mardi 9 septembre 2008

1s n°205 - dossiers de l'Afghanistan - 07-09 - G21 -: La guerre en Afghanistan a changé de dimension.



-------- Message original --------
Sujet : n°205 - dossiers de l'Afghanistan - 07-09 - G21 -: La guerre en Afghanistan a changé de dimension.
Date : Tue, 9 Sep 2008 11:38:53 +0200
De : Marc Lemaire <fa032881@skynet.be>


                                          Aujourd'hui, face aux ambitions hégémonique de l'impérialisme, l'information est une arme au service de la paix.

                               Les médias occidentaux dans leur large majorité accepte les versions de l'armée américaine et ferment les oreilles aux autres sources. .  

                                                                      Dénoncer ne suffit plus, il faut expliquer, informer, transmettre! 

                                                                                      Sa diffusion est un acte de résistance.



           dossiers de l'Afghanistan n°205 du 07- 09
                                         Par M.Lemaire                                                                                 



 Le "journal de l'Afghanistan" est  visible 

Sur mes blog : 

NB : Si vous voulez-me contacter ou obtenir le Journal par mail, une seule adresse : fa032881@skynet.be



Sommaire :  :
 Tiré à part

Résistance

L'Afghanistan au cœur des débats.

"Taliban": attention à l'amalgame.

La guerre en Afghanistan a changé de dimension.

1 Médias et Manipulation de l'opinion / Vidéos

1-1          11 Septembre 2008, 7 ans après… L'âge de raison ?

1-2 Luc Delval : Sarkozy et le médiamensonge afghan.

1-3 Terro-rixe par Jacques-Marie Bourget.

1-4 Video : français tirent sur des afghans.

2 Brèves

2-1 Russie-OTAN: et la coopération sur l'Afghanistan.

2-2 Les soldats belges malades à cause d'irradiations .

2-3 200 Colombiens  en Afghanistan ...

3 Dossier & Point de vue

3-1 Point de vue de 'Alterinfo' : Une guerre illégale.

3-2 Point de vue de Emcee : Afghanistan-Vietnam: mêmes combats?

3-3 Point de vue de 'Courrier International' : L'OTAN désarmée face à l'emprise de la résistance. 

3-4 Point de vue d'Alain Gresh : Mourir pour la liberté ?

Courrier des lecteurs & trouvé sur le net & témoignage

4-1 Jeremy Page : Les Résistants assiègent Kaboul.

4-2 Gérard Filoche : L'actuelle guerre d'invasion et d'occupation de l'Afghanistan n'a rien à voir, avec la lutte contre le terrorisme.

4-3 Aïssa Hirèche  : Les questions légitimes et le blabla...

5 Analyse -  Géopolitique et stratégie – Réflexion

5-1 Analyse de Conn Hallinan  : Bonne guerre, mauvaise guerre ?

5-2 Embuscade: "Un minimum d'incompétence de la part de la victime désignée..."

Commentaires des lecteurs de cet article ci-dessus

5-3 Hervé Morin : Il faut augmenter la "capacité de reconnaissance et de renseignement" de l'armée.

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 


 
 
 
 
 
 
 
 
 
 



                                                                                                       Tiré à part
Résistance
L'Afghanistan au cœur des débats.

Pour Karim Pakzad, chercheur associé à l'Institut des relations internationales et stratégiques (Iris), « associer systématiquement les talibans à Al-Qaida comme étant l'ennemi à détruire est une erreur. Loin de constituer un groupe politique homogène, ils font partie de la réalité ethnique d'un pays où toute solution politique passe nécessairement par un partage ethnique du pouvoir. »

La Croix

19/08/2008

 http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2347010&rubId=786


"Taliban": attention à l'amalgame.

 Qualifier de "taliban tous les combattants anti-occidentaux en Afghanistan est un amalgame erroné qui condamne à ne pas comprendre les menaces et les enjeux, préviennent des experts français de la région.

Selon eux, la plupart de ceux qui mènent des attaques contre les forces américaines, canadiennes ou européennes sont soit des nationalistes pashtouns, soit des extrémistes religieux, soit des guerriers tribaux - souvent un mélange des trois -, qui luttent contre ce qu'ils considèrent être des armées d'occupation.

Et s'ils peuvent côtoyer par endroits et par moments, surtout dans l'Est du pays, des groupes proches ou affiliés à Al Qaïda, ils ne s'inscrivent pas dans la mouvance du "jihad global", assurent-ils.

Mariam Abou Zahab, chercheur au CERI-Sciences Po, regrette que "+Taliban+ soit devenu un terme fourre-tout qui désigne toute personne opposée à la présence militaire étrangère".

"Vous avez, surtout dans le Sud, des combattants extrêmement jeunes qui sont avant tout nationalistes. Leur discours est basique mais efficace: des troupes non-musulmanes (ils disent +infidèles+) ont envahi mon pays. C'est mon devoir de les combattre. Point."

"Ce sont des gamins ruraux, illettrés", ajoute-t-elle. "Leurs seules références, c'est le mollah et le responsable tribal. C'est très local".

Dans un pays où les récits familiaux et les chansons de gestes tribales glorifient les guerres anglo-afghanes du 19e siècle et les faits d'armes contre l'Armée rouge, tirer sur le convoi blindé passant dans la vallée, c'est marcher sur les brisées de prestigieux anciens, assure Bernard Dupaigne.

Dans une récente tribune publiée par le Monde, Gérard Fussman, professeur au Collège de France, estime que "les troupes de l'OTAN ne contrôlent pas plus l'Afghanistan que ne le faisaient les Soviétiques".

"La raison en est simple: elles se conduisent et sont perçues comme une armée d'occupation (...) Comment veut-on que les Afghans ne se sentent pas plus proches des combattants qui vivent comme eux et meurent pour une foi qui est la leur que d'étrangers dont ils ne voient que les armes, les gilets pare-balles, les blindés et les bombardements ?"

Mariam Abou Zahab et Bernard Dupaigne mettent en garde contre un accroissement du nombre de soldats étrangers dans les vallées afghanes qui n'aboutira, selon eux, qu'à radicaliser des populations jalouses de leur indépendance, que personne n'a jamais soumises par la force.

"Plus on envoie de troupes, plus il y aura de dommage collatéraux" avertit Mme Abou Zahab. "Davantage de civils tués, et c'est la spirale. Il semble que les leçons du passé n'ont pas été apprises".

Pour Bernard Dupaigne, "dire que l'avenir du monde et la guerre contre le terrorisme passent par l'Afghanistan, c'est faux.

L'Afghanistan n'est pas une machine à faire des terroristes. Plus on les bombarde, et plus il y aura des gens qui vont nous tirer dessus".

AFP - 5 septembre


La guerre en Afghanistan a changé de dimension.

Aux Talibans se sont ajoutés des chefs de guerre mais surtout les redoutables Mujahideens.

Ce sont eux qui ont tué les 10 soldats français.

En Face les US/OTAN redoutent par dessus tout cette extension du champ de bataille qui rend leurs troupes plus vulnérables, et ce n'est que le commencement.

Les plans des Etats Unis de renforcer l'OTAN en Afghanistan en envoyant entre 12 000 et 15 000 soldats en plus pour faire face à la résistance, est également soutenu par des boîtes à penser influentes comme le Senlis Council, qui lui aussi plaide pour le déploiement de plus de troupes en Afghanistan.

Pourtant, la nature de la guerre en Afghanistan change, et ce n'est pas les chiffres qui comptent. L'OTAN a approximativement 45 000 troupes dont 15 000 soldats américains, tandis que 19 000 forces opèrent séparément. On a également rapporté que le Pentagone projette de dépenser 20 billions de $ pour doubler la taille de l'armée nationale de l'Afghanistan pour la porter à 120 000 soldats.

Hormis les résistants de la première heure des alliances locales contre l'OTAN entre des chefs de guerre et d'anciens commandants de mujahideens ont ajouté une nouvelle dimension à l'insurrection, en plus d'étendre la résistance à beaucoup de nouvelles zones en Afghanistan.

C'est cette extension du champ de bataille qui alarme l'OTAN, et son dilemme c'est que si elle déverse plus de troupes dans le pays, celles-ci devront être réparties sur un plus large territoire et donc seront sujettes à des attaques ouvertes. L'alternative c'est de céder du terrain aux groupes de résistance.

Un responsable de haut rang afghan qui a récemment été démis de son poste haut placé a dit à Asia Times Online que beaucoup des « nouveaux « insurgés sont d'anciens associés de l'ancien dirigeant des mujahideens et chef de guerre Gulbuddin Hekmatyar's Hezb-e-Islami (HI).

Ils avaient été attirés dans le camp américain par différents pots de vin dont des emplois, de l'argent et la possibilité d'occuper des fonctions politiques. On considérait qu'il valait mieux qu'ils se battent au sein du parlement que sur le champ de bataille.

Cependant, une fois que l'insurrection des Talibans s'est enracinée fermement dans le Sud, d'anciens chefs de guerre, des chefs de tribus et d'autres segments de la société se sont rangés du côté des Talibans.

Actuellement, les chefs de guerre associés avec Hezb-e-Islami (Khalis group) et le HI d'Hekmatyar, sont à nouveau actifs et ils ont pratiquement assiégé Kaboul - dans la province de Wardak à l'Est, de Kapisa au Nord Est et de Sarobi au Sud.

L'attaque de lundi au cours duquel 10 soldats français ont été tués près de Sarobi et 21 blessés, a été menée par les combattants fidèles à HI.

Intensification constante de la résistance.

Depuis l'invasion de 2001 menée par les US, chaque printemps les résistants ont lancé des offensives, bien que les premières aient été symboliques.

Jusqu'en 2005, l'OTAN a concentré ses activités dans des poches de résistance dans la région frontalière avec le Pakistan.

En 2006, les résistants ont mené par surprise leur offensive ayant le mieux réussi, s'établissant ainsi comme une force à laquelle l'OTAN devait se confronter.

L'OTAN a craint le pire en 2007, mais la résistance n'ont rien entrepris de nouveau, donc on s'attendait à ce que 2008 soit une année calme.

Rien ne pouvait être moins vrai. …

Avec la mort de 3 soldats polonais mercredi, au moins 181 soldats étrangers ont déjà perdu la vie en Afghanistan cette année et le nombre de mort à ce rythme là dépassera le record du nombre de soldats internationaux tués en 2007, 222 soldats.

De même, les résistants se sont concentrés cette année sur des opérations pour couper les lignes de ravitaillement de l'OTAN dans les zones tribales au Pakistan.

Certains medias occidentaux ont rapporté une nette détérioration des approvisionnements de l'OTAN, dont le carburant, des armes, et des pièces détachées.

L'émergence des chefs de guerre, en plus de poser une menace militaire, crée des problèmes pour l'OTAN qui n'est pas préparée pour un tel développement. Pendant des années, l'OTAN et le renseignement américain se sont concentrés sur les dirigeants connus, pour leur couper les ailes, ainsi qu'à leurs alliés ; maintenant, elle doit faire face à des alliances entre chefs de guerre dans de nouvelles zones du pays.

Cela va être un combat, comme la montré la récente arrestation de Shahabuddin Hekmatyar du camp de refugiés afghans dans le Peshawar au Pakistan. C'est le frère de Gulbuddin Hekmatyar, mais ce n'est pas un membre de HI et, à la différence de son frère, il n'a jamais appartenu à la résistance contre les Soviétiques.

Il semble que ce soit le Pakistan qui l'ait livré dans le cadre d'un effort désespéré de l'OTAN pour défaire les liens entre le renouveau des chefs de guerre en Afghanistan et l'insurrection.

Tout indique que l'OTAN veut s'attaquer au problème par d'importants renforts de troupes.

Cela pourrait aider à sécuriser des voies d'acheminement, mais comme les Soviétiques - qui dans les années 1980 avaient plus que doubler le nombre de troupes de l'OTAN actuellement déployés - l'ont appris, ce n'est pas le nombre qui est important.

24 août 2008

http://mecanopolis.wordpress.com/2008/08/24/quatre-des-soldats-francais-tues-en-afghanistan-ont-ete-executes-apres-avoir-ete-captures/



1 Médias et Manipulation de l'opinion / Vidéos

Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information.

1-1  11 Septembre 2008, 7 ans après… L'âge de raison ?

La tragédie du 11 septembre 2001 est encore très présente dans nos mémoires façonnées par des images-choc surmédiatisées qui n'ont fait l'objet d'aucune analyse objective ni contre-enquête sérieuse et indépendante.

L'énorme émotion suscitée par cette catastrophe a été canalisée pour appuyer, depuis 7 ans déjà, la manichéenne et rhétorique de la "guerre contre le terrorisme", sur fond de "guerre des civilisations". Cette tragédie a ainsi été utilisée pour justifier la plupart des décisions de politique étrangère des nations occidentales :

- Déclenchement des guerres en Afghanistan et en Irak : relance de l'utilisation de l'OTAN en Afghanistan où la France est toujours tragiquement présente, et mise en place d'une coalition dite internationale en Irak menée par les USA où l'on ignore tout jusqu'au nombre de victimes civiles.
- Augmentation drastique des budgets militaires aux Etats-Unis, et modelage de nos armées et de nos services de renseignement sur le modèle américain, entrainant en France un rapprochement dangereux entre renseignement civil et armée.
- Remise en cause des libertés individuelles aux Etats-Unis et dans de nombreux autres pays, avec par exemple les PATRIOT Acts, les accords entre l'Union Européenne et les Etats-Unis pour le transfert des données confidentielles des passagers aériens, les vols secrets et les prisons secrètes de la CIA en Europe, ou encore les fichiers Edvige et CRISTINA en France.

La tragédie du 11 septembre 2001 constitue l'événement fondateur et la pierre angulaire de cette dérive ultra sécuritaire, celle qui conditionne les relations internationales de ce début de siècle: à travers ce choc planétaire, nous sommes entrés dans une nouvelle ère de tensions et de chaos dont nous dénonçons les prémices et donc les effets.

C'est pourquoi au sein de l'association ReOpen911, nous considérons qu'il est nécessaire de revenir sur cet événement fondateur, dans une démarche citoyenne fondamentalement pacifiste et démocratique.

En cela, nous nous inscrivons pleinement dans le cadre du « mouvement international pour la vérité sur le 11 Septembre » (voir le film 9/11 Press For Truth) initié par des familles américaines de victimes qui, après tant d'années, poursuivent toujours leur quête de justice au delà des conclusions des enquêtes officielles en recueillant notamment des témoignages remettant en cause la version officielle.

La fable de ben Laden et d'al Qaïda racontée par l'administration Bush est, en quelque sorte, du "storytelling" à rebondissements sans fin, reprise sans aucune critique par les médias de masse, et de plus en plus remise en cause, comme l'est aussi l'histoire jalonnée de disparitions opportunes des attaques à l'anthrax.
En effet, depuis plusieurs années, aux côtés de ces familles de victimes, des milliers de citoyens à travers le monde, principalement aux Etats-Unis et en Europe, ont en effet consacré un temps et une énergie considérables à faire ce travail que le quatrième pouvoir, un des fondements de nos sociétés démocratiques, n'a pas su, pu ou voulu faire.

Des dizaines de films documentaires et de livres, des centaines d'articles spécialisés traduits en différentes langues sur nombre de sites Internet ont ainsi été produits dans une logique citoyenne d'information, de réflexion et de débat.

Cette année, le débat s'est ouvert dans le monde politique au sein des parlements japonais, européens et canadiens, dans le monde scientifique avec deux publications du physicien PhD Steven Jones et aussi dans les milieux professionnels des architectes et des ingénieurs, qui s'exprimeront prochainement sur les contradictions, oublis et approximations du volumineux rapport sur le WTC7 enfin publié cet été par le NIST.

Reste que ce sont les citoyens qui mènent et animent ce mouvement comme l'illustre bien le résultat du travail effectué bénévolement par des dizaines de personnes sur notre site : de très nombreux films sous-titrés, des réalisations de vidéos, des recherches, des traductions, des synthèses et rédactions de documents, mais encore des débats et des réflexions communes. Nous avons aussi organisé des dizaines de projections-débats et conférences à travers la France, la Suisse et la Belgique.

Les médias de masse (à de trop rares exceptions) continuent à ignorer nos questions légitimes, bien que désormais très documentées, toujours sans réponses satisfaisantes des autorités compétentes, et soulevées par des experts de tous milieux professionnels aussi reconnus que ceux choisis par l'administration américaine.

C'est pourquoi, en France, le pays des droits de l'homme, de l'indépendance de la pensée et de la liberté de parole, nous continuerons plus que jamais à contribuer à la réouverture de ce dossier et au dialogue avec nos médias, nos parlementaires, nos élus et les citoyens français.

Dans cette logique, nous organisons une série d'événements commémorant le septième anniversaire de cette tragédie comme par exemple :
- La deuxième manifestation pour la vérité sur le 11-Septembre qui aura lieu à Bruxelles ce 7 septembre.
- La projection en avant-première du film événement du député européen Giulietto Chiesa "Zéro -  Enquête sur le 11-Septembre" à Paris le samedi 13 septembre à 20h00 au Grand Action Ecole.
- Des rassemblements pacifistes et des projections-débats un peu partout en France (Agenda de notre rentrée).

Enfin, pour en savoir plus sur les événements du 11 Septembre afin de vous faire votre propre avis, voici une sélection de documentaires que nous vous invitons à visionner :
- 9/11 Press For Truth
- Oil, Smoke and Mirrors
- 9/11 Mysteries

Et à lire ce livre essentiel : Le Nouveau Pearl Harbor de David Ray Griffin

7 ans après cette tragédie, alors que les forces de la "coalition" s'embourbent en Irak et en Afghanistan et que les tensions entre les Etats-Unis et la Russie menacent la paix mondiale, il est grand temps de rouvrir enfin ce dossier.

Association ReOpen911
www.ReOpen911.info
Contact@ReOpen11.info

http://www.reopen911.info/11-septembre/communique-de-presse-11-septembre-2008/

 


1-2 Luc Delval : Sarkozy et le médiamensonge afghan.
Un précédent billet avait pour objet - je le précise car il se peut que les intentions de l'auteur ne soient pas assez limpides pour d'aucuns - de mettre en évidence d'une part l'absurdité de la guerre aux relents de croisade menée sous de fallacieux prétextes par l'Occident coalisé en Afghanistan, et d'autre part l'exploitation éhontée de la mort de dix soldats français par l'über-président pétainiste qui occupe actuellement le Palais de l'Elysée.

24 août 2008
Coupable négligence : l'usage que ce personnage fit d'un énorme mensonge, d'une intox crapuleuse, n'a pas été mis en évidence.
Or, je vous le rappelle : "il n'y a pas à réagir aux nouvelles du jour, mais à comprendre chaque information comme une opération dans un champ hostile de stratégies à déchiffrer, opération visant justement à susciter chez tel ou tel, tel ou tel type de réaction; et à tenir cette opération pour la véritable information contenue dans l'information apparente."
Il convient donc de réparer séance tenante cet oubli coupable.
Au cours de l'allocution prononcée par Nicolas Sarkozy à Kaboul, où il s'était précipité aussitôt connue la nouvelle que dix soldats français avaient été tués au combat (autant par l'incompétence de leurs chefs que par les Talibans, murmurent d'aucuns dans les rangs de l'armée [1]), le Président français a évidemment ressorti la fable selon laquelle quand les Occidentaux, Américains en tête, débarquent dans un pays lointain avec leur quincaillerie guerrière, c'est pour le bien des populations locales.
Pour donner à ce mensonge plus de consistance, plus de relief, et pour désarmer autant que possible tout esprit critique, Sarkozy a eu recours à la vieille ficelle de la diabolisation de l'ennemi : les Talibans c'est même pas des humains, ils sont barbares et même démoniaques. Et si on les laisse faire en Afghanistan un jour ou l'autre ils défileront sur les Champs-Elysées et vous infligeront le même sort qu'aux pauvres Afghans. Et surtout aux pauvres Afghanes.
TOUTE LA MISERE FEMININE DU MONDE
Car Sarkozy, c'est connu, aime les femmes, surtout quand elles sont victimes de violences.
Quand il entend parler de cette horreur, son petit coeur se serre.
Pendant la campagne pour l'élection présidentielle, il avait déclaré : "A chaque femme martyrisée dans le monde, je veux que la France offre sa protection en lui donnant la possibilité de devenir française".
Evidemment, par la suite, il s'était rendu compte de l'énormité de la connerie qu'il avait dite (relisez bien la phrase, et imaginez une seconde les conséquences s'il s'avérait que ce soit autre chose que
démagogie chimiquement pure !).
Il avait donc promptement précisé que les dossiers de celles qui voulaient non pas "devenir françaises" (elles n'en demandaient pas tant) mais simplement avoir un titre de séjour seraient examinés "au cas par cas" (expression qui est un euphémisme pour "classement vertical", expression qui elle-même est une abréviation de "qu'est-ce qu'elles ont à me faire chier toutes ces bonnes femmes ?" ou encore de "casse toi pauv' conne").
Donc, il les aiiiimeeeeeeeuuuu d'un amour sincère, surtout quand elles peuvent lui faire gagner des voix, mais faut pas quand même qu'elles se ramènent en France pour chercher asile et protection...
D'ailleurs, pour pouvoir demander des papiers en France encore fallait-il qu'elles parviennent à franchir la frontière, ce que les cerbères aux ordres de Sarkozy s'emploient à empêcher par tous les moyens. Remarquez, elles peuvent aussi aller faire une demande d'asile à l'Ambassade de France à Mogadiscio (son : Radio-France International), par exemple.
On peut donc poser comme un principe acquis que pour Sarkozy, le candidat d'hier comme le Président d'aujourd'hui, le sort des "femmes martyrisées dans le monde" n'est qu'un prétexte à sirupeuse propagande démagogique, un des très nombreux sujets sur lesquels il a menti, il ment et il mentira.
Qu'a-t-il dit de plus qui achèvera de vous en convaincre dans son hommage feint aux dix soldats français tués en Afghanistan ?

LE VERNIS CRAQUE
"On ne peut pas discuter avec des gens qui coupent la main d'une femme parce qu'elle a mis du vernis à ongles", dit-il.
Sarkozy avait déjà utilisé cette histoire dans un discours en mai dernier, pour justifier l'envoi de troupes supplémentaires en Afghanistan.
Or, il s'agit d'un exemple typique de mensonge, orchestré à l'origine par le "spin doctor" en chef de Tony Blair, Alastair Campbell, l'homme qui avait, entre autres nombreuses manipulations grossières, inventé la fable des armes de destruction massive irakiennes qui pouvaient soi-disant être déployées pour frapper Londres en 45 minutes. Une histoire du même tonneau que celle, auparavant, des nourrissons arrachés aux couveuses et jetés au sol par les soudards de Saddam Hussein dans une maternité du Koweit. Bullshit, ou plutôt bushshit !
Les montages grossiers d'Alastair Campbell pour tromper la presse, les opinions et les parlementaires lui avaient dans un premier temps valu le surnom de "Ali le cynique", puis l'avaient contraint à la démission, contribuant à la chute d'un Blair largement discrédité.
Rien là, évidemment, qui puisse dissuader Sarkozy de se servir des vieux mensonges cuits et recuits concoctés par l'ancien "spin doctor" néo-travailliste.
L'histoire des femmes aux ongles vernis martyrisées par les Talibans prend semble-t-il naissance - a relevé Christian Salmon [3] - dans un rapport d'Amnesty International de 1997. C'est une donnée de base, tout mensonge doit contenir une part, minime, de vérité.
Dans ce rapport d'Amnesty International, cité par Christian Salmon, était rapporté ceci :
Dans un cas au moins les châtiments infligés ont pris la forme d'une mutilation. En octobre 1996, des talibans auraient sectionné l'extrémité du pouce d'une femme dans le quartier de Khair Khana à Kaboul. Cette "punition" avait apparemment été infligée à cette femme car elle portait du vernis à ongles.
Lisons attentivement la prose d'Amnesty, organisation connue pour son côté précautionneux.
- "Un cas au moins" : cela veut dire qu'Amnesty n'a eu connaissance que d'un cas. Dans le cas contraire ils écriraient évidemment "deux cas au moins" ou "douze cas au moins". Mais non : il n'y en a qu'un. C'est trop, si c'est vrai. Mais c'est quand même pas beaucoup en regard de l'utilisation qu'on en a fait ensuite. Rien ne démontre que ce cas isolé soit représentatif de l'ensemble d'une pratique politique.
- "des talibans auraient" : cela veut dire que les auteurs n'en sont pas vraiment sûrs, et que donc vraisemblablement ils rapportent une rumeur. Sinon, il écriraient "des talibans ont...". Donc ils n'en ont pas été témoins directs, ils rapportent des témoignages. Directs ? Indirects ? On ne sait, mais en tous cas ils utilisent le conditionnel, ils n'écrivent pas par exemple "selon des témoignages concordants et dignes de foi", comme probablement ils l'auraient fait s'il avaient été un minimum sûrs de leur coup...
- "apparemment" : les raisons de la "punition", si l'histoire est vraie, on ne les connaît en réalité pas : l'usage du mot "apparemment" ne fait que confirmer le caractère vague des témoignages ou de la rumeur.
En un mot comme en cent, ce rapport d'Amnesty, le moins que l'on puisse dire c'est qu'il n'a pas l'air - du moins sur ce point précis - d'être en béton.
Selon le même procédé, mais sur des bases bien plus solides puisqu'il ne s'agit pas de rumeurs, je pourrais par exemple affirmer qu'en France les policiers éborgnent les jeunes en leur tirant intentionnellement au flashball dans le visage, et y voir la preuve du caractère moyenâgeux du régime liberticide au pouvoir dans ce pays, tombé aux mains de barbares à peine humains contre qui il s'impose de prendre les armes. Il est évident que "On ne peut pas discuter avec des gens qui crèvent les yeux de jeunes qui ont le malheur de manifester contre le gouvernement...". Ca sonne pas mal, hein ? Quand est-ce qu'on envoie des troupes pour protéger les jeunes Français qui veulent manifester pacifiquement ?
Cette histoire, au demeurant ancienne, de mutilation pour cause d'ongles vernis, a donc toutes les chances d'être un bobard, ou au pire un cas isolé et d'ailleurs incertain. Mais c'était parfait pour construire un récit de propagande pure en faisant appel à l'émotion et non à la raison (c'est une des bases du métier).
Et cela n'avait pas échappé à Alastair Campbell, qui à l'époque collaborait très étroitement avec Karl Rove, le conseiller de George W. Bush chargé des "coups tordus" à la Maison Blanche. "La même "story" fut diffusée à Washington et à Londres, en suivant des scénographies identiques, allant parfois jusqu'à utiliser les mêmes phrases". Par exemple, le 17 novembre 2001, Laura Bush [4] déclare : "Seuls les terroristes et les talibans menacent d'arracher les doigts qui ont des ongles vernis", et de ce côté de l'Atlantique [5] Cherie Blair déclare le lendemain, comme un écho à la voix de son maître, "En Afghanistan, si vous avez du vernis à ongles, vous pouvez avoir les ongles arrachés".
Ils se sont donc employés à faire circuler cette histoire par tous les moyens, notamment sur l'Internet, de sorte que depuis plus de 10 ans on en trouve diverses versions, comme l'illustre la différence des propos de Laura bush et de Cherie Blair. Tantôt la victime est une fillette de 10 ans et tantôt une femme, tantôt on lui aurait "seulement" arraché les ongles et tantôt ce sont tous les doigts qui ont été sectionnés, tantôt c'est carrément toute la main...
C'est donc - on ne se refait pas - cette version maximaliste de la fable que Sarkozy a faite sienne.
Les méthodes qu'utilise Sarkozy en 2008 pour tromper l'opinion et exploiter au profit de la seule chose qui l'intéresse vraiment - lui-même - l'émotion suscitée par la mort de dix soldats envoyés à une mort inutile et stupide, sont celles qu'avait inauguré Ronald Reagan avant même d'arriver à la Maison Blanche. Ce n'est donc pas hier.
Ce sont celles qui ont été utilisése pour "vendre" la guerre d'agression contre l'Irak aux parlements et aux peuples occidentaux. Ce sont ceux qui pareillement préparent le désastre que nous n'allons pas manquer de connaître en Afghanistan, où la politique américano-otanesque prépare activement les générations de terroristes du futur.
En Grande-Bretagne, ces procédés ont conduit les "post-travaillistes" du "New Labour" à subir un discrédit pratiquement généralisé dans la population, quel que soit le sujet abordé. Sarkozy a déjà commencé à subir le même sort, mais ne semble pas pour l'heure en tirer le moindre enseignement.
Il est vrai que la France connaît cette singularité, également soulignée par Christian Salmon dans son excellent petit livre "Le Verbicide - du bon usage des cerveaux humains disponibles" [6], que ses plus grands groupes de presse sont détenus par des marchands d'armes parmi les plus puissants du complexe militaro-industriel, Lagardère et Dassault. Ils n'ont rien à refuser à Sarkozy, qui le leur rend bien.
Serge Dassault [7] n'a jamais dissimulé sa volonté de se servir des média qu'il contrôle pour propager ce qu'il appelle "des idées saines".
Comme on vient de le voir, Sarkozy lui donne un solide coup de main.
A SUIVRE...
[1] Les armées de nos jours, mon bon monsieur, c'est rien que des tafioles qui s'émeuvent dès qu'ils voient un peu de sang. Des fonctionnaires qui attendent l'âge de la retraite. Faut dire qu'on leur a raconté qu'on pouvait faire la guerre sans avoir de victimes dans notre camp... Ah, de mon temps, dans les tranchées de Verdun, c'était autre chose...
[2] discours du 29 avril 2007 lors du meeting de Paris-Bercy (source : Le Monde)

[3] Le Monde - 3 mai 2008

[4] Elle-même épouse d'un extrémiste religieux, il ne faut jamais l'oublier
[5] Si on peut dire, car en fait on ne sait en réalité par très bien sur quelle rive de l'Atlantique se situe la Grande-Bretagne

[6] Editions Climats - 2005

[7] dont le titre-phare, "Le Figaro" est maintenant appelé "La Pravda" dans le milieu journalistique parisien
.
Source: http://www.lesdoigtsdanslacrise.info/index.php?post/2008/08/22/Afghanistan-%3A-Dieu-nest-pas-sympathique-et-Sarkozy-raconte-des-salades


1-3 Terro-rixe par Jacques-Marie Bourget.
Les livres que Sarko devrait lire
Ce qui va être pratique, c'est que dès que Nicolas Sarkozy (quel joli nom pour un héros du tsar-système) aura installé ses troupes en Russie, il sera idéalement placé pour envahir l'Afghanistan.

Si le président de la France lisait des livres d'histoire, ou tout simplement des vieux numéros de la revue Illustration, il comprendrait sans doute que son idéologie, celle du petit qui n'a pas peur des gros, risque d'être un peu juste pour « pacifier » ce vieux royaume de la guerre éternelle en sifflotant. Mais, bon, la « rupture » n'autorise-t-elle pas les miracles.

Tiens, nous allons parler d'un anniversaire : le 6 août 1839, sorti de leurs fourgons, les Anglais remettent sur le trône l'ancien roi détesté, Shah Shoja. Une marionnette du type Karzaï. Et que se passe-t-il chez les Pachtouns ? La tuerie.

Des guerriers, qui ne savent même plus pourquoi ils se battent si ce n'est que c'est leur boulot depuis 1500 ans, ne veulent pas de ce roi dont la montre est réglée sur l'heure de Londres, ni l'occupation de ses protecteurs princes et soldats de l'Empire britannique. Le tout s'achève deux ans plus tard, en 1841, par la fuite des troupes « indo-anglaises » et la mort de 16 500 soldats.

Le sparadrap du capitaine Haddock résumé l'Afghanistan

Comme le sparadrap du capitaine Haddock, depuis la naissance du monde, les Afghans mettent un plaisir vicieux à refuser toute forme d'occupation. Les Afghans sont des gens étranges, imperméables à la civilisation venue de l'ouest. Pour celle venue de l'est, ils furent tolérants et, dans les scènes sculptées que l'on retrouve sur certaines « stupa » ayant échappées au pillage de Malraux, « stupa » que connaît par cœur Jean-François Jarrige, ancien président du musée Guimet, on peut voir Bouddha et Alexandre le Grand s'embrasser. Et les grands bouddhas de Baminane , si délicatement dynamités par nos chers talibans, étaient là aussi comme un souvenir d'heures complexes pas toutes dévouées à Allah…

Bref, Alexandre a été viré, Solimane, pourtant Magnifique, a été viré, Gengis Khan a été viré, les Anglais ont été virés. Puis la sublime Armée Rouge à son tour : il faut en déduire que l'Afghanistan c'est comme un cheval de rodéo, on y grimpe mais on se casse assez vite la gueule. Sauf Sarko qui, en Camargue nous a montré un côté gardian du monde libre qui n'est pas sans intérêt. J'ai un peu l'impression d'être celui qui rit dans les cimetières. Alors que c'est faux. Je sais que dix types qui auraient bien pu devenir chômeurs, et sont devenus bidasses, sont morts dans une montagne où il n'y a rien à défendre.

Bidasses placés sous les ordres des mêmes types que ceux qui ont organisé la tragique tuerie de Carcassonne : balle à vrai pour balle à blanc. Depuis 1918, en dehors de Moncornet, de la 2e DB, du commando Conus, des aviateurs de Normandie-Niémen et des héros de la France Libre (essentiellement des civils), pas un militaire français n'a gagné une bataille. Il suffit d'avoir vécu assez longtemps pour connaître le discours : «  on va les avoir, on les grignote. Il nous faut des renforts et l'appui des civils à l'arrière celui de la presse ». Même baratin des gradés américains au Vietnam. Ne pas oublier, et pour ce faire lire l'excellent bouquin de Lacroix-Riz Le Choix de la Défaite, qu'entre 1933 et 1939 nos élites militaires et bancaires, avec Pétain poussant les feux, ont choisi Hitler plutôt que le Front populaire. Et qui nous informe sur la réalité du « terrain » et celle de l'histoire ? Soit les militaires eux-mêmes, soit des journalistes embarqués par cette même armée et ravis de voler en hélicoptères pour faire de belles images.

Quant au chapelet d'amis de la guerre, qui s'égraine de Sarko à Moscovici, ils ne prêchent pas la croisade pour tuer des « terroristes », mais pour se donner une stature de balèzes et gagner des voix aux élections ou des points dans les sondages. Parions que les uns et les autres n'ont jamais entendu un coup de fusil et jamais fait un jour de service militaire…

En dehors d'Alexandre Adler, qui connaît Al Qaida ?

Karzaï lui-même, caniche de Bush, vient de limoger son général en chef accusé d'avoir couvert une bavure de l'aviation américaine : 90 civils tués, selon ce même régime de Kaboul dans le village d'Azizabad.

Avant cette révélation, Jeffrey Schloesser, le patron US de la base de Bagram, avait parlé « d'une grande victoire contre le terrorisme et de la mort d'un chef important d'al-Qaida ! ».

Donc le danger dans le monde ce n'est pas le méthane échappé du cul des vaches, ce n'est pas les gens qui meurent de faim, c'est le retour du talibans et du Mollah Omar dont on espère que sa mobylette est compatible à l'éthanol. Les talibans qui font peur à Bush, Bliar et Sarko, ce sont les mêmes qui étaient reçus, un mois avant de 11 septembre, à Washington. Il s'agissait alors d'obtenir le passage d'un oléoduc. Les mêmes que ce merveilleux Gulbudin Hekmatyar que Mitterrand (père spirituel de Kouchner), faisait recevoir à Paris par Régis Debray alors dans l'arrière cuisine du pouvoir. Le taliban était là hier, il est là aujourd'hui et sera là demain pour une raison simple : il est plus chez lui qu'un demandeur d'emploi en tenue camouflée venue de Chaudron-en-Mauges.

C'est ça l'histoire qu'on peut lire dans les livres que Sarkozy ne lit pas.

Et la question arrive, comme un Scud de Saddam : « Oui mais alors c'est Munich. Nous capitulons devant al Qaida ! » ; Vous savez, vous, où se terre Ben Laden. Vous savez ce qu'est al Qaida ? En dehors d'Alexandre Adler, personne ne sait rien de cette engeance. Mais faute de choper ce Ben-là, et son pote Omar, on bombarde des noces et banquets, des bergers qui rentrent au village. Et des gradés, du genre Carcassonne, vous explique à la télé qu'ils nous protègent du terrorisme.

La presse anglaise fait un vrai tintamarre depuis qu'elle a découvert que leurs soldats allaient utiliser là-bas une nouvelle arme « de destruction massive ». L'arme, on la connaît. Elle est vieille comme Staline. C'est une bombe qui vous tue deux fois. Un premier coup, celui de l'onde de choc vous déstructure.

Et si vous avez résisté l'arme a pompé tout l'oxygène environnent et vous êtes asphyxié. Les démocraties ont toujours eu un peu de scrupule à utiliser cet engin pourtant si efficace. Jusqu'en 1991 où les américains l'ont balancée sur les troupes de Saddam au Koweit. Maintenant A'est le tour des Afghans. Tant que cette onde de choc ne touche ni le Cap Nègre ni le golf Royal et Ancien de Saint Andrew, il n'y a pas de vraies raisons de s'inquiéter.

mardi 26 août
http://www.bakchich.info/article4802.html


1-4 Video : français tirent sur des afghans.

http://www.bakchich.info/article4778.html



2 Brèves

Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information.

2-1 Russie-OTAN: et la coopération sur l'Afghanistan.
La Russie, qui a annoncé dernièrement le gel de sa coopération avec l'OTAN, pourrait également suspendre le partenariat avec l'Alliance sur l'Afghanistan, a annoncé jeudi à Bruxelles le représentant permanent de la Russie auprès de l'organisation, Dmitri Rogozine.

Selon lui, cette décision dépendra de la position de l'OTAN sur la "crise dans le Caucase".

"Les propos et les actions de l'Alliance nous indisposent", a déclaré M. Rogozine, ajoutant que l'OTAN réarmait le régime de Mikhaïl Saakachvili en vue d'une nouvelle invasion de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie. 

"On constate des tentatives évidentes de reconstituer le potentiel militaire de la Géorgie afin de préparer une nouvelle agression contre l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie", deux républiques autoproclamées au centre d'un conflit militaire entre Tbilissi et Moscou, reconnues par la Russie, a poursuivi M. Rogozine.

Selon l'ambassadeur, "Saakachvili se verra proposer l'accession au Plan d'action pour l'adhésion (MAP) à l'OTAN en tant que victime de l'agression russe". 

M. Rogozine a expliqué les causes du maintien du partenariat avec l'OTAN sur l'Afghanistan, malgré la décision russe de geler, le 28 août, la coopération dans les autres domaines pour six mois. 

"Nous ne voyons aucun progrès, et constatons au contraire une dégradation de la situation en Afghanistan, c'est pourquoi la Russie a décidé de poursuivre la coopération

Selon lui, les talibans ont montré leur capacité à abattre des hélicoptères, et prouvé que le transit des convois militaires de l'OTAN à travers le Pakistan était menacé.

RIA Novosti.


2-2 Les soldats belges malades à cause d'irradiations

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Le ministère de la Défense a lancé une enquête après avoir constaté que des militaires belges présents en Afghanistan sont tombés malades probablement à cause de l'appareil de brouillage installé dans les véhicules blindés, affirme mercredi Gazet van Antwerpen.

Tous les soldats utilisant les véhicules Pandur en Afghanistan se plaignent de maux de tête et nausées. Ces plaintes sont sûrement liées aux irradiations provoquées par les appareils de brouillage installés dans ces véhicules. Deux soldats du 11ème bataillon de génie de Burcht ont déjà été dispensés et retirés du service par les médecins.

Les soldats belges font partie de la force internationale d'assistance à la sécurité (ISAF) en Afghanistan. Face aux nombreuses attaques dont sont victimes les soldats étrangers sur le territoire afghan, il a été décidé d'équiper les Pandur avec le système de brouillage américain Symphony.

Cet appareil émet des ondes radio qui auraient un effet néfaste sur la santé des militaires belges. Selon la Défense, ces irradiations ne dépassent pas les normes mais une enquête a néanmoins été ouverte.

27.08.08 - 08:31

http://www.rtbf.be/info/belgique/divers/afghanistan-des-soldats-belges-malades-a-cause-dirradiations


2-3 200 Colombiens  en Afghanistan ...

Le président Uribe, en ce moment deux fois sous le chef d'inculpation pour corruption car il acheté des voix en faveur de son élection, souhaite néanmoins appuyer "les forces du Bien" contre la Résistance Afghane, et participer à ce qu'ils appellent "la guerre contre le terrorisme"...(…)

Le chef des armées Colombiennes, le sinistre Santos (celui qui a utilisé frauduleusement les emblèmes de la Croix Rouge) a signé le 5 Juillet avec son homologue espagnole Carmen Chacón un accord béni par l'OTAN.

Pour l'OTAN, la médiation espagnole facilite les choses : 200 soldats Colombiens iront rejoindre les 100 soldats Espagnols déjà en Afghanistan, qui les accueilleront.

L'espoir de la Colombie serait de faire partie du groupe formé par l'Australie, la Nouvelle Zelande, le Japon et la Corée du Sud, qui, pour des raisons géographiques ne peuvent intégrer l'OTAN, mais qui « partagent leurs préoccupations stratégiques et leurs valeurs »... (corruption, meurtres, torture, exploitation et appauvrissement de la population, mensonge et manipulation, abolition des libertés, etc...?).

L'Espagne (Président : le "socialiste" Zapatero) est également en train de négocier l'accueil de Salvadoriens dans l'unité qu'elle dirige au Liban...

Les Afghans ont la vie chevillée au corps.

25-08

http://bellaciao.org/fr/spip.php?article70342



3  Dossiers

Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information

3-1 Point de vue de 'Alterinfo' : Une guerre illégale.

Pour comprendre les enjeux de ce conflit et le rôle de l'OTAN, souvenons-nous des événements précédents.

En janvier 2001, le président George W. Bush entre à la Maison-Blanche.

Le vice-président Dick Cheney consacre toute son énergie à la mise en place du Groupe de développement de la politique énergétique nationale (NEPD), dont il préside les débats à huis-clos. Il y est décidé d'exclure autant que faire ce peut la Russie et l'Iran de l'exploitation des hydrocarbures de la Mer Caspienne. À cette fin, un premier pipe-line transportera le pétrole jusqu'à la Méditerranée via la Géorgie (le « BTC ») et un second jusqu'à l'Océan indien via l'Afghanistan.

Au printemps 2001, l'Allemagne, en tant que présidente du Groupe de suivi de l'Afghanistan, organise des négociations multipartites à Berlin. Outre l'Émirat taliban non reconnu par la communauté internationale, les États-Unis, le Royaume-Uni, la Russie et le Pakistan y sont conviés. Autour de la table, on discute de l'avenir du pays, mais dans les couloirs on ne parle que du pipe-line que souhaite construire la firme californienne Unocal. En définitive, selon le rapport du négociateur pakistanais Naiz Naik, les Anglo-Saxons, furieux de l'intransigeance talibane, mettent fin à la réunion et annoncent que ce sera la guerre.

En août 2001, l'OTAN achemine 40 000 hommes en Égypte, tandis que la marine britannique se déploie en mer d'Oman. Le 9 septembre, le leader du Front islamique (pro-russe) [1], Shah Massoud, est assassiné, de sorte que Moscou n'ait pas de relais locaux pour s'opposer à l'invasion anglo-saxonne.

Le 11 septembre des attentats spectaculaires frappent New York et Washington. L'administration Bush les attribue à Oussama Ben Laden, lequel vit dans l'émirat taliban. Ils exigent qu'il leur soit livré pour être jugé, ce que Kaboul accepte de faire. Mais il est trop tard, l'armada états-unienne, positionnée sur zone depuis août, est déjà en mouvement. Les ambassadeurs états-unien et britannique à l'ONU remettent chacun une lettre au président du Conseil de sécurité pour évoquer la légitime défense. Le secrétaire d'État Colin Powell, assure que les preuves de la responsabilité afghane dans les attentats seront présentées incessamment sous peu au Conseil de sécurité.

Elle ne viendront jamais.

Étrangement, les États-Unis qui ont invoqué la clause 5 du Traité de l'Atlantique Nord pour mobiliser leurs alliés contre les terroristes dont ils se disent victimes, n'associent que le Royaume-Uni (puis l'Australie) à leur expédition militaire. Mais c'est bien ainsi qu'elle était planifiée avant le 11 septembre. Des groupes locaux sont enrôlés comme mercenaires pour mener les combats au sol, les Anglo-Saxons se limitant à leur fournir un appui aérien, puis liquidant sous un tapis de bombes les poches de résistance.

Après la déroute des talibans, Washington installe des institutions fantoches présidées par Hamid Karzaï (ressortissant états-unien, ex-agent de la CIA devenu cadre d'Unilocal en charge de la construction du pipe-line).

La communauté internationale prend acte du fait accompli, tandis que la Russie, qui n'a toujours pas digéré l'agression de l'OTAN contre le Kosovo, avale cette nouvelle couleuvre. Toutefois, prenant date avec l'Histoire, le président Poutine observe que la légitime défense n'est pas établie et que l'invasion de l'Afghanistan est illégale.

http://www.alterinfo.net/La-France-doit-retirer-ses-troupes-d-Afghanistan_a23064.html?PHPSESSID=098206cdf9880a6c1946e66e635fb02f

  


3-2 Point de vue de Emcee : Afghanistan-Vietnam: mêmes combats?

Alors que la guerre en Irak commence à lasser les instigateurs, les va-t-en-guerre s'intéressent davantage à l'Afghanistan, la "bonne guerre".
La "bonne guerre" pourquoi?

Parce que l'Afghanistan est censé être le serpent qui réchauffe en son sein les pires terroristes de la planète.

Dont les responsables du 11 sept. Al-Qaida ou les taliban. Ou les deux. Ou Saddam Hussein. Ah, non, celui-là, c'était l'Irak. Et puis, apparemment, il n'y était pour rien.
Enfin, bref, vous me comprenez.

Ces gens-là, quoi.

Qui nous menacent constamment et qu'il faut éliminer jusqu'au dernier si on ne veut pas en retrouver un dans notre jardin, barbu, hirsute, le couteau entre les dents et la ceinture d'explosifs autour de la taille.
Oui, mais voilà, c'est que ces barbares ne se laissent pas zigouiller comme ça, et dans leur propre pays, qui plus est (toujours la fameuse théorie qu'il vaut mieux les zigouiller chez eux plutôt qu'ils ne viennent le faire chez nous. A titre préventif, quoi).
Alors, ils se rebellent. Mais leur pays, justement, ce n'est pas une vaste plaine tranquille qu'on pourrait arroser de bombes depuis le ciel.
Mais l'états-unien, en particulier, n'aime pas s'avouer vaincu et battre en retraite en disant: "OK, je vois, on a perdu, on s'en va, de toute façon, vous êtes trop cons. On vient vous libérer et vous n'en voulez pas de la liberté. Restez donc entre vous dans votre petit pays minable sans routes, sans eau, sans électricité, sans chauffage et sans clim'. Mais venez pas nous chercher, après".
Alors c'est l'escalade. Et cela ne va pas s'améliorer. Bien au contraire.
Forcément, quand une guerre est "bonne", faut en profiter un maximum. Ce n'est pas demain la veille qu'on aura une telle chance. Sept ans de bonne guerre, ce n'est pas assez long.

Emcee 

25 août 



3-3 Point de vue de 'Courrier International' : L'OTAN désarmée face à l'emprise de la résistance. 
 Malgré leur volonté de déployer encore plus de soldats, les membres de l'Alliance atlantique semblent incapables d'enrayer la progression de la résistance et l'émergence de nouveaux chefs de guerre.

Washington projette de renforcer les troupes de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) en Afghanistan en envoyant 12 000 à 15 000 hommes supplémentaires pour faire face à l'insurrection menée par les talibans.

Aux Etats-Unis et en Europe, plusieurs groupes de réflexion importants, dont le Senlis Council, préconisent également de nouveaux déploiements. Pourtant, la guerre en Afghanistan est en train de changer de nature, et la quantité seule ne fait pas tout.

L'OTAN compte sur place quelque 45 000 soldats, dont 15 000 Américains. Par ailleurs, un contingent de 19 000 hommes de l'armée américaine agit de façon autonome. Le Pentagone envisagerait maintenant d'investir 20 milliards de dollars pour doubler les effectifs de l'armée nationale afghane, les portant à 120 000 hommes.
Outre les talibans, des alliances locales conclues entre chefs de guerre et anciens commandants moudjahidin contre l'OTAN ont donné un nouveau souffle au mouvement insurrectionnel, étendant la rébellion à de nombreuses nouvelles régions afghanes.

C'est cette expansion du champ de bataille qui préoccupe l'Alliance atlantique, qui se trouve confrontée à un dilemme. Si elle envoie davantage de soldats dans le pays, ils devront être répartis sur un territoire plus vaste et seront donc plus exposés aux attaques. Selon un haut responsable afghan récemment démis de ses fonctions, beaucoup des "nouveaux" insurgés sont en fait d'anciens sympathisants et alliés du Hezb-i-Islami (HI) de Gulbuddin Hekmatyar, ex-leader des moudjahidin et chef de guerre. Ces hommes avaient été incités à passer dans le camp américain par diverses gratifications – emplois, argent ou postes politiques. On jugeait alors préférable de les voir combattre dans un hémicycle que sur le champ de bataille. Mais, depuis que la rébellion talibane s'est fermement implantée dans le sud du pays, l'autorité du gouvernement a fondu comme neige au soleil et les paysans ont été autorisés, et même encouragés, à cultiver le pavot. Dès 2007, l'économie parallèle a prospéré. Attirés par cette manne irrésistible, anciens chefs de guerre, chefs de tribu, religieux et autres se sont ralliés aux talibans. La narcoéconomie mise en place par les extrémistes religieux a tant et si bien renforcé leur influence qu'elle a du même coup sapé tous les efforts américains en vue d'éradiquer le système des seigneurs de la guerre, en particulier à Kaboul et dans ses environs.
Pertes records parmi les soldats de l'Alliance
Aujourd'hui, les chefs de guerre ralliés au HI sont de nouveau en activité, assiégeant pour ainsi dire la capitale, dans la province de Wardak à l'est, celle de Kapissa au nord-est, et celle de Saroubi au sud. L'embuscade qui a causé la mort de dix soldats français près de Saroubi (dont quatre exécutés après leur capture) et fait 21 blessés le 18 août dernier a été menée par des partisans du HI. Si l'on ajoute la mort de trois soldats polonais le 21 août et d'un combattant danois le 25, ce sont 182 soldats étrangers qui ont perdu la vie en Afghanistan cette année, un bilan qui risque fort de dépasser le record, établi en 2007, de 222 décès de militaires étrangers.

De plus, cette année, les talibans concentrent leurs efforts pour couper les lignes d'approvisionnement des forces de l'OTAN de l'autre côté de la frontière, dans les Zones tribales du Pakistan [voir CI n° 923, du 10 juillet 2008]. Selon des médias occidentaux, l'Alliance connaîtrait une nette détérioration de son ravitaillement, notamment en carburant, en armes et en pièces détachées.
L'émergence des chefs de guerre, non contente de créer une menace militaire, pose également des problèmes à l'OTAN, qui n'y était pas préparée. Depuis des années, les services de renseignements de l'Alliance atlantique et des Etats-Unis s'attachaient avant tout à couper les ailes aux chefs de file talibans connus et à leurs réseaux ; il leur faut aujourd'hui faire face à d'obscures alliances entre chefs de guerre dans de nouvelles régions afghanes. La tâche est ardue, comme l'a montré l'arrestation récente de Shahabuddin Hekmatyar dans un camp de réfugiés afghans à Peshawar, au Pakistan ; le frère de Gulbuddin Hekmatyar ne fait pas partie du HI et, contrairement à lui, n'a jamais pris part à la résistance à l'invasion soviétique de 1979 à 1989. Sa capture a été manifestement offerte par les Pakistanais, l'OTAN cherchant désespérément à démêler les liens entre la réapparition des chefs de guerre et l'insurrection talibane en Afghanistan. Tout indique que l'Alliance atlantique entend s'attaquer au problème par de nouveaux déploiements militaires. Cela pourra peut-être contribuer à maintenir la sécurité sur les grands axes, mais, comme l'avaient appris les Soviétiques, dont la présence militaire dans les années 1980 était plus de deux fois supérieure à celle de l'OTAN aujourd'hui, la supériorité numérique ne fait pas tout.

http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=88755


3-4 Point de vue d'Alain Gresh : Mourir pour la liberté ?

 Dix soldats français ont trouvé la mort en Afghanistan lors d'une embuscade tendue par les talibans.

L'incident devrait susciter, dans les semaines qui viennent, un débat sur la présence de la France dans ce pays dans le cadre d'une mission de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN).

En avril dernier, le président Nicolas Sarkozy avait annoncé l'envoi de plusieurs centaines de soldats supplémentaires. Cette décision s'était faite sans aucun débat sérieux, comme je l'avais rappelé à l'époque (« Nicolas Sarkozy, l'Afghanistan et l'universalisme européen »).

Dans les discours des responsables français, on voit resurgir deux explications à cette présence : en nous battant là-bas, c'est la liberté en France que nous défendrions ; d'autre part, les femmes afghanes opprimées ont besoin de nous.

Le chef de l'Etat a expliqué le 20 août 2008 à Kaboul : « "Je suis venu vous dire que le travail que vous faites ici, il est indispensable", lance-t-il aux militaires, "parce qu'ici se joue une partie de la liberté du monde, parce qu'ici se mène le combat contre le terrorisme". » Ce même argument a été utilisé par les Etats-Unis pour justifier leur guerre en Irak, guerre dont une des conséquences a été le renforcement d'Al-Qaida dans ce pays qui a servi d'aimant à des milliers de combattants étrangers.

Désormais, l'Afghanistan remplace l'Irak dans le discours américain. Et, pour le gouvernement français, c'est aussi « la bonne guerre ». Or, il est plus que douteux qu'un engagement supplémentaire de l'OTAN aboutisse à des résultats pour l'Afghanistan ; au contraire. D'abord, parce que le gouvernement mis en place à Kaboul est largement inefficace, corrompu, otage de tous les chefs de guerre. Ensuite, parce qu'un engagement occidental accru va faire de l'Afghanistan un aimant pour tous les combattants désireux de s'opposer à l'Occident et servir le discours d'Al-Qaida. Enfin, parce que l'histoire a montré, notamment en Afghanistan (les Britanniques et les Soviétiques en savent quelque chose), mais aussi dans le reste du monde, que l'on n'imposait pas la liberté et la démocratie au bout des baïonnettes.

D'autre part, M. Sarkozy, dans son discours à Kaboul, a repris un mensonge sur la femme à qui on avait coupé la main parce qu'elle s'était mis du vernis à ongles. Ce mensonge avait déjà été dénoncé par Christian Salmon dans un article publié par Le Monde, « Le paradoxe du sarkozysme », 2 mai 2008.

« L'histoire circule sur Internet depuis des années dans d'innombrables versions. Parfois la victime est une petite fille de 10 ans. Parfois c'est une femme. Le plus souvent, on rapporte que les talibans se "contentaient", si l'on ose dire, d'arracher les ongles. Dans la version présidentielle, on a amputé la main. »

« Il est étrange qu'aucune enquête sérieuse ne soit venue questionner les modes de diffusion d'une telle rumeur. Une source semble en être un rapport d'Amnesty International datant de 1997 dont les conclusions étaient bien plus modestes que les commentaires qu'il a inspirés. "Dans un cas au moins, écrivait l'organisation humanitaire, les châtiments infligés ont pris la forme d'une mutilation. En octobre 1996, des talibans auraient sectionné l'extrémité du pouce d'une femme dans le quartier de Khair Khana à Kaboul. Cette "punition" avait apparemment été infligée à cette femme car elle portait du vernis à ongles." Sam Gardiner, un colonel de l'armée américaine, qui a enquêté sur la communication de guerre des campagnes en Afghanistan et en Irak, a démontré récemment que "l'histoire des ongles arrachés" avait été choisie par Alastair Campbell, le conseiller de M. Anthony Blair, pour illustrer les violences faites aux femmes par les "étudiants en théologie" et diffusée massivement pour convaincre l'opinion publique et les gouvernements européens qui hésitaient à se joindre à la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis. »

« La même story fut diffusée à Washington et à Londres, en suivant des scénographies identiques, allant parfois jusqu'à utiliser les mêmes phrases. Dès novembre 2001, a révélé Gardiner, "l'orchestration de la campagne en faveur des femmes afghanes témoignait de similitudes frappantes dans le timing et les scénarios utilisés à Londres et à Washington". Le 17 novembre 2001, Laura Bush, la première dame des Etats-Unis, déclare : "Seuls les terroristes et les talibans menacent d'arracher les doigts qui ont les ongles vernis." Et Cherie Blair, son homologue britannique, d'affirmer (à Londres le lendemain) : "En Afghanistan, si vous avez du vernis à ongles, vous pouvez avoir les ongles arrachés." »

La situation actuelle des femmes sous le régime du président Hamid Karzai est-elle ce que l'on nous décrit ?

Un journaliste du quotidien britannique The Independent publie le 18 août un article « The Afghan women jailed for being victims of rape ». Il s'est rendu dans la prison de Lashkar Gah, une prison aux allures médiévales dont « deux tiers des prisonnières ont été condamnées pour relations sexuelles illégales, mais sont en fait des victimes de viols. (...) Le système ne distingue pas entre entre celles qui ont été violées et celles qui se sont enfuies avec un homme ».

« Assis dans son bureau orné de fleurs en plastique, avec des posters optimistes des Nations unies et des photos du président afghan Hamid Karzai, le colonel Ghulam Ali, un haut responsable régional à la sécurité, explique sévèrement qu'il est d'accord avec les autorités pour condamner les victimes de viol : "En Afghanistan, que ce soit forcé ou non, c'est un crime car les règles musulmanes le disent. Je pense que c'est bien. Il y a beaucoup de maladies qui peuvent être provoquées dans le monde d'aujourd'hui à travers des relations sexuelles illégales, comme le HIV." »

Suit une série de témoignages qui valent d'être lus...

Si la liberté des femmes en Afghanistan préoccupait tellement l'Occident, on se demande pourquoi celui-ci n'a pas soutenu le régime communiste de Kaboul entre 1978 et 1992. A aucune autre période de l'histoire de ce pays, les femmes n'ont disposé d'autant de droits...

L'idée qu'il faut absolument « riposter » à toute attaque quelle qu'elle soit pour montrer que l'on ne cède pas au terrorisme est mise en doute par des archives américaines qui viennent d'être rendues publiques le 20 août, « 1998 Missile Strikes on Bin Laden May Have Backfired ». Les Etats-Unis avaient, en août 2008, à la suite des attentats d'Al-Qaida contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie, envoyé des missiles sur l'Afghanistan. Selon une étude américaine, ces représailles auraient eu des conséquences négatives à long terme pour les intérêts américains et renforcé l'alliance entre les talibans et Al-Qaida.

Alain Gresh :

22 août

Le Monde Diplomatique

http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=4951



4 Courrier des lecteurs & trouvé sur le net & témoignage

4-1 Jeremy Page : Les Résistants assiègent Kaboul.

Les chauffeurs du camion qui convoient le « Pepsi » et l'essence pour les troupes de L' OTAN à Kaboul ont leur propre méthode pour calculer les progrès des Talibans autour de la capitale afghane : Ils comptent simplement les camions détruits sur les routes principales.

A travers ces estimations, et beaucoup d'autres, Kaboul se voit de plus en plus comme une ville assiégée, les résistants commençant à perturber les itinéraires d'approvisionnement, imitant la tactique employée contre les Anglais en 1841, et contre les Soviets il y a deux décennies.

Abdul Hamid, 35, transportait le mois dernier des provisions pour L'OTAN depuis la frontière pakistanaise, lorsque les unités des Talibans sont apparues sur les rochers au dessus de lui et l'ont attaqué au RPG, 40 miles, (65km), à l'est de Kaboul. « Ils m'ont manqué de justesse, mais ont atteints les deux camions derrière », a-t-il dit. « Cette route avait la réputation d'être sûre, mais le dernier mois ils nous ont attaqué de plus en plus ».

La route de Kaboul à Kandahar même est encore plus dangereuse, selon d'autres conducteurs. « Si l'Armée Afghane n'est pas sur place, une mouche ne peut pas passer », a dit Bashir, un propriétaire de camion, montrant les carcasses roussies de ses trois véhicules qu'il a récupérées après un raid des Talibans sur la route de Kandahar la semaine dernière.

Des 60 camions, 13 ont été détruits, a-t il dit. « Pourquoi les Américains ne peuvent-il pas arrêter cela » ?

Sept ans après qu'une invasion dirigée par Etats-Unis ait renversé les Talibans, ceci est la question qui inquiète maintenant le Président Karzai et les forces de L'OTAN en Afghanistan.

Malgré la présence de 70 000 troupes étrangères, les résistants ont avancé vers Kaboul cette année et tiennent le territoire situé juste à l'extérieur de Maydan Shar, la capitale de la province de Wardak, 20 milles au sud-ouest de la capitale.

Les militants de Wardak organisent presque quotidiennement des raids sur la route de Kandahar, qui relie aussi les principales bases AMÉRICAINES en Afghanistan. Le mois passé, ils ont intensifié les attaques sur la route de Kaboul au Pakistan via Jalalabad. L'itinéraire principal d'approvisionnement pour l'alimentation, le carburant, et l'eau.

Cette semaine ils ont tué dix soldats français à Sarobi, sur la route de Jalalabad à 30 milles de Kaboul.

Simultanément, ils ont attaqué la plus grande base américaine de l'Afghanistan oriental.

La peur des résistants est si "spectaculaire" à Kaboul, que quand Gordon Brown l'a visité jeudi il est arrivé par hélicoptère plutôt que d'être conduit à travers les rues.

« Nous assistons à une répétition de l'histoire elle-même », a déclaré Haroun Mir, le co-fondateur de l' « Afghanistan Center for Research and Policy Studies », et ancien aide de Schah Ahmad Massoud, le commandant Mujahidin assassiné. « La stratégie est de couper les routes principales vers Kaboul en ciblant les approvisionnements pour les forces étrangères, de même que les Mujahidins l'ont fait avec les Soviets. Si les routes sont coupées, même pour deux jours, il pourraient ainsi créer des émeutes dans la ville ».

Kaboul est vulnérable aux blocus parce qu'il est cerné par des montagnes et doit recevoir ses provisions par trois routes : La principale au Nord, et les autres à l'Est et au Sud-Ouest.

Les Britanniques avaient appris cette dure loi durant le siège de Kaboul en 1841, comme l'écrivait Lady Florentia Sale le 3 décembre 1841 dans « A Journal of the Disasters in Afghanistan. "Khojeh Meer says that he has no more grain », ( "Khojeh Meer dit qu'il n'a pas plus de grain. Il affirme aussi que le Mollahs ont visité à tous les villages et ont interdit aux gens d'aider les Anglais et par conséquent la population musulmane est comme un seul homme contre nous ».

Un mois plus tard les Anglais commençaient leur retraite de Kaboul.

Dans les années 1980 c'étaient les forces Soviétiques qui étaient encerclées à Kaboul par les Mujahidins.

Ils se retirèrent en 1989.

En 1996 les Talibans prirent Kaboul après la conquête de Wardak et de Jalalabad et le blocus de la capitale. L'Isaf, l'« International Security Assistance Force », affirme qu'aujourd'hui les circonstances sont différentes : Elle possède un appui aérien et une logistique supérieure aux Soviets et aux Talibans.

Les Résistants, cependant, ont l'expérience de leur côté, remerciements en soient faits aux anciens commandants Mujahidins qui ont assiègé Kaboul auparavant.

Zabihullah Mujahid, un porte-parole déclare que leur nouvelle stratégie a été mise au point dès la fin de 2007 par leur frère et représentant, le Mullah Omar, le leader des Talibans. « Les Talibans cerneront Kaboul politiquement et militairement, et le feront de façon drastique afin d'empêcher les forces de L'OTAN de recevoir des convois logistiques », a-t il déclaré à « The Times ». « Cela signifiera que nous fixerons l'OTAN et démontrera que nous pouvons tenir le blocus de la capitale ».

Les fonctionnaires locaux déclarent que les résistants, qui tirent la plupart de leur appui de l'ethnie Pashtuns, enrôlent des villages entiers autour de Kaboul et exploitent la frustration des villageois avec le manque de développement depuis 2001. Ils craignent que la cible suivante ne soit les itinéraires du Nord, aux frontières de l'Uzbekistan et du Tadjikistan.

Le Gouvernement Afghan insiste sur le fait qu'il contrôle les routes principales du pays et Des Browne, le Secrétaire Britannique de la Défense, cette semaine, a nié le fait que les résistants fassent la loi autour de Kaboul, comme s'il était aveugle.

« En aucune façon ils ne peuvent représenter, ou peuvent faire peser, une menace stratégique sur le Gouvernement afghan », a-t-il dit. Le Brigadier-Général Richard Blanchette, porte-parole de l'Isaf, a dit : « Nous sommes OK en carburant et vivres. Avec l'aviation que nous possédons et la qualité des troupes sur le terrain, il n'y a aucune chance qu'ils puissent vaincre ».

Mais chaque mois les pertes de militaires étrangers sont en hausse, surpassant celles de l'Irak et ceci risque de faire de cette année en Afghanistan l'année des pertes les plus sanglantes depuis 2001.

La stratégie des Talibans gêne aussi les ONG, d'autant plus que les militants ont abattus trois de leurs employées féminines la semaine dernière.

Ebadullah Ebadi du « World Food Program » a affirmé que, jusqu'à aujourd'hui, 20 de ses convois avaient été attaqués cette année, contre 30 en 2007. Plusieurs dans des parties de l'Afghanistan du Sud-Est considéré précédemment comme entièrement sécurisées.

Les chauffeurs de camion connaissent les risques, mais disent il n'y a aucun autre travail. « Ils ont pris l'habitude de nous déconseiller d'approvisionner les Infidèles », dit M. Hamid. « S'ils m'attrapent maintenant, ils me mettront dans mon propre conteneur, me couvriront d'essence et me brûleront vif ».

Histoire des guerres en Afghanistan.

1839. Les Britannique envahisent l'Afghanistan pour installer un Roi fantoche.

1842. Retraite des Britannique de Kaboul. 16 500 militaires et civils tués. Un survivant.

1878/80. Deuxième Guerre anglo-afghane

1979. Les forces Soviétiques envahissent le pays pour soutenir le Gouvernement Communiste.

1988/89. Retrait des Soviets.

1989/92 Guerre civile entre chefs de guerre.

1996. Les Taliban reviennent.

2001 Une invasion sous commandement des Etats-Unis renverse le Gouvernement.

Jeremy Page

23/08

The Times.


4-2 Gérard Filoche : L'actuelle guerre d'invasion et d'occupation de l'Afghanistan n'a rien à voir, avec la lutte contre le terrorisme.

Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information
L'actuelle guerre prolongée d'invasion et d'occupation de l'Afghanistan n'a rien à voir, contrairement à ce que prétendent Sarkozy, le va t 'en guerre Kouchner (rapporteur pour Total en Birmanie) et Fillon avec la lutte contre le terrorisme.

Bin Laden court toujours !

 C'est une guerre pour le pétrole au service essentiel des intérêts américains. Hamid Karzaï, pachtoune, est l'homme de la RAND Corporation, formé et recruté aux USA, employé du pétrolier UNOCAL lié au vice-président Dick Cheney, dans le but de construire le pipe-line qui doit traverser l'Afghanistan et driver le pétrole d'Asie centrale. Karzaï avait collaboré et négocié, pour ce faire, avec les talibans lorsque ceux-ci étaient encore alliés des USA. Et c'est ce fantoche Hamid Karzaï qu'ils ont mis en en place et dont ils défendent par la violence le pouvoir à Kaboul.
S'ils aidaient vraiment le peuple afghan à s'émanciper, à se développer, ils auraient progressé depuis sept ans, vu les énormes moyens investis. Une petite partie de ces moyens auraient pu servir à construire une voie ferrée, des écoles et des hôpitaux.

Mais comme leurs but de guerre ne sont pas du tout tout d'aider "le peuple afghan à se libérer des 'terroristes et des intégristes' ", en dépit de 70 000 hommes de troupes internationales venues de 28 pays depuis 7 ans, ils ne parviennent à rien d'autre qu'à unifier contre eux le peuple afghan et à le ressouder avec les talibans. Au point qu'ils ont perdu le contrôle de plus de la moitié du pays. S'ils agissaient pour la population et si la population était de leur côté en serait-il ainsi ? Non.
Ce n'est pas le progrès qu'ils ont apporté en sept ans, mais la progression de la fabrication et de la vente de l'opium, dont le frère Ahmed Wali Karzai, est un des plus grands trafiquants du pays. Toutes les opérations brutales de police et d'occupation étrangère, menées la coalition américaine, dont 3000 français, au lieu d'isoler les intégristes Talibans, ont contribué à développer un sentiment national que les talibans exploitent.
C'est pourquoi cette guerre sera fatalement perdue : toute escalade nourrira les résistants afghans, et la défaite est au bout de chaque embuscade. Les Afghans sont chez eux, c'est leur terre, leur pays, ils ont le temps pour eux, les armées étrangères d'occupation perdront fatalement comme chaque fois que l'Afghanistan a été occupé depuis un siècle.
Sarkozy, qui avait, dans sa campagne électorale annoncé avec tambours et trompettes, le retrait des troupes françaises d'Afghanistan, et qui une fois élu, s'est démenti, en envoyant mille hommes de plus, est le responsable direct des 10 soldats morts et des 21 blessés tombés en embuscade le 19 août 2008. Il se rend à Kaboul ? S'il poursuit cette guerre, il sera obligé de s'y rendre souvent !
C'est pourquoi toute la gauche doit s'unir et convaincre le peuple français d'imposer au pouvoir sarkozyste le retrait immédiat de tous nos soldats d'Afghanistan.
Gérard Filoche, le 19 août 2008 


4-3 Aïssa Hirèche  : Les questions légitimes et le blabla...
Est-il possible que l'on aille, à des milliers de kilomètres de là, défendre la liberté, alors que, en même temps, on tourne le dos à cette même liberté chez soi ?

Au lendemain de l'embuscade qui a fait dix morts parmi les soldats français stationnés en Afghanistan, des voix se sont élevées, ici et là, qui pour dénoncer l'insuffisance de la préparation de ces soldats à une telle mission, qui pour s'interroger sur les raisons de la présence française dans ce pays, qui pour demander tout simplement le retrait de ce contingent engagé dans cette guerre. Comme pour devancer ces appels légitimes, Sarkozy a défendu depuis Kaboul la « guerre pour une grande partie de la liberté du monde ». Ah, tiens donc !

Est-il possible que l'on aille, à des milliers de kilomètres de là, défendre la liberté, alors que, en même temps, on tourne le dos à cette même liberté chez soi ?

Shakespeare avait raison : on ne peut pas être et ne pas être à la fois, il faut choisir. Et lorsqu'on choisit de fermer ses frontières à tous ces demandeurs de terre et de travail exténués qui, fuyant la faim, la désolation et la misère, n'hésitent pas à se jeter à la mer comme d'autres jetaient des bouteilles vides, il est, de toute évidence, difficile de jouer au défenseur des libertés.

Lorsqu'on remue ciel et terre, à coups de médias et de propagande aux véritables desseins plus que douteux pour faire du voile des jeunes musulmanes, inoffensives, la raison de tous les malheurs en France, alors que tous les autres signes distinctifs des autres religions sont tolérés, et parfois même encouragés, il est permis de se demander de quelle liberté il peut encore être question.

Lorsque, bien blotti dans les fauteuils du pouvoir, on plonge la tête sous l'oreiller afin de ne pas voir les exactions commises contre la liberté en Irak et ailleurs, il est tout aussi difficile de se proclamer défenseur de la liberté.

Lorsqu'on ne détourne même plus la tête devant tant de viols sinistres de cette même liberté, au nom de quoi peut-on encore se targuer d'être défenseur des hommes, du droit ou de la liberté ?

Bien que ses facettes soient nombreuses, la liberté est une.

Mieux, elle est universelle et, de ce point de vue, la dernière des choses à faire c'est de vouloir s'ériger en donneur de leçons. Ce qui serait bien, c'est plutôt de nous contenter, chacun de son côté, de nous respecter mutuellement. Que chacun reconnaisse le droit des autres à la différence. Ce n'est que de cette manière que l'on pourrait faire valoir, et donc défendre la diversité, car nous ne sommes pas pareils et nous ne pourrons jamais l'être. Etre différemment, c'est là l'essentiel, tout le reste n'est que blabla !

Aïssa Hirèche - Le Quotidien d'Oran

dimanche 24 août 2008.

http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=4962



5 Analyse -  Géopolitique et stratégie – Réflexion
Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information.

5-1 Analyse de Conn Hallinan  : Bonne guerre, mauvaise guerre?

L'escalade future en Afghanistan

Toutes les guerres ont leur synopsis: pour la première guerre mondiale, c'était "la guerre pour mettre fin à toutes les guerres". La seconde guerre mondiale, c'était "la guerre contre le fascisme".
Celle d'Irak a été vendue comme la guerre pour mettre fin aux armes de destruction massive; puis pour renverser Saddam Hussein; puis pour instaurer la démocratie. Et en fin de compte, il s'est avéré que c'était un coup monté de toutes pièces. Fondé sur un mensonge. Ancré dans une imposture.
Mais l'Afghanistan, c'est la "bonne guerre", qui vise ceux qui nous ont attaqués", selon les paroles d'un journaliste.

C'est la "guerre de nécessité", affirme le New York Times, pour vaincre le "pouvoir des Taliban et d'Al-Qaida".
Barack Obama, lui, différencie la "mauvaise guerre" en Irak de la "bonne guerre" en Afghanistan, une des pièces maîtresses de sa campagne présidentielle. Il propose de faire cesser la guerre en Irak et de redéployer les forces militaires américaines afin de "terminer le boulot en Afghanistan". S'il est élu, annonce-t-il, il enverra 10000 soldats de plus en Afghanistan. "C'est une guerre qu'il nous faut gagner".
Pratiquement personne, ni aux Etats-Unis, ni à l'OTAN, n'appelle à négocier avec les taliban.

Même le New York Times écrit dans son éditorial que ceux qui veulent discuter avec les taliban "se leurrent".
Mais le gouvernement des taliban n'a pas agressé les Etats-Unis, c'est notre ancien allié, Osama Bin Laden qui l'a fait.
Al-Qaida et les Taliban ne sont pas du tout la même organisation (si on peut vraiment appeler Al-Qaida une "organisation"), et personne ne semble vouloir prêter attention à ce que les Taliban disent eux-mêmes.
Nous devrions.
Un récent sondage d'opinion en Afghanistan indique que, alors qu'une majorité d'entre eux n'aime pas les taliban, 74% des sondés sont favorables à des négociations et 54% disent qu'ils soutiendraient un gouvernement de coalition avec des taliban.
Ce sondage effectué par le "Canadian Globe and Mail" montre qu'il existe des divisions profondes dans le pays et qu'une majorité de la population ne se prononce pas sur l'issue de la guerre (40% pensent que l'actuel gouvernement d'Hamid Karzai, allié des US et de l'OTAN, va gagner, 19% que ce sera les talibans et 40% répondent qu'il est "trop tôt pour se prononcer").
Il y a également une forte ambivalence concernant la présence de troupes étrangères.

Seulement 14% des personnes interrogées souhaitent leur départ immédiat, et 38% veulent un retrait définitif d'ici trois à cinq ans.

En somme, les Afghans ne veulent pas d'une victoire à l'arraché.
Ils ont aussi une opinion bien plus nuancée sur les taliban et Al-Qaida.

Alors que la majorité d'entre eux est opposée aux deux groupes (13% soutiennent les taliban et 19% Al-Qaida), 29% seulement considèrent que les premiers sont une "force politique unie".
Mais cette opinion ne correspond pas au synopsis des Occidentaux qui décrit l'ennemi comme une bande de fanatiques très disciplinés.
En fait, les taliban semblent avoir évolué, depuis leur création par la CIA, l'Arabie Saoudite, et les services secrets du Pakistan pendant la guerre en Afghanistan contre l'Union soviétique, en un ensemble de courants polyglottes composés, entre autres, d'islamistes zélés et de nationalistes.

Le chef taliban Mullah Mohammad Omar a déclaré à l'Agence France Presse au début de l'année: "nous nous battons pour libérer notre pays. Nous ne sommes pas une menace pour le monde."

Ces paroles devraient faire réfléchir Obama, le New York Times et l'OTAN.

L'invasion en 2001 avait été facile parce que les taliban s'étaient aliéné l'immense majorité des Afghans. Mais le poids de l'occupation, le nombre croissant de victimes civiles, et la prise de conscience que l'objectif de cette invasion était d'anéantir Al-Qaida et les taliban et non pas de tirer l'Afghanistan de son extrême pauvreté, transforment actuellement la résistance en une guerre de résistance nationale.
Aucune puissance étrangère n'a gagné de guerre en Afghanistan. Les raisons pour lesquelles tout est allé de plus en plus mal pour les Etats-Unis et ses alliés ne sont pas un mystère.
Avec l'intensification des attaques aériennes américaines, il y a eu de plus en plus de victimes civiles ces deux dernières années.

Près de 700 personnes ont été tuées les trois premiers mois de cette année, une très forte augmentation par rapport à l'an dernier.

Au cours d'un bombardement récent, 47 invités d'une noce ont péri dans la province d'Helmand. Dans une société où les querelles entre clans, tribus et familles font partie du quotidien, cet acte isolé a fait naître une haine qui restera tenace pendant des décennies.
Anatol Lieven, qui enseigne l'histoire des conflits armés au King's College de Londres, explique qu'une des motivations majeures derrière cette résistance croissante c'est la colère qu'engendre la mort de membres de la famille ou de voisins.
Les victimes civiles semblent avoir joué un rôle dans l'attentat contre un camp militaire américain près de la frontière pakistanaise et qui a fait 9 morts et 15 blessés. L'ancien gouverneur de la province a déclaré au "New York Times" que la population locale avait probablement aidé les agresseurs à cause de l'indignation qu'avait soulevée le 4 juillet dernier une attaque aérienne américaine et qui avait tué 22 civils.
Lieven explique que c'est comme si l'Afghanistan devenait une sorte de domaine de chasse virtuel dans lequel les US et l'OTAN se livreraient à l'élevage des terroristes mêmes qu'ils comptent chasser ensuite.
Selon Reto Stocken de la Croix Rouge, "de vastes territoires dans le sud, le sud-est, l'est, et également de plus en plus dans l'ouest", sont dans une "situation d'urgence", ce qui a pour conséquence "une insécurité constante et l'absence de services vitaux".
Une fois qu'une population se rebelle contre une occupation (ou simplement reste neutre), il y a peu d'endroits au monde où l'occupant se retrouve du côté des vainqueurs. L'Afghanistan, vaste territoire avec une topographie décourageante, ne fait certainement pas partie de ceux là.
Dans un article du Der Spiegel, Ullrich Fichter explique que si on jette un coup d'œil sur une carte au quartier général de la force internationale d'assistance à la sécurité (FIAS) près de Kandahar, on pourrait avoir l'impression que l'Afghanistan a été maîtrisé.

"Des petits drapeaux de couleurs indiquent l'emplacement des troupes de l'OTAN dans tout le pays, les Allemands au nord-est, les Américains à l'est, les Italiens à l'ouest, les Britanniques et les Canadiens au sud, et, au milieu de ceux-ci, sont éparpillés des drapeaux turcs, néerlandais, espagnols, lithuaniens, australiens et suédois".

"Mais ces drapeaux sont illusoires", dit il, illustrant ses propos par le récit de sa visite au gouverneur de la province d'Helmand dans sa résidence à Lashkar Gah: deux hélicoptères rasent le sol à grande vitesse pour aller atterrir sur un terrain de football; les journalistes revêtent des gilets pare-balles et montent dans des véhicules blindés. La résidence du gouverneur se trouve à moins de 300m de la zone d'atterrissage.

"Le gouverneur raconte que la moitié des cantons de sa circonscription échappe à tout contrôle. Les alliances constituées de taliban et de barons de la drogue contrôlent les villages, et aucun des grands axes routiers n'est à l'abri des attentats à la bombe, des bandits de grand chemin et des kidnappeurs", dit-il.

Les Nations Unies considèrent qu'un tiers du pays est "inaccessible" et près de la moitié, est à "haut risque". Le nombre d'engins explosifs improvisés – EEI- (NDLT: bombes artisanales) a été multiplié par cinq en 2008, et les attentats autour de Kaboul ont augmenté de 70%. Le gouvernement national actuel sort peu de Kaboul. Le président Karzai est surnommé "le maire de Kaboul".
D'après Der Spiegel, les taliban remontent actuellement vers le nord, vers la province de Kunduz, exactement comme ils l'avaient fait en 1994 quand ils avaient quitté leur base de Kandahar et s'étaient mis en route pour prendre le contrôle de tout le pays.

L'"Asia Times" dit que la stratégie des insurgés est de couper les routes d'approvisionnements logistiques de l'OTAN qui partent du Pakistan et de créer un "couloir stratégique" depuis la frontière jusqu'à Kaboul.
Le gouvernement Bush a envoyé récemment 3200 "marines" à Helmand, et les Etats-Unis ont déplacé un groupe de porte-avions sur le Golfe d'Oman pour pouvoir disposer de davantage d'aide aérienne.
L'amiral Michael Mullen, chef d'état-major des armées des Etats-Unis, réclame le déploiement de quelque 10.000 soldats supplémentaires.
60.000 troupes des Etats-Unis et de l'OTAN sont actuellement stationnées en Afghanistan. Mais une grande partie des troupes de l'OTAN est d'abord employée à la reconstruction et au développement (la fable qui avait été vendue aux populations européennes pour leur faire accepter l'engagement dans le conflit), et seulement accessoirement à la lutte armée.
L'armée afghane aligne, de son côté, environ 70.000 soldats, mais seules deux brigades et une unité de l'état-major sont considérées comme capables de fonctionner de façon autonome.
Selon la doctrine américaine de guerre contre-insurrectionnelle, cependant, il faudrait au moins 400.000 soldats en Afghanistan pour avoir ne serait-ce qu'une chance de "gagner" la guerre. Mettre sur le terrain 10.0000 soldats américains de plus n'aura pratiquement aucun effet.
Alors que la situation continue de se détériorer, il se trouve des voix, et parmi elles celles du gouvernement Karzai et des deux candidats américains à la présidentielle, pour préconiser une extension du conflit au Pakistan, remake, en quelque sorte, de l'invasion du Laos et du Cambodge qui avaient eu lieu quand la situation au Vietnam avait commencé à devenir incontrôlable.

Ces deux invasions n'ont pas été une catastrophe seulement pour les envahisseurs, mais elles ont été la cause directe du génocide au Cambodge.
Quoi qu'on fasse, une "victoire" militaire en Afghanistan n'est simplement pas envisageable. La seule alternative possible c'est d'entamer des négociations avec les taliban et de chercher à impliquer les états de la région (l'Iran, le Pakistan, la Russie, le Turkménistan, le Tadjikistan, la Chine et l'Inde) avec un intéressement à la clé.
Mais faire cela voudra dire laisser tomber la fable sur le conflit afghan et reconnaître que la guerre est de plus en plus une politique qui n'a pas sa place dans ce nouveau millénaire.

August 14, 2008

Conn Hallinan

Conn Hallinan est analyste politique pour "Foreign Policy in Focus".


5-2 Embuscade: "Un minimum d'incompétence de la part de la victime désignée..."

Dans son remarquable livre de "Tactique théorique" (Economica 2006), Michel Yakovleff consacre plusieurs pages à "l'embuscade". S'appuyant sur des exemples historiques, en particulier la bataille du lac Trasimène (217 av JC), l'auteur affirme que "l'embuscade nécessite que certaines conditions soient remplies". Les voici (extraits)  :

"1) Un terrain favorable, restreignant considérablement la liberté de manoeuvre ennemie, ce que l'on appelle un défilé. Le terrain doit offrir une zone de destruction, où la troupe attaquée sera dépourvue de masques ou d'abris, mais où elle sera contrainte de demeurer. De l'autre côté, le terrain doit bloquer physiquement le mouvement.

2) Un renseignement de qualité. Il faut en savoir assez sur l'ennemi pour pouvoir se prononcer sur ses mouvements à venir. Il faut en savoir assez pour pouvoir déterminer peu ou prou son dispositif en marche.

3) Un minimum d'incompétence de la part de la victime désignée... Un défilé, cela se voit rien qu'en lisant la carte et avant de s'engager il suffit de regarder. Toutes les embuscades sont au départ imputables à une faute de la "victime". Généralement, excès de confiance, sous_estimation de l'ennemi, précipitation...

4) Accepter le risque. Paradoxalement, l'embuscade est une manoeuvre à risque pour l'assaillant. L'ennemi, s'il est prudent, décèlera l'embuscade avant d'être tombé dedans et manoeuvrera en conséquence, retournant à son détriment l'orientation de celui qui voulait tendre l'embuscade."

Officier de l'Arme blindée cavalerie, Michel Yakovleff est général. Il commande depuis cet été la 7ème Brigade blindée à Besançon.

Précision: "la victime désignée" ne vise pas les soldats tués dans l'embuscade, mais l'ensemble de la colonne ou le dispositif militaire français.

 24/08

 

Commentaires des lecteurs de cet article ci dessus

@Herve (ndlr : un soldat Français ?)à propos de traitrise.

Si on a bien vu, à cet endroit en Afghanistan, les pistes sont tellement pourries que la vitesse d'avancée des colonnes de véhicule est très faible. Et ça fait de la poussière. Les troupes étaient engagées dans le coin depuis plusieurs jours. Elles ont été observées. Le groupe de tête a débarqué plusieurs heures avant de se faire accrocher.

Alors il est possible qu'ils aient été trahis, mais il y a une autre hypothèse très réaliste aussi : ils ont été repérés, les adversaires se sont dit "et où vont-ils ensuite", et ils ont eu raison lors de la reconnaissance du troisième col.

Ils avaient de la logistique dans le coin, et ils ont pu se préparer sans qu'il y ait de traître dans "nos" rangs.

Et les talibans ont des radios, des téléphones, etc... : on ne peut pas tout écouter, et tout n'est peut être pas brouillé, voire rien.

Je ne suis pas certain que les VAB montent ces montagnes plus vite que les fantassins Afghans habitués au terrain.

Cette affaire reflète malheureusement ce que je vois au cours des exercices depuis des années.

Les tacticiens (le B3) sont toujours indisposés par deux choses : la logistique (le B4) et l'analyse faite par la cellule rens (le B2). Ils font alors de la tactique, uniquement d'après leur situation propre, jamais d'après celle de l'ennemi, c'est plus facile intellectuellement.

Il est donc très cohérent que nous répétions en opération les schémas de l'exercice.

En Cote d'Ivoire en 2002 ou 2003, une Cie du 21 RIMa fut tenue en échec par une bande de pillards car l'analyse de l'eny n'avait pas prévus un renfort possible des pillards (qui passèrent d'une trentaine à une centaine durant la nuit) ni de leu capacité à manœuvrer offensivement lorsque les marsouins débouchèrent à l'aube.

Et pourtant le sujet n'est pas neuf :

- En traitant un sujet tactique, il faut tout d'abord se mettre exactement à la place de l'adversaire, et lui attribuer toujours les dispositions les plus judicieuses. (De Guibert).

- Apprécier les circonstances dans ce cas particulier, tel est donc le rôle essentiel du chef. Du fait qu'il les connait, qu'il les mesure, qu'il les exploite, il est vainqueur ; du fait qu'il les ignore, qu'il les juge mal, qu'il les néglige, il est vaincu. Puisse la pensée militaire française résister à l'attrait séculaire de l'a priori, de l'absolu et du dogmatisme ! (Foch)

- Toujours la manie, l'impatience du résultat sans les moyens, sans une méthode de combat en rapport avec la réalité. Or aujourd'hui qui a une méthode formulée ? Qui en a une de tradition ? Interrogez les généraux; pas deux qui s'entendent. Nous avons cependant une méthode, une manière plutôt qui tient du tempérament national: on marche à l'ennemi. C'est que comme les Gaulois, nous avons un peu trop confiance absolue dans le "en avant, en avant, pas de temps et pas de façons". Les façons n'empêchent pas le "en avant"; elles en préparent l'effet et le rendent plus sûr à la fois et moins couteux à l'assaillant (GAL Salain, orthographe à vérifier).

Sous estimer son adversaire quel qu'il soit, est la pire erreur que nous pourrions commettre.

Et là bas les erreurs tuent...

http://secretdefense.blogs.liberation.fr/defense/2008/08/embuscade-un-mi.html

 


5-3 Hervé Morin : Il faut augmenter la "capacité de reconnaissance et de renseignement" de l'armée.

Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information.  

 Le ministre de la Défense Hervé Morin estime jeudi qu'il faut "tirer les conséquences" et augmenter la "capacité de reconnaissance et de renseignement" de l'armée française en Afghanistan, après la mort de dix soldats dans une attaque de talibans.

"Peut-être faut-il envoyer des drones et renforcer les moyens héliportés", indique M. Morin dans une interview publiée jeudi soir sur le site Internet du "Figaro". "Nous prendrons les décisions qui s'imposent dans ce domaine".

Le ministre répète qu'il n'y aura "pas de changement" dans l'engagement français en Afghanistan. "Je pense que la solution passe par une meilleure coordination entre le civil et le militaire. Il faudrait davantage de cohérence entre les forces nationales engagées en Afghanistan".

Interrogé sur le choc provoqué en France par la mort de ces dix soldats, il répond: "l'opinion française découvre aujourd'hui que l'Afghanistan est sans doute le premier théâtre depuis plusieurs décennies dans lequel les armées françaises, qui affrontent des talibans de plus en plus organisés, sont engagées dans des opérations militaires brutales et violentes."

Hervé Morin sera auditionné mardi matin par la commission de la Défense de l'Assemblée nationale.

AP -21 août



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