Après l'échec de la conférence de Copenhague, Sarkozy est rentré bredouille en victime co-latérale …Et de ce fait, l'Etat UMP perd encore un peu plus de crédibilité au profit des verts, et autres écologistes qui sont –eux aussi- pour un « capitalisme vert », et qui ne manqueront pas de récupérer le bébé, et l'eau du bain libéral qui va avec !
Depuis des mois, à coups de déplacements à l'étranger ou de discours solennels sur l'avenir du monde, le chef de l'État avait pris soin de se poser en champion de la lutte contre le réchauffement climatique. Espérant, en cas de véritable accord international, apparaître, au moins aux yeux de l'opinion publique française, comme « la cheville ouvrière » sans laquelle rien n'aurait été possible. Voire d'y triompher, les médias amis aidant. Mais pas seulement les médias. Car les groupes financiers avaient tout intérêt à contrôler le déroulement des négociations. Et ces lobbys étaient présents dés le début du sommet. Chaque délégation était rappelée à l'ordre dès son arrivée par le spectacle d'une grosse et fausse planète, dominant la place centrale de la ville. Ce globe tourbillonnant était couvert de logos d'entreprises - la marque Coca-Cola était apposée sur l'Afrique, tandis que Carlsberg semblait s'être approprié l'Asie ; McDonald's annoncait juste au-dessus "I'm loving it !" en grandes lettres rouges. Cette mappemonde pleurait « Bienvenue à Hopenhagen ! » Telle est la triste réalité de ce sommet qui était voué d'avance à l'échec.
Rien n'a changé
Car rien n'a permit d'avancer vers des solutions qui permettraient de contrôler les émissions polluantes à l'échelon international, si ce n'est un texte consistant à autoriser des pratiques déjà en vigueur : « une étude réalisée par l'Université de Stanford a montré que la plupart des projets qui sont financés au titre de ces « réductions » n'existent pas, ne fonctionnent pas ou auraient eu lieu de toute façon. Et pourtant, il ne s'agit pas là de simples amuse-gueule au menu de l'accord attendu : c'est le plat principal ! Par exemple, si l'on en croit les propositions des États-Unis, pays qui possède de loin le niveau le plus élevé d'émissions par habitant dans le monde, ils n'auront même pas à se donner la peine de réduire leurs émissions de gaz d'un seul tuyau d'échappement jusqu'en 2026, puisqu'ils financeront tout simplement ces projets-fantômes en contrepartie. » [1]
Un new deal légalisé
Ainsi, le deal passé entre les pays occidentaux et pays émergeant est légalement en vigueur : l'astuce repose principalement sur une bizarrerie du système : un pays riche peut réduire ses émissions sans effectivement émettre moins de gaz à effet de serre. Comment est-ce possible ? Il peut tout simplement payer un pays pauvre pour émettre moins qu'il ne l'aurait fait autrement. En théorie, cela semble correct : nous avons tous la même atmosphère, donc pourquoi se soucier de savoir d'où viennent les réductions ? Mais la réalité est différente :
« Je délocalise chez toi mes industries polluantes (et j'en profite pour augmenter les profits de mes actionnaires grâce au faible coût de ta main d'œuvre), et en échange, je t'achètes à coup de milliards fictifs pour polluer, et exploiter ailleurs, mais nous veillerons ensemble à assurer la gestion du climat en nous promettant de diminuer de deux degrés la moyenne des températures du globe dans les trente prochaines années ». Cet exemple caricaturé est précisément le sens du texte Copenhague. Toutefois, le fait que les réductions d'émissions puissent être vendues entre pays introduit une extrême complexité dans le système. « Tout devient rapidement (et volontairement) tellement technique que personne ne peut plus suivre les négociations en cours- aucun citoyen concerné, aucun journaliste, et même les groupes environnementaux qui bûchent à temps plein sur le sujet ont du mal. Il est facile de voir si votre gouvernement construit de nouvelles centrales au charbon, des aéroports ou des autoroutes. Mais vous ne pouvez pas voir si les réductions qu'ils ont "acheté" à l'autre bout de la terre se réalisent vraiment - en particulier lorsqu'elles reposent sur des projections d'augmentations qui auraient en théorie eu lieu si votre gouvernement n'avait pas casqué. »*
Tout ça...Pour ça !
Ainsi, les trois pages du texte dont se satisfait Nicolas Sarkozy nous informent que nous devons nous serrer les coudes, tous ensembles, exploitants, comme exploités. Pour ce faire, les leçons de capitalisme vert couvrent les pages et les écrans pour mettre sur le même plan celui qui jette son papier mouchoir sur le trottoir et celui qui fait pousser des roses en Afrique avec une main d'œuvre bon marché en privant d'eau potable les autochtones africains (roses qui sont ensuite transportées par avions en Amérique du nord et en Europe pour les proposer en grandes surfaces en toutes saisons.)
Voltaire aurait pu l'écrire !
Une véritable farce dans laquelle Zadig, le personnage de Voltaire, pourrait participer en observateur sidéré. Et sa conclusion serait celle de Mohamed Nasheed, le président des îles Maldives qui sont en passe d'être englouties. Il dirait simplement : « La dernière génération d'êtres humains est allée sur la Lune. Cette génération-ci doit décider si elle veut rester en vie sur la planète Terre. »
[1] C.F. l'article de Johann Hari sur
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