mardi 29 avril 2008

n° 171 - dossiers de l'Afghanistan du 28-04-J1 - Marc W. Herold : « L'Afghanistan comme espace vide. - Le parfait Etat colonial du XXIº siècle »]



-------- Message original --------

Sujet: n° 171 - dossiers de l'Afghanistan du 28-04-J1 - Marc W. Herold : « L'Afghanistan comme espace vide. - Le parfait Etat colonial du XXIº siècle »
Date: Tue, 29 Apr 2008 16:31:53 +0200
De: Marc Lemaire mailto:fa029559@skynet.be




L'information est une arme au service de la paix. Sa diffusion est un acte de résistance

Dénoncer ne suffit plus, il faut expliquer, informer, transmettre

Les médias occidentaux ont de tout temps accepté les versions de l'armée israélienne et fermant les oreilles aux autres sources



Les dossiers de l'Afghanistan n° 171 du 28-04
Par M.Lemaire



NB : Si vous voulez-me contacter une seule adresse : http://www.blogger.com/




Sommaire : :
1 Médias et Manipulation de l’opinion / Vidéos

1-1 Video : Camp X Ray - A mes frères à Guantanamo...

1-2 Le « médiagate » : Analystes, experts, médias et industrie de l’influence.

1-3 Pascual Serrano : Recension du livre de Marc W. Herold : « L’Afghanistan comme espace vide. - Le parfait Etat colonial du XXIº siècle »


2 Brèves

2-1 Espionnage allemand…


3 Dossier & Point de vue

3-1 Afghanistan : l'Otan peut-elle gagner cette guerre ?

Réponse de : Étienne de Durand,

Réponse de Karim Pakzad

3-2 Point de vue de M K Bhadrakumar : La "guerre contre la terreur"


4 Courrier des lecteurs & trouvé sur le net & témoignage

4-1 Mohamed Afifi : Guantanamo connais pas.


Annexe Géopolitique et stratégie- Analyse

5-1 Edward S. Herman et David Peterson : Il n’y a pas de guerre contre le terrorisme.

5-2 Edward S. Herman et David Peterson : Quelle Guerre contre le Terrorisme ?
























1 Médias et Manipulation de l’opinion / Vidéos

Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information.

1-1 Video : Camp X Ray - A mes frères à Guantanamo...

http://usa-menace.over-blog.com/article-19024923.html

Voilà une excellente video qui montre le sort destiné aux prisonniers à Guantanamo. Qu'au XXIe siècle des êtres humains soient traités de la sorte prouve le monde dans lequel on vit. Que l'on ne vienne pas nous emmerder avec le "plus jamais ça". Nous connaissons désormais la "démocratie" exportée par Bush et les agissements de l'Etat démocratique en Palestine depuis plus de 60 ans. Les individus qui cautionnent toutes ces infâmies n'ont aucune leçon de morale à nous faire. Nous savons mieux qu'eux où se situent la Justice et la Vérité. Certainement. Et plutôt crever que d'adhérer à leur idéologie de fascistes. Honte à eux pour tout ce qu'ils perpètrent. Honte à eux pour le malheur qu'ils sèment sur toute la planète. Et que Justice soit faite.
Adriana Evangelizt

24 avril 2008

http://usa-menace.over-blog.com/article-19024923.html


1-2 Le « médiagate » : Analystes, experts, médias et industrie de l’influence.

Dans l’édition de dimanche du New York Times, un long, très long et passionnant article décrivait les méthodes du Pentagone pour manipuler les médias. Et soulignait la responsabilité des médias dans ce cadre.

Au coeur de cette nouvelle démonstration des méfaits de l’industrie de l’influence (qui regroupe la publicité, mais aussi les « public relation », l’infowar et les pouvoirs militaro-industriels) on trouve les « analystes » des médias.

Une catégorie particulière : les analystes et commentateurs ne sont

ni totalement journalistes liés par un code de déontologie,

ni totalement propagandistes patentés dont on pourrait relier les paroles aux idéologies et aux conflits d’intérêts.

L’article du New York Times résume une enquête approfondie, une spécialité qui reste la gloire des journaux étatsuniens, et dont on aimerait tant avoir l’équivalent par ici. Cette enquête s’appuie sur l’examen de 8000 pages de documents et d’e-mails obtenus par une plainte pour déclassifier des sources. Il démontre que les "analystes militaires« des grands médias, qui viennent donner la »bonne parole", faire des conjectures et assommer le bon peuple de leur « expertise » étaient en réalité des pions au service du Pentagone d’une part et des « consultants » auprès des entreprises du complexe militaro-industriel d’autre part. A ce titre, les « analyses » et « commentaires » qu’ils délivraient sur les ondes étaient à mettre en relation avec les immenses marchés à gagner ou à perdre pour leurs commanditaires.

C’est ici le « médiagate » qui s’installe.

Car, bien loin des quelques lignes éparses publiées dans la presse française sur ce sujet majeur, le NYT dénonce la complicité et l’aveuglement des médias qui avaient engagés et payaient ces analystes. Y compris le NY Times lui-même qui regrette certains éditoriaux de ces malfaisants.

Il n’y a pas de domination sans complices, et ceux qui aujourd’hui rejettent toute la faute sur « le Pentagone » cherchent en réalité à dédouaner leur responsabilité.

La « guerre psychologique » (psy-ops) est une stratégie pourtant connue, commentée, on trouve même des manuels militaires, des documents émanant du Pentagone pour la décrire. Dont ce fameux rapport "Information Operations Roadmap" signé par Donald Rumsfeld, ministre des armées de 2001 à 2006. Rédigé en 2003 et rendu public en 2006 après une demande au titre du « Freedom of Information Act » (on peut le lire à http://www.gwu.edu), ce document prévoyait de bloquer l’internet pour éviter la diffusion d’informations contradictoires. Le même Rumsfeld n’hésitait pas à menacer les médias en 2006 ("Any kind of moral and intellectual confusion about who and what is right or wrong can severely weaken the ability of free societies to persevere." The Washington Post, 30 août 2006 - http://www.washingtonpost.com)

Et pourtant, malgré cette connaissance des enjeux de la guerre psychologique et des opérations ideologiques de l’armée, les médias engageaient des « analystes », des « experts » sans se poser la question de leurs liens avec l’appareil militaire et industriel. On leur demandait de signer un simple document de « disclosure », sans enquêter sur leurs employeurs et les intérêts en conflit avec la place propagandiste déterminante qui leur est offerte.

Car ces « experts » ne sont pas ceux qui apportent des « informations », mais qui émettent le « discours » idéologique global, qui « interprètent » les événements, du haut de leurs « connaissances », en général longuement vantées auparavant par les présentateurs…

Mais qui sont ces expert(e)s ?

Ces experts, nous les connaissons aussi en France, ancien militaires spécialistes de l’armée, consultant en sécurité spécialistes de la tolérance zéro, « spécialiste » de ceci ou cela… Toujours les mêmes, faisant la tournée des rédactions, ils ou elles interviennent dès qu’il se passe un événement. On leur déroule le tapis rouge et on les laisse pérorer. Mais qui sont-ils(elles) ? Qui les paye vraiment ? quels sont les intérêts croisés entre leur domaine d’expertise, leurs sources de revenus et le discours qu’ils prononcent ? Nous ne le savons jamais… et pire, ce que semble montrer l’enquête du New York Times, c’est que les médias ne se posent pas la question. Eux si prompt à salir les militants et les activistes n’enquêtent même pas sur les « experts » qu’ils commanditent ?

Oui, c’est un véritable « médiagate » qui s’ouvre sous nos yeux. Et c’est maintenant qu’il faut porter le fer : qui sont les « experts » ? A quel degré pouvons-nous croire ce qu’ils(elles) disent ? Pourquoi sont-ce toujours les mêmes « experts », avec le même angle d’analyse ? Pourquoi n’y a-t-il jamais deux « analystes » opposés ?

La guerre qui s’est installée en Irak a été le produit des mensonges médiatiques (la fameuse affaire des « armes de destruction massive ») et des commentaires récurrents par des analystes pousse-au-crime dont les petites affaires dépendaient de leur pouvoir de conviction. C’est encore et toujours « Tintin et l’Homme à l’oreille Cassée » ! Tintin reporter, et nous sommes pourtant au 21ème siècle.

Mais que n’avez-vous encore rien dit messieurs les grands éditorialistes de nos médias hexagonaux ! Où sont vos messages pour regarder devant votre porte, examiner de près les intérêts de vos analystes extérieurs ?

Car ce qui est vraiment en jeu, c’est le basculement de l’industrie de l’information aux mains de l’industrie de l’influence.

Et ce n’est pas un mince enjeu, compte tenu des puissances inégalées des « technologies de l’information et de la communication » et des méthodes de l’influence. Le fameux « mur » entre les rédactions et les services de pub est définitivement effondré, et la "connaissance fine des usagers" transforme tout média en moyen de manipuler des lecteurs plus ou moins consentants. Nous sommes au régime de la "publicité comportementale", et nous voyons avec ce militaro-médiagate que l’influence touche tous les terrains de la vie sociale, du nucléaire à l’agriculture, de la gouvernance des villes à l’éducation, et jusqu’à la question centrale de la guerre et de la paix.

Oui Messieurs des grands médias, nous attendons votre coup de projecteur sur les conséquences de ces révélations du New York Times. Qu’allez-vous faire ? Comment allez-vous rendre public les conflits d’intérêts de vos analystes et experts ? Allez-vous chercher des experts indépendants, des universitaires dont les laboratoires ne sont pas en marché avec tel ou tel acteur du domaine d’expertise ?

Ou allez-vous à nouveau fermer les yeux ? Manier le cynisme de ceux qui savent cela depuis si longtemps… ce cynisme qui n’est aujourd’hui que le dernier rempart de celles et ceux qui ne veulent surtout rien changer.

Le cynisme n’est pas de mise : nous passons avec l’enquête du New York Times de l’hypothèse à la démonstration… et ce n’est pas rien. Nous laisserons-nous entraîner dans la prochaine guerre par ce même type d’expert et d’analyste aux intérêts croisés ? Allez-vous, allons-nous, rester complices de la désinformation et des opérations de guerre psychologique ?

Il est temps de sortir le balai et de nettoyer, car les temps qui viennent vont être difficiles. Nous avons besoin d’une information crédible. Ce n’est pas le moment de démissionner devant l’industrie de l’influence, mais celui de relever la tête.

Hervé Le Crosnier, le 22 avril 2008

Published on avril 23, 2008 par Spotless Mind

http://www.reopen911.info/News/2008/04/23/le-%c2%ab-mediagate-%c2%bb-analystes-experts-medias-et-industrie-de-linfluence/




1-3 Pascual Serrano : Recension du livre de Marc W. Herold : « L’Afghanistan comme espace vide. - Le parfait Etat colonial du XXIº siècle »
En géopolitique on appelle espace vide une région géographique qui ne représente pas une grande valeur ni une grande richesse par elle même, mais qui, stratégiquement, ne doit pas être occupée par une force ennemie. L’objectif militaire n’est donc pas d’exploiter économiquement cette région, mais, au contraire, de la maintenir occupée et d’y exercer un contrôle pour un coût minimum ; on fait très peu d’efforts pour y développer une activité économique et encore moins pour y investir en vue de son développement.

Pour Marc W. Herold, l’auteur de « L’Afghanistan comme espace vide.
Le parfait Etat colonial du XXIº siècle », le drame de l’Afghanistan résulte du fait que ce pays est précisément considéré par les Etats-Unis comme un espace vide. Après les attentats du 11-S, avec l’excuse de traîner en justice ses responsables, Bush donna l’ordre d’envahir l’Afghanistan. Lorsqu’ils n’eurent retrouvé ni Ben Laden ni le mollah Omar, les Etats-Unis déclarèrent qu’il s’agissait de démocratiser l’Afghanistan. On sut, par la suite, que l’objectif final c’était l’invasion de l’Irak qui, lui, n’était pas à proprement parler un espace vide puisqu’il était plein de pétrole.
Et c’est ainsi, selon Marc W. Herold, que l’Afghanistan devient la néo-colonie idéale du XXIº siècle : un espace vide pour être administré au plus bas prix. Le pays est donc devenu opium, violence, opulence obscène de la nouvelle classe dirigeante corrompue, marionnette des envahisseurs et une farce de Parlement.
S’il y a quelques jours, lors de la présentation du livre d’Hernando Calvo Ospina : « La Colombie, laboratoire de sortilèges », je disais que la meilleure façon de comprendre un conflit ou une crise c’est d’ouvrir un bon livre au lieu de se laisser mener par les médias et si je prenais l’exemple de ce livre pour ce qui est de la situation en Colombie, aujourd’hui je dois énoncer la même affirmation à propos de l’Afghanistan et du livre d’Herold.
Ce professeur en Développement Economique de l’Université du New Hampshire, aux Etats-Unis, parfait connaisseur et très grand spécialiste de la tragédie humanitaire afghane, nous présente un travail exhaustif de recueil de données, d’informations, de témoignages et d’enquêtes qui nous font pénétrer au cœur du drame afghan mieux que ne le ferait aucun média.

Marc W. Herold nous démontre avec sa rigoureuse information sur la technologie militaire comment les Etats-Unis, dans leurs attaques supposées dirigées contre des talibans, massacrent en fait des civils sans se soucier le moins du monde de ces vies humaines. Il démonte tout le mensonge créé autour de la farce des élections législatives dans un pays absolument analphabète, un pays où seulement 6% de la population a accès à l’électricité, où ne fut pas assurée la protection des partis d’opposition ce qui les empêcha de mener campagne et où furent ignorées les accusations de fraude lancées par la totalité des groupes de l’op! position. Une fois exclus tous les partis et hommes politiques opposés à l’occupation, l’actuel président fut le seul à disposer des moyens et de la sécurité nécessaires pour mener campagne à travers le pays ; dans la capitale, l’endroit le plus politisé et où il est le plus facile de se rendre aux urnes, la participation ne fut que de 35%.
Il dénonce aussi les mensonges répandus sur la reconstruction qui n’existe pas, l’enrichissement de pas moins de 2.300 ONG qui pillent tout l’argent de la soi disant coopération puisque 80% des fonds de l’agence pour la coopération sont destinés à payer fort cher des conseillers techniques extérieurs. L’une de ces ONG s’est consacrée à offrir 65.800 iPod sur lesquels étaient enregistrés des messages électoraux de Karzaï. Et pendant ce temps, 50.000 enfants travaillent dans les rues de Kaboul des journées de 14 heures, dans le pays qui détient le taux le plus élevé de malnutrition au monde : 70%.
Malgré les 2,5 milliards d’euros destinés à la reconstruction, on n’a pas mis en marche une seule centrale électrique ni un seul réseau de distribution d’eau. Des 289 écoles et des 253 cliniques que l’Agence pour la coopération étatsunienne (USAID) avait promis d’ouvrir, seulement et respectivement huit et huit ont ouvert
.
On constate le pillage du pays par une kleptocratie locale au sommet de laquelle on trouve le président pantin mis en place par les Etats-Unis, Hamid Karzaï. Il s’est créé une caste politique qui n’hésite pas à expulser des familles pauvres pour se faire construire de grandes résidences de luxe. Outre l’argent obtenu grâce à la corruption, le salaire mensuel d’un député est de 2.750 euros – alors que pas une loi n’est votée - dans un pays où un médecin gagne 39 euros par mois.
Il est de notoriété publique que la production d’opium a doublé en Afghanistan après l’occupation, mais ce qu’on ne disait pas et qu’Herold, lui, nous dit, ce sont les complicités et les liens tissés entre l’équipe de Karzaï au pouvoir et la production et le trafic de l’opium. Le gouverneur de la province de Helmand a été pris par des agents des unités anti-narcotiques des Etats-Unis avec dix tonnes d’opium et Karzaï s’est contenté de le recaser au Senat. La lutte de l’armée d’occupation contre l’opium se borne à s’en prendre au seul moyen de subsistance d’un grand nombre de paysans qui sont par conséquent poussés à rejoindre les insurgés.
Pour ce qui est du déroulement de la guerre,
les médias taisent le fait que l’armée afghane, entrainée et équipée par les Etats-Unis, a perdu le quart de ses effectifs parce qu’ils ont déserté.

Marc W. Herold a recueilli aussi les témoignages terrifiants des survivants de dizaines de massacres présentés par les occupants comme autant de combats livrés contre les talibans, mais qui ne se finissent que par des bilans où on ne compte que des femmes, des vieillards et des enfants morts ou blessés.
Mais connaître toutes ces grandes vérités ne servira à rien si nous ne dénonçons pas la complicité des gouvernements qui, alors qu’ils nous racontent qu’ils sont en train de démocratiser et de reconstruire, ne font que répandre le chaos, la tragédie et la mort. L’un d’eux est le gouvernement espagnol.
Marc W. Herold : « L’Afghanistan comme espace vide. Le parfait Etat colonial du XXIº siècle ». Editions Foca. Madrid. 200. http://www.foca.es/

Rebelión,
http://www.rebelion.org/noticia.php?id=65865
Une traduction de Manuel Colinas pour Investig'Action

extrait du site M Collon





2 Brèves

Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information.

2-1 Espionnage allemand…

Espionnage

Cette affaire d'espionnage d'un ministre afghan et d'une journaliste du Spiegel pendant plusieurs mois en 2006 fait grand bruit en Allemagne.

Le gouvernement afghan est peiné par l'espionnage auquel se sont livrés les services de renseignement allemands sur un de ses ministres.

"Nous sommes très peinés par cette affaire, surtout de la part d'un gouvernement allié", a souligné Sultan Ahmad Baheen. "Nous espérons que ce problème n'entachera pas nos relations avec l'Allemagne qui sont fortes et historiques".

Le porte-parole a ajouté que le gouvernement afghan avait reçu l'assurance que "ce cas était isolé et que cela ne se répèterait pas".

La presse allemande avait révélé jeudi que les services de renseignement allemands (BND) avaient infiltré un "cheval de Troie" informatique dans l'ordinateur du ministre afghan Amin Farhang, pour espionner pendant plusieurs mois, en 2006, ses échanges par courriel.

Cité par l'hebdomadaire Der Spiegel à paraître lundi, M. Spanta s'est dit "horrifié et écoeuré par ces méthodes, qui ne devraient pas exister dans un Etat de droit", tout en déclarant ne pas vouloir "faire un scandale".

Il a toutefois adressé une mise en garde à Berlin: "ce genre de choses ne doit plus jamais arriver" et ceci est le point de vue de tout le gouvernement afghan, a-t-il précisé, selon le Spiegel.

Le porte-parole du gouvernement allemand, Ulrich Wilhelm, avait indiqué vendredi à la presse qu'"une série de mesures" allaient être prises pour tirer les conséquences de cette affaire regrettable.(…)

Selon le quotidien régional allemand, Mitteldeutsche Zeitung (MZ), citant des sources proches du gouvernement à Kaboul, le BND aurait pu espionner plusieurs ministres afghans.

(Source : AFP / 26 avril)

Espionnage plus vaste !!!!

Les services secrets allemands (BND) sont soupçonnés par la presse allemande de s'être livrés à un espionnage plus vaste que révélé jusqu'à présent envers un ministre du gouvernement afghan

Les autorités afghanes pensent que le BND a pu espionner plusieurs ministres, et non seulement Amin Farhang, un proche du président Hamid Karzaï, écrit samedi un quotidien régional allemand, le Mitteldeutsche Zeitung (MZ), en citant des sources proches du gouvernement à Kaboul.

Kaboul estime que d'autres ministres ont pu être espionnés par l'Allemagne, selon le MZ, d'autant plus que six des 20 ministres afghans parlent l'allemand, ayant vécu en exil ou étudié en Allemagne, "ce qui facilite le travail du BND".

Selon Kaboul, outre les courriels espionnés, un bon nombre de conversations téléphoniques de M. Farhang ont aussi été écoutées, dont des appels privés avec sa famille établie à Bochum, dans l'ouest de l'Allemagne.

Le Spiegel affirme, lui, que tout le réseau informatique utilisé par le ministre Farhang a été surveillé par le BND.

La chancellerie à Berlin, a lancé une enquête pour clarifier si, oui ou non, d'autres ministères afghans ont été espionnés, rapportent Der Spiegel et le journal Die Welt samedi.

Mais ce travail s'annonce difficile, la plupart des documents acquis par les services secrets allemands ayant été ensuite détruits, ajoute le Spiegel.

(Source : AFP / 26 avril)



3 Dossiers

3-1 Afghanistan : l'Otan peut-elle gagner cette guerre ?

Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information
a) Réponse de : Étienne de Durand, directeur des études de sécurité à l’Ifri (Institut français des relations internationales) : Oui : " L'Occident doit créer les conditions d'un compromis "
L'Afghanistan est une région cruciale pour la stabilité et la sécurité internationale et il ne faut pas sous-estimer la menace que représente toujours la nébuleuse d'Al-Qaida.

Un statu quo, voire pire un retrait, signerait de fait une victoire d'Al-Qaida - et une défaite de l'Occident - qui aurait un grand retentissement dans le monde musulman, et des conséquences très dangereuses au Pakistan, pays doté de l'arme nucléaire.

L'Alliance atlantique n'a donc pas le choix : elle doit poursuivre sa mission et renforcer ses moyens. Beaucoup reste à faire : mieux coordonner les différents acteurs sur le terrain ; alléger les procédures qui régissent l'aide ; assurer la sécurité des transports ; former des cadres locaux et, surtout, redonner un sens et une vision claire à l'intervention sous mandat de l'ONU, qui ont été largement brouillés par l'intervention américaine en Irak.

Il faut, dans les discours, revoir à la baisse nos ambitions : il ne s'agit plus d'installer une démocratie moderne mais bien de développer les infrastructures et de conforter l'État afghan, en accélérant la reconstitution de l'armée et de la police nationales. Des progrès ont été faits, notamment sur le terrain militaire : l'armée afghane se bat et se bat bien... mais dans ce pays détruit par trente années de guerre, seule la force armée peut aujourd'hui établir des rapports de force permettant d'ouvrir la voie au compromis, notamment avec certains insurgés locaux. Le retour à la paix sera un processus long, douloureux, comme c'est d'ailleurs toujours le cas (Kosovo...). Ce ne sera pas une " victoire " au sens militaire, mais un succès politique partiel, bâti dans la durée.

b)
Réponse de Karim Pakzad, chercheur associé à l’Iris (Institut des relations internationales et stratégiques)

Non : " L'Otan n'est pas organisée pour mener une guerre contre une insurrection "
L'option purement militaire, comme c'est le cas actuellement, est vouée à l'échec. La situation ne cesse de se dégrader et le gouvernement central n'est pas en mesure d'assurer la sécurité, hors de Kaboul, sinon par le biais des seigneurs locaux, associés au pouvoir, ou par des forces étrangères. Cette situation n'est pas tenable longtemps. Cet échec peut s'expliquer par trois facteurs. Primo, l'Otan n'est pas organisée pour mener une guerre contre une insurrection, surtout en Afghanistan. Deuzio, le volet économique et social a été dramatiquement sacrifié au profit du dispositif militaire. L'armée américaine dépense chaque mois 3 milliards de dollars alors que le total de l'aide civile et humanitaire dépasse à peine 200 millions. Non seulement les Afghans ne profitent guère des fruits de l'intervention étrangère, mais la coalition a laissé se développer les cultures de pavots, fortement criminogènes. Tertio, c'est une erreur d'associer systématiquement les talibans à Al-Qaida, comme étant l'ennemi à détruire. Loin de constituer un groupe politique homogène, ils font partie de la réalité ethnique d'un pays où toute solution politique passe nécessairement par un partage ethnique du pouvoir.

L'ONU, l'Otan et le gouvernement Karzai tentent d'ailleurs de négocier avec certaines fractions talibanes. Le président Sarkozy a évoqué, à Bucarest, une "nouvelle approche" de la question afghane. Je redoute que ces propos restent sans effets. Mais il est clair que la coalition ne pourra jamais pacifier le pays sans un changement radical de politique, en renforçant notamment les autorités afghanes et en impliquant davantage ses voisins dans la recherche d'une solution.

c) Puissants impuissants
Une fois de plus, ce petit pays d'à peine 20 millions d'habitants, l'un des plus pauvres de la planète, met en échec une grande puissance.

L'Occident, qui n'a jamais été aussi fort sur le papier, se montre finalement incapable d'assumer avec efficacité, malgré les milliards de dollars déversés, le rôle de gendarme du monde sous la bannière de l'Amérique, qu'il s'est pourtant lui-même attribué. Même les États-Unis, qui ont toujours proclamé être capables de mener deux guerres à la fois, ne cachent plus leur désarroi. C'est en cela que la crise afghane est exemplaire : elle souligne la faillite des modalités d'intervention, l'inefficacité des procédures de distribution de l'aide, le manque total de clairvoyance politique.

Et justifier l'envoi de troupes au nom de la lutte contre Al-Qaida — dont l'influence dans le pays s'est considérablement affaiblie — est sans doute un peu court pour masquer l'échec patent de la reconstruction du pays et de la consolidation de l'État, objectifs pourtant clairement affichés lors de la création de la force multinationale (Isaf) en 2001.

"La guerre contre le terrorisme est une imposture, on ne peut faire la guerre à ce qui est clandestin", souligne l'expert Gérard Chalian. La réalité, c'est que l'Otan combat les talibans car leur victoire sonnerait la défaite de l'Occident. Un scénario inacceptable, comme l'a rappelé le président de la République, même s'il ressemble étrangement à la mécanique infernale du Vietnam. En attendant, le paysan afghan cultive son champ de pavots, faute de l'aide promise.
ÉRIC BENHAMOU

LA TRIBUNE 11 avril 2008
http://www.afghana.org/1015/index.php?option=content&task=view&id=78



3-2 Point de vue de M K Bhadrakumar :
La "guerre contre la terreur"

Avec trois ou quatre déclarations, en l'espace de la semaine dernière, qui semblent ne pas être reliées, la "guerre contre la terreur" en Afghanistan a acquis une nouvelle nuance significative. Mercredi dernier, le Président iranien Mahmoud Ahmadinejad a dit, durant une visite à la ville sainte de Qom, que les Etats-Unis avaient envahi l'Afghanistan et l'Irak "sous le prétexte des attaques terroristes du 11 septembre".
La veille, le ministre des affaires étrangères turc, Ali Babacan, qui [lui] était en visite à Londres, a exprimé publiquement son scepticisme sur la conduite de la guerre en Afghanistan par l'Otan.

Il a prévenu que l'Otan "court au désastre".

Lundi dernier, s'adressant à un rassemblement étudiant à l'Université Tsinghua de Pékin, le Président pakistanais Pervez Musharraf a vivement conseillé aux Chinois et aux Russes d'aider à stabiliser l'Afghanistan.

Mais, dans cette analyse ultime, c'est la révélation sensationnelle par les dirigeants de l'ancienne Alliance du Nord (AN) de leurs contacts en cours avec les Taliban qui rend absurde la stratégie de la guerre afghane.
Le monopole des Etats-Unis sur la guerre afghane commence à faire l'objet d'une mise en doute publique sérieuse.

L'administration "en fin de parcours" de George W Bush est confrontée à une tâche difficile pour remporter la maîtrise des problèmes qui se développent à des niveaux multiples.
Pendant ce temps, des questions sont soulevées. Ces déclarations et ces postures publiques sont-elles essentiellement plus prudentes et plus prophylactiques que provocatrices ? Surgissent-elles d'une véritable inquiétude dans la région, selon laquelle les Etats-Unis sont tout simplement incapables d'aller de l'avant dans cette guerre ? Ou sont-elles le signe des manifestations d'un défi régional concerté à la mission des Etats-Unis ?
La déclaration d'Ahmadinejad est la première fois que Téhéran met en doute frontalement, au plus haut niveau du pouvoir, la raison d'être de l'invasion étasunienne en Afghanistan.

Celui-ci laisse à penser que le terrorisme est le prétexte, plutôt que la raison, de l'intervention des Etats-Unis.

Le dirigeant iranien soutient que l'intervention étasunienne était plutôt géopolitique. Considérant que l'Iran (sous l'ancien président Mohammed Khatami) avait apporté un soutien logistique à l'intervention des Etats-Unis en Afghanistan en 2001, la déclaration de mercredi dernier signifie une nouvelle réflexion, importante, de la part de Téhéran. Ahmadinejad a implicitement absous le régime Taliban de tout rôle dans les attaques du 11 septembre contre Washington et New York.
Comparé à la déclaration iranienne nuancée, Babacan a adopté une position selon la perspective que la Turquie est une puissance majeure de l'OTAN. Babacan a dit, dans une interview au journal londonien The Telegraph, que l'Otan court au désastre en comptant trop sur la force pour vaincre les Taliban.

Il a éloigné Ankara de la stratégie étasunienne de contre-insurrection, en soulignant que la dérive vers une "approche plus militariste se retournerait et finirait par saper le gouvernement afghan".
Babacan a rejeté avec force les critiques américaines selon lesquelles la Turquie avait refusé de déployer des troupes dans les régions problématiques du sud et de l'est de l'Afghanistan. Il a insisté sur la logique continue de la politique turque vis-à-vis de Afghanistan, qui se concentre sur les activités de reconstruction destinées à "gagner le cœur et les esprits [afghans]". Fait révélateur, il a prévenu que les Afghans pourraient "commencer à percevoir les forces de sécurité [de l'Otan] comme des occupants" et que la situation deviendrait "très compliquée". Mais il a, lui aussi, évité toute critique facile des Taliban.
De façon intéressante, Babacan a fait ces remarques dans une interview dans laquelle il a souligné l'éloignement croissant de la Turquie vis-à-vis de l'Europe. Aussi, lundi dernier, un nouveau round des consultations turco-iraniennes s'est tenu à Ankara, au sujet de la coopération bilatérale en matière de sécurité régionale, qui est déjà assez importante.
Musharraf est allé un peu plus loin. Il a exprimé l'espoir que l'Organisation de la Coopération de Shanghai (OCS) puisse jouer un rôle pour stabiliser l'Afghanistan. Il a ajouté : "Si l'OCS pouvait entrer en jeu, alors il nous faudrait nous assurer qu'il n'y a pas de confrontation avec l'Otan". L'OCS comprend la Chine, la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizstan, le Tadjikistan et l'Ouzbékistan, en tant que membres à part entière, et l'Iran et le Pakistan en tant "qu'observateurs".
Musharraf est célèbre pour ses remarques impromptues, mais le fait qu'il ait fait de telles déclarations à Pékin mérite l'attention. Le Pakistan a cherché à obtenir la qualité de membre à part entière [de l'OCS]. Les indices sont que Pékin soutient, en principe, la demande pakistanaise. Des reportages viennent juste de sortir selon lesquels Washington fait pression pour avoir un rôle d'appui dans le contrôle de la sécurité de l'arsenal nucléaire du Pakistan.
Lors du récent sommet de l'Otan à Bucarest (du 2 au 4 avril), Musharraf a visiblement soutenu l'appel du président ouzbek, Islam Karimov, avec pour effet que la formule "Six + Deux" de la période 1997-2001 (avec les "six" étant les pays qui bordent l'Afghanistan et les "deux" étant la Russie et les Etats-Unis), dont l'objectif est d'amener à la réconciliation inter-afghane entre les Taliban et leurs opposants, soit étendue à une nouvelle formule "Six + Trois" qui inclurait l'OTAN, aux côtés de la Chine, du Kirghizstan, du Tadjikistan, de l'Ouzbékistan, de l'Iran, du Pakistan, de la Russie et des Etats-Unis.
Moscou et Tachkent ont une approche coordonnée à ce sujet. Washington se retrouve devant un dilemme pour répondre à la proposition ouzbek de coopération avec l'Otan, ce qui signifierait un abandon virtuel des plans de l'alliance de s'étendre aux anciennes républiques soviétiques d'Ukraine et de Géorgie.
Cependant, dans un discours sans concession qu'elle a prononcé lundi 14 avril à la base de l'armée de l'air de Maxwell-Gunter, à Montgomery, dans l'Alabama, et qui était entièrement consacré à la stratégie des Etats-Unis en Afghanistan, la Secrétaire d'Etat Condoleezza Rice a précisément invoqué les grandes idoles de la Guerre Froide - George Marshall, Harry S Truman, George Frost Kennan et Dean Acheson.

Elle a envoyé un message stupéfiant à Moscou, selon lequel la victoire de l'Otan en Afghanistan est "non seulement essentielle, elle est réalisable".
Rice a fait remarquer que les "
succès en Afghanistan serviront nos intérêts régionaux plus larges, en combattant le terrorisme, en résistant au comportement destructeur de l'Iran et en ancrant une liberté politique et économique en Asie du Sud et en Asie Centrale. Et la réussite en Afghanistan est un test important pour la crédibilité de l'Otan
".
Rice a ignoré froidement la proposition russo-ouzbèke de coopération. Sur fond de ce qui a été dit plus haut, la déclaration de la semaine dernière à Kaboul faite par la direction de l'Alliance du Nord d'autrefois mérite une attention particulière.
L'Alliance du Nord bénéficie du soutien de la Russie, des Etats d'Asie Centrale et de l'Iran - ainsi que de la Turquie, jusqu'à un certain point. Sayyed Agha Hussein Fazel Sancharaki, le porte-parole de ces groupes, qui sont désormais sous le parapluie du Front National Uni (FNI), a révélé à Associated Press (AP) que l'ancien président afghan Burhanuddin Rabbani et le commandant en chef de l'Alliance du Nord du Panshir, Mohammed Qasim Fahim (qui a actuellement la fonction de conseiller à la sécurité du Président Hamid Karzaï) ont rencontré les Taliban et les autres groupes d'opposition (sans doute, le Hezb-i-Islami dirigé par Gulbuddin Hekmatyar), au cours des derniers mois, pour la réconciliation nationale. Il soutient que ces rencontres ont impliqué des "personnes importantes" des Taliban.
En effet, Fahim (qui était le chef des services de renseignements sous le Commandant Ahmed Shah Massoud) et Rabbani (qui appartenait aux "Sept de Peshawar" d'origine - des dirigeants moudjahidin basés au Pakistan dans les années 80) auraient des liens anciens avec Hekmatyar et avec des dirigeants Taliban de premier plan, comme Jalaluddin Haqqani. Rabbani a déclaré à AP que cette guerre de six-années doit être résolue par des pourparlers.

"Nous, au Front National Uni, et moi-même pensons que la solution pour un processus politique en Afghanistan se produira au moyen de négociations", a-t-il dit.

Rabbani a ajouté que les dirigeants de l'opposition discuteraient bientôt et sélectionneraient probablement une équipe officielle de négociation pour entamer des pourparlers avec les Taliban. Il a reproché à Karzaï de ne pas poursuivre le dialogue avec les Taliban. "J'ai dit à Karzaï que lorsqu'une personne commence quelque chose, elle devrait la terminer. Sur la question des négociations, il n'est pas bon de faire un pas en avant, puis un pas en arrière. Ce travail devrait être poursuivi d'une façon très organisée".
Il va sans dire que les puissances régionales - en particulier la Russie, l'Ouzbékistan et l'Iran - observeront avec beaucoup d'attention le dialogue inter-afghan impliquant le FNI et les Taliban. Ce qui donne une impulsion à ce dialogue est visiblement que le sommet de l'Otan à Bucarest n'a abouti qu'à une petite augmentation du nombre de soldats, ce qui place des points d'interrogation sur la viabilité et les perspectives des opérations de l'Otan. Mais est-ce tout ?
On peut s'attendre à ce que ces divers aspects se fassent concurrence pendant un certain temps, jusqu'à ce que quelques-uns de ces aspects commencent à dépasser les autres. Il semble que la géopolitique de l'énergie prenne déjà rapidement le commandement.

Vendredi dernier, Musharraf a abordé avec le Président chinois Hu Jintao le sujet d'un gazoduc reliant l'Iran à la Chine via le territoire pakistanais ; l'Iran demande vivement la qualité de membre de l'OCS (Organisation de la Coopération de Shanghai) ; un cartel gazier est sur le point de se former lors de la septième rencontre ministérielle des pays exportateurs de gaz, programmé à Moscou en juin prochain.
La National Offshore Oil Corporation de la Chine a confirmé que des discussions progressent effectivement sur un accord gazier de 16 Mds de dollars impliquant le champ gazier iranien de Pars Nord, suivant de près l'accord de 2Mds de dollars signé en mars entre la China Petroleum and Chemical Corporation et l'Iran pour développer le second champ pétrolier de Yadavaran.
Un expert de tout premier plan, Igor Tomberg, de l'Institut de l'Economie Mondiale et des Relations Internationales à l'Académie des Sciences de Russie, a écrit récemment
: "L'Iran et la Russie devraient probablement ne pas se faire concurrence sur le marché du gaz, mais plutôt s'allier. Le président iranien a suggéré plus d'une fois à son homologue russe que leurs pays coordonnent leurs politiques gazières et qu'ils divisent donc les marchés gaziers. De plus, il pourrait y avoir un accord en vertu duquel la Russie continuera de fournir du gaz à l'Europe, tandis que l'Iran exportera son gaz vers l'Est. Ceci saperait les plans de diversifier l'approvisionnement vers l'Europe, qui dépendent lourdement des Etats-Unis".
L'Afghanistan est un centre-clé de l'Asie Centrale et du Moyen-Orient, riches en ressources. Pour paraphraser les mots du discours de Montgomery de Rice, "Que personne ne l'oublie : l'Afghanistan est une mission de nécessité pour les Etats-Unis, pas une mission de choix".

M K Bhadrakumar
24th April 2008

Article original : "Afghanistan moves to center stage" (21 avril 2008)
Traduction : JFG-QuestionsCritiques.

M K Bhadrakumar a servi en tant que diplomate de carrière aux services étrangers indiens pendant plus de 29 ans, avec des postes comprenant celui d'ambassadeur en Ouzbékistan (1995-98) et en Turquie (1998-2001).

Asia Times Online / Questions Critiques

http://www.stopusa.be/scripts/texte.php?section=BY&langue=3&id=25760

sélectionné par http://groups.google.fr/group/medias-mensonges-desinformation




4 Courrier des lecteurs & trouvé sur le net & témoignage

4-1 Mohamed Afifi : Guantanamo connais pas.

Ces dernières semaines ont été marquées à travers le monde par des élections législatives ou présidentielles.

Les plus spectaculaires sont les primaires américaines. Spectaculaire est un mot faible car il s’agit d’un super show comme seuls les américains savent en organiser. Au point que cela devient indécent quand on sait ce qui se passe aux quatre coins de la planète.
Pour l’heure les républicains ont désigné leur candidat en la personne d’un vétéran de la guerre du Vietnam John Mac. Barak Obama et Hillary Clinton n’arrivent pas à se départager au sein du parti démocratique. On note que la politique étrangère est présente chez les républicains alors qu’elle ne présente aucun intérêt aux yeux des démocrates. Il y a cependant des différences entre ceux-ci. Obama avait été dès le début opposé à l’invasion de l’Irak, alors que Clinton y était favorable. sans doute pensait-elle prétendre à une part de la «victoire». Cela fait apparaître Obama comme un homme sans calculs politiciens.
Il y a pourtant un trait commun aux deux candidats démocrates, car si l’invasion de l’Irak fait partie d’un passé aux conséquences qui empoisonnent la vie de l’Administration américaine, il n’en demeure pas moins que les citoyens américains sont toujours sous le choc des événements de septembre 2001. Les Américains acceptent dans leur grande majorité les lois réduisant les libertés individuelles et les discriminations envers les arabo-musulmans. C’est sur ces points que les deux candidats démocrates se rejoignent, en quelque sorte.
Il est étonnant que ces deux prétendants ne fassent pas la moindre allusion à cette situation d’exception. Quant au candidat républication, il trouve tout cela parfaitement légitime.
Le plus intolérable pour un observateur étranger, c’est qu’après le 9 septembre 2001, les Etats-Unis ont installé à Cuba, à Guantanamo, une zone de non droit où sont enfermés des «suspects» de terrorisme, capturés un peu partout, et de nationalités différentes. Ces centaines de prisonniers «vivent» en dehors de toutes les conventions internationales, et dans l’indifférence générale. Pour les candidats démocrates c’est «Guantanamo connais pas». Seul Kofi Anan, vers la fin de son mandat à l’ONU avait osé demander le démantèlement de ce bagne.
Depuis la chute des tours jumelles de NewYork seul un suspect a été présenté à la «justice» après avoir séjourné à Guantanamo. Il s’agissait de Zakarias Moussaoui maroco-français, que même sa mère n’avait pas reconnu tant il avait changé. Il avait témoigné en plein délire, reconnaissant des faits qu’il reniait le lendemain. Il ne fallait pas être grand expert pour remarquer que cet homme avait subi des lavages de cerveau et de nombreuses expériences.
C’est sans doute sa nationalité française, qui lui a évité la peine capitale, peine compensée par le pire, une cellule isolée éclairée jour et nuit, munie de gadgets devant faire un enfer de cette semblance de vie. En Amérique, ceux qui torturent ou seulement maltraitent des animaux sont condamnés par la justice.
Il reste cependant des centaines de captifs au bagne de Guantanamo, torturés jour et nuit, la torture étant légalisée aux Etats-Unis, alors que des centaines de millions de dollars sont transformés en confettis pour des primaires qui se veulent une vitrine de la démocratie pour le monde entier. De fait, chaque pays s’occupe dans son coin de globalisation. Pour les otages de Guantanamo, aucune perspective de recours à la justice, ce qui est la procédure dans toute démocratie et tout Etat de droit. Mais cela indiffère un monde qui se réclame pourtant des droits de l’homme.
Il faut rendre cette justice au candidat républicain, c’est qu’il est conséquent avec son idéologie. Ancien prisonnier au Vietnam qui avait infligé à l’armée américaine une humiliante défaite, il promet la victoire en Irak, avec en prime une opération similaire en Iran, et fatalement en Syrie. A moins que son président ne lui facilite l’élection en attaquant l’Iran avant la fin de son mandat. Déjà des navires de guerre croisent au large du Liban, en appui de ceux qui se trouvent déjà à l’entrée du détroit d’Ormuz. En parallèle l’armée israélienne se déploie. Dans ce cas, les démocrates seraient dans l’embarras, principalement Barak.
On sait que les Etat-unis et Israël ont une politique étrangère coordonnée. Ils ont la même vision du monde. Le général Ehud Barak, ministre de la Défense, a promis aux Ghazzaouis une «shohah». Un avocat israélien a expliqué à une chaîne de TV française que la «shohah» avec un «S» majuscule concerne le génocide des Juifs, tandis que la «shohah» de Ghazza s’écrit avec un «s» minuscule.
Pour être en mesure de discerner à l’oreille un grand «S» d’un petit «s», cet avocat est un génie.

Mohamed Afifi

Mars 2008

http://www.lagazettedumaroc.com/articles.php?r=4&n=568




5 Annexe Géopolitique et stratégie- Analyse
Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information.

5-1 Edward S. Herman et David Peterson : Il n’y a pas de guerre contre le terrorisme.

A comparer avec la Déclaration du récent sommet de Bucarest, ou le mot "terrorisme" apparait plus d'une 10aine de fois : "Nous condamnons avec la plus grande fermeté tous les actes de terrorisme, quelles qu'en soient les motivations ou les manifestations. Nos pays restent déterminés à combattre ce fléau, individuellement et collectivement, aussi longtemps qu'il le faudra, dans le respect du droit international et des principes des Nations Unies. Les terroristes emploient divers types d'armes conventionnelles et de tactiques, y compris des tactiques asymétriques, et ils pourraient chercher à utiliser des armes de destruction massive pour menacer la paix et la sécurité internationales. Nous attachons une grande importance à la protection de la population, du territoire, des infrastructures et des forces de nos pays contre les conséquences des attentats terroristes...etc, etc"

Dans les années 1940, les nazis considéraient toute forme de lutte ou de résistance contre leur hégémonie économique et militaire comme du terrorisme. Aujourd’hui comme à l’époque, en matière de lutte contre le terrorisme, tout est affaire de définition. Celle que les USA, l’ONU, la « Communauté Internationale » et les médias donnent désormais des termes « Terrorisme » et « Terroriste » est prodigieusement malléable. Elle peut prendre ou exclure littéralement toutes les acceptions qu’on veut, en fonction des besoins, et devient de fait un moteur d’expansion et un outil aussi précieux que redoutable pour nos investisseurs comme pour nos élites. En d’autres termes, en partant comme ça on va droit dans le mur !
L’un des signes les plus révélateurs de la naïveté politique des « libéraux » et de la Gauche aux USA est leur foi inébranlable dans l’imagerie internationale dont se drape l’état impérial qu’est leur pays. Cette preuve d’incompétence crasse n’est nulle part aussi flagrante que dans leur capacité à se laisser bercer par l’idée que ce qu’on appelle « guerre contre le terrorisme » existe réellement – quoi que les critiques puissent dire au sujet de l’inefficacité de la manière dont elle est menée – et qu’en finir avec cette guerre est nécessairement la priorité absolue de la politique étrangère des USA et du reste du monde. Dans une telle perspective, plutôt que sur l’Irak, c’est sur l’Afghanistan ou le Pakistan qu’auraient dû s’abattre les foudres de cette guerre contre le terrorisme. La plupart d’entre eux estiment d’ailleurs que l’attaque US contre l’Afghanistan, qui dure depuis octobre 2001, était une légitime et nécessaire étape dans le développement de cette guerre. Il leur semble donc évident que l’erreur tragique de l’Administration Bush fut de se laisser détourner de cette priorité absolue pour concentrer leur action militaire sur l’Irak et d’autres théâtres, réduisant d’autant leur engagement là où il était le plus indispensable.

C’est naturellement le genre de critiques auxquelles on peut s’attendre de la part d’anciens supporters de Bush qui ont préféré fuir le régime croulant de Washington. Mais il est ahurissant que des commentateurs aussi durablement hostiles à la politique de Bush que Frank Rich, du New York Times, puissent tenir pour des évidences la plupart des fondements de cette vision du monde et les rabâcher constamment en toute bonne conscience. Pour Rich, la question de savoir « Qui a fait perdre la guerre en Irak ? ne fait que détourner l’attention d’une question bien plus accablante : Qui est en train de perdre la guerre contre le terrorisme ? » Un thème récurrent des articles de Rich est que l’administration Bush-Cheney « est aussi nuisible à la conduite de la guerre contre le terrorisme qu’elle peut l’être aux droits civiques. » Fin 2007, la « super mauvaise nouvelle » que déplorait Rich était que, « tout comme l’invasion irakienne a détourné les USA de la guerre contre Al Quaeda, attaquer l’Iran pourrait embraser le Pakistan, base la plus florissante d’Al Quaeda et véritable épicentre de la guerre contre le terrorisme. »

Les témoignages de foi dans cette prétendue « guerre contre le terrorisme » ne manquent pas. Ainsi, dans un long compte-rendu de quelques ouvrages dans lesquels elle engage les Américains à « réactualiser leur conception du terrorisme » et à « reconquérir les cœurs et les esprits » dans le monde entier, Samantha Power, diplômée de Harvard et lieutenant d’élite de la brigade humanitaire [ndt : systématiquement pour les « interventions humanitaires » de l’armée américaine], écrivait que « la plupart des Américains restent très justement convaincus que les États-Unis ont le devoir de s’opposer au terrorisme islamiste – et d’empêcher par tous les moyens possibles les réseaux terroristes d’acquérir des armes de destruction massive. Mais les conjectures de Bush ont fait long feu… » Le plus ahurissant était l’air de consternation avec lequel Power annonçait que des « millions de gens – sinon des milliards – dans le monde entier ne comprennent pas la différence entre une attaque suicide contre une pizzeria et une attaque américaine sur ce qui s’avère, après coup, n’être qu’un banquet de mariage »
1 – la seule boussole morale défectueuse étant, bien entendu, celle de ces masses incapables de comprendre que seules les attaques américaines sont légitimes et que, si nombreuses soient-elles, les victimes qui en résultent ne sont qu’« erreurs tragiques » et « dommages collatéraux. »

Dans la lignée de Samantha Power, la déclaration de l’Institute for American Values [l’Institut pour les Valeurs Américaines] parue en février 2002 sous le titre What We're Fighting For [Ce pour quoi nous combattons] et cosignée par une soixantaine d’intellectuels américains, au nombre desquels Jean Bethke Elshtain, Francis Fukuyama, Mary Ann Glendon, Samuel Huntington, Harvey C. Mansfield, Will Marshall, Daniel Patrick Moynihan, Michael Novak, Michael Walzer, George Weigel, et James Q. Wilson, désignait solennellement la guerre contre le terrorisme comme une « guerre juste. » « Les criminels organisés de portée internationale sont désormais une menace pour nous tous », pouvait-on lire au cœur d’un éloquent passage. « Au nom de la moralité humaine universelle, et pleinement conscients des restrictions et impératifs d’une guerre juste, nous soutenons la décision de notre gouvernement et de notre société de recourir contre eux à la force des armes. » Manifestement, à aucun moment l’idée qu’on puisse trouver de notre côté des « criminels organisés de portée internationale » infiniment plus dangereux et efficaces qu’Al Quaeda, ne traverse l’esprit de ces intellectuels là. Et à l’instar de Samantha Power, eux aussi prétendent faire clairement la distinction entre l’assassinat délibéré de civils, comme dans un attentat suicide, et les pertes du type « dommages collatéraux », y compris dans les cas où les victimes civiles sont infiniment plus nombreuses et étaient parfaitement prévisibles, quoi qu’elles n’aient pas été spécifiquement intentionnelles. Le propos de toutes ces ratiocinations n’étant dans l’ensemble que de bien différencier nos exactions et leurs exactions. Ce sont seulement ces dernières qui constituent « un mal absolu qui menace la terre entière […] et dont l’élimination impose clairement le recours à la force. »

Dans la même veine, les premières contributions de Richard Falk – professeur de droit international à l’Université de Princeton – au journal The Nation, au lendemain du 11 septembre, voyaient derrière ces événements « un programme visionnaire de terrorisme international apocalyptique. » « C’est clairement une déclaration de guerre surgie du tréfonds des abysses », notait Falk, « une transmutation à la fois conceptuelle et tactique dans la nature même du défi terroriste. […] Rien n’indique que les forces qui sont derrière ces attaques aient eu d’autre motivation que leur extraordinaire volonté de destruction. […] Nous sommes en équilibre au bord d’une guerre globale, inter-civilisationelle sans frontières ni champs de bataille. » Quelques semaines plus tard, acquiesçant discrètement à la doctrine de la « guerre juste », Falk déclarait que « la destruction du régime des Talibans aussi bien que du réseau d’Al Quaeda […] sont des objectifs légitimes… », et d’ailleurs d’autant plus légitime en ce qui concerne les Talibans, que « leurs politiques gouvernementales sont si oppressives qu’elles offrent à la communauté internationale les plus solides fondements possibles pour une intervention humanitaire. »

Peter Beinart, l’ancien éditeur de The New Republic, plutôt libéral et auteur en 2006 de l’ouvrage The Good Fight: Why Liberals—-and Only Liberals—Can Win the War on Terror and Make America Great Again [Le Bon Combat : Pourquoi les Libéraux – et seulement les libéraux – peuvent gagner la guerre contre le terrorisme et rendre à l’Amérique toute sa grandeur], écrivit au lendemain de la réélection de Bush-Cheney en 2004 : « Aujourd’hui, la guerre contre le terrorisme est partiellement éclipsée par la guerre en Irak. Mais même si l’Irak devient le Vietnam, il ne doit pas davantage nous faire oublier la guerre contre le terrorisme, que le Vietnam ne pouvait nous faire oublier le combat contre le communisme. La Jihad mondiale sera toujours là, bien après que les troupes américaines auront cessé de mourir à Falluja et Mossul. De fait, le triomphe ou le déclin du libéralisme dépendront de sa capacité à devenir ce que [Arthur] Schlesinger appelait ‘une foi combattante’. »

Même David Cole et Jules Lobel, auteurs d’une très remarquée critique des politiques de Bush-Cheney : « Pourquoi l’Amérique est en train de perdre la Guerre contre le Terrorisme », prennent pour argent comptant la réalité d’une « stratégie du contre-terrorisme. » Cette stratégie a été un « échec colossal » insistent-ils, car elle a « compromis notre esprit, fortifié nos ennemis, et nous a laissés moins libres et moins sûrs. » La guerre U.S. en Irak « a permis à l’administration de se concentrer non plus sur Al Quaeda, l’organisation qui nous a attaqués le 11 septembre, mais sur l’Irak, une nation qui n’en avait rien fait. La guerre en Irak a, littéralement à tous points de vue, rendu les États-Unis, les Irakiens, nombre de nos alliés et dans ce domaine presque le monde entier plus vulnérable aux terroristes. En prenant l’Irak pour cible, l’administration Bush a non seulement siphonné la plupart des ressources destinées à la lutte contre Al Quaeda, mais elle a aussi offert une occasion en or à Al Quaeda pour inspirer et recruter d’autres terroristes prêts à s’en prendre aux USA et à leurs alliés. Notre invasion de l’Irak en a même fait le premier terrain d’entraînement terroriste au monde. »

Ailleurs, prenant la parole lors d’un forum sponsorisé par l’Open Society Institute [célèbre think tank U.S.] à New York City [le centre des affaires de New York], David Cole alla même jusqu’à affirmer que « nul n’a jamais osé prétendre » que l’attaque U.S. post 9-11 contre l’Afghanistan « n’avait pas été un acte de légitime défense. » Non moins remarquable était l’affirmation de Cole, peu de temps après, insistant que la détention de prisonniers à Guantanamo « n’aurait pas été une pratique sujette à controverse si on leur avait d’emblée accordé un procès en bonne et due forme » parce que, comme l’expliquait Cole, de tels procès « auraient permis d’identifier ces gens et ceux pour lesquels nous n’avions aucune preuve qu’ils aient fait partie d’Al Quaeda auraient alors été relâchés. »

La première remarque de Cole flanque aux oubliettes la Charte des Nations Unies, qui n’autorise l’attaque d’un autre pays par légitime défense, qu’en cas de menace d’attaque imminente, et seulement jusqu’à ce que le Conseil de Sécurité intervienne en faveur du pays menacé. Or étant donné l’absence d’une telle urgence et l’absence d’une autorisation des Nations Unies, et vu que les responsables des attentats du 11 septembre agissaient pour leur propre compte et non celui d’un pays, l’attaque U.S. d’octobre 2001 contre l’Afghanistan constituait une violation patente de la Charte des Nations Unies et un « crime suprême » selon la terminologie définie au Procès de Nuremberg. Cole aurait-il défendu des attentats à la bombe cubains, nicaraguayens ou irakiens contre Washington DC comme des actes légitimes d’autodéfense, aux moments les plus critiques de notre passé récent, tandis que les USA lançaient ou soutenaient une attaque à leur encontre ? Probablement pas ! En outre, Cole ne semble guère se soucier du fait que les États-Unis ont attaqué après avoir refusé l’offre du gouvernement afghan de livrer Ben Laden si des preuves leur étaient données démontrant son implication dans les attentats. La guerre ne fut d’ailleurs déclenchée que bien après que Ben Laden et ses troupes avaient eu plus que le temps nécessaire pour s’enfuir, et elle fut dirigée principalement contre le gouvernement taliban et la population afghane, parmi laquelle elle fit des milliers de victimes du fait de principes de ciblage qui assuraient et produisirent effectivement un maximum d’« erreurs tragiques » et qu’on peut raisonnablement qualifier de crimes de guerre.

Etant donné l’illégalité et l’immoralité de cette guerre – aujourd’hui largement dans sa septième année – on ne peut évidemment en aucun cas considérer le massacre des civils afghans comme « légitime » – et pas davantage l’enlèvement de prisonniers, sous quelque prétexte que ce soit. D’ailleurs, la seconde remarque de Cole passe également à la trappe la manière dont ces prisonniers ont été appréhendés – certains ayant été dénoncés et livrés en échange de primes substantielles – ainsi que les traitements qu’ils eurent à subir, tant en Afghanistan qu’en route pour Guantanamo ou dans les centres de détentions secrets, en plus des durées de détention illégales ou de l’absence de « procès en bonne et due forme. » Pour finir, Cole se plante complètement en ce qui concerne la prétendue unanimité sur la légitimité de cet « acte d’autodéfense » contre l’Afghanistan. En dépit de l’hystérie soulevée aux États-Unis à l’époque, de très nombreux de juristes en contestèrent justement la légitimité. De plus, une série de sondages effectués par Gallup International dans 37 pays différents vers fin 2001, montrèrent que dans pas moins de 34 d’entre eux la majorité des sondés étaient opposés à une attaque militaire contre l’Afghanistan et préféraient voir les attentats du 11 septembre être assimilés à des crimes de droit commun plutôt qu’à des actions militaires, avec extradition et cour d’assises pour les présumés coupables. Les trois pays où l’opinion allait à l’encontre de cette majorité constatée dans les 34 autres, étaient les USA (54%), l’Inde (72%) et Israël (77%). En d’autres termes, il apparaît qu’une majorité substantielle et parfois même une très large majorité des populations de la planète étaient opposées à ce que les USA optent une fois de plus pour la guerre.

Edward S. Herman et David Peterson
26 avril 2008


5-2 Edward S. Herman et David Peterson : Quelle Guerre contre le Terrorisme ?
Pour autant, parler d’échec de la guerre contre le terrorisme n’en repose pas moins sur l’idée fausse qu’il y a réellement une guerre contre le terrorisme. Or les bases ne manquent pas pour invalider cette idée. Premièrement, il n’est pas de définition sérieuse de ce terme qui ne le donne pour un moyen de poursuivre des objectifs politiques, un instrument de lutte, et il n’est guère pertinent de parler d’une guerre à mener contre un moyen ou un instrument. En outre, si ce moyen consiste en des méthodes d’intimidation politique ou des moyens de se faire connaître par le recours à la violence à l’encontre de civils ou la menace d’y recourir, le principal problème de cette prétendue guerre est que les États-Unis et Israël entrent clairement dans cette définition et soutiennent des alliés et des agents qui, eux aussi, ont couramment recours à ce type de méthodes. La stratégie dite Shock and Awe qui servit de prélude à l’invasion /occupation de l’Irak, en 2003, avait ouvertement et explicitement pour objectif de terroriser la population et les forces armées irakiennes. Le choix du recours à la torture, aux bombardements ou aux attaques de grande envergure, comme celle qui a anéanti la ville de Falluja, visaient spécifiquement à instiller la peur et à intimider les populations irakiennes pour inhiber la résistance. Les frappes aériennes récurrentes, attaques terrestres et autres assassinats ciblés de responsables palestiniens par Israël ont eux aussi pour but d’engendrer la peur et l’apathie, c'est-à-dire de terroriser. Longtemps responsable du Labour Party, Abba Eban reconnaissait déjà il y a des années, que les bombardements de civils libanais reposaient sur « le calcul rationnel, d’ailleurs vérifié par la suite, que les populations qui les subissaient (ce qui signifiait les civils délibérément pris pour cibles) feraient elles-mêmes pression pour la cessation des hostilités. » C’était admettre sans la moindre équivoque le recours pur et simple au terrorisme et cela caractérise incontestablement la politique israélienne au cours des années de prétendue « guerre contre le terrorisme. » L’ancien Premier ministre Ariel Sharon avait lui aussi reconnu avoir délibérément dirigé ses attaques contre des civils, lorsqu’il déclarait en 2002 « Il faut frapper les Palestiniens et leur faire vraiment très mal : nous devons leur causer des pertes importantes, des victimes, pour bien leur faire sentir que le prix à payer est très lourd. »

Les États-Unis et Israël sont actuellement lancés dans une phase optimum de terrorisme, qui mêle bombardements stratégiques, attaques héliportées, pratique régulière de la torture, invasions (et menaces d’invasions) de grande envergure, etc. Là, nous ne sommes plus du tout dans un type d’actions visant à faire une proportion restreinte de dégâts ou de victimes, comme de ponctuels détournements d’avions ou attentats suicides. Il s’agit ici de ce qu’on appelle depuis longtemps la différence entre le terrorisme de grossiste et le terrorisme de détaillant, le premier étant mené par des États et à une très grande échelle, le second étant le fait d’individus ou de groupuscules, et étant mené à une échelle infiniment moindre, avec de bien moins nombreuses victimes que sa contrepartie étatique. Les « détaillants », par exemple, n’entretiennent pas un réseau de centres de détention dans lesquels la torture est notoirement une pratique courante (à la grande époque du terrorisme d’État argentin, dans les années 1970, Amnesty International estimait à une soixantaine le nombre de centre de détentions de ce type que l’armée argentine maintenait dans le pays. A l’heure actuelle, les États-Unis entretiennent des dizaines de ces centres, dans des bases militaires, sur des bâtiments de l’U.S. Navy ou au cœur d’installations établies dans des États clients).

Par ailleurs en matière de terrorisme, les « détaillants » sont fréquemment sponsorisés par les « grossistes. » Le réseau de réfugiés cubains qui depuis des décennies mène des actions hors des États-Unis depuis la Floride, les Contras du Nicaragua, l’Unita de Jonas Savimbi dans l’Angola des années 1980 (qui jouissait aussi du soutien de l’Afrique du Sud), l’Armée du Sud Liban (qui des années durant fut aussi soutenue par Israël), les escadrons de la mort et autres paramilitaires de l’extrême droite colombienne, toujours très actifs, etc. ont tous notoirement bénéficié du soutien inconditionnel des États-Unis. De fait, une véritable guerre contre le terrorisme impliquerait en principe inévitablement des attaques contre les États-Unis et Israël, comme principaux terroristes de masse et principaux sponsors – une idée qu’on attend toujours de voir suggérée par au moins un des ardents zélateurs de la guerre contre le terrorisme.

En fait l’un des grands mystères de cette conviction si largement répandue que les États-Unis et Israël combattent – et non pratiquent – le terrorisme, c’est cette remarquable capacité des médias occidentaux et des intellectuels à éviter aussi scrupuleusement de faire réellement le tour de ce qui peut entrer dans la définition du mot terrorisme, que de chercher à savoir qui en fait le plus dans ce domaine – ce qui permet à l’establishment des puissances occidentales d’user à sa guise du terme de terrorisme à l’attention exclusive de ceux qu’il prend pour cible. Nous, nous ne faisons que riposter. Ce que nous faisons c’est du « contre-terrorisme ». D’ailleurs ce sont ceux que nous combattons qui ont commencé, et si dérisoires soient-elles comparées aux nôtres, ce sont leurs actions qui sont terroristes.

Un autre grand mystère de cette curieuse aptitude à gober toute la propagande qu’on nous déverse sur cette « guerre contre le terrorisme », est la capacité de tous ceux qui la gobent à ne tenir aucun compte des visées et de la stratégie internationale U.S. A aucun moment ils ne se posent la question : « Est-ce que les États-Unis ne font réellement que riposter aux attentats du 11 septembre, ou est-ce que leurs dirigeants ont un ordre du jour plus substantiel pour lequel ils ne dédaignent pas de tirer parti du 11 septembre comme prétexte ? » Cette question, du reste évidente, inclut d’ailleurs les bases de sa propre réponse : nombre de documents de la décennie précédente montrent très clairement que l’équipe de Bush rêvait à voix haute d’un nouveau « Pearl Harbor » qui pourrait leur permettre de lâcher une offensive et une vaste opération de « projection de puissance » sur le Moyen-Orient puis sur le reste du monde. Textuellement, selon les termes véritablement infects du Project for the New American Century (2000) [le Projet pour le Nouveau Siècle Américain (ndt : l’Administration Bush avait déjà baptisé le XXe siècle « Le Siècle de l’Amérique »)], « Le processus de transformation, fut-il porteur de changements révolutionnaires, sera probablement très lent, à moins d’avoir pour catalyseur quelque événement catastrophique – une sorte de nouveau Pearl Harbour. » Les forces armées colossales que l’on a constamment continué d’augmenter dans notre pays ont pour avantage de permettre une telle projection de puissance par la menace ou par la force. Or leur augmentation comme leur utilisation a toujours bénéficié d’un soutien bipartisan [ndt : à la fois Républicain et Démocrate], qui dans une large mesure reflétait le pouvoir et les objectifs de l’establishment militaire, des entrepreneurs et hommes d’affaires liés à ce secteur et de grands consortiums transnationaux. Cette expansion démesurée du secteur militaire ne répondait en aucune façon à des impératifs de défense. Elle a toujours été exclusivement orientée vers la projection de puissance, c'est-à-dire exclusivement offensive.

A ce stade, il est important de souligner qu’au moment des attentats du 11 septembre, en 2001, la plupart des experts considéraient Al Quaeda comme un groupuscule mineur, non lié à un état particulier, possiblement basé en Afghanistan et/ou au Pakistan et comptant tout au plus quelques milliers d’activistes éparpillés à travers le monde de façon disparate. Il est clair que le démantèlement d’une telle organisation requerrait l’implication de brigades de lutte contre le crime organisé et des services secrets ou d’espionnage, mais non une guerre. On pouvait bien sûr entrer en guerre contre le pays qui leur servait de principal refuge, mais vu la disproportion des moyens et des fins et le risque qu’une guerre, avec son cortège de victimes et d’accents impérialistes, n’aboutisse en définitive qu’à renforcer Al Quaeda, le recours immédiat à la guerre au lendemain des attentats du 11 septembre suggère en réalité des objectifs d’un tout autre ordre, tels que notamment la rétorsion et la volonté de tirer parti de l’aubaine pour lancer des opérations de projection de puissance. De fait, si l’on pouvait effectivement lancer une guerre contre l’Afghanistan ou une attaque contre le quartier général d’Al Quaeda, il pouvait difficilement s’agir d’une guerre contre le terrorisme. De même, un engagement en Afghanistan ou la poursuite des membres d’Al Quaeda pouvait difficilement justifier la monumentale escalade militaire qui allait suivre.

Il est par ailleurs extraordinaire que les planificateurs de cette « guerre contre le terrorisme » n’aient jamais envisagé de stopper le terrorisme à sa source, en solutionnant les problèmes qui avaient généré les terroristes, et qui demeurent le terreau de leur recrutement. En fait, pour ces planificateurs comme pour leurs supporters, se poser simplement la question « Pourquoi ? » revient littéralement à faire l’apologie du terrorisme. C’est une question qu’ils ne se posent pas, préférant de loin s’en tenir aux clichés de base sur les terroristes, sur leur jalousie haineuse, leur aversion pour la liberté et la démocratie ou sur leurs inclinations religieuses voire génétiques. Or tout cela corrobore justement l’idée que leur objectif réel n’est en aucun cas d’en finir avec la terreur. En réalité ils ont besoin d’alimenter en permanence le flux constant de résistants terroristes que leurs actions génèrent, pour justifier leurs véritables objectifs de projection de puissance sans s’encombrer d’aucune limite. L’incapacité à venir à bout du terrorisme n’est nullement une défaite de la guerre contre le terrorisme, c’est au contraire l’élément indispensable de toute sa mécanique interne.

En fait, la guerre contre le terrorisme est plus une sorte d’artifice intellectuel et de propagande, analogue à ce que fut en son temps « la Guerre Froide » – dont elle prend le relais dans une large mesure – laquelle servait en réalité de justification et de couverture à l’expansion impériale des USA. Guatemala, Vietnam, Chili, Indonésie, Zaïre (parmi tant d’autres) faisaient régulièrement l’objet d’actions de déstabilisation ou d’attaques, au prétexte d’une prétendue menace soviétique qui devait y être combattue. Cette menace n’avait généralement aucune réalité sur le terrain et les prétendues connexions étaient le plus souvent risibles. Depuis la fin de cet âge d’or, la poursuite des terroristes a largement démontré qu’elle pouvait lui être un excellent substitut, puisqu’on pouvait toujours compter sur la crédulité des médias pour tenir tout groupe rebelle pris pour cible comme potentiellement ou effectivement terroriste et possiblement lié à Al Quaeda. En Colombie, les FARC sont des terroristes. Mais les paramilitaires d’extrême droite qui ont le soutien du gouvernement et qui massacrent infiniment plus de civils, ne le sont pas et bénéficient au contraire du soutien « anti-terroriste » des USA. Le Venezuela d’Hugo Chavez, qui ne massacre pas de civils, se voit pour sa part reprocher son manque de coopération dans le programme « anti-terroriste » U.S. et est accusé d’avoir partie liée avec des pays ciblés par les États-Unis, tels que l’Iran et Cuba qui, assure-t-on, soutiennent des terroristes. L’Egypte, la Jordanie, le Maroc, l’Algérie et bien d’autres pays où la torture est une pratique courante sont « à nos côtés » dans la guerre contre le terrorisme. Des pays tels que le Venezuela, l’Iran et Cuba ne le sont pas et sont aisément catalogués comme terroristes ou « liés » à des États terroristes.

Si Al Quaeda n’existait pas, les États-Unis seraient obligés de l’inventer, et c’est bien évidemment ce qu’ils firent, dans les années 1980, où elle était un outil idéal de déstabilisation de l’URSS. Le rôle plus récent d’Al Quaeda n’est qu’un classique retour de flamme. On peut aussi y voir un cas de résistance à la projection de puissance, dans la mesure où les activités terroristes d’Al Quaeda glissèrent du combat contre l’occupation soviétique à celui contre l’intervention U.S. en Arabie Saoudite, en Palestine ou ailleurs. En outre, le sentiment d’avoir été utilisés par les USA pour déstabiliser l’Union Soviétique, puis lâchés, n’a sans doute fait qu’attiser ce glissement.

Tandis que l’interventionnisme américain permettait de propulser Al Quaeda sur le devant de la scène internationale – et il continue d’ailleurs à en favoriser le recrutement – il a aussi engendré des mouvements de résistance bien au-delà d’Al Quaeda, notamment en Irak où la majeure partie de la résistance n’a rien à voir avec Al Quaeda et s’est même très largement braqué contre ses représentants. Mais tant que les projections de puissance U.S. dans le monde entier engendrent des résistances et tant que cette résistance peut être considérée comme « terroriste », l’agression et le terrorisme « de grossiste » des États-Unis ont de beaux jours devant eux. N’importe quel pays qui entend s’aligner sur les États-Unis peut condamner ses propres dissidents et autres mouvements de résistance comme « terroristes », qu’ils aient ou non des liens avec Al Quaeda, et recevoir à ce titre une assistance militaire U.S. La guerre contre le terrorisme est fondamentalement la guerre de projection de puissance d’une super-puissance, c'est-à-dire une guerre impérialiste à l’échelle mondiale ou globale.

La question de savoir qui terrorise qui n’a rien de bien nouveau. En 1979, l’ouvrage The Washington Connection and Third World Fascism, de Noam Chomsky et Edward Herman, exposait en détail le goulag du terrorisme U.S. et offrait même une illustration montrant les flux d’assistance économique et militaire U.S. en direction de 26 des 35 pays du tiers monde où la torture était une pratique courante des forces de sécurité. L’ouvrage d’Edward S. Herman The Real Terror Network, paru en 1982, remontait lui aussi l’écheveau de ce goulag du Terrorisme International sponsorisé par les USA et mettait en évidence le lien de cause à effet logique entre le développement des grands consortiums transnationaux et le besoin de disposer de terroristes d’État, alliés et susceptibles de créer un climat favorable à l’investissement. Comme le disait si bien le dictateur philippin Ferdinand Marcos aux responsables des plus grandes compagnies pétrolières en 1972, au moment de son accession au pouvoir : « Nous passerons les lois qu’il vous faut, dites-nous seulement ce que vous voulez. » Bien sûr, la grande presse passa ces ouvrages à la trappe et ils n’eurent pas la moindre chance de faire le poids face à The Terror Network de Claire Sterling, qui remontait fallacieusement le fil de divers attentats de « terroristes détaillants » vers l’URSS. Cet ouvrage s’inscrivait dans la prétendue « guerre contre le terrorisme » de la période Reagan, qui coïncidait avec le soutien de Reagan à l’invasion israélienne du Liban et au terrorisme du « Poing d’Acier » qui allait y être mis en œuvre, mais aussi avec le soutien de Reagan au régime militaire argentin, à Suharto, à Marcos, à l’Afrique du Sud [d’avant Mandela], au régimes terroristes du Salvador et du Guatemala, à Savimbi, aux réseaux terroristes cubains anti-castristes et aux contras du Nicaragua.

Ce grand moment du terrorisme U.S. et du soutien U.S. au Terrorisme International refait sporadiquement surface dans les grands médias, mais c’est seulement pour mieux le laisser de côté comme appartenant au passé, au prétexte que les États-Unis ont depuis longtemps changé de méthodes et qu’on a bel bien tourné la page. Dans un classique du genre, Michaël Ignatieff déclarait dans le New York Times Magazine qu’il en était ainsi parce que c’est ce qu’avait dit le président Bush ! « Le tournant dans la politique extérieure des États-Unis est quelque chose de récent », écrivait-il ajoutant même qu’à force de s’engager dans cette voie, l’actuel président George Bush avait « véritablement risqué sa présidence sur cette conviction que Jefferson pouvait avoir raison. » Cette manière d’éluder les faits historiques et le soutien inconditionnel des institutions à la version officielle de l’histoire confortent naturellement la propension des grands médias et des milieux intellectuels à tenir pour acquis l’idée que les États-Unis sont fondamentalement vertueux et s’efforcent seulement de faire le bien, à travers leur politique étrangère, ou ne font que se défendre contre les méchants et des mouvements qui, sans la moindre raison, nous haïssent. Comme nous avons pu le voir, les modes de définition ahurissants auquel ils ont recours tiennent littéralement d’Alice au Pays des Merveilles : le terrorisme, c’est tout ce que je décide de prendre pour cible et de désigner comme tel.

Les deux grandes innovations de la projection de puissance et du terrorisme « de grossiste » de la période Bush, sont leur impudence et leur étendue. Autrefois, la pratique de la torture et l’utilisation de goulags dans lesquels de prétendus ou éventuels terroristes ou résistants étaient détenus et soumis à la question restaient plus ou moins secrètes. On gardait toujours plus ou moins à l’égard des exactions commises et autres violations du droit international ou de la complicité des États-Unis, une dénégation possible. L’équipe de Bush, elle, ne s’en cache pas le moins du monde. Elle demande la légalisation de la torture et des autres violations du droit international auxquelles elle a recours, elle les rationalise par le biais de redéfinitions grossières – du terme de « torture » notamment – et revendique l’inapplicabilité du droit international à leur nouvelle catégorie « d’ennemis combattants. » Bush se vante aussi publiquement d’avoir porté aux quatre coins du monde la machine à exterminer U.S. et de la facilité avec laquelle on se débarrasse désormais d’ennemis déclarés (sous-entendu, en les assassinant, et manifestement sans auditions ni procès). « Le 17 septembre 2001, Bush signait un document présidentiel classifié autorisant une gamme d’opérations secrètes sans précédent » – révélait, bien plus tard, le Washington Post – au nombre desquelles « des mesures létales contre les terroristes, et l’investissement de sommes considérables pour s’attacher les agences de renseignement étrangères et les embarquer dans une nouvelle ère de pleine coopération avec la CIA. » En 2003, dans son discours sur l’état de l’Union, Bush déclara que plus de 3 000 personnes suspectées de terrorisme avaient été arrêtées dans le monde entier « et beaucoup d’autres ont connu un sort différent – disons que, ils ne sont plus un problème ni pour les États-Unis, ni pour nos amis et alliés. » Comme l’avait souligné Chris Floyd, là c’est véritablement « d’escadrons de la mort universels » qu’il s’agit. Quant aux exploits de ces escadrons et à leur légitimation, c’est à peine si les médias en admettaient l’existence.

Le terrorisme d’État U.S., qui ne cesse de se généraliser et de s’étendre, n’est qu’une facette de la globalisation. Conformément aux principes de la globalisation, on a pu observer une augmentation considérable de la privatisation du terrorisme. Blackwater Worldwide n’est que la plus célèbre de ces armées mercenaires dont les effectifs dépassent aujourd’hui en Irak ceux des forces armées régulières [ndt : troupes locales plus troupes d’occupations !], et qui sont exemptées de certaines des contraintes légales imposées aux forces armées, notamment dans la façon de traiter les populations locales. Le goulag américain mondial, ce réseau de prisons secrètes et autres centres de torture, où nul ne sait combien de personnes ont été jetées, détenues sans procès, tabassées, torturées et même tuées, est implanté dans de nombreux pays : la « toile d’araignée » décrite pour la première fois par une enquête du Conseil de l’Europe, identifiait des décollages et atterrissages dans une trentaine d’aéroports de quatre continents différents. Une enquête antérieure de Human Rights First, estimait que les États-Unis disposaient de dizaines de centres de détentions de ce type, d’importance et de renommée variable, et participant de la « guerre contre le terrorisme. » S’y trouvaient notamment les cas les plus flagrants, tels que Guantanamo, Abu Ghraib et d’autres prisons en Irak, la base aérienne U.S. de Bagram en Afghanistan, le fameux Camp Bondsteel au Kosovo, ainsi que d’autres centres soupçonnés au Pakistan, en Jordanie, à Diego Garcia dans l’Océan Indien, de même qu’à bord de bâtiments de guerre de l’US Navy, en pleine mer. D’autres encore sont dirigés par des états clients ou non (Egypte, Syrie, Jordanie, Maroc), avec les mêmes fonctions, sinistre aboutissement de cette chaîne d’« extraordinary rendition » [redditions extraordinaires. ndt : euphémisme officiel (néologisme récent) de l’administration U.S. pour désigner ses propres détentions illégales. Extraordinaire signifie ici extrajudiciaire, et reddition signifie enlèvement…]. Etant donné l’ampleur de ce phénomène, le nombre des détenus s’élève très probablement à plusieurs dizaines de milliers, dont une proportion considérable ont été arrêtés et torturés sur la seule base de rumeurs, du montant alléchant d’une prime, de dénonciations de type vendetta, voire de simples erreurs sur des noms de personnes ou de lieux. On sait qu’une large majorité des personnes arrêtées au cours de rafles en Irak, ont été incarcérées sans qu’il y ait la moindre information sur de quelconques méfaits qu’ils auraient pu commettre, pas même sur ce que les troupes d’occupations pourraient considérer comme tels. De nombreux témoignages donnent à penser qu’il en va exactement de même en Afghanistan.

Un autre aspect fameux de cette « guerre contre le terrorisme » est le degré auquel le mythe de cette guerre a pu être poussé, par le biais des Nations Unies et de la « communauté internationale », en particulier avec l’intervention de l’ONU comme extension de la politique US. Cet engagement contraste fortement avec leur souveraine indifférence en matière d’agressions ouvertes et de violations de la Charte des Nations Unies concernant l’interdiction des guerres d’agression. A de très nombreuses reprises, les USA et Israël ont violé cette loi internationale fondamentale au cours des dix dernières années, et ils sont très clairement les leaders mondiaux en matière de terrorisme d’État, ce que de nombreux experts considèrent comme le principal point de cristallisation inspirant une résistance internationale et qui ne fait qu’attiser les différentes branches du terrorisme islamiste, y compris Al Quaeda. Pourtant, au lieu de se concentrer sur les causes que sont les guerres et le terrorisme d’État, les Nations Unies et la communauté internationale s’alignent sur États-Unis et s’en tiennent exclusivement au terrorisme mineur qui en découle, considérant la « guerre contre le terrorisme » comme une réalité avérée. Autrement dit, leur rôle est une fois de plus d’être au service des politiques américaines, et en l’occurrence d’aider les États agresseurs, les « grossistes » en matière de terrorisme, à réprimer le terrorisme mineur qu’ils génèrent eux-mêmes.

Cette constante, nous pouvons en remonter le fil au moins jusqu’à octobre 1999 (environ deux ans avant les attentats de New York), lorsque le Conseil de Sécurité adopta la Résolution 1267 « sur la situation en Afghanistan. » Cette Résolution déplorait que les « Talibans continuent à offrir un refuge sûr à Ossama ben Laden. » Elle exigeait en outre des Talibans qu’ils « livrent immédiatement Ossama Ben Laden aux autorités compétentes de l’un des pays où il faisait l’objet de poursuites. » Cette Résolution 1267 donna notamment lieu à la création du Comité de Sanctions Al Quaeda-Talibans, dont la fonction était d’orchestrer les pressions sur les Talibans et sur quiconque pouvait avoir des lien avec l’un quelconque d’entre eux. A l’époque, Ben Laden avait été inculpé par une Cour fédérale américaine pour son implication présumée dans les attentats suicides d’août 1998 contre les ambassades US du Kenya et de Tanzanie, qui avaient fait quelques 250 victimes. Al Quaeda venait également d’être désignée comme organisation terroriste par le Département de l’État US. « La communauté internationale a envoyé un message très clair », avait annoncé le Président Bill Clinton. « Le choix entre co-opération et isolement est entre les mains des Talibans. » « Cette injustice a été décidée sous la pression des États-Unis… Jusqu’ici personne n’a jamais produit la moindre preuve de l’implication d’Ossama Ben Laden dans le terrorisme » rétorquèrent les Talibans, soit sensiblement la même réplique que celle qu’ils adressèrent à Bush au lendemain des attentats du 11 septembre, suite à la demande réitérée de la Maison Blanche de livrer Ben Laden. En fin de compte, la Résolution 1267 modifiait certains points clés de l’U.S. Anti-Terrorism and Effective Death Penalty Act de 1996 [décret sur l’antiterrorisme et l’application élargie de la peine de mort], élargissant au-delà des frontières de l’Union (USA) la définition du type d’États désignés comme « ne coopérant pas avec l’engagement antiterroriste U.S. », dans le but d’en faire une loi applicable à l’échelle internationale.

Dans les quatre jours qui suivirent la promulgation de la Résolution 1267, le Conseil de Sécurité adopta une résolution jumelle, la 1269, « sur la responsabilité du Conseil de Sécurité dans le maintien de la paix et de la sécurité. » Cette nouvelle résolution condamnait « les pratiques terroristes comme criminelles et injustifiables, quelles que puissent en être les motivations », en insistant particulièrement sur le « rôle vital » des Nations Unies « dans la lutte contre le terrorisme. » Promulguée au lendemain des attentats de New York et à peine quelques jours avant que les États-Unis ne déclenchent la guerre qui devait leur permettre de renverser les Taliban, la Résolution 1373 élargissait à son tour considérablement le rôle des Nations Unies dans la « guerre contre le terrorisme » des USA., en créant le Counter-Terrorism Committee [Comité Anti-terroriste] dans le but de superviser la lutte contre le terrorisme et de criminaliser toute forme de soutien aux individus et groupes engagés dans des activités terroristes. A l’instar des Résolutions 1267 et plus tard 1540 (du 24 avril 2004), qui instituait la création d’un nouveau comité, pour empêcher les acteurs non-étatiques [« non-State actors »] d’acquérir des « armes de destruction massives », le Conseil de Sécurité adopta chacune de ces résolutions sous le Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, chapitre selon lequel le Conseil de Sécurité est supposé répondre aux « menaces contre la paix, atteintes à la paix et actes d’agression. »

Une aussi extrême vigilance vis-à-vis du « terrorisme », ou l’idée que les « non-State actors » et les « terroristes » du type Al Quaeda doivent demeurer une préoccupation centrale de l’ONU, se trouvent aux antipodes de l’attention que portent nos diplomates à l’agression pure et simple, comme dans le cas de l’Afghanistan ou de l’Irak, ou d’exactions purement génocidaires telles que les « sanctions de destruction de masse » U.S./U.K./ONU qui ont tué semble-t-il près d’un million de civils irakiens dans la décennie qui sépare la première et la seconde guerre d’Irak (1991-2003)
2. Dans son rapport (« Dans une plus grande liberté », en mars 2005) Kofi Annan ne déclarait-il pas : « Il est temps de laisser de côté les débats sur un soi-disant ‘terrorisme d’État’. Le recours des États à la force est d’ores et déjà intégralement régulé par le droit international. Quant au droit de résister à une occupation, il doit être compris en son sens véritable. Il ne peut inclure le droit de tuer ou mutiler délibérément des civils » ?

Ce que ces commentaires contiennent de parfaitement faux – et qui dénote un sérieux penchant pro-terrorisme d’État et anti-résistance – c’est qu’il n’y a pas de « régulation intégrale » du terrorisme d’État. En fait, il n’y a pas de régulation du tout, comme le démontre assez clairement le fait que les USA et leurs alliés aient pu attaquer successivement trois pays souverains en une seule décennie (la République Fédérale de Yougoslavie, l’Afghanistan et l’Irak) sans que l’ONU ou Kofi Annan aient le moins du monde cherché à y faire obstacle, l’agression se voyant au contraire, dans chaque cas, avalisée rétroactivement par l’ONU. On soulignera aussi que Kofi Annan néglige de suggérer que les États, eux non plus, ne devraient pas avoir « le droit de tuer ou mutiler délibérément des civils », un point auquel il n’attache d’importance que lorsqu’il s’agit d’une résistance à la violence d’État et à l’occupation. Et tout cela en dépit du fait que durant leurs dernières guerres – encore en cours – les États-Unis et leurs alliés ont tué, mutilé, affamé ou déporté infiniment plus de civils qu’Al Quaeda ou tous les terroristes « détaillants » du monde mis ensemble. On soulignera aussi qu’à l’intérieur même des pays cibles, des dirigeants politiques ont fréquemment été capturés par leurs puissants agresseurs et traînés devant des tribunaux, mais jamais les dirigeants des grandes puissances. Poursuivant toujours leurs ennemis aux quatre coins du monde, ils continuent à jouir d’une totale impunité.

Note de conclusion

En définitive, la guerre contre le terrorisme n’est qu’une combine politique et un mythe, qui sert à dissimuler et justifier une projection de puissance U.S. qui, depuis la disparition de l’Union Soviétique et de la Guerre Froide, avait grandement besoin d’un soutien rhétorique. La combine a d’autant mieux marché que les dirigeants américains pouvaient mettre en avant les attentats très réels du 11 septembre et prétendre que leurs propres guerres, leurs actions terroristes de masse et leur soutien élargi à toute une série de pays – sous régime autoritaire pour la plupart et pratiquant le terrorisme d’État – avaient d’une manière ou d’une autre un lien avec les attentats d’Al Quaeda et leurs auteurs. En réalité, la plupart des interventions militaires U.S. à l’étranger depuis le 11 septembre n’avaient que peu ou rien à voir avec Al Quaeda, outre qu’il est absurde de faire la guerre contre une méthode de lutte, à fortiori lorsqu’on utilise soi-même, à l’instar de ses clients et alliés, très largement cette même méthode.

L’idée que cette guerre contre le terrorisme s’est d’ores et déjà soldée par un échec a beau être très répandue, elle n’en est pas moins fausse elle aussi, dans la mesure où le propos qu’elle prête aux planificateurs de cette guerre se trouve à l’opposé de leurs objectifs réels. Ils cherchaient le nouveau « Pearl Harbour » dont ils avaient besoin pour justifier une vague mondiale de projections de puissance, et ils l’ont trouvé. Certes Al Quaeda semble bien plus puissante aujourd’hui qu’elle ne l’était en septembre 2001, mais Al Quaeda n’a jamais été le principal objectif de l’administration Bush. Si tel avait été le cas, ladite administration aurait réellement mis le paquet pour mettre la main sur Ben Laden, en agissant soit politiquement, soit militairement, et elle n’aurait pas mené en Irak, en Palestine, au Pakistan, en Iran et ailleurs, des politiques qui ne pouvaient que jouer en faveur de Ben Laden – et à la limite, en donnant exactement les réponses politiques que Ben Laden espérait susciter. Si Washington avait réellement eu quelque chose à craindre de la menace terroriste après le 11 septembre, ses responsables auraient suivi toutes les recommandations de la Commission du 11/9, qui conseillait de faire surveiller tout le territoire : les ports, les raffineries, les centrales nucléaires, les aéroports, gares et autres lieux similaires. Qu’ils n’aient pas pris la peine de le faire mais qu’ils aient au contraire adopté à la place un système cynique et « à peine politisé » d’alertes terroristes, montre bien que l’administration avait une lecture très personnelle du caractère peu spontané de cette guerre contre le terrorisme et des prétendues menaces auxquelles nous sommes confrontés.

Manifestement, la vague de projections de puissance que facilitaient le 11 septembre et la guerre contre le terrorisme, n’a pas rencontré le succès total et absolu qu’on pouvait en attendre, mais la combine de la « guerre contre le terrorisme » en a néanmoins favorisé le lancement. Force est de constater que l’invasion-occupation de l’Irak n’avait rien d’un égarement, sa conquête était l’un des objectifs premiers de cette guerre. Cette conquête a peut-être complètement foiré sur le terrain, mais si on la regarde du point de vue de ses organisateurs, la guerre n’en a pas moins atteint certains des véritables objectifs pour lesquels elle avait été conçue. Or en ce sens – crucial bien que rarement apprécié – elle a réellement été un succès. Elle a facilité l’annexion de deux pays par l’armée américaine, elle a permis de réaligner de nombreux États derrière le leader de la guerre, elle a une fois de plus contribué à lancer l’OTAN dans de nouvelles opérations hors de sa zone d’attribution, permis aux États-Unis de dévaloriser totalement le droit international, favorisé des quasi-changements de régime dans quelques-unes des plus grandes capitales européennes, et elle aura été à l’origine d’une augmentation considérable des budgets de l’armée et des affaires étrangères aux USA. Si sa déstabilisation du Proche Orient peut, dans une certaine mesure, avoir profité à l’Iran – bien qu’Israël et les États-Unis n’aient de cesse de le menacer et de l’isoler – elle a surtout laissé à Israël la plus totale liberté d’action pour intensifier son nettoyage ethnique de la Palestine et son programme d’implantations, en traitant plus impitoyablement que jamais les Palestiniens.

Qui plus est, grâce à la coopération des démocrates et des mass médias, la «guerre contre le terrorisme» a offert au « décideur » et à sa clique la capacité politique d’imposer dans son propre pays un ordre du jour anticonstitutionnel et particulièrement à droite, au détriment de l’état de droit, de l’environnement et des solidarités, et favorisant le creusement des inégalités. L’augmentation du budget militaire et de la militarisation de la société américaine, l’inflation galopante du « contre-terrorisme » industriel et de l’industrie sécuritaire, la centralisation accrue du pouvoir aux mains de l’exécutif, l’accroissement des inégalités, l’accroissement démesuré du complexe de notre industrie carcérale, le glissement à droite du judiciaire, et l’incapacité des Démocrates à juguler cette dérive générale depuis les élections de 2006, suggèrent que le basculement vers la droite, vers une société plus militarisée que jamais et vers une politique étrangère de plus en plus expansionniste pourraient bien être devenus définitivement caractéristiques de la vie aux États-Unis. N’est-ce pas là un remarquable succès de la guerre contre le terrorisme, compte tenu des objectifs de ses créateurs ?

Notes :
1 Samantha Power sous-entend qu’une « attaque américaine (en fait un bombardement) sur ce qui s’avère, après coup, n’être qu’un banquet de mariage » n’est qu’une « erreur » unique et excusable. C’est faux ! L’événement auquel elle fait allusion n’était ni le premier ni le dernier banquet de mariage à être bombardé par les Américains en Irak comme en Afghanistan, loin s’en faux. La principale caractéristique des deux guerres qui sévissent dans ces deux pays, est l’utilisation effrénée d’explosifs particulièrement dévastateurs dans des zones où l’on sait pertinemment qu’ils feront des victimes civiles. En Afghanistan, les Américains ont bombardé toutes les infrastructures civiles possibles : les barrages, les centraux téléphoniques, les écoles, les centrales électriques, les ponts, les mosquées, la station radio d’Al Jazira, et jusqu’aux camions sur les routes ou aux installations de la croix rouge à Kabul, pourtant particulièrement reconnaissables. Ils ont aussi massivement recouru aux bombes à fragmentation. Dans son analyse exhaustive des différents types de victimes civiles, Marc W. Herold explique que les quelques 3 000 à 3 400 civils tués par des bombardements américains entre octobre 2001 et mars 2002, n’ont littéralement d’autre cause possible que « le peu de valeur accordé aux civils afghans par les planificateurs militaires et les élites politiques U.S., comme le révèle très clairement leur entêtement à bombarder les zones à forte densité de population. » Il en conclut que « la campagne de bombardements U.S. qui a commencé le 7 octobre au soir, était une guerre menée contre les personnes, les maisons, les fermes, et les villages d’Afganistan, autant que contre les Talibans et Al Quaeda » (Marc W. Herold, "A Dossier on Civilian Victims of United States' Aerial Bombing of Afghanistan," Revised Edition, March 2002.). Cette campagne de bombardements avait indispensablement besoin de gens comme Samantha Power et des médias pour garder le caractère impitoyablement « anti-civil » de cette guerre à l’abri du regard du public.
(Voir aussi Tom Engelhardt, "'Accidents' of War: The Time Has Come for an Honest Discussion of Air Power," TomDispatch, July 9, 2007.)

2 John Mueller et Karl Mueller, "Sanctions of Mass Destruction," Foreign Affairs, May/June, 1999. Ces auteurs notaient que les sanctions économiques (en tant qu’opérations militaires) ont été « plus fréquemment employées par les grandes nations que par les petites, et ont certainement fait davantage de morts après la fin de la Guerre Froide que toutes les armes de destruction massive à travers l’histoire […] Le potentiel de destruction des sanctions économiques apparaît on ne peut plus clairement, bien que sous une forme extrême, en Irak […] Nul ne sait exactement combien de civils irakiens en sont morts, mais différentes agences des Nations Unies qui supervisaient les sanctions, ont estimé qu’elles avaient très probablement fait des centaines de milliers de morts […] Si les estimations de l’ONU du coût humain de la guerre en Irak sont approximativement correctes […] les sanctions économiques pourraient bien avoir été une cause évidente de la mort de plus de personnes en Irak que n’ont fait de victimes toutes les dites armes de destruction massive au cours de l’histoire. »

Edward S. Herman et David Peterson
26 avril 2008

Edward S. Herman est Professeur Emérite de Finance à la Wharton School, Université de Pennsylvanie. Economiste et analyste des médias de renommée internationale, il est l’auteur de nombreux ouvrages dont : Corporate Control, Corporate Power (1981), Demonstration Elections (1984, avec Frank Brodhead), The Real Terror Network (1982), Triumph of the Market (1995), The Global Media (1997, avec Robert McChesney), The Myth of The Liberal Media: an Edward Herman Reader (1999) et Degraded Capability: The Media and the Kosovo Crisis (2000). Son ouvrage le plus connu, Manufacturing Consent (avec Noam Chomsky), paru en 1988, a été réédité 2002.
David Peterson est journaliste indépendant et chercheur, basé à Chicago. Il a écrit de nombreux articles en collaboration avec Edward Herman.


ZNet / Investig'action

Version originale (avec l’intégralité des appels de notes) : www.zcommunications.org
Traduit de l’anglais par Dominique Arias pour Investig'Action



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