dimanche 12 septembre 2004

Comment Israël a tenté de briser la grève de la faim

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From: nghemraoui
Sent: Sunday, September 12, 2004 9:47 PM
Subject: [assawra] Comment Israël a tenté de briser la grève de la faim

Comment Israël a tenté de briserla grève de la faim des prisonniers

" Les laisser mourir ", telle a été la réponse officielle de l’Etat d’Israël face à la grève de la faim des 4.000 prisonniers politiques palestiniens, une attitude de racisme gouvernemental qui va être suivie pendant toute la durée de la grève.
Le 5 août, la télévision israélienne a consacré plusieurs minutes à la grève de la faim annoncée par les prisonniers. Les images ont montré la situation dans les prisons israéliennes " comme s'il s'agissait d'une promenade dans les îles Canaris ". Le communiqué de Ansar As-sajin (les défenseurs du prisonnier) poursuit : " Les médias israéliens ont déclenché une série de mensonges déformant la nature de la grève, affirmant que celle-ci est menée dans des buts politiques, qu'elle va servir des groupes contre d'autres sur la scène politique palestinienne, qu'il s'agit d'un mouvement de protestation contre le fait que ni leurs familles ni les prisonniers n'ont reçu les aides versées par le ministère palestinien des prisonniers ".
Casser la coordination
Depuis début août, les administrations des prisons israéliennes ont mis en place un important dispositif dans toutes les prisons. La principale mesure consiste à transférer les prisonniers et les repartir sur plusieurs prisons pour casser la coordination du mouvement, une technique qui sera utilisée fréquemment. Un communiqué de Nadi El-Assir du 11 août évoque le cas de la prison de Nafha où 120 prisonniers ont été transférés et remplacés par des prisonniers de droit commun. Ces derniers vont être instrumentalisés par les autorités pénitentiaires dans l’affaire-scandale des barbecues (voir plus loin).
Des déclarations inhumaines
La veille de la grève, M Tzahi Hanegbi, ministre israélien de la sécurité intérieure, cité par la radio publique, prononce les mots suivants : " En ce qui me concerne, ils peuvent faire grève un jour, un mois, jusqu'à ce que mort s'ensuive, ce sera comme s'il ne s'était jamais rien passé ".
Dimanche 15 août, la grève de la faim commence : 1.464 prisonniers refusent leur repas. M Hanegbi confirme le ton de la veille. A la radio de l’armée israélienne, il déclare : " Ils n'obtiendront rien. Ni moi-même, ni le Premier ministre, ni le gouvernement, ni l'administration pénitentiaire ne sont prêts au moindre compromis avec eux".
Confisquer le sel et les objets personnels
S’ensuivent des mesures répressives ; des unités spéciales envahissent les prisons et confisquent les affaires des prisonniers. Tout y passe : appareils électriques, radios, télévisions, stylos, journaux et cigarettes. Comme le tabac, le sel, parfois caché dans les matelas, est confisqué. Les prisonniers utilisent habituellement le sel et le tabac pour maintenir un apport en sels minéraux qui aide l’organisme à résister contre l’assèchement pendant la grève de la faim. Toutes les visites sont interdites.
Les grévistes de la faim menacent alors de renforcer leur mouvement en se privant de l'eau si les mesures de répression continuent. Nadi El-Assir dénonce dans un communiqué du lundi 16 août " le comportement immorale de la direction des prisons ", précisant que la confiscation du tabac et du sel ne s'était jamais produite durant les grèves précédentes.
Des barbecues pour casser la grève !
Le premier jour de la grève, il y a eu également une affaire de très mauvais goût qui a été rapportée par les quotidiens Haaretz et Maariv : des barbecues ont été organisés dans les cours de certaines prisons, des pains et gâteaux ont été préparés spécialement dans les cuisines alors que les gardiens ont reçu l'ordre de manger des falafels devant les prisonniers. Un rapport de Nadi El Assir apporte une précision relative à la prison de Nafha : ce sont les 50 prisonniers de droit commun, emmenés à Nafha le 11 août, qui, encouragés par la direction de la prison, ont pris en charge la cuisine et ont fait des grillades.
L'administration pénitentiaire a tenté de se dégager de cet acte en déportant sa responsabilité sur les gardiens. Selon sa porte-parole, Sharon Gutman, " Il ne s'agit pas d'une politique officielle, mais il est possible que cela soit le cas dans certaines prisons à l'initiative des gardiens ". Mme Gutman n’est pas allée jusqu’à dire que ce sont les gardiens qui ont amené à Nafha les prisonniers de droit commun qui se sont occupés des barbecues.
La grève va s’intensifier le mercredi 18 août pour toucher les prisons d’Ashkelon, Telmond, Ramleh et Gilboa. Le nombre des grévistes de la faim atteint 4.000. Un rapport de Nadi El-Assir : le matin, une unité spéciale de police investit les prisons de Ashkelon et de Beer Saba et confisque les affaires des prisonniers : sel, tabac, crayons, papiers, livres, dentifrices, savons, et… ventilateurs. Les prisonniers affirment qu'il ne leur reste plus que leurs vêtements. Douze prisonniers parmi les dirigeants de la prison de Beer Saba' sont regroupés dans une section spéciale pour être transférés vers d'autres prisons. Lors de la sortie des prisonniers dans les cours, les gardiens continuent à fouiller leurs pièces.
Ne pas les accueillir dans les hôpitaux
Dans le chapitre " les laisser mourir ", Danny Naveh, ministre israélien de la santé, fait une déclaration au quotidien Yediot Aharonot, mardi 17 août. Il y exige des hôpitaux israéliens de refuser l’accès aux soins aux grévistes de la faim affaiblis et malades. Le mépris n’a pas de limite. Le silence du monde non plus. Nadi al-assir a condamné une déclaration immorale et raciste, une violation des règles de la profession médicale, du serment d’Hippocrate et de la quatrième convention de Genève. Un premier appel est lancé à l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) pour intervenir.
Le 22 août, on lit dans l’appel de la direction unifiée des prisonniers grévistes de la faim : " Mettez fin à cette vengeance vile qui a dépassé toutes les limites et qui se manifeste par les agressions et les coups répétés contre les malades, alors qu'ils sont transportés sur des civières vers ce qui se nomme les salles de consultations, actes qui n'ont plus rien à voir avec la profession humanitaire médicale ".
Parmi les indignations, il y a celle d’une ONG médicale israélienne, Médecins pour les droits de l’Homme, qui appelle, dimanche 25 août, MM Hanegbi et Naveh à " revenir sur leurs déclarations " et traiter les prisonniers " conformément aux règles éthiques ". Elle rappelle qu’une " grève de la faim est le dernier recours d’un prisonnier " et demande au personnel médical des prisons de traiter les détenus avec respect. (AFP)
Ce même jour, Nadi al-assir lance un deuxième appel à l’OMS pour intervenir et prendre des mesures à l’égard des actes illégaux des médecins. Ces derniers " jouent le rôle des bourreaux et des geôliers à la fois ", au lieu d’assurer les soins aux malades grévistes de la faim qui viennent les consulter, ils pratiquent le chantage : " on ne te soigne que si tu arrêtes la grève ".
Faire ingurgiter un liquide
Ahmad Lutfi Ahmad Youssef, gréviste de la faim à la prison de Beer Saba’, témoigne à son avocat : " Quelques prisonniers sont contraints, du fait de la grève, de se rendre au dispensaire, pour être soignés, et lorsqu'ils y arrivent, il leur est annoncé qu'ils peuvent boire du liquide, et ensuite, il leur est annoncé qu'ils ont rompu la grève, et ils sont aussitôt transférés à la section 7, mais ceux qui refusent de boire sont renvoyés à la section d’où ils viennent. Beaucoup de prisonniers craignent de se rendre au dispensaire pour ne pas être contraints de rompre leur grève et d'être transférés à la section 7. "
Nadi el-assir met en garde contre l’alimentation forcée des prisonniers par l’administration pénitentiaire. En 1980, deux prisonniers de Nafha, Ali Jaafari et Rasim Halawé, sont décédés lorsque la direction de la prison les a obligés à s'alimenter par des tuyaux introduits dans la bouche, causant l'entrée des liquides dans les poumons.
Transfert
Des informations sur le transfert permanent des prisonniers sont données, les 22 août, par Mandela Institute et Nadi el-assir : Samir Qintar et le député Hussam Khadr sont transférés de la prison de Haddarim au centre d'isolement Ofik, le représentant des prisonniers Tawfiq Abu Naïm et d'autres vers le centre d'isolement Ishel à Beer Saba', Walid Duqqa est transféré de la prison de Nafha au centre d'isolement Ofik.
Coups, mise à nu, fouille, choc électrique…
L’appel de la direction unifiée des prisonniers du 22 août parle d’agression "par les coups répétés et les chocs électriques sur les prisonniers, après sept jours de leur grève illimitée, où ils n’ont pris que de l’eau ". Il mentionne que les coups et chocs électriques sont subis par tous ceux qui se rendent aux tribunaux ou en reviennent, ces prisonniers qui, " fatigués par la grève, ne peuvent ni bouger ni répondre à l’agression ".
Rapport de Nadi el-assir du 22 août : dans la prison de Shatta - Gilboa, une unité spéciale gérée par la direction des prisons, nommée Nahshon, a investi les pièces des prisonniers, de façon violente et provocante, et confisqué leurs affaires essentielles. Les prisonniers disent qu'ils ont été obligés de se mettre à nu pour être fouillés de façon humiliante. La direction de la prison leur a annoncé la décision israélienne concernant leur grève : qu'ils peuvent mourir de faim.
Les fouilles des pièces peuvent intervenir plusieurs fois de suite, jusqu’à 4 fois, accompagnées de provocations de la part des geôliers, afin qu'ils aient un prétexte de réprimer collectivement les prisonniers. Elles sont également pratiquées en plein milieu de la nuit.
La mise à nu se fait dans la menace. Les prisonniers qui refusent d’ôter leurs vêtements sont menottés et frappés avant d’être placés dans des pièces éloignées. Il leur est ensuite demandé de circuler, nus, le long d'un couloir de plusieurs mètres pour prendre leurs vêtements.
Dans le témoignage, cité précédemment, de Ahmad Lutfi Ahmad Youssef on apprend que les geôliers ont fait pression sur le prisonnier Mujahid Khalaf, qui partage la même pièce que le témoin, lors de sa présence au tribunal militaire de Ofer. Il devait choisir entre " manger du poulet ou du poisson " ou " se mettre à nu devant eux et une soldate avant d'être battu ".
Ahmad poursuit : " les détenus n'ont qu'une heure pour sortir dans la cour. Elle est couverte de tous les côtés, avec une seule petite ouverture vers le haut. Seuls vingt prisonniers sortent toutes les heures, et tous les moyens de provocations sont utilisés, même les coups. Le 22 août, l'un des prisonniers, Murad Ubaydu était en train de parler à un officier lors de sa sortie dans la cour. Tout à coup, cinq vigiles de la prison se sont jetés sur lui, l'ont frappé et il a été de nouveau renvoyé en cellule. Les geôliers procèdent à l'appel des prisonniers trois fois par jour, à 6 heures du matin, à midi puis à 18 heures, mais ils ne se contentent pas de cela, ils font marcher une sirène la nuit, sur les haut-parleurs de toute la section pour empêcher les prisonniers de dormir et de se reposer. "
Le tout est couronné par la pression psychologique : " les geôliers disent aux prisonniers que s’ils poursuivent leur mouvement, ils n'obtiendront rien, alors que s'ils rompaient leur grève, la direction pourrait étudier leurs revendications. Ils leur disent également que la grève n'est pas de leur intérêt, et qu'ils pourraient mourir et ne plus voir leurs familles. "
Le 22 août n’est pas le jour de fin de la grève, mais celui où un appel de la direction unifiée des prisonniers en porte le message : " Où est le monde libre ? Où sont les défenseurs des droits de l'humanité ? Soulevez-vous, êtres libres, et ripostez à l'agression, agissez dans une action qui restera inscrite dans l'histoire de ce début du troisième millénaire (…) La vengeance a-t-elle rendu aveugle ? et la haine, a-t-elle écrasé la raison ? Ceci est un appel et un cri vers le monde libre. Y a-t-il quelqu'un qui écoute ? Y a-t-il quelqu'un qui répond ? "
Nazem Ghemraoui
Agendaprocheorient@yahoo.fr
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