mercredi 16 septembre 2009

"LE VATICAN CONTEMPORAIN", retracé du moins jusqu' en 1962..., jusquà la page 10, en attendant progressivement les suivantes.

Subject: "LE VATICAN CONTEMPORAIN", retracé du moins jusqu' en 1962..., jusquà la page 10, en attendant progressivement les suivantes.




"LE VATICAN CONTEMPORAIN", retracé du moins jusqu' en 1962...

Je publierai progressivement ce retracé politico-historique, au fur et à mesure de mes disponibilités, sur "paix _ socialisme _ communisme" ...

Bienvenue et bonne lecture à tous mes correspondants qui auront la patience de le lire jusqu' au bout ! Cela en vaut peut être la peine ... (???).

RoRo12

03/09/2008

 

Chapitre premier

LTAT DE LA CITE DU VATICAN

Le Vatican est tout à la fois un État microscopique enclavé dans Rome et le centre de l'Église catholique romaine (1) .

II est devenu un État aux termes du traité de Latran, conclu en 1929 entre Pie XI et le gouvernement fasciste de Mussolini. L'article 3 de ce traité stipule: «L'Italie reconnaît au Saint-Siège l'entière propriété, le pouvoir exclusif et absolu, et la juridiction souveraine sur le Vatican dans sa composition actuelle, avec toutes ses dépendances et dotations, instituant ainsi, à des fins particulières et dans les modalités stipues au présent trai, la Cite du Vatican.»

Ltat du Vatican ne ressemble à aucun autre État du monde en ce sens qu'il n'a ni ouvriers, ni paysans, ni industrie, ni agriculture. C'est un minuscule État ecclésiastique dont le souverain absolu est le pape de Rome, chef de la catholici.

(pages 1, 2, 3)

I Le Vatican est une colline située sur la rive droite du Tibre, dans le nord-ouest de Rome. Ce fut dans l' antiquité un lieu de culte et de vaticinations. d'où, vraisemblablement, son appellation. L'un des dieux de la mythologie romaine était Vaticanus qui, assurait-on, faisait pousser à l'enfant son premier cri. (Voir Gaston Boissier: La religion romaine d'Auguste aux Antonins, Paris 1906, p. 4). Après que le christianisme fut devenu la religion d

État de l'Empire romain, le Vatican devint un haut lieu du culte chrétien. C'est à la fin du Ve siècle et au début du VIe que I' on a commencé à bâtir les édifices de l' éché de Rome. Depuis la fin du XIVe siècle, le Vatican est la résidence permanente des papes.

Pendant onze siècles, de 756 a 1870, il a existé sur le territoire de l' Italie actuelle des États pontificaux (ou États de 1'Église) où la plénitude du pouvoir temporel appartenait au clergé catholique. Le pape de Rome était chef de cet État caractérisé par 1'exploitation féodale des masses populaires et le joug de 1'Église catholiqueSur la fin, les États pontificaux comptaient parmi les puissances les plus réactionnaires d'Europe.

Laissons parler l'Histoire universelle de Schlosser (1776-1861): « Les États pontificaux étaient régis par un enchevêtrement de lois, édictées depuis des siècles; les législations civile et ecclésiastique étaient confondues. .. Partout sévissaient les espions et les déla­teurs ... Le pape et ses conseillers n'avaient ni le temps ni 1'envie de s'occuper de leurs sujets ... Aussi, 1'idée que des réformes fussent nécessaires ne pouvait leur venir à 1'esprit. »

Un contemporain du pape Grégoire XVI (dont le pontificat dura de 1831 a 1846) nous rapporte que toutes les provinces des États de 1'Église «se trouvaient en état de siège; la cour martiale siégeait en permanence; les prisons et les lieux de déportation étaient bondés; le gibet et 1'échafaud rivalisaient d'activité 2 ».

Dans l'ouvrage qu'il fit paraître en 1901 sur 1'histoire de 1' Italie, le célèbre historien russe Eugène Tarlé écrivait au sujet du régime des États pontificaux: « Rome était administrée par un cardinal, exerçant les fonctions de préfet de police... Le désordre administratif était épouvantable, parce que les prélats, les prêtres subalternes et les moines-policiers s'acquittaient de leurs devoirs de façon détestable, ils volaient, et étaient connus pour leurs concussions et leurs dérèglements...

1 F. Schlosser: Weltgeschichte tur das deutsche Volk, 2.Ausg.
Bd.16, Oberhausen und Leipzig 1874, S. 404.

2 M. Pinto: Pie IX et La révolution, voir dans la revue Vestnik Evropy (Courrier de l'Europe), juin 1867, p. 264.

La justice était rendue par quatorze tribunaux ecclésiastiques, dispersés à travers le pays et composés exclusivement de clercs désignés. La censure était monstrueusement tatillonne. Dante était à 1'index, et aussi l' Ancien Testament, et Pétrarque. On était emprisonné pour avoir lu Boccace ... Les jésuites avaient la haute main sur les universités de Rome et de Bologne, ils châtiaient durement les étudiants qui osaient parler de la rotation de la Terre.  La misère des populations n'empêchait nullement 1'administration ecclésiastique de les pressurer d'impôts et de redevances. Par sa cruauté irréfléchie, la fiscalité abusive pratiquée dans les États pontificaux obligeait les habitants des villages à fuir au hasard ... ».
Tel était le régime institué dans 1'État où le pouvoir absolu était exercé par le pape et son clergé

Selon Stendhal: « Le pape exerce donc deux pouvoirs fort différents: il peut faire, comme prêtre, le bonheur éternel de 1'homme qu'il fait assommer comme roi 1.»

L'arbitraire sévissant dans les États pontificaux suscitait les protestations du peuple. Mais celles-ci étaient réprimées avec une extrême dureté. Dans ses dernières années, le pouvoir temporel du pape s' appuyait sur les baïonnettes françaises et autrichiennes. Les meilleurs fils du peuple italien, luttant pour 1'unification du pays, désiraient aussi la suppression des États pontificaux, qui constituaient un grave obstacle à 1'unité nationale.

En 1870 1'unification définitive de l'Italie mit un terme à l'existence des États pontificaux. Leur territoire de 16000 milles carrés, avec sa population de plus de trois millions d'habitants, s'intégra dans le royaume d'Italie. Le pape se vit dépouillé de son pouvoir temporel; et, dans ce pays où 1'influence de l'Église catholique était et est encore très forte, il ne trouva guère de défenseurs.

1  Promenades dans Rome, t.1, Paris 1829, p. 7.


(Pages 4 et 5)

 

A l'heure actuelle, le pape et l'épiscopat catholique, qui répandent parmi leurs ouailles des notions fausses sur le communisme, voudraient les persuader que seule la stricte observation des préceptes du catholicisme peut conduire l'humanité à une société meilleure. Or, le pape et ses évêques avaient une magnifique occasion de faire éclater la supériorité de la voie où ils voudraient que s'engagent les hommes. Pendant onze siècles, ils ont gouverné tout un Etat! Mais ils n'y ont pas fait régner, tant s'en faut, une vie de bonheur et d'équité pour les masses populaires.

La superficie de la Cidu Vatican est aujourd'hui de 108,7 acres (sans compter 13 édifices à Rome hors de l'enceinte du Vatican). Sa population est d'un millier de personnes, dont 700 sujets du Saint-Siège. Le Vatican possède une ligne de chemin de fer de quelques centaines de mètres, rattachée au réseau ferroviaire italien; une centrale électrique, une station de radiodiffusion, une monnaie, des timbres - Poste, une école primaire et même une prison. Cet Etat gouverné par le vicaire du Christ, et qui compte à peine mille habitants, ne peut se passer d'une prison!

En tant que monarque temporel, le pape dispose d'une armée (100 gardes-suisses) et d'une gendarmerie de cent hommes environ. Les gardes-nobles (100 hommes, choisis parmi l'aristocratie romaine) et la garde palatine (500 bourgeois de Rome) sont des formations non permanentes créées pour les rémonies solennelles' du Saint-Sge.

Le Vatican est une monarchie absolue. En vertu de la loi fondamentale promulguée en 1929, le pape exerce la plénitude du pouvoir législatif, exécutif et judiciaire. Un gouverneur assume en son nom les fonctions administratives. Il existe une commission pontificale pour l'expédition des affaires de l'Etat, composée de deux cardinaux, d'un évêque-secrétaire et d'un conseiller général.

(page 6)

Autrefois, le pape était choisi parmi la grande aristocratie féodale, italienne le plus souvent. C'était au moyen âge un des signes du caractère foncièrement féodal de l'Eglise catholique et de sa hiérarchie.

Plus tard, on vit sur le trône pontifical des représentants des banques et de l'industrie. Cela traduisait la métamorphose de l'Egliscatholique qui, dans les pays capitalistes industriellement évolués, se mettait idéologiquement, politiquement et moralement au service de la bourgeoisie.

Ainsi, de 1914 à 1922, le titulaire du Saint-Siège fut Benoît XV (marquis Giacomo della Chiesa), membre d'une grande famille noise  apparentée à la haute finance italienne. Son successeur, de 1922 à 1939, fut Pie Xl (Achille Ratti), issu de la grande bourgeoisie lombarde. C'est à lui que l'on doit la phrase fameuse, prononcée au lendemain de la signature du Traité de Latran: « Si c'était nécessaire pour le salut des âmes, je m'entendrais volontiers avec le Diable ... 1»

A Pie Xl succéda, de 1939 à 1958, Pie XII (Eugenio Pacelli), rejeton d'une dynastie de richissimes banquiers. Cette famille a des attaches étroites avec la haute finance italienne et internationale. En 1911, le prince Volkonski, représentant du gouvernement du tsar auprès du Saint-Siège, mandait à Pétersbourg que le Vatican et, plus particulièrement, la famille Pacelli avaient des intérêts dans la guerre qui venait d'éclater entre l'Italie et la Turquie. « La guerre déclenchée à l'occasion de Tripoli entre l'Italie et la Turquie, écrivait-il, ne peut manquer d'intéresser le Vatican ... L'opinion publique est unanime à reconntre l'intérêt que porte le Saint-Siège à la nouvelle crise ... Les relations bien connues entre le Vatican et le Banco di Roma pèsent plus que toute autre chose dans la balance.

1 Ch. Hugo Doyle: We have a pope. The life of pope Pius

XII, New Jersey" 1942, p.ll. .

 

(page 7)

 

Il suffit de rappeler qu'à la tête de cet établissement se trouve M. Ernest Pacelli, représentant des milieux cléricaux romains, oncle d'une étoile montante de 'la diplomatie vaticane, monsignor Eugenio Pacelli (le futur Pie XII. M.C.). Le rôle considérable joué par cette banque dans le conflit actuel est tellement évident qu'il est même surestimé dans l'opinion romaine, où l'on va jusqu'à affirmer que la crise a été provoquée précisément par les activités de la Banco di Roma 1. »

A la différence des trois souverains pontifes précédemment nommés, l'actuel pape Jean XXIII (Angelo Giuseppe Roncalli), porté au pontificat en octobre 1958, est issu d'une famille paysanne. La propagande cléricale voudrait en profiter pour attirer à l'Eglise les sympathies des couches prolétariennes. Mais l'accession du nouveau pape n'a pas mué le Vatican en un rempart de la démocratie, il s'en faut de beaucoup. Comme sous les autres papes, le Saint-Siège demeure le défenseur du capitalisme. Il n'est que de se reporter, pour s'en convaincre, à la politique actuelle du Saint-Siège et aux propos du pape lui-même sur les questions majeures de l'actualité internationale.

Le Vatican et les princes de l'Eglise catholique (et pas seulement catholique!) sont indissolublement liés au monde de l'Industrie et de la haute finance. Cette liaison avait été signalée dès le début de ce siècle par un grand militant du mouvement socialiste français et international, Paul Laf'argue. Voici un texte de lui datant de 1903:  « Les Morgan et les Rockefeller sont des bâtisseurs d'Eglises et d'Universités... et prêtres et professeurs se dévouent à complaire aux volontés des manieurs d'or ... Les prêtres de toutes les Eglises sont  

1 Les relations internationales à l'époque de l'impérialisme, 2e partie, Moscou 1938, pp.125-126.

( page 8) 

agenouillés devant les grands capitalistes, ces dieux pour de vrai, qui leur donnent le manger, le coucher et le reste! ... »

Depuis l'époque où Lafargue écrivait ces lignes, les intérêts économiques et politiques du Vatican et des oligarchies ecclésiastiques se sont confondus plus étroitement encore avec ceux de la bourgeoisie.

Le Vatican et beaucoup d'organisations qui lui sont affiliées possèdent d'énormes capitaux. Le détail de ces affaires financières est tenu strictement secret, et il est rare que quelque chose en filtre dans la presse. C'est pourquoi il est impossible de recenser complètement les richesses du Vatican, d'analyser la totalité de ses liaisons avec la banque et l'industrie. Qu'il nous suffise de reproduire quelques données publiées à ce jour.

Le Vatican possède des actions pour une somme de 12 milliards de dollars 2.

Il faudrait des pages rien que pour dresser la liste des banques et compagnies d'assurances, des trusts et sociétés anonymes où le Vatican a des intérêts. «A travers 40 banques centrales, une centaines de banques publicitaires, le Vatican tient plus de 400 milliards sur les 600 milliards de l'épargne italienne 3.» 

L' Osservatore Romano, organe du Vatican, publie des annonces publicitaires, le plus souvent pour le compte de produits pharmaceutiques, considérant sans doute qu'il sied  à un journal ecclésiastique d'imiter la publicité du reste de la presse. Toutefois, des exceptions sont tolérées en faveur de certaines banques et sociétés anonymes dont les attaches avec le Saint-Siège sont particulièrement étroites. Ainsi, en page 2, à côté de textes éminemment édifiants, l'Osservatore Romano

 

1. Lafargue: Les trusts américains, Paris 1903, pp. 12-13

2. G. Heyden, H. Ullrich : Im Namen Gottes, Berlin 1959, p. 139

3. Roger Garaudy: L' Eglise, le communisme et les chrétiens, Paris 1949, p. 156 

(page 9)

insère la publicité de la Banco di Roma qui, lisons-nous, possède un capital de 12 milliards et demi de lires et compte 200 succursales en Italie et à l'étranger. Dans le même journal, nous trouvons la réclame de la Banco Commerciale Italiana, de la Banco Ambrosiano et autres établissements, également liés au Saint-Siège.
D'après le publiciste allemand G. Baumann, le Vatican est une grande puissance financière à l'échelle mondiale , et pas seulement italienne. Il est allié à la haute finance d'Italie, de France, de Belgique, du Luxembourg, de Suisse et d'Amérique du Sud. Le Vatican et, plus généralement, l'Eglise catholique possèdent des capitaux et des investissements énormes en Espagne, au Mexique, en Afrique, en Extrême-Orient, aux États ­- Unis. Le Vatican est l'associé de la maison Rothschild et de la dynastie américaine des Morgan.
L'oligarchie suprême de l'Eglise catholique, écrit P. Togliatti, «est devenue je ne dirais pas un appendice, mais une partie intégrante du grand capital. Cela est . particulièrement vrai pour notre pays, où. nous apprenons chaque jour que le Vatican a acheté des actions tantôt d'une société, tantôt d'une autres ».
Comme l'indique R. Garaudy, le Vatican a investi des centaines de millions de francs en France, 35 milliards de francs aux États-Unis, et 60 milliards dans plusieurs autres pays. Il n'est pas jusqu'aux maisons de jeu de Monte-Carlo, de Vichy ou de Biarritz qui ne rapportent au Vatican, actionnaire de ces établissements.
Encore tout cela ne donne-t-il qu'une idée approximative des richesses du Vatican, un des rares États au monde à ne pas publier son budget


1 Osservatore Romano n°s 1, 2, 5, 7-8, 17, 19,25, 31 XII 1959; 1, 5-6, 7, 9, 14 16, 21 VI 1961, etc.
2 Voir G. Baumann: Atlantikpakt der Konzerne. Berlin 1952, S.97 . 
3 Pour une paix ' durable, pour une démocratie populaire, 15-I-1948.
4.Roger Garaudy: L'Eglise, le communisme et les chrétiens, p.159.

(page 10)