors de l'agression contre la bande de Gaza ?

— Il est évident qu'Israël a commis des crimes de guerre contre les habitants de Gaza. Un groupe d'experts en droit international et droit pénal international ainsi que des activistes des droits de l'homme étudient au sein de la Ligue arabe les moyens de faire juger les criminels de guerre israéliens afin d'éviter qu'ils n'échappent aux crimes qu'ils avaient commis. Cet examen bénéficie de l'intérêt des plus hautes autorités de la Ligue qui participent aux discussions, à leur tête le secrétaire général Amr Moussa, les secrétaires généraux adjoints chargés des affaires arabes et de la Palestine, Ahmed Ben Helli et Mohamed Sobeih, ainsi que l'ancien et premier juge arabe à la Cour Internationale de Justice (CIJ) à La Haye, l'Egyptien Fouad Riyad.

   http://hebdo.ahram.org.eg/arab/ahram/2009/2/11/invi0.htm

 


2-4 Le Mig-29.

Historique

Le Mig-29 Fulcrum effectua son premier vol le 6 octobre 1977.

Destiné à remplacer le Mig-21 et à contrer le F-16 américain en cours de développement, ce chasseur de supériorité aérienne est très manoeuvrant (en combat aérien rapproché, il est plus agile qu' un F-16 et ce sans disposer de commandes de vol électriques comme ce dernier) et capable d' opérer à partir de pistes peu préparées grâce à un ingénieux système d' obturation des entrées d' air.

14 prototypes ont été nécessaires à son développement et à sa mise en service dans les régiments soviétiques à partir de 1984. A ce jour, plus de 1500 exemplaires (dont plus de 900 pour l'exportation) ont été construits à l' usine MAPO de Moscou (Mig-29 Fulcrum A) et celle de Nijni Novgorod (Mig-29UB Fulcrum B).

Lorsqu'il fit son apparition, les experts occidentaux n'en crurent pas leurs yeux : cet appareil possédait une aérodynamique particulièrement moderne et semblait disposer d'un système d'arme très évolué. Notamment avec son système de détection passif infrarouge et son viseur de casque. Aujourd' hui, on en sait un peu plus sur cet appareil et ses limites comme son avionique compliquée à mettre en oeuvre et limitée, sa faible capacité en carburant et donc en rayon d'action, sa maintenance compliquée.... De plus, il a été conçu comme un maillon dans le système de defese aérienne soviétique qui veut que tout soit "contrôlé" du sol. Toutefois, il reste un excellent chasseur de defese aérienne locale. Les dernières évolutions proposées par MIG (les chasseurs multirôles Mig-29SMT/UBT et le futur Mig-35 ainsi que les multirôles embarqués Mig-29K/KUB) remédient à ses défauts majeurs et en font un appareil moderne et performant capable de rivaliser avec les F-16E/F ou JAS-39 Gripen par exemple... La production en série du Mig-29 pour la Russie a cessé en 1992. Celle pour l'export continue toujours de nos jours avec les dernières commandes de l'Algérie, de l'Inde ou du Yémen par exemple. De nombreux autres Mig-29 neufs (mais non acquis par la Russie) ou d'occasion ont aussi trouvé preneur auprès de pays n'ayant pas les moyens d'acheter des exemplaires neufs de dernière génération comme le Pérou, le Bangladesh ou l'Erythrée.

Versions

- Mig-29 Fulcrum A (9.12) : ce monoplace de chasse constitue la version de base du Mig-29 entrée en production en 1982. L'indice "9.12" est celui attribué par Mig et MAPO aux appareils livrés à la Russie. Certains appareils équipés d'un pylone central renforcé étaient capables d'emporter et de larguer des bombes nucléaires. La version "9.12A" produite entre 1988 et 1991 à destination des autres pays membres du Pacte de Varsovie était bien entendu dénuée de cette capacité nucléaire tandis que ses équipements (IFF, optronique secteur frontal et radar N019EA par exemple) étaient "dégradés".

- Mig-29B (9.12B) : version du 9.12 produite à partir de 1986 pour les pays non membres du Pacte de Varsovie. Elle était elle-aussi "dégradée" : pas de liaison de données Laszlo, équipements IFF et ECM moins performants, radar N019EB modifié, etc. Les équipements et caractéristiques peuvent varier selon le pays client et l'année de production.

- Mig-29 Fulcrum A (9.13) : version modernisée du Fulcrum A distinguable par une bosse sur le dos comprenant des systèmes ECM plus évolués (brouilleur actif L-203BE Gardeniya 1 FU) et un réservoir de carburant complémentaire. La charge militaire est portée à 3,2 tonnes et un réservoir pendulaire externe peut être monté en option. Le premier vol du "9.13" a eu lieu en 1984 et les premiers exemplaires ont été mis en production à partir de 1986. Cette version n'a pas été exportée bien que des pays de l'ex-URSS aient hérité d'un certain nombre d'entre eux après la chute de l'URSS.

- Mig-29UB Fulcrum B (9.51) : version biplace d'entraînement du "9.12", le Mig-29UB n'a pas de radar (donc pas de missiles air air à guidage radar non plus) mais conserve son canon, ses pylones d'armements et l'optronique secteur frontal (le tir de missiles air air à guidage IR reste donc possible). Le premier Mig-29UB a volé en 1981 avant début de la production l'année suivante.

- Mig-29S Fulcrum C (9.13S) : version modernisée du "9.13" avec une charge militaire portée à 4 tonnes, un radar N019M modernisé, la possibilité d'emporter deux réservoirs pendulaires externes, les missiles air air R-77, R-27ER et R-27ET ainsi que des bombes et roquettes classiques. Les premiers essais ont eut lieu en 1984 mais le prototype définitif de cette version ne vola qu'en 1989. Seuls 16 exemplaires neufs auraient été mis en service au sein des VVS sur les 50 produits par Mig. Par contre, quelques exemplaires du "9.12" auraient été ultérieurement rétrofités à ce standard ; prenant alors la désignation "9.12S". La version export est désignée Mig-29SE et peut inclure des équipements spécifiques au client dont des équipements IFF, de navigation et de communication occidentaux.

- Mig-29SM (9.13SM) : version du "9.13" avec des capacités air-sol étendues aux bombes (KAB-500KR) et missiles guidés (Kh-29 et Kh-31). Cet appareil n'a ni été adopté par la Russie ni exporté. Il a été supplanté par le Mig-29SMT.

- Mig-29SD (9.12SD) : Mig proposa une version export du "9.13S" dénommée Mig-29SD. Il s'agissait en fait d'un "9.12B" de base équipé des améliorations apportées au Mig-29SM et du radar N019ME permettant le tir de missiles air air R-77. La Malaisie fit moderniser ses Mig-29B/UB à ce standard et ils devinrent alors des Mig-29N/NUB. Ils emportent des équipements occidentaux (IFF, GPS, Tacan/ILS par exemple).

- Mig-29BM : version modernisée localement (radar N019P, nouveaux écrans, missiles R-77, Kh-29 et Kh-31, bombes KAB-500KR) pour les forces aériennes biélorusses. Les essais en vol se sont achevés en 2003.

- Mig-29M (9.15) : version entièrement revue du 9.13SM avec de réelles capacités multirôles, une charge militaire augmentée ainsi que son rayon d'action (grâce à une quantité de carburant augmentée à 5 700 litres) au détriment toutefois de la possibilité d'opérer à partir de terrains non préparés. Le cockpit proposé est modernisé avec des écrans multifonctions. Les réacteurs sont des RD-33K. Des éléments de structure ont également été revus comme les entrées d'air agrandies ou les ailes. Du côté des équipements, un nouveau brouilleur actif "Gardeniya" prend place dans la bosse dorsale ainsi qu'un nouvel IFF. L'optronique secteur frontal est entièrement nouvelle avec voies IR, laser et TV. Le radar est remplacé par le Phazotron NIIR N010 Zhuk plus léger et multirôle (avec capacité de suivi de terrain et mode cartographique). 10 cibles peuvent être traquées simultanément et quatre engagées simultanément à 80km de distance. Les performances en combat aérien sont augmentées notamment en terme d'angle d'attaque ou de manoeuvrabilité. Quasiment toute la panoplie d'armements russes air air (dont le R-77) et air surface peut être emportée (4,5 tonnes d'armements au total). Les premiers essais remontent à 1986-91 avec pas moins de 6 prototypes. Toutefois le programme a été gelé en 1992 car financièrement non viable pour la Russie en pleine crise et le développement prévu d'une version biplace Mig-29UBM a lui aussi été abandonné. Plus tard, Mig a présenté des versions monoplace M1 et biplace M2 améliorées avec radar multimode Phazotron NIIR Zhuk-M. Elles deviendront le Mig-35.

- Mig-29K Fulcrum D (9.31) et Mig-29KUB (9.47) : version navalisée (crosse d'appontage, extrémités d'ailes repliables, réacteurs RD-33K plus puissants...) destinée à opérer à partir de porte-avions et développée à partir du Mig-29M. Le premier vol a eu lieu en 1988 suivi des essais sur porte-avions en 1989. Le programme a été gelé en 1992 suite à la victoire du Su-33 concurrent pour l'équipement de l'aviation navale russe. La version biplace envisagée (le Mig-29KU) n'a pas été développée suite à cet échec. Mais l'Inde, qui a acheté le porte-aéronefs ex-russe Adm. Gorshkov, a passé commande en 2004 de plusieurs exemplaires (dont des biplaces Mig-29KUB) permettant de relancer le programme à un standard encore plus avancé : les Mig-29K et KUB sont désormais proches des Mig-29M1/M2 pour ce qui concerne leurs performances, équipements et armements. Ils sont naturellement adaptés aux exigences indiennes. Le Mig-29KUB a effectué son premier vol en 2007. Les Mig-29K et Mig-29KUB pourraient ultérieurement prendre la désignation Mig-33.

- Mig-29SMT et UBT : nouvelles versions monoplace (9.17) et biplace (9.52) basées sur le Mig-29M amélioré avec une avionique et des équipements modernes dont le radar N019MP, l'intégration d'armes nouvelles (5 tonnes autorisées), une perche de ravitaillement en vol... Les premiers vols ont été réalisés en 1997-98 et la première conversion d'un appareil des VVS en 1999. L' Etat russe voulait moderniser à ces standards respectivement 180 monoplaces et 124 biplaces mais des difficultés financières n'auraient permis que la modernisation d'une demi-douzaine d'appareils jusqu'en 2000 ; date de gel du programme. Il semblerait que le programme de modernisation des Mig-29 des VVS ait repris en 2006 ; essentiellement pour les Mig-29 monoplaces. Le Mig-29UBT aurait quant à lui été développé sur fonds propres par Mig. Les Mig-29SMT ont été produits pour l'export à partir de 2004 avec quelques modifications. Ils ont donc pris de nouveaux indices de production "9.18" (premier vol en 2003 et acheté par le Yémen) et "9.19" (premier vol en 2005 et acheté par l'Algérie). Ils sont équipés du radar Zhuk-ME.

- Mig-29OVT : démonstrateur technologique équipé des mêmes systèmes que le Mig-29M1 mais dôté de tuyères à poussée vectorielle. Il a été présenté pour la première fois en 2001. Le principe de la poussée vectorielle, expérimenté sur le Mig-29OVT, sera repris sur le Mig-35.

- Mig-35 : ultime version du Mig-29 en développement pour l'export et l'Inde en particulier. Le Mig-35 est basé sur les Mig-29M1/M2, Mig-29OVT et Mig-29K/KUB que Mig essaye de rapprocher autant que possible. Il a été présenté en 2005 mais ne sera disponible qu'à la fin de la décennie. Il disposera d'un radar actif à balayage électronique Zhuk-MAE (le radar Bars-29 passif est également proposé), de tuyères vectorielles (optionnelles) et d'équipements qualifiés de "cinquième génération". Le Zhuk-MAE sera notamment capable de détecter un chasseur à 130-200 km, de traquer 30 cibles et d'en engager 8 simultanément. L'heure de vol sur Mig-35 devrait coûter 2,5 fois moins cher que sur le Mig-29 de base selon Mig tandis que la capacité en carburant sera accrue de 50% et la charge militaire portée à plus de 6 tonnes...

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